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Consociation

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La consociation est un modèle institutionnel qui recherche à construire la meilleure solution de vie en commun lorsqu'il y a conflit potentiel entre des populations diversifiées culturellement ou politiquement. Le modèle sert aussi en cas de guerre pour anticiper le partage du pouvoir entre les pays en conflit lorsqu'il y aura un cessez le feu définitif. Le terme consociation est une crase, c'est à dire en linguistique, une contraction entre la première syllabe du mot consensus avec le mot association dont la voyelle débutante a été élidée par aphérèse. En langage populaire, on appelle cette création sémantique, un mot valise.

La consociation comme solution de sortie à un conflit

L'hypothèse forte et implicite de ce modèle repose sur le fait que les parties en conflit anticipent des besoins de réconciliation forts et rapides. Par conséquent, Arend Lijphart considère que l'anticipation d'un partage du pouvoir peut servir de lien d'adhésion à la participation aux discussions préalables à la sortie du conflit.

Dans les sociétés multiculturelles aux valeurs non homogènes, le consensus ne se développe pas naturellement et facilement. En dépit de clivages culturels et politiques accentués, Arend Lijphart estime qu'un équilibre politique peut s'instaurer grâce aux élites politiques qui facilitent une coopération transversale en contrecarrant systématiquement les tendances qui mènent au conflit.

Cependant, la consociation a des limites en cas de clivages sont profonds car alors, les institutions ne peuvent plus refléter les conditions que qui correspondent fidèlement à la société.

La consociation est un arrangement institutionnel alternatif à la règle stricte de la décision politique majoritaire

Le modèle de la consociation est un modèle d'arrangement institutionnel normatif car il considère que les institutions étatiques doivent être le reflet de la diversité politique d'une nation. Elle s'applique principalement dans un cadre plus large que le cas de la guerre puisqu'il s'agit d'un modèle qui souhaite éviter les conflits externes ou internes. Les guerres civiles naissent également dans les démocraties. Elles émergent généralement avec une règle de la majorité qui imposent sa volonté contraignante sur les minorités. Ces dernières ont le sentiment d'une défaite électorale avec des frustrations amères et peuvent mener à des préparations de protestation plus ou moins agressive en mesure, estiment-elles, de défense. Les minorités perdantes ont tendance à rejeter le processus électoral qui les exclut. Par processus itératif, l'abstention augmente. Alors, les protagonistes du modèle démocratique majoritaire condamne cette attitude d'ignorance du processus démocratique, ce qui provoque d'autant plus le ressentiment des citoyens minoritaires et leur éloignement de la démocratie majoritaire traditionnelle.

La règle de la démocratie majoritaire a un caractère radical. Par conséquent, le modèle de la consociation tend à vouloir assouplir cette règle majoritaire, par exemple, par un système de représentation proportionnelle. Cependant, nommer des hauts fonctionnaires et attribuer des fonds publics à des minorités politiques et ethniques peut attiser la colère de la majorité électorale décidée à tout prendre parce qu'elle a gagné. D'où le rôle des élites politiques de la majorité et des minorités à la tempérance. Car la prise de décision au sein du pouvoir exécutif est remplacée par une règle consensuelle conjointe entre les différents représentants des minorités avec les représentants de la majorité.

La démocratie consociationnaliste repose sur un fédéralisme non territorial. Il s'agit là d'un avantage non négligeable pour les libertariens. Les promoteurs des seasteadings sont d'ailleurs très intéressés par ce modèle de gouvernance car il propose une autonomie segmentée qui garantit à chaque groupe autant de décisions libres que possible dans les domaines qui les concernent exclusivement. En introduisant la règle du véto dans la constitution, par exemple, les minorités se protègent en bloquant une loi qu’elles considèrent menaçante pour leurs intérêts vitaux. La consociation ne propose donc pas une alternative unique à la démocratie majoritaire mais elle ouvre plutôt la porte à une évolution d'une grande variété de démocraties non majoritaires[1]

