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Humphrey Bradley

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Humphrey Bradley, né à Bergen op Zoom[1], était[2] un ingénieur et entrepreneur public, spécialisé dans le drainage des terres[3]. Entre 1584 et 1594, il a séjourné en Angleterre[4] où il a travaillé sur des projets de drainage des rivières (Great Ouse, Nene et Witham). Il a aussi préparé une analyse des coûts d'amélioration du port de Douvres et il a soumis une proposition pour drainer une région marécageuse de l'est de l'Angleterre, "The Fens"[5].

Durant son séjour en France, Humphrey Bradley a bénéficié d'un soutien politique continu dans les plus hautes strates de l'administration française. Maximilien de Béthune, duc de Sully, premier ministre d'Henri IV, dans sa politique publique nationale, a ainsi encouragé les gros propriétaires des marécages à participer à des projets de poldérisation des marais littoraux.

Entrepreneur public pour l'assèchement des terres

Dans les dernières années du XVIe siècle, Henri IV, roi de France, a souhaité promouvoir le drainage[6] des terres dans le sud et l'ouest de la France afin de développer la richesse agricole du pays comme l'Angleterre avait commencé de le faire[7]. Par l'intermédiaire de son ambassadeur[8], en juin 1596, il a invité les États généraux de la République néerlandaise de lui procurer le meilleur ingénieur pour drainer des terres. Cela fut fait en la personne de Humphrey Bradley. Ce dernier est alors nommé maître des digues du royaume le 8 avril 1599, ce qui lui octroya essentiellement tous les travaux de digue et de poldérisation dans le pays. Avec cette protection royale spéciale, forme de franchise monopolistique, il fut autorisé à s'occuper de l'assèchement des marais, situés sur des terrains ecclésiastiques ainsi que sur la propriété de la noblesse et dans les domaines royaux de l'État français. Cet édit, important dans l'histoire de la pensée entrepreneuriale, fut un des premiers documents transcrivant le statut d'entrepreneur à un sous-traitant de l'État.

Avec plusieurs collaborateurs qui, comme lui, étaient protestants (huguenots), Humphrey Bradley s'impliqua dans divers projets d'assèchement des terres : en Aunis (dont le Marais de la Petite-Flandre), en Auvergne et dans le Languedoc. De nombreux ingénieurs et financiers des Pays-Bas l'ont suivi. Lui et ses associés ont obtenu la propriété de la moitié de la bonification des terres. En effet, l'édit royal prévoyait le partage des terres asséchées entre les propriétaires du sol et les associés de Humphrey Bradley, constitués en société. Les propriétaires de l'entreprise furent exonérés fiscalement pendant vingt ans et pouvaient obtenir la nationalité française au bout de deux ans s'ils le souhaitaient. De plus, les douze plus gros actionnaires ont été anoblis. En janvier 1607, un nouvel édit royal pour l'assèchement des tourbières est publié, confirmant le précédent de 1599, mais ici l'entrepreneur et ses associés sont clairement mentionnés comme tels dans le texte officiel.

Humphrey Bradley s'engagea activement à assécher une partie du Marais de Saintonge, se situant entre les rivières des marais de la Boutonne et de la Charente. Mais, il ne put poursuivre les travaux qu'après 1607, date à laquelle la Société générale de desséchement des marais et des lacs de France fut constituée par édit royal. En son honneur et certainement en son initiative, la région située entre Muron et Tonnay-Charente fut dès lors connue sous le nom de Marais de la Petite-Flandre à partir de 1610, date qui coïncide avec le décès de son bienfaiteur Henri IV. Il a aussi réalisé d'importants travaux de poldérisation en Auvergne (le Marais de Sarliève en Limagne) et dans le Languedoc. En 1605, c'est le roi de France, le Vert Galant, qui lui demanda également une étude sérieuse sur la construction du canal de Bourgogne, afin de relier la Saône à la Seine, c'est-à-dire la jonction entre Marseille et Paris afin d'éviter le détournement par le détroit de Gibraltar et ainsi gagner du temps. Cependant, son projet n'a pas été retenu.

Notes et références

  1. Bergen op Zoom est actuellement situé dans la province de Brabant aux Pays-Bas
  2. La dernière mention documentée de Humphrey Bradley date de 1625. Il est vraisemblablement mort avant 1639.
  3. Il était le fils de John Bradley, commerçant anglais, installé à Bergen op Zoom dans le Brabant, alors situé dans les Provinces Unies (Ex Pays-Bas), et d'Anna van der Delft.
  4. Srs enfants, Joachim et Sara, ont été baptisés à l'église hollandaise d'Austin Friars, dans la ville de Londres.
  5. Son manuscrit, daté du 3 décembre 1589, "Discours de Humphry Bradley, un Brabançon, concernant les Fens de Norfolk, Huntingdon, Cambridge, Northampton et Lincolnshire fut écrit en italien.
  6. Louis Edouard Marie Hippolyte, comte de Dienne, 1891, "Histoire du desséchement des lacs et marais en France avant 1789", Paris: H. Champion
  7. La reine d'Angleterre promulgue en 1585 le General Drainage Act pour accroître la surface agricole du royaume.
  8. Paul Trude Choart, duc de Buzenval, ambassadeur de France auprès des Provinces-Unies

Littérature secondaire

  • 1961, L. E. Harris, "The Two Netherlanders. Humphrey Bradley and Cornelis Drebbel", E.J. Brill, Leiden