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Cognition symbolique

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La cognition symbolique se réfère à notre capacité à utiliser des symboles pour représenter et manipuler l'information dans notre esprit. Les symboles peuvent être des mots, des images, des gestes ou d'autres formes de représentations qui portent un sens. Par exemple, lorsque nous voyons le symbole "+", nous le comprenons comme une représentation de l'addition dans les mathématiques.

Les symboles jouent un rôle crucial dans notre cognition, car ils nous permettent de représenter des idées, des concepts, des objets et des relations abstraites. Par exemple, lorsque nous lisons un livre, les mots écrits sont des symboles qui représentent des idées et des informations. Nous les utilisons pour comprendre le sens du texte et former des images mentales dans notre esprit.

Les symboles nous permettent également de manipuler l'information de manière systématique. Par exemple, lorsque nous résolvons une équation mathématique, nous utilisons des symboles pour représenter les nombres et les opérations. Nous suivons ensuite des règles symboliques, comme l'addition ou la multiplication, pour manipuler ces symboles et arriver à une solution.

Les symboles sont également essentiels pour le langage. Les mots que nous utilisons dans la communication sont des symboles qui représentent des concepts et des idées. Lorsque nous parlons ou écrivons, nous utilisons ces symboles pour transmettre des informations et communiquer nos pensées.

Les fondements théoriques de la cognition symbolique

A. Le modèle de la boîte noire : Allen Newell et Herbert A. Simon

Le modèle de la boîte noire, développé par Allen Newell et Herbert A. Simon, est l'un des fondements théoriques de la cognition symbolique. Ce modèle considère l'esprit comme une boîte noire où l'information entre en tant qu'entrée, est traitée par des règles symboliques internes et produit une sortie. Selon ce modèle, l'esprit humain peut être compris en analysant les processus symboliques internes qui transforment l'information. Par exemple, lorsqu'une personne résout un problème mathématique, le modèle de la boîte noire suggère qu'elle utilise des symboles et des règles symboliques pour manipuler les informations et arriver à une solution.

B. La grammaire générative : Noam Chomsky

Noam Chomsky, linguiste renommé, a proposé la grammaire générative comme une approche de la cognition symbolique dans le domaine du langage. Selon Chomsky, notre capacité à produire et à comprendre un nombre infini de phrases grammaticalement correctes est due à une grammaire innée universelle. Cette grammaire générative repose sur des règles symboliques qui décrivent la structure syntaxique des phrases dans différentes langues. Par exemple, les règles symboliques de la grammaire générative définissent comment les mots peuvent être combinés pour former des phrases grammaticalement correctes dans une langue donnée.

C. La théorie de la production : John Anderson

John Anderson[1] a développé la théorie de la production, qui met l'accent sur la manipulation symbolique dans la résolution de problèmes. Selon cette théorie, les processus cognitifs peuvent être décrits comme une série d'étapes de production symbolique. Chaque étape consiste en une règle symbolique qui indique comment transformer les représentations mentales en une nouvelle représentation. Par exemple, lorsqu'une personne résout un problème de mathématiques, elle peut suivre une série d'étapes de production symbolique pour manipuler les symboles mathématiques et arriver à une solution.

Ces fondements théoriques de la cognition symbolique ont jeté les bases pour comprendre comment les symboles sont utilisés dans la représentation, la manipulation et la résolution de problèmes cognitifs. Ils ont contribué à notre compréhension de la manière dont les processus cognitifs peuvent être décrits et expliqués en termes de manipulation symbolique.

Les processus cognitifs symboliques

A. La représentation symbolique de l'information

Les processus cognitifs symboliques impliquent la représentation de l'information à l'aide de symboles. Les symboles servent de représentations abstraites qui portent un sens spécifique. Par exemple, dans le langage, les mots sont des symboles qui représentent des objets, des actions, des idées ou des relations. Lorsque nous lisons le mot "chien", nous comprenons qu'il représente un animal à quatre pattes domestiqué. De même, dans les mathématiques, les chiffres et les symboles mathématiques tels que "+" ou "-" représentent des quantités et des opérations spécifiques.

B. Les règles de manipulation symbolique

Les processus cognitifs symboliques impliquent également l'utilisation de règles de manipulation symbolique. Ces règles indiquent comment les symboles peuvent être combinés, transformés ou interagir les uns avec les autres pour effectuer des opérations cognitives spécifiques. Par exemple, dans le raisonnement logique, nous utilisons des règles de manipulation symbolique telles que l'implication logique ("si A, alors B") ou la négation ("non A") pour évaluer des arguments et tirer des conclusions. De même, dans les mathématiques, nous utilisons des règles symboliques telles que l'addition, la soustraction, la multiplication et la division pour effectuer des opérations numériques.

