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Richard J. Maybury

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Richard J. Maybury, né en 1946, est l'éditeur de "U.S. & World Early Warning Report for Investors", une lettre d'informations boursière adressée à des investisseurs en utilisant un modèle d'analyse de l'école autrichienne d'économie[1].

Il a écrit des ouvrages très pédagogiques et accessibles sur les thèmes de l'économie, du Droit et de l'histoire. Son style d'écriture s'inspire, le plus souvent, d'une forme épistolaire, habituellement un oncle qui écrit à son neveu, avec un système de questions-réponses. Généralement, il touche un public de jeunes adolescents (à partir de 10 ans) ou de personnes n'ayant pas une très grande connaissance de l'économie et du droit.

Richard Maybury a enseigné l'économie à l'école secondaire en s'inspirant des écrits de Ludwig von Mises et de Murray Rothbard. A défaut de trouver un livre expliquant clairement l'économie, il en écrivit plusieurs. Certains de ses ouvrages, mettant en scène l'oncle Eric, traitent de l'évolution de carrière ou de la sécurité financière. Il explique également l'histoire économique des États-Unis fondée sur le libre-marché prônée par l'école autrichienne d'économie. Dans un autre ouvrage sur la justice, il aborde ce thème d'un point de vue philosophique jusnaturaliste en mettant en exergue les fondements du système juridique de l'Amérique, la common law britannique, la loi des Francs et les premiers chrétiens d'Irlande.

La Justice perdue et retrouvée

Il est des ouvrages qui se lisent comme un manifeste, d’autres comme un manuel. 'Whatever Happened to Justice?', publié en 1993, est un peu des deux : un cri d’alarme sur l’abandon progressif des principes juridiques fondateurs de la liberté américaine, et une tentative patiente de réintroduire, dans le débat contemporain, les bases d’une société juste. Le commentaire qu’en donne Chris Spruyt (1994) met déjà en lumière cette ambition ; mais une lecture libertarienne permet d’en dégager toute la portée philosophique et politique.

  • . Le droit avant l’économie : un fondement oublié. Maybury renverse l’hypothèse naïve de nombreux défenseurs du libre marché : ce n’est pas la diffusion des théories économiques qui engendre la liberté, mais l’existence préalable d’un cadre juridique stable et respectueux des droits individuels.

L’Amérique, rappelle-t-il, était déjà la terre la plus libre et la plus prospère avant même que 'La Richesse des nations' d’Adam Smith ne paraisse en 1776. Ce n’est donc pas l’érudition économique qui fit naître le marché libre, mais l’attachement instinctif et pratique à un corpus de règles, la common law, enracinée dans la notion de justice naturelle. Ce constat est décisif. Il signifie que la liberté économique n’est pas un luxe de société instruite, mais un prolongement naturel de la liberté juridique. L’économie se déploie spontanément là où les contrats sont respectés et la propriété protégée. Frédéric Bastiat le disait déjà : « La liberté, la propriété, la sûreté : voilà l’ordre social tout entier. »

  • . La double nature de la loi : science ou politique.La distinction majeure que propose Maybury entre 'scientific law' et 'political law' trouve un écho direct dans la pensée libérale et libertarienne.
  • La loi scientifique, découverte et non inventée, renvoie à un droit naturel universel, indépendant des législations humaines. C’est la loi qui découle du principe de non-agression : « Fais tout ce que tu as promis. N’empiète pas sur autrui ni sur sa propriété ». Ces seize mots contiennent tout l’arsenal nécessaire à une société juste.
  • La loi politique, à l’inverse, est une création arbitraire du pouvoir, souvent déconnectée de toute exigence morale, parfois grotesque. Maybury cite ainsi la loi texane exigeant que deux trains à un croisement s’arrêtent… et ne repartent qu’après que l’autre est passé. Ou celle, en Arkansas, interdisant au fleuve Arkansas de dépasser un certain niveau. Derrière l’humour, on lit le drame : la loi détachée de la justice se change en caricature.

