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Utilisateur:Apollon/propriété

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Qu'est-ce que la propriété ?

La réponse est fameuse : c'est le vol nous dit Proudhon. On sait beaucoup moins que revenu sur terre dans Théorie de la propriété, le même nous dit que "la propriété c'est la liberté"...

La propriété, clé de voute du libéralisme, est mise en avant voire inventée par John Locke, philosophe anglais du XVIIe siècle. C'est un concept neuf en ce qu'on ne le trouve pas sous une forme pure chez les Romains, et que chez les pères et docteurs de l'Eglise, la propriété se justifie au mieux par la chute, chez Saint Augustin (la chute montre l'imperfection de l'homme et donc l'impossibilité d'une propriété collective), ou par la bonne gestion qu'elle permet, chez Saint Thomas. Au siècle des Lumières, le caractère naturel de la propriété est discuté, défendu comme il se doit par les physiocrates contre la conception traditionnelle (voir Philippe Simonnot, article du monde du 19 mai 2000 : Propriété contre nature). A l'appui de ce caractère naturel, ne peut-on constater avec Hayek (cf Law, Legislation and Liberty, édition de 1982, vo, tome II p75) que la propriété existe en quelque sorte chez les animaux, comprise comme le territoire qu'ils font respecter naturellement, un des rituels réduisant la violence et prévenant une surpopulation génératrice de famine, en "interdisant" l'individu sans territoire d'avoir une engeance.

Le droit subjectif de propriété connait sa consécration dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 qui y constate un droit naturel, sacré et imprescriptible au côté de la liberté, de la sureté et de la résistance à l'oppression. Il est depuis sous le feu constant des doctrines collectivistes qui entendent affecter au politique une autre fin suprême que la liberté et substituer à cette dernière une fin déterminée par leur conception particulière du bien, détruisant ou réduisant toujours le droit de propriété, manifestant ce faisant un atavisme de nos sociétés primitives qui étaient organisées autour de la réalisation d'une fin collective comme l'a dégagé Hayek.

D'un point de vue de juriste, on peut diviser le droit de propriété en trois droits : l'usus, ou droit d'user, fructus, droit de jouir des fruits, et abusus, droit de disposer (et non pas droit d'abuser). Ces trois droits peuvent être démembrés ce qui donne naissance à des usufruits, des nue-propriétés, des servitudes... Le droit de propriété, c'est la réunion de ces droits : celui d'être maître de quelque chose.

La critique contre le libéralisme et la propriété est ancienne : la liberté n'est-elle pas pour le propriétaire ? Et est-ce que la propriété ce n'est pas pour le riche ? Ces objections ont été combattues par les libéraux. Hayek voit dans le droit de propriété le mécanisme qui garantit au pauvre que son travail lui procurera des fruits dont il sera le maître et pourra s'enrichir. Sans droit de propriété ou mécanisme équivalent l'individu est soumis à l'arbitraire du puissant, suspendu aux règles coutumières. Plus généralement pour Hayek, le développement de l'ordre des actions sur lequel se fonde la civilisation n'a été rendu possible que par l'institution de la propriété (cf Law, Legislation and Liberty, édition de 1982, vo, tome II p121). Le droit de propriété sert ainsi le riche ET le pauvre, conclusion attaquée violemment par tous ceux qui croient que le bonheur des uns se fait forcément aux dépens des autres, et croient que la richesse est un donné fixe qu'il conviendrait de partager au mieux. Dans une optique proche de Hayek, Guizot prononçait au XIXe siècle les mots célèbres quoique souvent malheureusement raccourcis : "Enrichissez-vous par le travail et par l'épargne, et vous deviendrez électeur". Plus près de nous, Hernando de Soto explique comme Hayek que le droit de propriété est à la base du succès économique occidental, que la pauvreté n'a pas une explication raciale ou génétique mais dans le système économique, et que l'institution de la propriété améliorerait les conditions de vie de tous. Etant donné dès lors l'importance capitale du droit de propriété, la fonction essentielle de l'Etat serait de faire respecter ce droit, comme le soutient par exemple l'économiste Robert J. Barro. Beaucoup de théorie en faveur de la propriété mais juste de la théorie diront les critiques.

Et pourtant loin des clichés, ce sont bien les pauvres paysans chinois qui réclament aujourd'hui le droit de propriété pour se protéger de la tyrannie d'un Etat qui les exproprie soi-disant pour construire des bâtiments d'"intérêt public", en réalité pour monter des villas de luxe(cf Article du Monde du 24 février 2008 : Cette terre est à nous, foi de paysans).

La propriété est nécessaire -au sens philosophique- à la liberté de l'individu, liberté définie comme le pouvoir de poursuivre les fins qu'on se choisit en fonction des moyens dont on dispose. Dans une société primitive, fermée, l'individu n'est pas libre, il concourt à l'accomplissement de fins collectives auxquelles il ne peut se soustraire. Dans la Grande Société, l'individu est maître de se biens et les affecte comme il l'entend dans les limites du droit naturel.

La propriété est dotée d'un pendant, qui est la responsabilité : pas de propriété sans responsabilité, et inversement pas de responsabilité sans propriété. Dans la société socialiste, personne n'est propriétaire (ou tout le monde l'est, fiction qui revient à dire que personne ne l'a), personne n'est donc responsable d'où l'état de pourrissement des systèmes communistes, d'où aussi l'état de délabrement et de saleté de tout ce qui est "public" en France : la rue, l'université, le métro. Ce qui n'appartient à personne n'est pas respecté. Et remarquons bien que c'est dans ces lieux sans propriétaire qu'on observe l'atomisation de l'individu et l'absence de solidarité.

Propriété, liberté, responsabilité, voilà le triptyque libéral cher à Serge Schweitzer. Comme il l'explique : "je ne peux administrer la preuve que j'utilise correctement ma liberté et ma responsabilité que si je suis propriétaire de ce que je mets en oeuvre." Le socialisme rêve d'une société de citoyens égaux, instruits, responsables mais ne produit que de l'inégalité, de la bêtise et engendre toujours l'assistanat. Parce qu'il n'y a pas de responsabilité sans propriété. C'est là le drame du socialisme : la contradiction entre les fins qu'il se fixe et les moyens qu'il met en oeuvre.

Liberté n'est pas licence et donc propriété et responsabilité sont indissociables et sources de liberté pour soi-même et pour autrui.