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Paul DiMaggio

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Paul J. DiMaggio est un sociologue qui a beaucoup contribué au développement de la théorie néo-institutionnelle, laquelle est devenue l'une des perspectives théoriques les plus influentes en théorie organisationnelle. La théorie néo-institutionnelle met l'accent sur l'importance de l'encastrement culturel, cognitif et institutionnel des organisations en tant que facteurs explicatifs de leurs actions. Le travail de Paul DiMaggio sur l'entrepreneuriat institutionnel se concentre sur le rôle des acteurs dans l'influence de leur environnement institutionnel, notamment dans la modification de la structure d'un marché. Le concept d'isomorphisme, qui explique pourquoi les organisations au sein d'un même domaine présentent des similitudes dans leur comportement, est central dans son travail. Les idées de Paul DiMaggio ont eu un impact significatif sur la compréhension du changement institutionnel et de la dynamique du comportement organisationnel.

La théorie néo-institutionnelle et l'isomorphisme

La théorie néo-institutionnelle est une approche sociologique qui étudie comment les institutions sociales (telles que les organisations, les entreprises, les gouvernements, etc.) se forment, se transforment et se maintiennent dans le temps. Cette théorie considère que les institutions sont façonnées par des normes sociales, des croyances, des valeurs et des règles, qui peuvent être influencées par des facteurs externes, tels que la concurrence, la technologie, le marché, le gouvernement, etc.

L'isomorphisme, quant à lui, est un processus par lequel les organisations tendent à adopter des pratiques et des structures similaires à celles de leur environnement, en particulier des organisations dominantes ou des modèles de référence. Ce processus peut être motivé par des raisons de légitimité, de conformité, d'efficacité, de prestige ou de pression sociale.

Dans le contexte de la théorie néo-institutionnelle, l'isomorphisme peut être considéré comme une conséquence de la recherche de légitimité de la part des organisations. En adoptant des pratiques et des structures similaires à celles des organisations dominantes ou des modèles de référence, les organisations peuvent obtenir une reconnaissance sociale et institutionnelle, ce qui peut améliorer leur position sur le marché et leur capacité à obtenir des ressources.

Cependant, l'isomorphisme peut également avoir des effets négatifs sur les organisations, en limitant leur capacité à innover et à s'adapter à leur environnement. En adoptant des pratiques et des structures similaires à celles des autres organisations, les organisations peuvent être coincées dans des modèles de comportement qui peuvent ne pas être adaptés à leur contexte particulier.

En somme, la théorie néo-institutionnelle et l'isomorphisme sont des concepts clés pour comprendre comment les institutions sociales fonctionnent et évoluent dans le temps, et comment les organisations peuvent chercher à obtenir une légitimité sociale et institutionnelle en adoptant des pratiques et des structures similaires à celles de leur environnement.

De l'entrepreneur institutionnel au travail instituionnalisé

La théorie néo-institutionnelle met en lumière l'importance des normes, des règles et des valeurs dans les organisations et explique comment celles-ci peuvent influencer le comportement des acteurs. Dans ce contexte, l'entrepreneur institutionnel est un individu ou un groupe qui cherche à introduire de nouvelles pratiques institutionnelles dans une organisation existante, en réponse à des pressions externes ou internes.

Cependant, la théorie néo-institutionnelle a également mis en évidence un autre aspect du comportement institutionnel : le travail institutionnel. Le travail institutionnel fait référence aux actions entreprises par les acteurs pour maintenir les pratiques institutionnelles existantes, plutôt que de les changer. En effet, les organisations ont tendance à être isomorphes, c'est-à-dire qu'elles ont tendance à adopter les mêmes structures et pratiques que les organisations similaires, pour être perçues comme légitimes aux yeux de leur environnement.

Le travail institutionnel est donc un processus de maintien et de reproduction des pratiques institutionnelles existantes, qui peut être effectué consciemment ou non par les acteurs. Cela peut inclure des actions telles que la formation des employés pour qu'ils s'adaptent aux normes de l'organisation, l'adoption de politiques conformes aux normes du secteur ou encore la mise en place de processus de contrôle de la qualité pour assurer la conformité aux normes de l'industrie.

En fin de compte, bien que l'entrepreneur institutionnel puisse être un acteur clé dans l'introduction de nouvelles pratiques institutionnelles, le travail institutionnel est également important pour maintenir les pratiques institutionnelles existantes et contribue à la stabilité des organisations dans leur environnement institutionnel.

Informations complémentaires

Publications

  • 1982, "Cultural entrepreneurship in nineteenth-century Boston : the creation of an organizational base for high culture in America", Media, Culture and Society, Vol 4, n°1, pp303-322
  • 1983, avec Walter W. Powell, "The iron cage revisited: Institutional isomorphism and collective rationality in organizational fields", American Sociological Review, n°48, pp147-160
  • 1988, "Interest and Agency in Institutional Theory", In: Lynne Zucker, dir., "Instititutional Patterns and Organizations", Cambridge (Mass.): Ballinger Publishing Company, pp3-21
  • 1990,
    • a. "Cultural aspects of economic action and organisation", In: R. Friedland, A. F. Robertson, dir., "Beyond the marketplace, Rethinking economy and society", Aldine de Gruyter, New York
    • b. avec Walter W. Powell, "The Iron Cage Revisited: Institutional Isomorphism and Collective Rationality in Organizational Fields", American Sociological Review, vol 48, n°2,‎ pp147–160
  • 1991, avec Walter W. Powell, dir., "The New Institutionalism in Organizational Analysis", University of Chicago press
  • 1995, "Comments on “what theory is not” ", Administrative Science Quarterly, Vol 40, pp391-397

Littérature secondaire

  • 2017, Isabelle Huault, "Paul DiMaggio et Walter W. Powell – Des organisations en quête de légitimité", In: Sandra Charreire Petit, Isabelle Huault, dir, "Les Grands Auteurs en Management", Éditeur : EMS Editions, Collection : Grands auteurs, pp166-181