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Ninotchka

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Ninotchka
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Réalisé par : Ernst Lubitsch
Acteurs
Greta Garbo (Ninotchka Yakushova)
Melvyn Douglas (comte Léon d'Agoult)
Ina Claire (Grande-duchesse Swana)
Genre
comédie
Année de sortie
1939
Synopsis
Iranoff, Buljanoff et Kopalski sont chargés par le gouvernement soviétique d'écouler à Paris des bijoux saisis pendant la révolution, et d'acheter avec l'argent ainsi obtenu des machines agricoles. L'ancienne propriétaire des bijoux, la grande Duchesse Swana, demande à un de ses amis, Léon, d'empêcher la vente et de récupérer les joyaux. Or Léon est précisément le guide, dans la capitale, des trois Russes. Ayant eu vent de l'affaire, les Soviétiques envoient à Paris Ninotchka, qui trouve les trois compères en train de mener la grande vie. Ceux-ci appellent à la rescousse leur ami Léon qui a déjà fait la connaissance de Ninotchka, sans savoir qui elle était ...
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Ninotchka est un film de Ernst Lubitsch, sorti en 1939.

Fiche technique

  • Scénario : Charles Brackett, Billy Wilder, Walter Reisch d'après un sujet de Melchior Lengyel
  • Photographie : William Daniels
  • Musique : Werner R. Heymann
  • Interprétation : Greta Garbo (Ninotchka Yakushova), Melvyn Douglas (comte Léon d'Agoult), Ina Claire (Grande-duchesse Swana), Sig Rumann (Iranoff), Felix Bressart (Buljanoff), Alexander Granach (Kopalski), Bela Lugosi (Razinin)
  • Production : MGM
  • Sortie : 6 octobre 1939
  • Nomination aux Oscars (1940) : meilleur film, meilleure actrice, meilleur scénario, meilleure histoire originale.

Idylle franco-russe à Paris

Paris, à la veille de la seconde guerre mondiale. Iranoff, Buljanoff et Kopalski, envoyés par le gouvernement soviétique pour vendre les bijoux de la grande-duchesse Swana, décident au grand étonnement du directeur de l'Hôtel Clarence d'occuper la suite royale (The apartment may suit your convenience but I doubt whether it will fit your convictions). Léon d'Agoult, aristocrate désargenté qui vit aux crochets de la grande-duchesse, lui ayant vainement proposé de publier ses Mémoires (We won't have to worry about our future if you're willing to raffle off your past), se charge d'empêcher la vente des bijoux. Il démontre de curieuse façon aux trois soviétiques qu'ils ont peu de chance de gagner un procès contre une jolie femme : Have you seen a French Court when a beautiful woman sits on the stand and raises her skirt a little? You sit down and pull up your pants and where would it get you? Il a vite fait de corrompre les trois benêts qui succombent au charme du Gay Paris.

Moscou expédie alors un envoyé extraordinaire pour rétablir la situation. La rigide Ninotchka refroidit nettement les trois malheureux mais enflamme Léon. La communiste ne reste pas insensible au charme de l'aristocrate : As basic material, you may not be bad but you are the unfortunate product of a doomed culture. Ils se révèlent très vite biologiquement sympathiques l'un à l'autre. Cependant, même transformée en élégante parisienne, Ninotchka conserve ses rudes convictions : invitée dans un élégant établissement de la capitale, elle prêche le communisme dans les toilettes des dames et incite les employés à faire grève. Mais c'est le dernier sursaut : Let's form our own party. And we won't stretch up our arms. And we won't clench our fists. Our salute will be a kiss. La Grande-duchesse, jalouse, profite de l'égarement de Ninotchka pour subtiliser les bijoux et poser comme condition à la réalisation de la vente le départ immédiat de sa rivale. Léon tente en vain d'obtenir un visa pour Moscou mais les trois joyeux incompétents Iranoff, Buljanoff et Kopalski sont envoyés à Constantinople, où ils reprennent vite leurs mauvaises habitudes parisiennes. Ninotchka envoyée de nouveau à la rescousse y retrouve Léon, cette fois définitivement.

