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Nominalisme

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Le nominalisme est une conception philosophique, notamment en ontologie et épistémologie, qui initialement a vu le jour dans la philosophie grecque, consistant à réduire les catégories, genres et espèces (universaux) à des noms ou termes. Les mots signifient ici des concepts, ils s'inscrivent au singulier, car rien n'existe en dehors du singulier. Pour un nominaliste il n'existe pas des hommes en général mais des hommes particuliers. Au sein de la scolastique médiévale cette question problématique se rattache à la querelle des universaux.

Polysémie du terme

Nominalisme : ceci est une pipe

Le terme de nominalisme, comme ceux de réalisme ou d’idéalisme, est ambigu et doit être analysé en fonction du contexte où on l’emploie. Il existe au moins deux types de positions philosophiques bien différentes que l’on peut qualifier de nominalisme :

  • nominalisme classique : les concepts abstraits n’existent qu’en tant que dénominations ou désignations verbales, et non comme caractère de la réalité; ce point de vue est dirigé contre l’idéalisme de Platon, « réalisme » des Idées, qui affirme par exemple que la « verdeur » existe en soi, et que c’est elle qui fait qu’il y a des objets verts ; pour le nominaliste au contraire, c’est parce qu’il y a des objets verts que l’esprit peut construire le concept de « verdeur ». Le point de vue nominaliste rejoint également l’idée du rasoir d'Ockham, principe de simplicité qui interdit de multiplier les concepts abstraits. Il exprime une méfiance à l’égard du langage ; alors que le réaliste croit qu'on peut enfermer l'essence des choses dans des mots ou dans des concepts, le nominaliste adopte une position inspirée par un réalisme empirique : les idées générales n'existent pas de façon absolue, antérieurement aux choses et comme essence (ainsi que le croit le réalisme des universaux), ce ne sont que des constructions de l'esprit. Plus précisément, on parle de conceptualisme si l’on pense que l’universel est « dans la chose » (in re) et de nominalisme strict si on l'estime postérieur à la chose (post rem). Conceptualisme et nominalisme sont des points de vue très répandus et s’expriment à des degrés divers dans les œuvres d’Aristote, Pierre Abélard, Guillaume d'Occam, Kant, Ludwig Wittgenstein, Quine, etc. Opposé au platonicisme, le nominalisme a été accusé de tourner au scepticisme, raison pour laquelle du XIVe siècle au XVe siècle l'université de Paris interdit la doctrine de Guillaume d'Ockham, qui menaçait « les propositions bibliques ».

Ce nominalisme, dans le domaine des sciences, rejoint aussi bien l'empirisme (John Locke, David Hume, John Stuart Mill...) que l'idéalisme (George Berkeley) ; par exemple, pour Ernst Mach, les événements de la nature sont uniques, la détection d'événements semblables est une production de notre schéma mental[1]. Pour Quine (1908-2000), réaliste empiriste, il n'y a pas d'énoncé unique qui rende compte d'un phénomène (sous-détermination des théories), les objets sensibles présupposés par les énoncés n'y sont pas liés de façon univoque (inscrutabilité de la référence), et leur interprétation n'est pas unique et déterminée (indétermination de la traduction) ; les énoncés n'ont pas une signification objective indépendante de la culture où ils naissent ; les entités abstraites n'existent que pour la commodité des théories scientifiques.

  • nominalisme moderne, ou extrême : il n’existe rien en-dehors du langage. Les idées générales n'existent pas de façon absolue, ce ne sont que des sons, des noms, et des fictions en-dehors de cela[2]. Cette thèse est plus ou moins sous-entendue et exprimée plus ou moins clairement par Lacan, par l'idéalisme linguistique, le relativisme épistémologique et le postmodernisme. Ses nombreux adversaires parlent à ce propos d’illusion transcendantale volontaire. Elle présente le danger, d'une part de nier toute réalité empirique (avec le risque de tomber dans le solipsisme), d'autre part de s'enfermer dans des jeux de langage à prétention philosophique, descriptive, prescriptive ou explicative (« volonté générale », « justice sociale »...), manipulant sophismes, motvirus, anti-concepts, etc. comme s'il s'agissait de réalités. Paradoxalement, elle rejoint un certain « réalisme des idées » platonicien auquel le nominalisme s'opposait à l'origine.

