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Petit État

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La notion de "petit État" est relativement subjective et peut varier en fonction du contexte géographique, politique, économique et culturel. Cependant, de manière générale, un petit État est caractérisé par sa taille territoriale, sa population et souvent son économie. Voici une définition générale :

Un petit État est un territoire politique distinct, généralement indépendant, qui se caractérise par une taille réduite tant sur le plan géographique que démographique. Sur le plan géographique, il peut s'agir d'un État avec une superficie territoriale relativement limitée. Du point de vue démographique, la population d'un petit État est souvent restreinte en comparaison avec des entités politiques plus vastes. Parfois, le terme "petit État" est également associé à des pays dont l'économie peut être considérée comme modeste en termes de production nationale et de capacité financière.

Il est important de noter que la qualification d'un État en tant que "petit" est relative et dépend souvent du contexte dans lequel elle est utilisée. Par exemple, un État peut être considéré comme petit par rapport à ses voisins immédiats, mais il pourrait être relativement plus grand en comparaison avec d'autres régions du monde. La notion de "petit État" ne se limite donc pas seulement à des critères absolus, mais elle est également influencée par des considérations comparatives.

Contestation des petits États

Analyse des critiques de Marx et Engels envers les petits États

Karl Marx et Friedrich Engels, deux figures majeures du mouvement socialiste, ont abordé la question des petits États dans leur œuvre, soulevant des critiques spécifiques. Leur perspective s'inscrit dans un contexte historique où les forces nationalistes prenaient de l'ampleur, et où les aspirations à l'indépendance nationale étaient souvent liées à des mouvements de libération.

Marx et Engels ont émis des réserves sur le concept de nationalisme et d'indépendance nationale, considérant que ces aspirations pouvaient parfois détourner l'attention des luttes de classes fondamentales. Pour eux, la question nationale pouvait être utilisée comme un instrument de distraction, masquant les véritables enjeux économiques et sociaux au profit des classes dirigeantes.

Leur critique reposait également sur l'idée que les petits États, en cherchant à affirmer leur indépendance, pourraient être davantage sujets à la manipulation par des forces extérieures, compromettant ainsi la véritable autonomie des classes populaires.

Réfutation des arguments anti-petits États de Marx et Engels

Tout d'abord, il est crucial de souligner que l'aspiration à l'indépendance nationale ne se limite pas à une simple diversion des luttes de classes, mais peut émaner d'une volonté légitime de préserver une identité culturelle, linguistique ou historique spécifique.

La défense des petits États peut également s'appuyer sur le principe de la souveraineté, affirmant que chaque nation, quelle que soit sa taille, a le droit de déterminer son propre destin. De plus, les petits États peuvent offrir des espaces politiques plus accessibles et responsables, où la participation citoyenne peut être renforcée.

Certains petits États ont réussi à prospérer sur les plans économique et social, démontrant que la taille n'est pas nécessairement un obstacle au développement (Singapour[1], La Suisse[2], Le Luxembourg[3], l'Estonie[4]...). Ces exemples démontrent que la taille d'un État ne prédestine pas nécessairement son potentiel de développement. La bonne gouvernance, des politiques économiques avisées, la qualité de ses institutions[5], des investissements dans l'éducation et l'innovation sont des facteurs clés qui peuvent permettre à un petit État de prospérer sur les plans économique et social.

En conclusion, les motivations derrière les aspirations à l'indépendance des petits États sont légitimes et multiples, ainsi que sur la diversité des expériences des petits États qui défient les généralisations simplistes.

La prolifération des petits États

Évolution du nombre d'États indépendants depuis la Seconde Guerre mondiale

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'évolution du nombre d'États indépendants a connu une expansion remarquable. Cette période a été marquée par des mouvements de décolonisation, des changements politiques majeurs et la reconnaissance de nouvelles entités étatiques. L'examen de cette évolution permet de comprendre la dynamique de la prolifération des petits États.

