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Darcy Allen

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Darcy W. E. Allen est un économiste universitaire travaillant sur l'économie des nouvelles technologies au RMIT Blockchain Innovation Hub, à Melbourne, en Australie. Il a publié des articles universitaires et des livres sur l'économie, le droit et les nouvelles technologies. Il a comparu en tant que témoin expert devant des enquêtes parlementaires nationales et étatiques australiennes et ses commentaires et écrits ont été largement diffusés dans les médias électroniques et imprimés. Il a soutenu sa thèse en 2017, sous le titre de "The Private Governance of Entrepreneurship: An Institutional Approach to Entrepreneurial Discovery", à l'université RMIT de Melbourne.

L'entrepreneuriat au service de l'évolution des institutions

Parmi ses sujets de prédilection, Darcy Allen traite de l'impact des nouvelles technologies sur la liberté, cela inclut l'étude de la vague des spectaculaires changements technologiques que nous vivons actuellement qui vont de l'internet aux objets connectés, de la blockchain aux contrats intelligents[1] automatisés et de l'apprentissage automatique profond grâce à l'intelligence artificielle jusqu'aux progrès de la cryptographie et de la numérisation. Ces outils, indique-t-il dans un livre publié en 2020 avec Chris Berg et Sinclair Davidson, offre une opportunité historique sans précédent de reconquérir les libertés individuelles, d'étendre les droits individuels, de protéger la propriété, de défendre notre vie privée et nos données personnelles, d'exercer notre liberté d'expression et de développer de nouvelles communautés volontaires. Les auteurs précisent qu'au lieu de supplier l'État de recouvrer nos libertés, chacun d'entre nous peut désormais utiliser les nouvelles technologies afin de construire des institutions libres, lesquelles sont nécessaires à l'épanouissement humain sans l'autorisation infantilisante des sujets par l'État. Ils établissent que la technologie blockchain constitue une nouvelle classe de technologies institutionnelles qui permet de réduire le coût de l'entrepreneuriat institutionnel en propulsant un nouveau processus d'évolution institutionnelle.

Darcy Allen soutient que de nouvelles formes de gouvernance doivent être découvertes, appliquées et testées pour résoudre les problèmes de gouvernance et de coordination dans les systèmes économiques modernes. Ainsi, le sujet majeur de Darcy Allen est de faire comprendre que l'intervention des politiques publiques dans la société fait subir des coûts sur tous les citoyens. Il indique donc que l'utilisation de la technologie blockchain susciterait des expériences entrepreneuriales qui fourniraient comme bénéfices l'émergence de nouvelles formes institutionnelles ou la transformation des anciennes en exploitant de nouvelles possibilités de coordinations polycentriques dans les échanges économiques. Car, ce dernier point est l'élément fort de l'avantage des entrepreneurs lorsqu'ils peuvent exercer librement leur nature au sein de nos sociétés. La coordination hors prix n'existe pas pour parvenir à un accord "politique" ou à une approbation mutuelle entre différents individus. Il s'agit plutôt de découvrir la complémentarité entre des éléments de capital hétérogène et les perceptions de la valeur de ces combinaisons. C'est-à-dire découvrir un nouvel ordre de valeur.

Avec ce nouveau type de polycentrisme institutionnel[2], motivé par l'entrepreneuriat institutionnel, la blockchain est utilisée comme une nouvelle technologie institutionnelle afin de concurrencer les institutions existantes concernant la monnaie et les paiements, l'enregistrement et le transfert d'actifs, l'identité, la passation de marchés et d'autres infrastructures économiques administratives fondamentales.

La découverte des opportunités entrepreneuriales grâce au commons de l'innovation

Darcy Allen s'exprime sur l'origine de l'innovation en s'opposant à la vue traditionnelle de l'économie de l'innovation dans laquelle les institutions fondatrices de l'innovation sont centrées sur la recherche publique novatrice, la propriété intellectuelle accordée par l'État et les entreprises innovantes dirigées par des entrepreneurs créatifs audacieux et soutenues par le financement de société de capital-risque. Pour l'auteur, comme pour son collègue, Jason Potts, il faut regarder le commencement de l'innovation dans le commons. Ces communs d'innovation existent ainsi pour faciliter les « ordres émergents de valeur ». Selon Darcy Allen, les prémices des nouvelles technologies se caractérisent souvent par le regroupement des actions d'une communauté de passionnés majoritairement amateurs. Ces passionnés mettent en commun des informations, c'est-à-dire qu'ils les partagent en créant un pool commun d'informations afin de découvrir les contours d'une opportunité potentiellement intéressante. C'est pourquoi, Darcy Allen et Jason Potts considèrent que l'image du génie solitaire dans l'innovation technologique est une créature presque entièrement mythologique, du moins dans les temps modernes. Les commons de l'innovation sont des systèmes polycentriques de coordination hors prix qui existent avant l'action entrepreneuriale dans les entreprises et sur les marchés.