Nominalisme et libéralisme

Le nominalisme, dans une certaine mesure, est une approche similaire de l’individualisme méthodologique, car il n'explique pas les phénomènes sociaux et les agrégats de façon indépendante des interactions entre individus. Les termes de nation, de pays, de classe, de génération, de collectivité, etc., ne représentent rien que des commodités de langage. On commet une grave erreur en faisant des entités indépendantes, existant réellement, qui « agiraient » ou auraient une volonté propre. Le résultat de cette conception erronée est toujours l’oppression de l’individu au nom de concepts collectivistes, oppression réalisée non par ces entités collectives, mais par d’autres individus prétendant agir en leur nom. L'entité collective peut représenter une dénomination commode et non ambiguë, utile pour la communication interpersonnelle, mais elle ne peut jamais être une entité en soi, un principe explicatif ou une cause première.

L’individualisme méthodologique a été fréquemment attaqué comme « erreur nominaliste » (nominalistic fallacy). Ludwig von Mises se réclame explicitement d’une approche nominaliste (au sens classique du terme)[3] :

« Les pouvoirs établis, qui ne veulent pas succomber, trouvent dans la philosophie collectiviste des armes pour la défense de leurs droits. Mais même ici, le nominalisme est une force sans répit qui cherche toujours à progresser. Tout comme dans le domaine de la philosophie il dissout les vieux concepts de la spéculation métaphysique, ici aussi il met en pièces la métaphysique du collectivisme sociologique. »
    — Ludwig von Mises

L’individualisme méthodologique ne nie pas l’existence des entités sociales que sont les nations, les états, les partis, les communautés religieuses ; ce ne sont pas des fictions comme l’affirmerait un nominalisme social extrême, mais ce ne sont pas non plus des entités ontologiquement réelles. Quand on cherche à analyser leur fonctionnement, on trouve toujours, comme élément explicatif ultime, des individus, seuls auteurs des actions fictivement attribuées aux entités[4] :

« Si nous examinons la signification des diverses actions accomplies par des individus, nous devons nécessairement apprendre tout des actions de l'ensemble collectif. Car une collectivité n'a pas d'existence et de réalité, autres que les actions des individus membres. La vie d'une collectivité est vécue dans les agissements des individus qui constituent son corps. Il n'existe pas de collectif social concevable, qui ne soit opérant à travers les actions de quelque individu. La réalité d'une entité sociale consiste dans le fait qu'elle dirige et autorise des actions déterminées de la part d'individus. Ainsi la route pour connaître les ensembles collectifs passe par l'analyse des actions des individus. »
    — Ludwig von Mises, ''L'Action humaine

Critique des concepts abstraits

La critique nominaliste s'applique également aux « concepts abstraits ». Ainsi une entreprise n'est pas, comme le rappelle Pascal Salin, « une institution, l'une de ces abstractions flottantes, à l'instar de l'État, mystérieusement dotées de pensée et de vouloir », mais un ensemble d'acteurs interagissant selon des liens contractuels, et agissant dans des buts déterminés (notamment, faire du profit). De la même façon, Margaret Thatcher affirmait que « la « société » n'existe pas, il y a des individus, hommes ou femmes, et il y a des familles ». Arthur Schopenhauer rappelle que « les peuples n'existent qu'in abstracto ; les individus sont ce qui est réel ». De même, un des philosophes les plus nominalistes, Max Stirner, affirme que « le fait est qu'une personne morale, qu'on la baptise parti populaire, Peuple ou encore « le Seigneur », n'est nullement une personne, mais un fantôme ».

