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Harold B. Jones

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Harold B. Jones
Philosophe Economiste Management

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Tendance
Nationalité États-Unis États-Unis
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Harold B. Jones est un économiste américain. Depuis 2007, il est professeur de gestion au Dalton State College dans l'état de Georgie, aux Etats-Unis. Auparavant, il enseignait également la gestion à l'université Mercer (Eugene W. Stetson School of Business and Economics de 1997 à 2007 à Macon, dans l'état de Georgie). Avant sa carrière universitaire, il était pasteur et aumônier avant de devenir gestionnaire financier.

Il est diplômé de l'université d'Omaha, dans le Nebraska (B.A. en 1968). Il a obtenu un Master (Master of Divinity, en 1971) au Garrett Theological Seminary (dans l'Illinois). En 1997, il a obtenu son doctorat en comportement organisationnel et sur la théorie organisationnelle du management, à l'université d'Alabama. Il a beaucoup écrit sur la morale et l'éthique des affaires. Depuis 1999, il contribue à la rédaction d'articles dans la revue de la Foundation for Economic Education : The Freeman.

Le leadership éthique et ascétique

Harold B. Jones est un spécialiste de l'étude du leadership. Il a examiné les points de vue de Max Weber sur la nature du leadership organisationnel et sur sa définition du leader charismatique. Le processus qu'il décrit commence comme un défi à un statu quo existant qui ouvre la voie à un autre statu quo. L'émergence d'un leader charismatique commence lorsque des événements et une personne unique interagissent pour exacerber les tensions au sein d'un statu quo. Le leader charismatique suscite une réponse que les suiveurs sont prêts à "entendre". Le leadership charismatique émerge quand les membres d'une organisation croient qu'ils ont trouvé, dans un individu, la solution aux problèmes auxquels ils sont confrontés. Il y a la croyance (la foi) très forte que le leader poursuit des fins supérieures aux leurs. Le processus se poursuit tant que le leader potentiel obtient de nouveaux suiveurs. Le leadership se confirme avec l'apparition d'un personnel administratif. Mais dès que le leader charismatique cherche à légitimer sa position de pouvoir, il jette alors les bases d'un nouveau statu quo.

Harold Jones met donc en valeur l'importance du leadership charismatique, quand il s'accompagne d'un nouveau statut avec un nouvel ensemble de règles qui deviennent impersonnelles au fil du temps. Il conclut que le modèle de Weber peut être facilement utilisé comme un cadre d'explication pour comprendre comment le leadership personnel peut ouvrir la voie à des structures organisationnelles qui sont basées sur des règles impersonnelles.

Dans un premier article, en 1995, il met en avant le leadership ascétique. Harold Jones examine l'influence des caractéristiques individuelles dans l'application ou dans le rejet des normes éthiques. Il émet l'idée selon laquelle les programmes de formation sont utiles dans la création d'une prise de conscience des normes éthiques, mais que les habitudes de longue date sont plus influentes. L'éthique est le résultat de dispositions personnelles de chaque personne, de son caractère et elle n'est pas le résultat de l'expérience, de la formation, de l'instruction, de l'éducation ou de l'apprentissage.

Le leader éthique est un leader ascétique, décrit comme une personne auto-contrôlée, qui agit de façon intentionnelle et qui est consciente des conséquences de ses actions. Le leadership ascétique comprend les traits de personnalité qui sont susceptibles d'accroître la conscience éthique et la responsabilité au sein d'une organisation. Il considère la vie comme l'occasion de s'engager pour des fins supérieures à son bonheur et à son bien-être immédiat. La motivation de la personne ascétique provient de l'intérieur d'elle-même, elle est intrinsèque. Être éthique est donc une qualité personnelle liée à des habitudes de comportement. Donc les programmes de formation mettant l'accent sur les principes moraux évidents ne peuvent pas être aussi efficaces que cela est souvent souhaité. Le comportement systématiquement éthique est le résultat d'un processus de socialisation infiniment plus complexe que tout programme de formation ne peut proposer. Il est susceptible d'accroître la réussite économique, car il réduit l'incertitude pour la clientèle et les investisseurs. Harold Jones en conclut que la recherche de la prospérité doit répondre à un leadership éthique et ascétique.

Pourquoi les nations déclinent-elles ?