  • . Décolonisation. La période post-Seconde Guerre mondiale a été caractérisée par un mouvement massif de décolonisation, notamment en Afrique et en Asie. De nombreux territoires sous domination coloniale ont acquis leur indépendance, donnant naissance à de nouveaux États. Ces nouveaux acteurs sur la scène internationale étaient souvent de taille modeste en raison des frontières tracées pendant la colonisation. La fin des empires coloniaux européens a entraîné la fragmentation de vastes territoires en de multiples États indépendants. Par exemple, l'effondrement de l'Empire ottoman a donné lieu à la création de plusieurs États dans la région du Moyen-Orient.
  • . Dislocation de l'Union soviétique et de la Yougoslavie. La dislocation de l'Union soviétique et de la Yougoslavie dans les années 1990 a conduit à la formation de plusieurs petits États indépendants en Europe de l'Est et dans les Balkans.

Comparaison avec les prédictions d'Alfred Cobban en 1944

Alfred Cobban, dans son ouvrage "National Self-determination" publié en 1944, exprimait des doutes sur la possibilité que certaines petites nations obtiennent ou devraient obtenir une indépendance politique. Il mettait en question la viabilité de l'indépendance pour des entités telles que le Pays de Galles, la Biélorussie, l'Alsace, la Flandre, le Québec, et même des entités territoriales comme Malte et l'Islande.

La réalité postérieure à 1944 a contredit certaines de ces prédictions. Le Pays de Galles, la Biélorussie et le Québec, par exemple, sont restés des entités distinctes au sein de structures politiques plus larges, mais d'autres, comme l'Islande et Malte, ont acquis leur indépendance et ont réussi à maintenir des États souverains stables.

En fin de compte, la prolifération des petits États depuis la Seconde Guerre mondiale a témoigné de la complexité des dynamiques politiques et géopolitiques, remettant en question certaines des anticipations formulées dans les débats intellectuels de l'époque. La diversité des trajectoires des petits États souligne la nécessité d'approches contextualisées pour comprendre leur émergence et leur viabilité.

Notes et références

  1. Singapour est un exemple classique d'un petit État insulaire qui a connu un développement économique exceptionnel. Malgré sa petite taille géographique et sa population relativement modeste, Singapour a réussi à devenir l'un des centres financiers et commerciaux les plus importants au monde. Grâce à des politiques économiques ouvertes, une gestion efficace et des investissements dans l'éducation, Singapour a atteint un niveau de vie élevé et une prospérité économique notable.
  2. La Suisse est un autre exemple d'un petit État qui a réussi à prospérer. Bien que géographiquement petite, la Suisse est renommée pour sa stabilité politique, son système éducatif de qualité, et son économie diversifiée. Son secteur bancaire, ses industries de pointe et son engagement envers la recherche et l'innovation ont contribué à maintenir un niveau de vie élevé pour ses citoyens.
  3. Avec une population relativement petite, le Luxembourg est un pays prospère sur le plan économique. Il est devenu un centre financier majeur, attirant des entreprises internationales en raison de ses politiques fiscales favorables. Le Luxembourg a réussi à maintenir un niveau élevé de bien-être social, illustrant qu'un petit État peut fournir des services publics de qualité.
  4. En Europe, l'Estonie est souvent citée comme un petit État qui a réussi sa transition économique. Après son indépendance de l'Union soviétique, l'Estonie a mis en œuvre des réformes économiques et technologiques, devenant rapidement un leader en matière d'e-gouvernance et d'innovation. Malgré sa petite taille, l'Estonie a connu une croissance économique significative.
  5. Heather C. Fors, 2014, "Do island states have better institutions?", Journal of Comparative Economics, Vol 42, pp34–60

Bibliographie

  • 1918, Fridtjof Nansen, "The Mission of the Small States", The American-Scandinavian Review, Vol 6, n°1, pp9–13
  • 1985, Peter J. Katzenstein, "Small States in World Markets: Industrial Policy in Europe", Cornell University Press
  • 2003, Peter J. Katzenstein, "Small States and Small States Revisited", New Political Economy, Vol 8, n°1
  • 2010, Karen L. Remmer, "Why do small states have big governments?", European Political Science Review, Vol 2, n°1, March, pp49-71