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Aide publique au développement

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L'APD par pays en 2006 (Cliquer pour agrandir)

L'Aide publique au développement (APD) désigne l'aide financière ou matérielle apportée par les États de pays développés à des pays en voie de développement : dons, prêts à taux préférentiels, remise de dette, aides techniques, etc.

Données

L'aide publique au développement a atteint un montant de 79,5 milliards de dollars en 2004 d'après l'OCDE[1] et 106,5 milliards en 2005[2]. Cette dernière année doit être nuancée par des événements exceptionnels : allègement de la dette de l'Irak et du Nigeria par le Club de Paris.

En chiffres absolus, le premier pays donateur en 2007 était les États-Unis avec 21,7 milliards, devant l'Allemagne (12,3), la France (9,9), le Royaume-Uni (9,9) et le Japon (7,7)[3]. Les pays de l'OCDE consacrent en moyenne 0,45 % de leur PIB à l'aide publique au développement[4].

Les comparaisons se fondent généralement sur l'importance de l'aide dans le PIB des pays donateurs. C'est néanmoins plutôt la comparaison avec le PIB des pays bénéficiaires qui est pertinente.

Rôle et efficacité

Les organisations internationales et les associations humanitaires font régulièrement campagne pour une augmentation de cette aide. Les hommes politiques en particulier ne sont pas avares de promesses non tenues lors des grands-messes consacrées à la question, comme le sommet de Gleneagles en 2005. Comme le remarque le journal The Economist, le sujet est « à la mode » mais les promesses sont « volages »[5].

Néanmoins, l'efficacité de ces mesures est pour le moins douteuse et n'a bien souvent servi qu'à la corruption, l'achat d'armes ou à financer des « éléphants blancs », des projets coûteux et prestigieux sans la moindre pertinence mais qui servent le prestige du dirigeant. Comme l'arrivée massive de liquidités par l'exportation de matières premières, l'aide au développement peut être une « malédiction » bien plus qu'une bénédiction[6]. Dès lors, de nombreux économistes mettent en doute l'efficacité même du principe de l'aide au développement ou la difficulté à assurer son efficacité.

Ainsi, l'économiste hongrois Peter Thomas Bauer (1915-2002) a été l'un des premiers critiques de l'APD. Il soulignait en particulier qu'il était abusif d'appeler aide au développement les flux de capitaux transférés du Nord vers le Sud à ce titre, alors qu'il s'agit selon lui d'une entrave au développement qui tend à maintenir les pays sous-développés dans leur condition. Quand elle subventionne le maintien d'un système non viable, l'aide ne fait que ralentir l'adaptation nécessaire du pays et l'empêche de se développer[7]. Robert Calderisi, un ancien haut fonctionnaire à la Banque Mondiale, reprend la même perspective dans The Trouble With Africa. Il souligne que ce n'est pas le colonialisme, l'esclavage ou la mondialisation qui sont les coupables de la situation actuelle de l'Afrique mais le maintien de gouvernements dictatoriaux et corrompus par une aide au développement excessive. Pour aider réellement l'Afrique, il faut non pas augmenter l'aide mais la réduire de moitié selon lui, afin de l'obliger à prendre en main ses problèmes internes.

William Easterly, professeur à l'Université de New York et ancien collaborateur de la Banque mondiale, estime que la plus grande partie des aides apportées depuis cinquante ans a été inefficace. Dans The Elusive Quest for Growth, il analyse les raisons de cet échec, au premier rang le manque de contrôle sur la façon dont l'aide est utilisée. L'une des raisons serait le manque de contrôle sur les personnes chargées de gérer cette aide. Dans The White Man's Burden, il va plus loin dans son analyse et estime que les missions messianiques de personnes comme Bono ou Bob Geldoff sont une résurgence du complexe de supériorité de l'Homme blanc, se croyant obligé d'apporter le progrès aux sauvages, version moderne du « fardeau de l'Homme blanc » de Rudyard Kipling.

