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Pragmatisme

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Le terme de pragmatisme vient du mot grec pragma (pratique), désignant à l'origine un mouvement ou approche philosophique introduit par Charles Sanders Peirce dans une série d'articles publiés de 1877 à 1878 intitulée « Illustration of Logic of Science ».

La vérité est liée à l'action de la recherche de la connaissance

Pour les pragmatistes, notre connaissance est incomplète, inachevée, mais elle peut être ouverte et s'accroitre dans toute son étendue. Sans prendre position sur aucune solution particulière, le pragmatiste sait que la connaissance doit servir à résoudre des problèmes concrets, donc pas nécessairement dans l'objectif d'accumuler une vérité transcendantale et universelle. Nos connaissances doivent donc être tournées vers les choses pratiques. La connaissance est un outil favorisant l'interaction entre l'individu et son environnement. C’est l'idée d’une connaissance instrumentale, toujours orientée vers le but pratique d’une adaptation à l’environnement.

Cette doctrine philosophique est représentée par William James[1], John Dewey, George Mead[2], A. Bain et Charles Sanders Peirce[3]. Ils appuient leurs analyses sur la pratique, les actions, les usages afin d'élaborer des concepts qui sont aussi des outils de vérification de ces mêmes concepts mais aussi des instruments de progression de ces concepts en modifiant les habitudes, les pratiques, les actions.

Le pragmatisme est parfois associé à un certain utilitarisme étroit avec un certain culte de la recherche d'efficacité exonéré de recherche esthétique[4] ou pour les critiques de la société des consommateurs à un matérialisme débridé.

Or, le pragmatisme est avant tout une méthode de recherche et une théorie de la signification. Ainsi, la définition typique du pragmatisme reste attachée à un art de raisonner sur des problèmes philosophiques spécifiques. En épistémologie, les pragmatistes rejettent l'analyse cartésienne qui est « spectatrice » de la connaissance. De façon métaphorique, la connaissance n'est pas l'observation d'un spectacle comme pourrait l'être la contemplation d'un tableau dans un musée mais plutôt l'interrogation d’un artiste en prises avec la production de ce tableau. Pour le pragmatiste, nulle connaissance n'est absolument achevée.

L'influence kantienne dans la pensée de Charles S. Peirce

Pour Charles Peirce, la préoccupation épistémologique est avant tout de promouvoir une philosophie qui soit une méthode de clarification des idées[5]. Sa philosophie renoue avec le réalisme pratique de John Duns Scot car il fait valoir que les concepts sont des "habitudes d'action".

Selon John Dewey[6], le terme pragmatique fut suggéré à Charles S. Peirce par la lecture des écrits kantiens et notamment dans « La métaphysique des mœurs » où Kant établit une distinction entre le terme pragmatisch et praktisch. Ces deux termes sont éloignés l'un de l'autre. Peirce refuse alors d'appeler sa pensée de Practicalisme, préférant, dans l'esprit de méthode scientifique, non pas de faire l'action le but de la vie, mais de faire de l'action le rôle d'un intermédiaire.

Peirce a, en effet, profondément étudié Kant dans sa jeunesse et avait un enthousiasme personnel pour Kant, il consacra même une de ses conférences de Harvard à Kant.

Le pragmatisme de William James

« ... la méthode pragmatique consiste à entreprendre d'interpréter chaque conception d'après ses conséquences pratiques. »

Le pragmatisme de William James se base sur une psychologie et une philosophie de l'action. Il estimait que les individus sont essentiellement des "animaux pratiques" dont l'esprit les aide à s'adapter à leur environnement. Les êtres humains naissent avec des «réactions» qui forment la base du développement humain.

  • La réaction de curiosité : une impulsion vers la cognition. William James pense que les humains sont naturellement amenés à apprendre.
  • La réaction naturelle du Droit de propriété. Les gens ont un instinct pour s'approprier leurs propres idées, en faisant des associations d'idées qui peuvent devenir des routines.
  • La réaction de l'émulation, c'est à dire une impulsion à imiter les autres. Parce que les gens ne veulent pas se considérer comme inférieurs aux autres, le ressort le plus actif de l'action humaine provient de l'observation et de la tentation d'imiter l'autre action humaine. William James anticipe en ceci, la théorie de l'apprentissage vicariant d'Albert Bandura.

Lorsque les gens prêtent attention à ce qui les intéresse, le résultat est l'aperception, c'est à dire l'acte de placer une chose dans l'esprit. La compréhension du réel provient de la capacité de l'homme à intégrer de nouveaux concepts et de nouvelles expériences à ce qu'il a déjà appris.

selon William James, le pragmatisme est intimement lié à une remise en cause de l’idée d’une vérité absolue accessible ) l'être humain et, plus généralement, le philosophe remet en cause une connaissance comme étant une simple représentation du réel.