L’individualisme méthodologique permet notamment de « déconstruire » les discours impliquant des entités collectives, discours qui semblent affirmer comme des évidences l'existence et l'action autonomes de telles entités comme peuvent l'écrire Murray Rothbard, Bertrand Lemennicier[5] ou Rose Wilder Lane :

« Seuls les individus agissent. Il faut bien que ce principe fondamental de l’“individualisme méthodologique”, qui est au centre de la pensée sociale de Max Weber, soit à la base de la praxéologie comme de toutes les autres sciences de l’action humaine. Il implique qu’aucun des concepts collectifs tels que les groupes, les pays, les États n’existent réellement en tant qu’entités particulières capables d’action ; ce ne sont que des abstractions métaphoriques dont on se sert pour désigner les actions voisines ou communes de diverses personnes. Bref, il n’y a pas d’“État” en tant qu’agent moral, il n’y a que des hommes de l’État, qui prennent des décisions “publiques” dans un cadre “étatique”. »
    — Murray Rothbard, La praxéologie comme méthode des sciences sociales

« La principale illusion qui fausse le jugement de nos députés vient du mot « Nation » qui est un concept sans contrepartie dans la réalité. La France, l’État, Dieu ou la Nation sont des constructions intellectuelles, des abstractions, qui ne prennent une existence que dans notre esprit. On rencontre des gens qui parlent au nom de la France, de l’État, de la Nation ou de Dieu, mais nous n’avons jamais rencontré Dieu, ni la France encore moins la Nation ou l’État. Ce ne sont pas des personnes, et les personnes qui parlent au nom de ces abstractions n’ont aucune autorité morale ou intellectuelle pour le faire et encore moins pour imposer, par « la force de la loi », aux autres leurs conceptions intellectuelles du vivre-ensemble. »
    — Bertrand Lemennicier, La nation, fétiche politique introuvable

« Aucun État, aucun gouvernement n'existe. Ce qui existe en réalité, c'est un homme, ou une poignée d'hommes, avec du pouvoir sur de nombreux autres. »
    — Rose Wilder Lane

Par exemple, une phrase telle que "la France a décidé en 1981 de fixer un prix du livre unique" s'analyserait ainsi : "quelques individus occupant le pouvoir en 1981 sur le territoire français ont imposé une loi interdisant à tous les individus de ce même territoire de pratiquer les prix qu'ils souhaitaient en matière de vente de livres". Parler d'une "décision" de l'entité "France" est donc à la fois éloigné de la réalité sociale de l'événement réel (après analyse), mais également fallacieux dans le sens où l'on pose implicitement et de façon péremptoire l'existence d'une entité "France" capable de décision et de volonté. C'est le propre du discours collectiviste que d'utiliser constamment des "entités universelles" (peuple, nation, race, classe sociale, générations futures...) dans un but de propagande, pour imposer son idéologie sur une base apparemment logique.

De la même façon, les discours nationalistes peuvent être "déconstruits", car ils fonctionnent en invoquant des concepts collectifs sans égard aux individus ni à leur consentement (par exemple : "la place de la France est dans l'Europe" ; "la Crimée fait partie de l'Ukraine", etc.) ; ce ne sont que des discours politiques à visée coercitive. Une sociologie réaliste devrait s'attacher à analyser ces concepts :

« Si je suis moi-même devenu maintenant sociologue, c'est essentiellement pour mettre un terme à la pratique qui hante encore les lieux, consistant à travailler avec des concepts d'entités collectives. En d'autres termes, la sociologie, elle aussi, ne peut se pratiquer qu'en partant de l'agir d'un, de plusieurs ou d'un grand nombre d'individus, par conséquent de manière strictement individualiste quant à la méthode. »
    — Max Weber

« La tendance à personnifier les abstractions, ou même seulement à leur donner une réalité objective, est telle que beaucoup de personnes se représentent la classe gouvernante presque comme une personne, ou au moins comme une unité concrète, qu'ils lui supposent une volonté unique, et croient qu'en prenant des mesures logiques, elle réalise les programmes. »
    — Vilfredo Pareto, Traité de sociologie générale