Bibliographie sur la consociation

  • 1969, Arend Lijphart, "Consociational Democracy", World Politics, Vol 21, n°2, pp207–225
  • 1971, Hans Daalder, "On Building Consociational Nations: the Cases of the Netherlands and Switzerland", International Social Science Journal, 23(3), pp355-370
  • 1978, G. R. Boynton, W. H. Kwon, "An Analysis of Consociational Democracy", Legislative Studies Quarterly, Vol 3, n°1, Feb., pp11-25
  • 1979,
    • Conway W. Henderson, "Comment: Consociational Democracy and the Case of Switzerland", The Journal of Politics, Vol 43, n°4, Nov., pp1232-1235
    • Arend Lijphart, "Consociation and Federation: Conceptual and Empirical Links", Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol 12, n°3, Sep., pp 499-515
    • Kenneth D. McRae, "Comment: Federation, Consociation, Corporatism: An Addendum to Arend Lijphart", Canadian Journal of Political Science / Revue canadienne de science politique, Vol 12, n°3, Sep., pp517-522
  • 1981,
    • Conway W. Henderson, "Comment: Consociational Democracy and the Case of Switzerland", The Journal of Politics, Vol 43, n°4, Nov., pp1232-1235
    • Arend Lijphart, "Consociational Theory: Problems and Prospects. A Reply", Comparative Politics, Vol 13, n°3, Apr., pp355-360
    • Jürg Steiner, commentaire du livre d'Arend Lijphart, "The Consociational Theory and Beyond. Democracy in Plural Societies", Comparative Politics, Vol 13, n°3, April, pp339-354
  • 1985, Arend Lijphart, "Non-Majoritarian Democracy: A Comparison of Federal and Consociational Theories", Publius, Vol 15, n°2, Federalism and Consociationalism: A Symposium, Spring, pp3-15
  • 1987, Jürg Steiner, "Consociational Democracy as a Policy Recommendation: The Case of South Africa", commentaire du livre d'Arend Lijphart, "Power-Sharing in South Africa", Comparative Politics, Vol 19, n°3, April, pp361-372
  • 1993, Gerhard Lehmbruch, "Consociational Democracy and Corporatism in Switzerland", Publius, Vol 23, pp43-60
  • 1994, Dimitris N. Chryssochoou, "Democracy and Symbiosis in the European Union: Towards a Confederal Consociation?", West European Politics, 17(4), pp1-14
  • 1996, Arend Lijphart, "The Puzzle of Indian Democracy: A Consociational Interpretation", The American Political Science Review, Vol 90, n°2, June, pp258-268
  • 1997,
    • Julian Thomas Hottinger, "La Suisse: une démocratie consociative ou de concordance?", Revue Internationale de Politique Comparée, 4(3), pp625-638
    • Ian S. Lustick, "Lijphart, Lakatos, and Consociationalism", World Politics, Vol 50, n°1, Oct., pp88-117
  • 1999,
    • Kris Deschouwer, "From consociation to federation : how the Belgian parties won", In: Kurt Richard Luther, Kris Deschouwer, dir.? "Party Elites in Divided Societies, Political parties in consociational democracy", London: Routledge, pp74-107
    • Liesbeth Hooghe, "Consociationalists or Weberians? Top Commission Officials on Nationality", Governance, 12(4), pp397-424
  • 2000, Matthijs Bogaards, "The Uneasy Relationship between Empirical and Normative Types in Consociational Theory", Journal of Theoretical Politics, 12(4), pp395-423
  • 2005,
    • Olivier Costa, Paul Magnette, "L'union européenne est-elle une consociation ?", In: E. Nadal, M. Marty, C. Thiriot, dir., "Faire de la politique comparée : les terrains du comparatisme", ,Paris, Karthala, pp295-315
    • Daniel P. Sullivan, "The Missing Pillars: A Look at the Failure of Peace in Burundi through the Lens of Arend Lijphart's Theory of Consociational Democracy", The Journal of Modern African Studies, Vol 43, n°1, Mar., pp75-95
  1. Arend Lijphart, 2000, "Varieties of Nonmajoritarian Democracy", In: Markus M. L. Crepaz, Thomas A. Koelble, David Wilsford, dir., "Democracy and Institutions: The Life Work of Arend Lijphart", University of Michigan Press, pp225-246