D'autres auteurs comme Paul Collier dans The Bottom Billion: Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It adoptent une position plus favorable à l'aide publique au développement, tout en mettant de nombreuses conditions pour qu'elle soit efficace. Ainsi, Paul Collier souligne que l'aide suit elle aussi la loi des rendements décroissants et qu'il ne sert à rien de vouloir l'augmenter exagérément, faute de bons projets à financer ou de gouvernance suffisante pour garantir le bon usage des fonds. Il considère que l'aide au développement ne peut pas avoir d'impact important sur les pays en développement et peut, au mieux, empêcher la situation de se dégrader plus encore[5].

Propositions libérales

Les libéraux ont souligné le rôle de systèmes alternatifs à l'aide au développement, qui impliquent les populations concernées au lieu d'une efficacité douteuse pour se donner bonne conscience. L'économiste péruvien Hernando de Soto dans Le Mystère du capital : Pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs (2000) souligne le rôle essentiel de la reconnaissance des droits de propriété dans le développement d'un pays. Ce n'est pas de capital que les pays du Sud manquent, mais des moyens pour mettre en valeur ce capital. Ils sont riches d'un « capital mort », qui ne peut être mobilisé efficacement en l'absence d'un système de droits de propriété efficaces. Il a calculé ainsi que les biens sans propriétaires clairement établis représentaient 90 fois les montants donnés par les pays développés au titre de l'APD depuis 30 ans. Dès lors, il considère que « les pays pauvres ont besoin des solutions que les pays développés ont adoptées au XIXe siècle, pas au XXIe siècle », à savoir la reconnaissance effective des droits de propriété pour libérer les initiatives individuelles.

Les libéraux dénoncent également le protectionnisme des pays développés, en particulier dans le domaine agricole, comme l'un des principaux obstacles au développement des pays du Sud. Pour aider réellement ces pays, il faut instaurer le libre-échange, dont tout le monde bénéficiera. Ainsi Radio France, pourtant bien peu libéral, reconnaissait en 2003 que « les subventions européennes minent l’agriculture africaine. [..] L'aide publique au développement totalise 50 milliards de dollars par an. Les subventions américaines et européennes sont sept fois plus élevées : elles dépassent le cap des 350 milliards de dollars. À elle seule, l’Union européenne représente les deux tiers de ces subventions à l’exportation, loin devant les États-Unis »[8]. Autrement formulé, les pays développés donnent d'une main sept fois moins que ce qu'ils reprennent de l'autre...

À l'aide publique au développement, traditionnellement gérée au travers de grands programmes pilotés par des institutions internationales telles que la Banque mondiale, on peut opposer également des systèmes relevant de l'initiative locale tels que le microcrédit. Ils reposent non sur l'assistance gratuite mais sur l'échange libre, les montants prêtés devant être remboursés. Le bénéficiaire du prêt est responsabilisé et doit se prendre en main. La perspective est donc nettement plus libérale, même si certains comme le Mises Institute émettent des doutes sur la viabilité de l'opération[9].

Erreur courante : l'aide privée est instable, l'aide publique est donc nécessaire

Les aides privées au développement varient dans le temps, à la hausse majoritairement, à la baisse parfois. Ainsi, les actifs des fondations philanthropiques américaines ont doublé dans la période 1998-2007. Par contre, 2009 a vu une baisse des montants versés de l'ordre de 10 %. Pour les étatistes, c'est la marque de la nécessité de l'intervention de la puissance publique pour verser une aide régulière, stable.

Cependant, l'aide publique est au moins aussi volatile et n'a pas connu la même hausse que l'aide privée. En termes réels, l'aide publique a baissé de 8,5 % entre 2006 et 2007. Et cela après les grandes promesses de la conférence de Gleneagles. Pour les remises de dette par les États, la Banque Mondiale attend une baisse de 5 à 8 % en 2009. En outre, la planification de l'aide sur une base triennale par les plus grandes fondations permet d'adoucir les variations de l'aide privée.