La critique s'étend aussi aux concepts abstraits en économie (notamment en macroéconomie) ainsi qu'aux affirmations "générales". Par exemple, une assertion classique telle que : « à long terme, la Bourse "performe" mieux que l'or » peut être démontée, la "Bourse" étant une entité abstraite, contrairement aux valeurs individuelles des titres qui y sont cotés. « A long terme, la Bourse "performe" mieux que l'or »... à condition de choisir les bons titres, d'en vendre certains à temps et d'en racheter d'autres à temps (alors qu'il n'y a rien à faire pour l'or physique) !

Le nominalisme offre enfin l'avantage d'être un outil pour déconstruire les discours sophistiques, reposant sur des motvirus, des sophismes : contrat social, intérêt général, solidarité, cohésion sociale, etc. Le recours à un concept abstrait permet souvent de cacher une escroquerie : le politicien invoque un "intérêt général" indéfinissable pour travailler en réalité dans son propre intérêt, tout comme le docteur Knock affirme travailler dans un « intérêt supérieur » : celui de la médecine.

Critiques du nominalisme

Les critiques à l’égard du nominalisme sont de plusieurs ordres :

  • la critique collectiviste, qui affirme que des entités collectives, comme la nation (chez les nationalistes), la classe sociale (chez les marxistes), l’État (chez les fascistes) ou la race (chez les nazis) existent de façon autonome, indépendamment des individus qui les composent ;
  • la critique de certains réalistes (y compris platoniciens), qui voient dans le nominalisme d'abord un anti-essentialisme (voire un nihilisme), un refus de toute "essence" du fait que seuls des "singuliers" existeraient ; pour les tenants de l'objectivisme, le nominalisme est une forme de subjectivisme[6] ; les nominalistes reprochent aux réalistes de croire la réalité complètement accessible par des concepts (des "essences") directement adaptés à leurs objets[7] ;
  • la critique conservatrice, qui voit dans le nominalisme d'abord un relativisme, qui a tendance à mettre l'individu dans une position centrale, aux dépens de certaines "valeurs" ;
  • la critique chrétienne : le nominalisme, selon certains, remettrait en cause des dogmes tels que la Trinité, la notion de "loi naturelle", de "nature humaine", etc. ; il est anti-métaphysique ; il disjoint religion et connaissance[8]. Le bouddhisme est probablement la philosophie religieuse la plus nominaliste qui existe[9].