Dans son livre paru en 2002, "Caractère Personnel et destin national" et dans divers articles, Harold B. Jones s'interroge pourquoi certaines nations, au firmament de leur développement, à une période donnée de l'Histoire, périclitent plus ou moins brusquement. Les nations de l'antiquité comme l'empire romain ou la Grèce, tout comme la Chine pré-médiévale, n'ont pas stagné ou disparu par hasard. Ce n'est pas une fatalité ou un déterminisme historique.

Sur beaucoup de plans : technologique, médical, transport maritime, commerce international, la Chine était largement en avance sur le reste du monde, au début du Moyen-Âge. Si le trend des années 1400 et au-delà s'était poursuivi, les influences formatrices sur l'évolution mondiale de la civilisation moderne auraient été principalement orientales.

En s'appuyant sur le livre de Nathan Rosenberg et L. E. Birdzell, "Comment l'Occident s'est enrichi", Harold B. Jones commence son interrogation par une analyse économique des institutions. Le progrès est le résultat de l'innovation, et les responsables chinois n'avaient rien à gagner de l'innovation. Les fonctionnaires chinois ont résisté à tout ce qui menaçait de rompre l'équilibre des forces du pays centralisé et unifié. À l'inverse, la division du monde féodal et les rivalités des pouvoirs politiques en Europe ont suscité la motivation de privilégier l'innovation (dont l'innovation guerrière) qui pouvait conduire certains leaders à détenir un avantage concurrentiel durable sur leurs rivaux. Les autorités chinoises, quant à elles, avaient toutes les raisons d'être hostiles envers tout ce qui pouvait bouleverser le statu quo dont elles tiraient leur puissance et leur sécurité.

Harold B. Jones souligne que l'analyse économique des institutions doit être complétée par une étude du système de valeurs d'une nation. En utilisant un individualisme méthodologique, il met en valeur l'aspect primordial de l'entrepreneur, vu dans le sens où le définit Ludwig von Mises. L'innovation est le fait d'individus. La force morale d'un individu est symbolisée par la notion de destruction créatrice de Joseph Schumpeter. Une nation est forte et prospère lorsqu'elle permet à certains individus de se révolter contre les conventions. L'innovation surgit quand un individu, pas obligatoirement identifié préalablement, se heurte à un problème ancien et familier et qu'il refuse de traiter ce problème avec la "vieille" manière habituelle. La Chine n'a pas tenu ses promesses de développement au début du XVe siècle, parce que le système de valeurs, déformé par l'appareil politique, ne donnait plus confiance en eux-mêmes aux individus, en tant que tels. Selon Harold B. Jones, deux éléments sont primordiaux dans l'émergence de l'innovation. Premièrement, un entrepreneur, au sens d'Israel Kirzner, doit remarquer une opportunité d'innover, souvent lorsqu'il se trouve contraint de le faire ("la nécessité est mère de l'invention"). L'autre élément essentiel, est la confiance en soi, c'est-à-dire ce sentiment intérieur sur sa capacité individuelle à se mesurer face à des situations difficiles lorsque l'occasion se présente. Il précise qu'une société qui ne parvient pas à inculquer largement à ses habitants cette conviction irrépressible à l'égard du potentiel créatif des individus est une société en voie de stagnation ou de disparition.

La force de caractère, qui constitue la base d'une nation, explique les raisons de la déchéance lorsque cette force s'effondre. Harold B. Jones prévient les grandes nations actuelles de faire très attention de ne pas répéter les erreurs des autres nations du passé. Sinon une nation comme les Etats-Unis (aussi forte fut-elle dans le passé, à l'image des nations de la vieille Europe) risque de disparaître prochainement, si elle ne renforce pas le caractère d'innovation de ses habitants. Les nations modernes souffrent de leur insistance sur une vision positiviste du droit avec toujours plus de lois et de règles à l'initiative du monopole du législateur. L'individu n'est plus respecté, il est confiné administrativement. Les gouvernements modernes n'exigent plus de la créativité ou de l'originalité de la part des citoyens mais du conformisme et de l'obéissance, voire de la servitude. Les dirigeants de l'État moderne ne veulent pas que l'homme de terrain pense et agisse par lui-même et qu'il arrive à une solution unique. Ils veulent lui faire faire des choses selon les règles du "livre" officiel. Les institutions se paralysent en étouffant la confiance en soi des individus créatifs dont elles sont composées.

Publications

  • 1995, "The Ethical Leader: An Ascetic Construct", Journal of Business Ethics, Vol 14, n°10, Oct., pp867-874
  • 2001, "Magic, Meaning and Leadership: Weber's Model and the Empirical Literature", Human Relations, Vol 54, n°6, pp753-771