Dans cette optique, le libertarien voit dans le 'political law' le terrain fertile de la spoliation légale décrite par Bastiat : le moment où la loi, au lieu de protéger, devient instrument de prédation.

  • Le tournant historique : la Dépression et l’abandon du droit commun. Maybury identifie un moment de rupture : la Grande Dépression. Non que la 'common law' ait disparue d’un coup, mais l’État a profité de la crise pour accroître son pouvoir réglementaire, substituant des milliers de règles politiques aux principes du droit naturel. Il faut ici lire entre les lignes : ce glissement n’est pas seulement historique, il est structurel. La centralisation du pouvoir législatif, justifiée par l’urgence, devient permanente. Et chaque crise suivante élargit encore le domaine de la loi politique. Pour le libertarien, cette dynamique est l’exemple classique de la « pente glissante » : une fois que l’État s’autorise à écrire la loi en dehors des principes universels, il n’existe plus de frein naturel à son expansion.
  • . Les zones encore en friche du droit naturel. Maybury n’idéalise pas la 'common law' : il admet que certaines questions restent ouvertes ou insuffisamment tranchées : peine capitale, environnement, usage des drogues, guerre, protection du consommateur. Là encore, le libertarien reconnaît que le droit naturel est un processus d’ajustement continu, non un catéchisme figé. Mais il ajoute que la réponse à ces questions ne doit pas être monopolisée par un législateur centralisé : elles doivent être arbitrées par des communautés, des contrats, des tribunaux indépendants, dans le cadre du principe de non-agression.
  • . De la théorie à la pratique : éduquer à la justice. Maybury ne se contente pas de dénoncer : il propose des outils concrets : contrats types entre parents et enfants, ou entre enseignants et élèves, fondés sur le respect mutuel et la responsabilité contractuelle. Pour le libertarien, ce travail de terrain est capital. La liberté n’est pas seulement une affaire de discours publics ou de programmes politiques : elle est une pratique quotidienne, un art de vivre. Former des adolescents à comprendre et appliquer la justice contractuelle, c’est semer les graines d’une culture durable de la liberté.

Trente ans après la parution de 'Whatever Happened to Justice?', son message conserve une force intacte :

  • La prospérité ne naît pas de l’expertise économique, mais de la primauté du droit naturel.
  • Le remplacement progressif, aux Etats-Unis, de la 'common law' par la loi politique est une érosion lente mais profonde des libertés.
  • Restaurer une société libre exige moins de convaincre par des théories abstraites que de réapprendre, concrètement, à vivre sous la règle simple du contrat respecté et de la propriété inviolable.

Notes et références

  1. "Une semaine avant le grand crash l'année dernière [1987], quatre conseillers en placement financier ... ont mis en garde l'auditoire d'un plan de sauvetage de la bourse. Les quatre conseillers ont utilisé un nouvel outil pour analyser les investissements, un outil connu sous le nom d'école autrichienne d'économie." Richard J. Maybury, 1988, The Case for Austrian Economics: An Extraordinary Tool for Extraordinary Profits, Personal Financial Investing, New York, September, pp24, 26, cité par Bettina Bien Greaves en 1995, In: Mises: An Annotated Bibliography. 1982-1993, The Foundation for Economic Education, Inc., Irvington-on-Hudson, New York, p89

Publications

  • 1982, "Common Sense for the 1980's", Lansing, Mich.: Jefferson Publishing
  • 1988, The Case for Austrian Economics: An Extraordinary Tool for Extraordinary Profits, Personal Financial Investing, New York, September, pp24, 26
  • 1993, "Whatever Happened to Justice?", Bluestocking Press

Littérature secondaire

  • 1994, Chris Spruyt, commentaire du livre de Richard J. Maybury, "Whatever Happened to Justice", Formulations (publication de la Free Nation Foundation), Vol 2, n°5, Automn


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