Citations

  • « Le nominalisme, jadis invention de quelques-uns, embrasse aujourd'hui tout le monde. Sa victoire est si vaste et si fondamentale que son nom est devenu inutile. Personne ne se déclare nominaliste parce que personne n'est autre chose. » (J. L. Borges)
  • « Le début de la sagesse commence par appeler les choses par leur nom. » (proverbe chinois)
  • « A mal nommer les choses, on ajoute à la misère du monde. » (Albert Camus)
  • « La lutte pour le Verbe est réellement une question de vie ou de mort. Une scène désormais classique des films de western nous montre deux hommes luttant désespérément pour récupérer une arme tombée à terre. Celui qui l'atteint le premier tire et sauve sa peau ; l'autre au contraire se « fait descendre » et meurt. Dans la réalité, l'enjeu n'est pas une arme mais une étiquette ; celui qui réussit le premier à la poser sortira vainqueur de la bataille ; l'autre, « l'étiqueté », est réduit au rôle de victime. » (Thomas Szasz)
  • « Les mots et les idées nous mènent maintenant encore à nous représenter constamment les choses comme plus simples qu'elles ne sont, séparées les unes des autres, indivisibles, ayant chacune une existence en soi et pour soi. Il y a, cachée dans le langage, une mythologie philosophique qui à chaque instant reparaît, quelques précautions qu'on prenne. La croyance au libre arbitre, c'est-à-dire la croyance aux faits identiques et aux faits isolés, possède dans le langage un apôtre et un représentant perpétuel. » (Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain)
  • « Nulle idée n'a d'existence, car nulle n'est susceptible de corporalité. La controverse scolastique du réalisme et du nominalisme n'eut pas d'autre objet. » (Max Stirner)
  • « La langue indigente n'a pas de mot pour Me dire, et le « verbe », le logos, n'est, lorsqu'il s'applique à Moi, qu'un "vain mot". » (Max Stirner)
  • « Les analogies organicistes prêtent une conscience, ou d’autres attributs organiques, à des "ensembles sociaux" qui ne sont en fait que des étiquettes désignant des relations entre les personnes. » (Murray Rothbard, Les oripeaux de la science, Chapitre premier d’Économistes et Charlatans)
  • « Il n'y a rien d'universel dans le monde, en dehors des dénominations ; car les choses nommées sont toutes individuelles et singulières. » (Thomas Hobbes)
  • « La philosophie est un combat contre la fascination que des formes d’expression exercent sur nous. » (Ludwig Wittgenstein, le Cahier Bleu, 6-21)
  • « Ce sont les idées que l'esprit populaire s'est faites sur des agrégats tels que la « société» ou le « système économique », le « capitalisme» ou « l'impérialisme », ou telles autres entités collectives que le chercheur doit dans les sciences sociales regarder comme de simples théories provisoires, des abstractions populaires et qu'il ne doit pas prendre à tort pour des faits. Qu'il s'abstienne logiquement de traiter ces pseudo-entités comme des « faits » et qu'il parte systématiquement des concepts qui guident les individus dans leurs actions et non des résultats de leur réflexion théorique sur leurs actions, c'est là le trait caractéristique de cet individualisme méthodologique étroitement lié au subjectivisme des sciences sociales. » (Friedrich Hayek, Scientisme et sciences sociales, 1952)
  • « Les mathématiciens pensent en objets bien définis et élaborés, les juristes en constructions, les logiciens en opérateurs ; et les imbéciles en mots et en étiquettes. (...) Il est cependant facile de faire trébucher ces gens-là, comme Socrate le fit, en leur demandant simplement ce qu'ils entendent par ce qu'ils disent — c'est ainsi que la philosophie vit le jour, en tant que discours rigoureux et désembrouillage de notions qu'on mélangeait les unes avec les autres, en opposition exacte à la promotion de la rhétorique par les sophistes. » (Nassim Nicholas Taleb, Jouer sa peau: Asymétries cachées dans la vie quotidienne, 2017)
  • « Une définition non prédicative est une définition où figure le mot «tous». Si le mot «tous» porte sur un nombre fini d'objets, le mot a un sens clair. Mais s'il porte sur un nombre infini, il n'a pas de sens précis, sauf si l'infini en question est actuel. Pour que les règles de la logique s'appliquent, il faut que les classifications ou les classements ne varient pas en cours de raisonnement. Si le classement qu'on fait porte sur un nombre fini d'objets, donc toujours le même, il n'y a pas de difficulté. S'il porte sur un nombre indéfini, susceptible de varier, il en est tout différemment. (...) Par exemple, si par «peuple», on entend un nombre fini de personnes, propriétaires et responsables, que chacun connaît, il n'y a pas de difficulté de classement. Si on se moque de lui donner ce contenu, de fait, le peuple est un "infini actuel" de personnes dont le nombre de propriétaires et responsables est indéfini : tout classement ne peut que soulever des difficultés, des paradoxes, des antinomies. Mais il en est de même de toutes les notions «holistes» comme immigration, émigration, etc. » (Georges Lane[10])
  • « La science moderne dans son ensemble est l’héritière du nominalisme ockhamien parce qu’elle fait place à des signes ou à des concepts sans répondant réel direct, et qu’elle distingue entre méthode d’analyse et objet analysé. (...) Nos théories et leurs éléments les plus fins, les concepts, ne sont ni les choses, ni des choses autres, mais des signes qui imitent ou représentent les choses. La pensée n’est pas l’être. À l’identité immanente du concept à l’être, le nominalisme substitue la représentativité. Le rôle de découvrir la vérité sur les choses appartiendra en premier lieu à l’expérience. C’est de cette manière que le nominalisme a partie liée avec l’empirisme. (...) Le nominalisme est peut-être né de la découverte du non-parallélisme entre le domaine des mots et des choses. (...) En fait, on est nominaliste parce qu’on explique les choses comme étant des choses et les signes comme étant des signes. On ne devrait pas dire que le nominalisme est un réalisme de la chose et un nominalisme du signe ; ce serait plutôt un réalisme de la chose et un idéalisme du signe. » (Jean Largeault, Enquête sur le nominalisme, Paris-Louvain, Béatrice Nauwelaerts, 1971)

