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Nicolas Baudeau

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Nicolas Baudeau
Économiste

Dates 1730 - 1792
Nicolas Baudeau
Tendance Physiocrate
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Nicolas Baudeau

Citation
Interwikis sur Nicolas Baudeau

Nicolas Baudeau, né à Amboise le 24 avril 1730 et mort à Paris en 1792, est un théologien, économiste, et journaliste français. Il a joué un rôle important dans la diffusion des idées des physiocrates en France et en Europe.

Présentation

Il nait dans une famille modeste, d'un père tailleur. Il suit ses études à l’abbaye de Chancelade dans le Périgord. Il y reçoit surtout une solide éducation religieuse et devient chanoine régulier tout en enseignant la théologie à l'abbaye. Il effectue des recherches historiques parallèlement.

À la fin des années 1750, il part pour Paris à la suite de l’appel de l’archevêque Christophe de Beaumont. Il intègre dans la capitale le collège des Prémontrés. À partir de là, il délaisse l’histoire pour s’intéresser aux questions économiques et financières. Il publie à partir de 1765 un journal, les Éphémérides du citoyen. Engagé dans le débat d'idées de son époque, il rejoint les physiocrates à partir de 1766. Son journal devient de la sorte une tribune mensuelle consacrée exclusivement à la vulgarisation de la doctrine des physiocrates et prend le titre d’Ephémérides du citoyen ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques.

Sa notoriété croit et en 1768 le prince polonais Ignace Massalski le nomme prévôt mitré de Widziniski. Il y reste un an, séjourne quelques temps en Russie, à nouveau en Pologne puis revient en France. Il s'éloigne alors de la religion catholique et continue sa défense des idées des physiocrates. Les Éphémérides ayant pris fin en novembre 1772, il lance les Nouvelles éphémérides économiques ou Bibliothèque raisonnée de l’histoire, de la morale et de la politique afin de continuer à répandre les préceptes de la pensée physiocratique. A la suite du renvoi de Turgot et à cause d’un article qui dénonçait les dépenses importantes engagées par le roi lors de la guerre de Sept ans, il est exilé quelques mois en Auvergne et son périodique censuré.

Las, il abandonne quelque peu ses manifestes en faveur de la physiocratie – sans renier sa filiation à l’école – et devient, au début des années 1780, l’homme d’affaires du duc de Chartres, le futur Philippe-Egalité.

En 1785, Baudeau renoue avec l’histoire et l’économie. En 1787, à la suite des difficultés financières du royaume et de la convocation des notables, il publie ses Idées d’un citoyen presque sexagénaire, ouvrage très détaillé sur les finances royales et les impôts. En 1788, il ressuscite une fois encore, pour quelques mois, ses Nouvelles éphémérides.

Devenu fou dès 1790, il se suicide à Paris en 1792.

Théorie de l'entrepreneur à double fonction

Nicolas Baudeau a développé une première théorie du comportement entrepreneurial dans le secteur agricole. Il a plus formellement discuté du rôle des agriculteurs en tant qu'entrepreneurs. Initialement, le discours académique de Baudeau contrastait nettement avec celui de François Quesnay (et avec l'école de pensée Physiocrate en général). Plus tard, cependant, Nicolas Baudeau a accepté et a même défendu l'école Physiocratique et il en est devenu l'un des partisans les plus remarqués.

L'œuvre la plus distinguée de Nicolas Baudeau fut la "Première introduction à La philosophie économique", où il exposa les doctrines de l'école des physiocrates. Dans son travail, il introduit l'agent économique, qui exerce deux fonctions de production. En tant qu'initiateur et développeur de l'entreprise, il peut s'appeler un « entrepreneur ». Et en tant que gérant de l'entreprise, il peut être désigné comme le "cultivateur en chef". La distinction entre ces deux activités conduit à considérer un entrepreneur comme un agent qui assume le risque des prix incertains du marché par rapport aux coûts de production sécurisés et connus. Le rôle de l'entrepreneur, suite à Nicolas Baudeau, était donc double. D'un côté, conduire l'entreprise à la recherche d'une productivité accrue grâce à une organisation appropriée et de l'autre, développer l'entreprise dans son ensemble. L'entrepreneur de Baudeau est un agent actif qui cherche à augmenter la production et à réduire les coûts.

