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Besoins imaginaires

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Dans sa théorie, Carl Menger souligne que les besoins expriment un état de manque ressenti par l'individu, perturbant son équilibre intérieur. Pour Menger, les besoins sont à la fois une réalité objective et une connaissance subjective qu'a l'individu de ces besoins. Cependant, tous les besoins ne sont pas considérés comme économiques. Selon l'économiste autrichien, les besoins économiques sont ceux que l'individu reconnaît comme tels et sait pouvoir satisfaire en se procurant certains biens économiques. Les besoins "naturels", en tant qu'ils trouvent leur origine dans notre nature, servent de mesure pour évaluer les besoins économiques.

L'opinion et la connaissance des besoins en science économique

Carl Menger établit ainsi une distinction entre les vrais besoins économiques et les besoins imaginaires. Ces derniers sont des besoins qui, contrairement aux "vrais besoins", ne sont pas fondamentalement ancrés dans la nature du sujet ou dans son rôle en tant que membre d'un groupe social. Ils résultent simplement d'une connaissance insuffisante des exigences de la nature humaine et de la position sociale. Dans sa deuxième édition des "Grundsätze", Menger définit les besoins imaginaires comme des besoins qui ne sont pas basés sur la véritable nature des besoins de l'individu, mais sont plutôt le produit d'une compréhension limitée de ces besoins et de sa position dans la société humaine.

Menger précise ensuite que l'activité économique des individus n'est pas déterminée par leurs besoins, mais par leurs opinions respectives sur la nécessité de préserver leur vie et leur bien-être. Autrement dit, l'action économique n'est pas dictée par la nature humaine elle-même, mais plutôt par l'opinion que les individus se font de leurs propres besoins. Cette opinion est définie comme un besoin réfléchi ou une connaissance des besoins.

Ainsi, selon Menger, les besoins imaginaires jouent un rôle dans l'économie en influençant les décisions et les actions des individus. La compréhension des besoins réels et imaginaires est donc essentielle pour comprendre le comportement économique des individus et les processus de satisfaction de leurs besoins.

L'influence d'Aristote dans la théorie des besoins imaginaires de Carl Menger

Rapprochement entre Aristote et Carl Menger

Dans la théorie des besoins imaginaires de Carl Menger, on retrouve l'influence d'Aristote. Menger fait référence à Aristote lorsqu'il aborde la distinction entre vrais besoins et besoins imaginaires. Selon Aristote, le désir peut être guidé par une délibération rationnelle ou irrationnelle, et il distingue également entre vrais biens et biens imaginaires.

Menger reprend cette idée et affirme que la connaissance des besoins, sur laquelle repose l'action économique, est sujette à l'erreur et à la méconnaissance. Ainsi, l'action économique peut être basée sur la quête de vrais biens ou de biens imaginaires. Les sources d'erreur dans la délibération, selon Aristote et Menger, incluent l'erreur, la méconnaissance et les passions.

Dans ce contexte, Menger identifie deux situations possibles. D'une part, il peut y avoir des vrais besoins qui ne sont pas connus ou négligés dans la délibération, ce qui conduit à une absence de couverture de ces besoins par l'action économique. D'autre part, il peut y avoir des besoins imaginaires, c'est-à-dire des besoins qui n'ont pas de réalité objective, mais qui sont traités comme tels dans la délibération.

Ainsi, la notion de besoins imaginaires dans la théorie de Menger est influencée par la distinction aristotélicienne entre vrais biens et biens imaginaires, et elle met en évidence la possibilité d'erreurs et de méconnaissances dans la détermination des besoins et dans l'action économique qui en découle.

Différence entre Aristote et Menger sur la théorie des besoins imaginaires

La différence entre Aristote et Menger sur la théorie des besoins imaginaires réside principalement dans leur compréhension de l'imagination et de la perception erronée.

Selon Aristote, le désir et l'imagination peuvent être justes ou erronés. Il reconnaît que le bien, objet du désir, peut être soit le bien réel, correspondant à la réalité, soit le bien apparent, qui est une perception erronée de ce qui est réellement bon. Aristote développe également une théorie de l'imagination, où il souligne que la perception elle-même peut être fausse, même si la connaissance est correcte. Ainsi, l'imagination peut être influencée par des sensations fausses et conduire le sujet à se détourner de la connaissance vraie.