Voir aussi

Notes et références

  1. « Supposons que nous puissions attribuer à la nature la propriété de produire des événements semblables dans des circonstances semblables ; nous ne saurions simplement pas comment trouver ces circonstances semblables. La nature est unique. Ces événements semblables sont une production de notre schéma mental. » (Ernst Mach)
  2. Par exemple, le philosophe américain Hartry Field (Science Without Numbers: A Defence of Nominalism, 1992) affirme que les nombres et plus généralement tous les objets mathématiques n'existent pas (fictionnalisme).
  3. Socialism: An Economic and Sociological Analysis, PART I: Liberalism and Socialism, Chapter 2: Socialism, §3: Collectivism and Socialism
  4. L'Action humaine - Chapitre II — Les problèmes épistémologiques des sciences de l'agir humain
  5. La nation, fétiche politique introuvable
  6. "Niant que les concepts ont une base objective dans les faits de la réalité, les nominalistes déclarent que leur origine est une décision subjective de l'homme : les gens choisissent arbitrairement certaines caractéristiques (='essentielles') qui serviront de base à la classification ; à la suite de quoi, ils se mettent d'accord pour appliquer le même terme à tout concret qui se trouvera présenter ces caractéristiques 'essentielles', quelle que soit la diversité de leurs autres caractéristiques. Dans cette optique, le concept (le terme) ne représente que les caractéristiques initialement décrétées comme 'essentielles'. Les autres caractéristiques des concepts subsumés n'ont pas de rapport nécessaire avec les caractéristiques 'essentielles', et sont exclues de la signification du concept." (Leonard Peikoff)
  7. L'évolution de la physique semble au contraire confirmer l'affirmation d'Ernst Mach selon laquelle les événements de la nature sont uniques, et la détection d'événements semblables est une production de notre schéma mental.
  8. Guillaume d'Occam, dans sa Somme de logique, indique que beaucoup de propositions philosophiques sont "fausses au sens littéral des mots (...) car leurs auteurs, fréquemment, parlent de manière équivoque, impropre et métaphorique" (quia auctores frequenter equivoce et improprie et metaphorice loquuntur). On comprend dès lors l'émoi des "autorités religieuses", qui estimèrent que "en vertu du même raisonnement, des propositions bibliques devraient être déclarées fausses prises purement à la lettre, ce qui est dangereux"...
  9. Ce fait est notable aussi bien dans le Theravāda que dans le Mahāyāna. Par exemple : « Ceux qui s'appuient sur des noms, sur des concepts, qui trouvent leur demeure dans les noms et les concepts, sans être capables de discerner ce processus de désignation, ceux-là sont soumis au règne de la mort. Celui qui a discerné le processus de désignation ne suppose pas qu'il existe quelque chose d'ainsi désigné. En vérité, il n'y a pour lui rien qui permette de dire "ceci ou cela existe". » (Samiddhi Sutta, Samyutta Nikāya, 1.20). Autre citation : « L'existence est purement nominale, et rien n'a jamais eu d'existence objective. » (Dalaï-Lama, Pacifier l'esprit, Albin Michel, 1999)
  10. Georges Lane sur le libéralisme, l'immigration, la social-démocratie, la Sécu, l'éducation nationale...

Liens externes


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