C. Le raisonnement symbolique et la résolution de problèmes

Les processus cognitifs symboliques sont étroitement liés au raisonnement et à la résolution de problèmes. En utilisant des symboles et des règles symboliques, nous sommes capables de représenter mentalement un problème, d'identifier les relations entre les informations et de manipuler les symboles pour arriver à une solution. Par exemple, lors de la résolution d'un problème de puzzle, nous pouvons utiliser des symboles représentant les pièces du puzzle et des règles symboliques pour les combiner et les réorganiser afin de trouver la solution.

Ces processus cognitifs symboliques nous permettent de traiter des informations de manière systématique et de résoudre des problèmes complexes. Ils sont essentiels dans de nombreux domaines, tels que les mathématiques, la logique, le langage et la résolution de problèmes du quotidien. En utilisant les représentations symboliques et les règles de manipulation, nous pouvons exploiter notre capacité à penser de manière abstraite et à utiliser des symboles pour représenter et manipuler l'information de manière flexible et créative.

Applications de la cognition symbolique

A. Le langage naturel : syntaxe et sémantique

La cognition symbolique joue un rôle essentiel dans notre capacité à comprendre et à utiliser le langage naturel. La syntaxe concerne la structure grammaticale des phrases, et la sémantique concerne le sens des mots et des phrases. En utilisant des règles symboliques de la grammaire, nous pouvons former des phrases grammaticalement correctes et leur attribuer des significations. Par exemple, nous comprenons que la phrase "Le chat dort sur le tapis" a un sens différent de "Le tapis dort sur le chat", car nous utilisons les règles symboliques de la syntaxe pour comprendre la structure grammaticale et les règles symboliques de la sémantique pour attribuer un sens aux mots et aux phrases.

B. La mémoire épisodique et sémantique

La cognition symbolique est également impliquée dans la mémoire. Nous utilisons des symboles pour représenter et récupérer des informations stockées dans notre mémoire. La mémoire épisodique concerne le stockage et la récupération des souvenirs d'événements spécifiques, tandis que la mémoire sémantique concerne le stockage et la récupération des connaissances générales et des faits. Par exemple, lorsque nous nous souvenons d'un événement passé, nous utilisons des symboles pour représenter les personnes, les lieux, les actions et les émotions associées à cet événement. De même, lorsque nous nous rappelons des connaissances générales sur un sujet, nous utilisons des symboles pour représenter les concepts et les faits liés à ce sujet.

C. La prise de décision et le raisonnement logique

La cognition symbolique joue un rôle crucial dans la prise de décision et le raisonnement logique. En utilisant des règles symboliques et des symboles représentant des informations pertinentes, nous pouvons évaluer différentes options et tirer des conclusions logiques. Par exemple, lors de la prise de décision, nous pouvons utiliser des symboles pour représenter les avantages et les inconvénients de différentes options, et des règles symboliques pour évaluer ces informations et choisir la meilleure option. De même, dans le raisonnement logique, nous utilisons des symboles et des règles symboliques pour évaluer la validité des arguments et tirer des conclusions logiques.

Ces applications de la cognition symbolique démontrent comment nous utilisons les symboles et les règles symboliques dans des domaines clés tels que le langage, la mémoire, la prise de décision et le raisonnement logique. La cognition symbolique nous permet de représenter, de manipuler et d'utiliser l'information de manière structurée et systématique, ce qui facilite notre capacité à comprendre, à communiquer et à résoudre des problèmes complexes.

Critiques et limites de la cognition symbolique

A. Négligence des aspects incarnés et situés de la cognition

Une critique de la cognition symbolique est qu'elle a tendance à négliger les aspects incarnés et situés de la cognition. Elle se concentre principalement sur les processus internes de manipulation symbolique et accorde moins d'importance à l'interaction dynamique entre le corps, l'esprit et l'environnement. Par exemple, la cognition incarnée met en avant le rôle des expériences sensorimotrices dans la cognition, tandis que la cognition située souligne l'importance du contexte et de l'environnement dans la façon dont nous pensons et comprenons le monde. Ces perspectives critiques soulignent que notre cognition est profondément enracinée dans notre expérience corporelle et notre interaction avec le monde qui nous entoure.