L'opportunité entrepreneuriale n'a pas besoin d'exister sous la forme d'une entreprise en démarrage ou de reposer sur un droit de propriété exploitable. La possibilité de l'émergence de l'entreprise et d'un nouveau marché s'effectue souvent après que les découvertes soient faites dans les communs. Au début d'une nouvelle technologie, l'incertitude est extrêmement élevée. Les différentes personnes autour de ce commons ont des informations différentes sur les utilisations potentielles, les coûts, les possibilités et les opportunités de cette nouvelle technologie. Alors, l'institution apparaît quand il s'agit de rassembler et de combiner ces informations éparses afin de créer une ressource commune précieuse.

Le proto-entrepreneur évolue dans une sphère précontractuelle

Darcy Allen élucide le problème de l'entrepreneur lorsqu'il n'existe pas encore de prix dans les premiers stades de développement d'une opportunité entrepreneuriale. À ce niveau, les marchés ne disposent pas des éléments d'information qui constituent l'opportunité pour l'entrepreneur. Ceux-ci sont dispersés et tacites. Ils n'acquièrent une valeur supplémentaire que lorsqu'ils sont combinés avec d'autres éléments qui ne sont pas facilement définissables dans un contrat. Plus précisément, la nature du processus contractuel est incomplète. Elle change tout au long de la trajectoire entrepreneuriale. En effet, le proto-entrepreneur doit découvrir des partenaires adéquats avec son projet et il doit acquérir des connaissances sur la valeur potentielle de nouvelles combinaisons de capitaux hétérogènes.

Cette trajectoire est différente de celle affirmée par Joseph Schumpeter. Pour ce dernier, la première phase entrepreneuriale prend son origine dans une position de monopole. Elle passe ensuite par des phases d'adoption et de diffusion, avant une phase de stabilisation et d'encastrement institutionnel. Pour Darcy Allen, la phase du proto-entrepreneur se concentre sur le momentum de la création des anticipations d'opportunités qui se développe en fonction de ses perceptions dans le temps et qui précède l'action de l'entrepreneur. Le niveau et le type d'incertitude ainsi que le type et le degré de spécificité des actifs vont faire différencier les coûts de transaction proto-entrepreneuriaux des coûts de transaction entrepreneuriaux.

Le problème que rencontre donc le proto-entrepreneur, nous dit Darcy Allen, est celui de la coordination hors prix. Alors que les marchés sont extrêmement efficaces pour coordonner les marchés avec les prix, la découverte proto-entrepreneuriale, lâche-t-il, est fondamentalement un processus de coordination d'éléments d'information sans prix. Les proto-entrepreneurs peuvent s'appuyer sur les jugements entrepreneuriaux des autres[3], c'est-à-dire sur leurs perceptions subjectives de leurs opportunités de marché potentielles, afin de mieux définir un plan d'action. Autrement dit, ils échangent et incorporent les diverses perceptions subjectives sur les futures combinaisons de capital hétérogène. Darcy Allen s'appuie ainsi sur la théorie de Friedrich Hayek de la division des connaissances. C'est donc le proto-entrepreneur qui cherche en premier à recueillir les informations non tarifaires auprès des autres personnes, avant d'interpréter et de cristalliser ces informations en une opportunité de marché exploitable.