Enfin, les donateurs privés sont plus attentifs à l'efficacité de leurs dons que les politiciens, qui cherchent avant tout à donner à leurs électeurs le sentiment d'être généreux plutôt qu'à l'être effectivement[10].

Citations

  • « L'aide publique au développement est une excellente méthode pour transférer de l'argent des pauvres des pays riches aux riches des pays pauvres » (Peter Thomas Bauer)[11]
  • « L'aide au développement n'est nullement responsable des succès [du développement] et n'a pas évité la tragédie africaine. » (Robert Barro)[12]

Notes et références

  1. Acrobat-7 acidtux software.png [pdf]Chiffres de l'aide publique au développement en 2004 (OCDE).
  2. L’aide au développement a culminé à 100 milliards de dollars en 2005 (OCDE)
  3. Acrobat-7 acidtux software.png [pdf]Aide publique au développement nette en 2007 (OCDE)
  4. Acrobat-7 acidtux software.png [pdf]Aide publique au développement nette en 2007 (OCDE)
  5. 5,0 et 5,1 "Promises, promises : how reliably aid is given can be more important than how much is given", The Economist, 12 juillet 2008, p.82, [lire en ligne]
  6. « La Malédiction des matières premières », Philippe Chalmin, [lire en ligne]
  7. Articles sur Peter Thomas Bauer, Institut Euro 92
  8. Les subventions européennes minent l’agriculture africaine, RFI, 13 mars 2003
  9. (en)Microcredit or Macrowelfare: The Myth of Grameen, Jeffrey Tucker
  10. "Give and count the cost", The Economist, 9 mai 2009
  11. "an excellent method for transferring money from poor people in rich countries to rich people in poor countries". Elle est également citée sous une forme légèrement différente dans L'Oxford Dictionnary of Political Quotations : "Aid is a process by which the poor in rich countries subsidize the rich in poor countries"
  12. Robert Barro, "Bill Gates's Charitable Vistas's", The Wall Street Journal, [lire en ligne]

Bibliographie

  • 1958,
    • Milton Friedman, "Foreign Economic Aid: Means and Objectives", The Yale Review, Vol 47, n°4, June, Summer, pp500-516
    • Murray Rothbard, "A Hard Look at Foreign Aid", commentaire du livre de H. Schoeck, J. Wiggins, dir., "Foreign Aid Reexamined", National Review, November, Vol 8, pp313–314
  • 1961, Thomas S. Loeber, "Foreign Aid: Our Tragic Experiment", New York: Norton
  • 1981, Desmond McNeill, "The Contradictions of Foreign Aid", London: Croom Helm
  • 2000, Hernando de Soto, Le Mystère du capital : Pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs, ISBN 2082105040
  • 2003,
    • Carol C. Adelman, "The Privatization of Foreign Aid", Foreign Affairs, Vol 82, n°6, pp9–14
    • Peter D. Little, Somalia: Economy without State, Bloomington, IN: Indiana University Press
    • Tomi Ovaska, "The Failure of Development Aid", Cato Journal, fall, Vol 23, n°2, pp175-188
  • 2006,
    • Simeon Djankov, Jose Montalvo et Marta Reynal-Querol, Does Foreign Aid Help?, Cato Journal, Vol 26, n°1, Winter
    • William Easterly, The White Man's Burden: Why the West's Efforts to Aid the Rest Have Done So Much Ill and So Little Good, Penguin Press HC, The, ISBN 1594200378
  • 2007, Robert Calderisi, The Trouble with Africa: Why foreign aid isn't working, Yale University Press, ISBN 0300125127
  • 2009, Dambisa Moyo, L'Aide fatale, JC Lattès, 250 pages, ISBN 2709633604

Voir aussi

Liens externes


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