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Lumières françaises

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Le mot Lumières ou Lumières françaises définit métaphoriquement le mouvement intellectuel, culturel et philosophique qui a dominé, en Europe et particulièrement en France, le XVIIIe siècle auquel il a donné, par extension, son nom de « siècle des Lumières ». Les Lumières ont marqué le domaine des idées et de la littérature par leurs remises en question fondées sur la « raison éclairée » de l’être humain et sur l’idée de liberté.

Les plus illustres représentants des Lumières habitent Paris : ils se disent philosophes ou physiocrates ou citoyens de la République des Lettres. Les idées de ces grands écrivains sont malheureusement fluctuantes, parfois contradictoires, heurtées, voire déconcertantes.

Les mirages de la philosophie

Voltaire, d'abord séduit par le despotisme éclairé, aurait ensuite penché vers le régime anglais - cru libéral voire parlementaire - mais en 1770 - 1771, il soutient le coup d'autorité du chancelier Maupeou et admire l'austère réformateur que les encyclopédistes accusent de tyrannie. Denis Diderot possède une espèce de sagesse juste-milieu que l'on retrouvera plus tard dans le parti radical-socialiste.

Tous deux nous ont légué la somme des préjugés communs au temps des Lumières. Le premier est la Raison comme fondement des postulats, soutien de toute méthode, séduisante finalité. Appliquée à la religion, elle devient le déisme ; au pluralisme religieux, la tolérance ; au moteur des sociétés humaines l'idée de progrès chantée par Condorcet et Turgot ; dans l'instruction publique, elle lutte contre les préjugés.

Vexé d'être éloigné de la politique, l'écrivain à la mode critique le régime, crée des utopies. Les meilleurs d'entre eux (Montesquieu) sont voués à l'abstraction. On magnifie la Prusse de Frédéric II ou la Russie de Catherine II pour irriter le gouvernement de Versailles. Il est de règle de confondre mécénat et bon gouvernement : les philosophes créent le mirage russe en France, voyant dans la tsarine une nouvelle Minerve. Le souverain modèle trouve une illustration fameuse dans les Aventures de Télémaque (1699) de Fénelon. Le mythe du monarque philosophe se précise avec Pierre Ier. Le despotisme est légitime dès qu'il est employé à des vues de progrès (éloge du tsar défunt par Fontenelle en 1725 à l'Académie des sciences, l'Histoire de Charles XII de Voltaire). Les monarques éclairés sont passés maîtres dans l'utilisation du vocabulaire des philosophes : ils parlent volontiers de bonheur. La Raison devient un fourre-tout au service d'un prince omnipotent.

Dans l'Europe des Lumières, l'action psychologique du despotisme éclairé a besoin de la République des Lettres. Que serait le roi de Prusse sans Voltaire ? On composerait plusieurs volumes en réunissant les lettres de Voltaire aux princes et aux ministres. Il flatte sans relâche et sans fatigue. Grimm et Diderot ne sont que des petits maîtres : le premier distribue l'encens partout, le second le réserve à Catherine II. Grâce aux encyclopédistes, le XVIIIe siècle vit sur la foi de cette fausse équation : Monarchie éclairée = Lumières. En réalité, l'État de la raison devient la raison d'État et l'État est moins au service des Lumières que les Lumières à la disposition de l'État.


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