En revanche, chez Menger, il semble que les "objets" imaginaires résultent de l'erreur, de la méconnaissance et des passions qui altèrent la perception correcte. Menger met l'accent sur la méconnaissance et les passions qui faussent la perception des biens, notamment dans le processus de délibération des besoins économiques. Il ne développe pas de théorie spécifique de l'imagination comme Aristote, mais plutôt une approche qui attribue les besoins imaginaires à des erreurs de perception, notamment dans la réflexion des sensations.

Ainsi, la différence entre Aristote et Menger réside dans leur compréhension de la perception erronée et de l'imagination. Aristote reconnaît que la perception et l'imagination peuvent être fausses même lorsque la connaissance est correcte, tandis que Menger met l'accent sur l'erreur de perception résultant de la méconnaissance et des passions.

La présence des institutions pour la correction des besoins imaginaires

Dans la théorie de Carl Menger, la présence des institutions pour la correction des besoins imaginaires se situe après la phase de consommation. Dans les trois premiers chapitres de son ouvrage "Grundsätze", Menger se concentre sur l'analyse des décisions de consommation, en mettant l'accent sur la délibération et les exigences de la vie comme premier besoin à satisfaire. Cette analyse est réalisée en dehors du contexte institutionnel, sans prendre en compte l'influence des institutions sur la consommation.

Cependant, Menger reconnaît que lors de la mise en circulation des biens, c'est-à-dire lorsqu'ils entrent sur le marché et sont échangés, les agents économiques se rencontrent et des institutions se forment. Les principales institutions mentionnées sont l'échange, les prix, la marchandise et la monnaie. Ces institutions jouent un rôle dans la correction des choix du consommateur en réduisant le nombre de biens imaginaires et en recentrant les choix de consommation sur les vrais biens.

En résumé, les institutions économiques, telles que l'échange, les prix, la marchandise et la monnaie, interviennent après la phase de consommation dans la théorie de Menger. Elles contribuent à la correction des choix du consommateur en réduisant les besoins imaginaires et en guidant les choix vers les vrais biens. Cependant, dans l'analyse pure de la consommation présentée par Menger, ces institutions et l'action économique sont considérées comme distinctes de la consommation elle-même.

Application de la théorie des besoins imaginaires en marketing et en merchandising

La théorie des besoins imaginaires de Carl Menger peut être appliquée en marketing et en merchandising pour comprendre comment les individus développent des besoins qui ne sont pas strictement basés sur leurs besoins physiologiques ou psychologiques, mais plutôt sur des perceptions, des influences culturelles et sociales, ainsi que sur des désirs créés par le marketing lui-même. Voici comment cette théorie peut être appliquée dans ces domaines :

1. Création de besoins : Les spécialistes du marketing utilisent différentes stratégies pour susciter des besoins imaginaires chez les consommateurs. Ils mettent en avant des caractéristiques et des avantages des produits ou services qui peuvent ne pas être essentiels du point de vue des besoins fondamentaux, mais qui sont présentés comme des éléments de statut, de prestige ou de satisfaction personnelle. Par exemple, les campagnes publicitaires pour les produits de luxe mettent souvent l'accent sur l'image de marque, l'exclusivité et le mode de vie associés au produit, créant ainsi des besoins imaginaires chez les consommateurs.

2. Influences culturelles et sociales : Les besoins imaginaires sont souvent influencés par des normes sociales et des valeurs culturelles. Les spécialistes du marketing utilisent ces influences pour créer des besoins en associant leurs produits à des idéaux, des styles de vie ou des groupes d'appartenance. Par exemple, les marques de vêtements sportifs peuvent associer leurs produits à des athlètes célèbres pour créer un besoin d'appartenir à un groupe actif et en bonne santé.

3. Personnalisation et expériences : Les besoins imaginaires peuvent être stimulés par la personnalisation des produits et des expériences offertes aux consommateurs. Les spécialistes du marketing cherchent à créer des offres uniques qui répondent aux aspirations individuelles des consommateurs et qui les font se sentir spéciaux et valorisés. Par exemple, les programmes de fidélité qui offrent des avantages exclusifs et des récompenses personnalisées visent à susciter des besoins imaginaires en créant une expérience d'achat différenciée et gratifiante.