Nicolas Baudeau anticipe la formulation de l'esprit d'entreprise au XXe siècle par Joseph Schumpeter. Sa théorie a donc posé la première proposition formelle de l'entrepreneur innovant en contexte d'incertitude. L'entrepreneur est un innovateur, celui qui invente et applique de nouvelles techniques ou idées afin de réduire ses coûts et ainsi augmenter ses bénéfices. Il doit afficher une capacité intrinsèque du traitement des connaissances et de l'information tout en organisant ou en menant l'entreprise dans la direction du profit. L'entrepreneur est motivé par le profit face à certains risques.

Compte tenu de la nature du risque encouru par l'entrepreneur agricole, le loyer qu'il paie au bailleur (propriétaire du terrain) est l'excédent des revenus agricoles sur les coûts de production nécessaires, y compris le paiement de ses propres services. Pour le fermier, le loyer est un coût déterminé avant la production. Les physiocrates préféraient stabiliser ces coûts autant que possible par le biais de baux à long terme, tandis que les taux de salaire étaient généralement fixés à des niveaux de subsistance ou proches de ceux-ci. Ainsi, l'agriculteur opérant avec un bail à long terme devait faire face à certains coûts fixes, mais à des récoltes incertaines et donc à des prix de vente incertains.

Baudeau a souligné l'importance de l'intelligence de l'entrepreneur, c'est-à-dire sa capacité à collecter et à traiter des connaissances et des informations. L'acquisition de connaissances et la capacité à agir sur des opportunités donnent à l'entrepreneur une mesure de contrôle afin qu'il ne soit pas un simple pion pour le capitaliste (détenteur de capital). La théorie de l’entrepreneuriat de Nicolas Baudeau suppose que les événements économiques se divisent en deux catégories, ceux qui sont soumis au contrôle humain et ceux qui ne le sont pas. Dans la mesure où l'entrepreneur affronte des événements sous son contrôle, son succès dépend de ses connaissances et de ses capacités. S'il affronte des événements hors de son contrôle, il se met en danger.

Informations complémentaires

Œuvres

  • 1759, Analyse de l’ouvrage du pape Benoît XIV sur les béatifications et canonisations
  • 1763, Idées d’un citoyen sur l’administration des finances du Roi
  • 1765, Idées d’un citoyen sur les besoins, les droits, et les devoirs des vrais pauvres
  • 1765-72, Ephémérides du citoyen
  • 1768, Lettres sur les émeutes populaires
  • 1768, Lettres d’un citoyen sur les vingtièmes et autres impôts
  • 1771, "Première introduction à la philosophie économique ou Analyse des Etat Policés", In E. Daire, H. Dussard, dir., "Collection des Principaux Economistes", Osnabrück: Otto Zeller
  • 1774-76, Nouvelles Éphémérides Economiques ou bibliothèque raisonnée de l’Histoire, de la Morale et de la Politique
  • 1775, Principes économiques de Louis XII et du Cardinal d’Amboise, de Henri IV, et du duc de Sully sur l’administration des finances
  • 1787, Charles V, Louis XII, et Henri IV aux Français

Littérature secondaire

  • 1846, Eugène Daire, dir., "Collection des principaux Economistes. Vol 2, Physiocrates: Quesnay, Dupont de Nemours, Mercier de la Rivière, l'Abbé Baudeau, Le Trosne", Paris: Guillaumin
  • 2008, Alain Clément, dir., "Nicolas Baudeau. un “philosophe économiste” au temps des lumières", Éditions Michel Houdiard, Paris
  • 2009, Ramón Tortajada, commentaire du livre édité par Alain Clément, "Nicolas Baudeau. un “philosophe économiste” au temps des lumières", Cahiers d'économie Politique, 2009/1, n°56, pp197-201

Liens externes


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