Ainsi, le proto-entrepreneur doit détenir diverses compétences liées à la recherche d'autres partenaires (entrepreneurs, collaborateurs) avec une communication de besoins réciproques, avec une négociation avec les autres propice à faire avancer le projet. Cela nécessite donc une gouvernance spécifique avec la construction d'institutions et de mécanismes pour surmonter ces obstacles. Ce problème qui transforme le projet proto-entrepreneurial en projet entrepreneurial peut être résolu par la comparaison des structures de gouvernance concurrentielles relativement efficaces.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. La différence fondamentale entre les contrats juridiques traditionnels et les contrats dits intelligents concerne l'application automatisées de certaines clauses contractuelles. Les clauses contractuelles intelligentes sont écrites dans un langage de programmation informatique exécutable. Cela signifie que les contrats intelligents sont automatiquement exécutés dans le sens où la transaction ou l'échange convenu aura lieu après la survenance d'un événement ou après une période de temps spécifiée. L'idée des contrats intelligents en tant que protocoles formalisant les relations sur les réseaux informatiques est antérieure à l'émergence des technologies basées sur la blockchain. Alors que les clauses contractuelles intelligentes peuvent être plus dynamiques, les performances contractuelles sont plus difficiles à inverser. Pour cette raison, l'introduction de contrats intelligents à exécution automatique basés sur la blockchain génère de nouveaux types de litiges juridiques. L'adoption de contrats intelligents oblige les tribunaux et d'autres organismes de règlement des différends à faire face à plusieurs difficultés en cas de différends relatifs aux contrats intelligents, notamment l'interprétation du code, les questions de compétence et l'application des principes traditionnels du droit des contrats. Ces contrats intelligents peuvent remplir de nombreuses fonctions, y compris le changement automatique de propriétaire des biens, l'exécution des paiements ou même des compensations ou des paiements d'assurance pour une livraison tardive afin d'indemniser les parties concernées.
  2. Le polycentrisme institutionnel est un système par lequel les règles et les normes d'une institution formelle sont créées dans plusieurs centres de prise de décision. La notion de polycentricité fait référence à un ordre spontané dans lequel des centres de décision et des acteurs multiples et indépendants s'ajustent mutuellement pour ordonner leurs relations dans un cadre général de règles et de normes.
  3. Darcy Allen s'écarte donc d'un modèle entrepreneuriale en autarcie cognitive qui consisterait à faire tourner un moteur de traitement interne des données externes. Autrement dit, selon cette idée entrepreneuriale qui se base sur des fondements de la théorie cognitive, propre à Herbert Simon, et qui confond l'information distribuée et la connaissance dispersée. Selon cette théorie cognitive et computationnelle, les agents entrepreneuriaux prospères sont ceux qui possèdent un moteur neuronal de traitement des données supérieur aux autres avec lequel ils interprètent et agissent sur les signaux de prix afin de générer des bénéfices futurs. Pour Darcy Allen, il faut considérer différemment la découverte proto-entrepreneuriale à partir de l'information non tarifaire laquelle est contenue dans l'esprit d'autres personnes dont le proto-entrepreneur est habile à savoir les coordonner. La connaissance non tarifaire nécessaire pour agir de manière entrepreneuriale existe bel et bien mais pas uniquement dans l'imaginaire entrepreneurial. Elle existe sous la forme d'informations dispersées entre divers agents au sein du système économique.

Publications

  • 2016,
    • a. avec Jason Potts, "How innovation commons contribute to discovering and developing new technologies", International Journal of the Commons, Vol 10, n°2, pp1035–1054
    • b. avec Jason Potts, T. J. MacDonald, "Blockchains and the Boundaries of Self-Organized Economies: Predictions for the Future of Banking", In: P. Tasca, T. Aste, L. Pelizzon, N. Perony, dir., "Banking Beyond Banks and Money: A Guide to Banking Services in the Twenty-First Century", Cham: Springer International Publishing, pp279-296
  • 2019,
    • a. avec A. Berg, B. Markey‐Towler, "Blockchain and Supply Chains: V-Form Organisations, Value Redistributions, De-Commoditisation and Quality Proxies", The Journal of the British Blockchain Association, Vol 2, n°1, pp57-65
    • b. avec Chris Berg, Sinclair Davidson, Mikayla Novak, Jason Potts, "International Policy Coordination for Blockchain Supply Chains", Asia & the Pacific Policy Studies, Vol 6, n°3, September, pp367-380
    • c. avec Chris Berg, A. M. Lane, "Cryptodemocracy: How Blockchain Can Radically Expand Democratic Choice", London, UK: Lexington Books
  • 2020,
    • a. avec Chris Berg, Sinclair Davidson, "The New Technologies of Freedom", American Institute for Economic Research
    • b. avec Chris Berg, Brendan Markey-Towler, Mikayla Novak, Jason Potts, "Blockchain and the evolution of institutional technologies: Implications for innovation policy", Research Policy, Vol 49, n°1, February
    • c. avec A. Lane, M. Poblet Balcell, "The Governance of Blockchain Dispute Resolution", Harvard Negotiation Law Review, Vol 25, n°1, pp75–102
    • d. "Governing the entrepreneurial discovery of blockchain applications", Journal of Entrepreneurship and Public Policy, Vol 9, n°2, pp194-212
  • 2021,
    • a. avec Jason Potts, Chris Berg, Sinclair Davidson, "Blockchain and investment: An Austrian approach", The Review of Austrian Economics, vol 34, pp149–162
    • b. "Governing the entrepreneurial discovery of blockchain applications", Journal of Entrepreneurship and Public Policy, Vol 9, n°2, pp194-212
    • c. avec Chris Berg, Sinclair Davidson, Jason Potts, "Property Rights, Knowledge Commons, and Blockchain Governance", In: Erwin Dekker, Pavel Kuchar, dir., "Governing Markets as Knowledge Commons", Cambridge University Press, pp159-175