B. Défis pour expliquer la créativité et l'apprentissage en dehors des règles symboliques

La cognition symbolique peut également rencontrer des défis pour expliquer des aspects tels que la créativité et l'apprentissage en dehors des règles symboliques. La créativité implique souvent la génération de nouvelles idées, de nouvelles combinaisons ou de nouvelles perspectives, qui peuvent être difficiles à expliquer uniquement à travers des manipulations symboliques. De plus, l'apprentissage de nouvelles compétences ou de nouveaux comportements peut souvent nécessiter une exploration et une adaptation basées sur des rétroactions et des interactions avec l'environnement, plutôt que de simplement suivre des règles symboliques préétablies. Ces défis suggèrent que la cognition symbolique seule ne peut pas rendre compte de tous les aspects de l'apprentissage et de la créativité humaine.

C. Réponses et approches complémentaires, comme le connexionisme et l'approche enactiviste

Face à ces critiques et limites, d'autres approches ont émergé pour compléter la cognition symbolique. Le connexionisme, par exemple, met l'accent sur les processus distribués et parallèles dans les réseaux neuronaux, en mettant l'accent sur l'apprentissage, l'adaptation et l'émergence des comportements complexes à partir des interactions entre les éléments cognitifs. L'approche enactiviste, quant à elle, souligne l'importance de l'action et de l'interaction avec l'environnement dans la cognition, mettant en avant le rôle de l'expérience incarnée et située dans la façon dont nous pensons et comprenons le monde.

Ces approches complémentaires offrent des perspectives alternatives pour comprendre la cognition humaine dans toute sa complexité, en tenant compte des aspects incarnés, situés et interactifs de notre expérience. Elles permettent de surmonter les limites de la cognition symbolique en explorant d'autres dimensions de la cognition humaine, telles que l'apprentissage non symbolique, la perception incarnée et les comportements adaptatifs. En combinant ces différentes approches, nous pouvons obtenir une vision plus complète et nuancée de la cognition humaine.

Perspectives futures et conclusion

A. L'évolution des théories de la cognition symbolique

Les théories de la cognition symbolique continueront probablement à évoluer à mesure que nous acquérons une meilleure compréhension des processus cognitifs et des interactions complexes entre les symboles, l'esprit, le corps et l'environnement. Les avancées technologiques, telles que l'intelligence artificielle et la modélisation computationnelle, peuvent également contribuer à affiner nos théories et à tester de nouvelles hypothèses sur la cognition symbolique.

B. Les défis et opportunités de recherche à venir

Il reste de nombreux défis et opportunités de recherche à venir dans le domaine de la cognition symbolique. Les chercheurs peuvent se concentrer sur la manière dont les symboles sont représentés et manipulés dans le cerveau, en utilisant des techniques d'imagerie cérébrale et d'études neurologiques. De plus, des études interdisciplinaires peuvent explorer les interactions entre la cognition symbolique, l'émotion, la perception et l'action pour une compréhension plus holistique de l'esprit humain.

C. Synthèse des principaux points et importance continue de la cognition symbolique

En conclusion, la cognition symbolique joue un rôle essentiel dans notre capacité à représenter, manipuler et comprendre l'information à travers l'utilisation de symboles. Les symboles et les règles symboliques nous permettent de résoudre des problèmes, de communiquer, de raisonner logiquement et d'acquérir des connaissances. Malgré les critiques et les limites, la cognition symbolique reste un pilier important de la compréhension de l'esprit humain.

La cognition symbolique a ouvert la voie à de nombreuses applications pratiques, telles que le développement de systèmes de traitement du langage naturel, l'amélioration des méthodes d'enseignement et d'apprentissage, ainsi que l'avancement de l'intelligence artificielle. L'interaction entre la cognition symbolique et d'autres approches complémentaires, telles que le connexionisme et l'approche enactiviste, offre des perspectives nouvelles et enrichissantes pour explorer la complexité de la cognition humaine.

En fin de compte, la cognition symbolique reste une pierre angulaire pour comprendre notre capacité unique à représenter, manipuler et utiliser des symboles pour donner un sens au monde qui nous entoure. Son importance continue dans la recherche et les applications pratiques garantit un avenir prometteur pour l'étude de la cognition symbolique et de ses implications dans divers domaines de la vie humaine.


  1. Bibliographie de John R. Anderson
    • 1981, "Cognitive skills and their acquisition", Erlbaum
    • 1983, "The architecture of cognition", Harvard University Press
    • 1985, "Cognitive Science", 9(1), Numéro spécial sur les modèles connexionnistes et leurs applications