Une brillante satire anti-communiste

Le film a toujours embarrassé les critiques français. La publication consacrée à Lubitsch par les Cahiers du Cinéma en 1985 lors de la grande rétrospective de son œuvre en témoigne. Un ancien jugement de Jean Domarchi y était reproduit : il est plus facile de faire rire des Nazis que des Communistes. Bernard Eisenschitz peut écrire sans rire : Bien sûr, il est difficile de prendre aujourd'hui Ninotchka pour un film anticommuniste. Une analyse du film par Marc Chevrie compense heureusement ces tartufferies et note fort justement : C'est autour du rire que l'anticommunisme du film se définit. D'un côté le refoulement, le refus ou l'interdiction du rire (le communisme) ; de l'autre son acceptation, sa revendication, sa jouissance (le capitalisme, précisément jamais posé comme tel, identifié par le rire au monde de Lubitsch).

Dans la scène la plus célèbre du film, Melvyn Douglas tente en vain de faire rire Greta Garbo en lui racontant des histoires drôles et, perturbé par son attitude, il fait une chute qui provoque enfin le rire, libérateur dans tous les sens du terme, de la farouche militante communiste. Coursodon et Tavernier ont l'honnêteté intellectuelle de reconnaître dans leur bible sur le cinéma américain combien ils avaient négligé Ninotchka dont la sophistication, l'ironie se doublent d'une lucidité politique percutante. Encore aujourd'hui, certains essaient d'atténuer le message anti-communiste en opposant les idéaux et la générosité de Ninotchka à la vanité et à la médiocrité de la grande-duchesse. La Russie tsariste n'est guère flattée en effet mais cela n'implique nulle sympathie du réalisateur pour la Russie bolchévique. Il démontre au contraire en quoi le discours de Garbo est totalement décalé par rapport au réel : elle empêche le porteur de gagner sa vie en portant elle-même ses bagages, elle vexe le père Mathieu en se montrant indifférente au menu qu'il lui propose et, prétendant ne s'intéresser qu'au futur des masses, elle ne comprend absolument pas les gens modestes qu'elle côtoie.

Iranoff, Buljanoff et Kopalski évoquent vaguement Lénine, Trotsky et Staline. Dans une scène drôlatique à la gare, les trois Soviétiques cherchent l'envoyé extraordinaire de Moscou et croient reconnaître un camarade avant de découvrir in extremis qu'il s'agit d'un nazi : or, le film a été écrit et tourné avant le pacte germano-soviétique ! Les brèves scènes situées en URSS donnent une image très percutante : manifestations de masse où l'individu n'est rien, appartement collectif avec le voisin soupçonné d'être un indicateur de police, courrier censuré. Lubitsch était allé à Moscou en 1936 où il avait été accueilli par le metteur en scène communiste Gustav von Wagenheim qu'il avait berné en lui laissant croire qu'il était admiratif devant les réalisations du régime. Contrairement aux allégations de Wagenheim ("il n'avait pas de politique, il ne vivait que pour le luxe"), Lubitsch avait parfaitement compris la nature réelle du régime. Ninotchka, où triomphe la futilité et l'instant présent sur la Cause et l'avenir radieux, offre aussi à Greta Garbo un de ses meilleurs rôles.

Quelques citations

  • Le plus célèbre des joailliers parisiens fait une offre peu satisfaisante aux envoyés soviétiques en affirmant qu'il n'achète que pour la beauté du geste, d'où cette remarque de Buljanoff à Iranoff : Capitalistic methods. They accumulate millions by taking loss after loss.
  • Au porteur à la gare qui veut prendre ses bagages, Ninotchka demande : Why? - That's my business, madame. - That's no business. That's social injustice. - That depends on the tip.
  • Ninotchka donne ainsi des nouvelles de Moscou à ses trois camarades : Very good. The last mass trials were a great success. They are going to be fewer but better Russians.
  • Le camarade Iranoff explique à Ninotchka : You just telephone and you get what you want. That's the capitalistic system.
  • A l'ambassade d'URSS, un employé répond au téléphone : Comrade Cazabine ? No, I'm sorry. He hasn't been with us for six months he was called back to Russia and was investigated. You can get further details from his widow.
  • A Moscou, Buljanoff mélancolique dit d'une hirondelle revenue au printemps : Maybe it's the same swallow we saw in Paris. Yes, it is. He must have been in Paris. He picked up a crumb of our black bread, shook his head and dropped it.

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