4. Création de tendances et d'envies : Les spécialistes du marketing et du merchandising jouent un rôle important dans la création de tendances et d'envies chez les consommateurs. Ils utilisent des techniques de présentation visuelle, d'aménagement des magasins et de promotion pour mettre en valeur certains produits et susciter des désirs d'achat. Par exemple, en utilisant des présentoirs attrayants, des éclairages spécifiques et des promotions spéciales, les marques cherchent à créer un environnement qui stimule les besoins imaginaires et incite les consommateurs à acheter les produits mis en avant.

En résumé, la théorie des besoins imaginaires de Carl Menger est applicable en marketing et en merchandising pour comprendre comment les besoins des consommateurs vont au-delà des simples besoins physiologiques et psychologiques. Les spécialistes du marketing utilisent cette compréhension pour créer des besoins imaginaires, influencer les comportements d'achat et stimuler la demande pour leurs produits ou services en utilisant des stratégies de création de besoins, d'influences culturelles et sociales, de personnalisation et d'expériences, ainsi que de création de tendances et d'envies. Ils cherchent à susciter des émotions, des aspirations et des désirs chez les consommateurs, en mettant en avant les aspects symboliques, esthétiques et sociaux de leurs produits. En créant des associations positives et en valorisant l'identité et le style de vie des consommateurs, ils visent à établir des liens émotionnels et à influencer leurs décisions d'achat.

Les stratégies de marketing reposant sur les besoins imaginaires peuvent prendre différentes formes, telles que des campagnes publicitaires créatives, des collaborations avec des influenceurs ou des célébrités, la mise en place d'expériences immersives en magasin, l'utilisation de réseaux sociaux pour créer des communautés de consommateurs engagés, et la mise en avant de caractéristiques spécifiques des produits qui répondent aux aspirations et aux valeurs des consommateurs ciblés.

Cependant, il est important de noter que l'utilisation de stratégies basées sur les besoins imaginaires soulève également des questions éthiques. Les spécialistes du marketing doivent être attentifs à ne pas manipuler ou exploiter les consommateurs, et à veiller à ce que les produits ou services proposés apportent une réelle valeur et répondent aux attentes des consommateurs. Une communication transparente et honnête est essentielle pour établir la confiance et maintenir des relations à long terme avec les consommateurs.

En conclusion, la théorie des besoins imaginaires de Carl Menger trouve une application pratique dans le domaine du marketing et du merchandising, où les spécialistes utilisent des stratégies pour créer et influencer les besoins des consommateurs, en mettant en avant des aspects émotionnels, culturels et sociaux des produits. Cependant, il est important d'adopter des pratiques éthiques pour garantir une relation saine et durable avec les consommateurs.

Critique de la théorie des besoins imaginaires par Ludwig von Mises

Ludwig von Mises critique[1] la distinction entre besoins imaginaires et besoins réels, ainsi que la théorie des besoins imaginaires dans son ensemble. Selon lui, cette distinction est irrecevable et sans valeur, car il la considère comme étant fondée sur une théorie objectiviste de la valeur.

Von Mises soutient que les besoins et les valeurs sont des phénomènes subjectifs et individuels, propres à chaque personne. Il rejette l'idée qu'il existe des besoins "réels" ou "objectifs" qui peuvent être distingués des besoins "imaginaires". Selon lui, tous les besoins sont subjectifs par nature, et chaque individu détermine ses propres besoins en fonction de ses préférences, de ses valeurs et de ses désirs.

Pour Von Mises, la valeur d'un bien est également subjective et dépend de l'évaluation individuelle de chaque individu. Il rejette l'idée que la valeur d'un bien peut être déterminée de manière objective ou universelle. Selon lui, la valeur d'un bien est déterminée par l'évaluation subjective de chaque individu, en fonction de ses besoins et de ses préférences.

En remettant en question la distinction entre besoins imaginaires et besoins réels, Von Mises conteste la validité de la théorie des besoins imaginaires dans son ensemble. Il considère cette théorie comme étant basée sur des présuppositions erronées et objectivistes sur la nature des besoins et de la valeur.

Il convient de noter que la critique de von Mises ne remet pas en cause l'importance des motivations et des influences sociales dans la formation des besoins et des désirs des individus. Cependant, il insiste sur le fait que ces besoins et désirs sont intrinsèquement subjectifs et individuels, et qu'ils ne peuvent pas être catégorisés en termes de besoins "réels" ou "imaginaires" de manière objective.


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  1. Ludwig von Mises, 1928, "Bemerkungen zum Grundproblem der subjektivistischen Wertlehre", Archiv für Sozialwissenschaft und Sozialpolitik, Vol 59, n°1, pp32-47