Annexes

Notes et références

  1. Pour William James (New York 1841-1910 Chocorua), « Le vrai consiste simplement dans ce qui est avantageux pour la pensée». Le pragmatisme est ainsi intimement lié à une remise en cause de l’idée d’une vérité absolue qui serait directement accessible par le commun des mortels. Il s'agit d'une pensée philosophique qui remet en cause la vision de la connaissance comme étant une simple représentation du réel. La conception de la connaissance comme simple représentation fidèle du réel est remise en cause. Il ne croit plus que les sciences expriment des vérités qui sont la copie exacte de réalités non humaines à partir d'un codage exposé par les scientifiques.
  2. George Herbert Mead (1863-1931) George Mead a établi une distinction entre la convention et l’institution. La nature cognitive de la première est partielle et informelle avec une connaissance qui est largement tacite. Les conventions sont des réactions sociales isolées. Le caractère de l’institution est plus générale. Elle a le caractère plus codifié de "grammaire sociale". Les institutions constituent la nature de la raison d'exister et d'évoluer de communauté dans son caractère essentiel. Dans l’approche institutionnelle de George Mead, l’apprentissage individuel est contraint par la pression collective laquelle oriente l'individu dans des directions socialement acceptables et conformes aux attentes codifiées des autres.
    • 1963, G. H. Mead, "L’esprit, le soi, la société", PUF, Paris
    • 1964, G. H. Mead, "The social self", In: A.J. Reck, dir., "G. H. Mead. Selected writings", Bobbs-Merril, Indianapolis, pp142-149
    • 1985, H. Joas, "G. H. Mead: a contemporary reexamination of his thought", Polity Press, Cambridge
  3. Au pragmatisme, Charles Sanders Peirce (1839-1914) préfère utiliser le terme de pragmaticisme
  4. Par exemple, dans cette acceptation étroite du pragmatisme, l'homme de la rue et beaucoup de journalistes peuvent décrire le sélectionneur de l'équipe de France comme une personne pragmatique c'est-à-dire dont la recherche de satisfaction est avant tout axée sur l'efficacité sans se soucier du beau jeu.
  5. "Considérer quels sont les effets pratiques que nous pensons pouvoir être produits par l'objet de notre conception. La conception de tous ces effets est la conception complète de l'objet" ("Comment rendre nos idées claires", Revue philosophique, 1879.)
  6. John Dewey, Le développement du pragmatisme américain; Revue de Métaphysique et de Morale T. 29, No. 4, (1922)

Bibliographie

  • 1907, William James, "Pragmatism". New York : Longmans, Green
  • 1964, H. S. Thayer, "Pragmatism", In: D J. O'Connor, dir., "A critical history of western philosophy", New York : The Free Press
  • 1971, Gérard Deledalle, "Le pragmatisme, textes choisis", Paris, Bordas
  • 1980, C. Kates, Pragmatics and semantics : An empiricist theory. Ithaca, NY : Cornell University Press
  • 1981, K. O. Appel, Charles S. Peirce: From Pragmatism to Pragmaticism, Amberst, MA: University of Massachusetts Press
  • 1986, D. N. Shalin, "Pragmatism and social interactionism", American Sociological Review, vol 51, n°1, february, pp9-29
  • 1992, M. Renault, "L’économique institutionnaliste et la philosophie pragmatique : la nature humaine, les totalités et les valeurs", Economies et Sociétés série PE Oeconomia, n°17-8, pp171-201
  • 1993, Claudine Thiercelin, C.S. Peirce et le pragmatisme, Paris, PUF (coll. Philosophies)
  • 2002, J. Beckert, H. Joas, "A theory of action: pragmatism and the theory of action", Transactional Viewpoints, vol 1, n°4, automne
  • 2003,
    • E. Kilpinen, "Does pragmatism imply institutionalism", Journal of Economic Issues, vol 37, n°2, pp291-304
    • R. Posner, "Law, Pragmatism and Democracy", Cambridge, Mass.: Harvard University Press
  • 2010, Heidi White, « William James’s Pragmatism », European Journal of Pragmatism and American Philosophy, , II-1 | 2010
  • 2012,
    • C. Hay, "Consonances Between Liberalism and Pragmatism", Transactions of the Charles S. Peirce Society, 48(2), pp141–168
    • C. Koopman, "Pragmatist Resources for Experimental Philosophy: Inquiry in Place of Intuition", Journal of Speculative Philosophy, Vol 26, n°1, pp1–24

Citations

  • La vérité d'une idée n'est pas une propriété qui se trouverait lui être inhérente et qui resterait inactive. La vérité est un événement qui se produit pour une idée. Celle-ci devient vraie, elle est rendue vraie par les événements. Sa vérité est en fait un événement, un processus : à savoir le processus qui consiste à se vérifier elle-même, sa véri-fication. Sa validité est le processus de sa validation. (William James)

Liens externes


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