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The Libertarian Connection

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The Libertarian Connection
Libertarianisme

directeur de publication Durk Pearson ; Sandy Shaw
Articles internes Autres articles sur The Libertarian Connection
pays États-Unis États-Unis
fréquence
période 1968 - 1978
RSS
ISSN
web

The Libertarian Connection est une publication libertarienne fondée en 1968 aux États-Unis. Elle s’inscrit dans la tradition des Amateur Press Associations (APA)[1] et se caractérise par son format polycopié au mimeograph[2]. Sa particularité réside dans la participation directe des abonnés : chacun pouvait soumettre ses propres textes, qui étaient ensuite compilés et distribués à l’ensemble du réseau de lecteurs.

Ligne éditoriale

La revue a été initiée par Durk Pearson et Sandy Shaw, qui signaient respectivement sous les pseudonymes Skye d’Aureous et Natalee Hall. L’administration pratique, notamment la gestion des abonnements, était assurée par Lisa Dawn à travers Dawn Enterprises, basé au Worldway Postal Center de Los Angeles. L’abonnement annuel coûtait 5,85 $, pour un minimum garanti de 200 pages envoyées par correspondance.

La publication offrait un espace d’expression aux différentes sensibilités libertariennes. Elle affichait une orientation claire contre la conscription, la taxation et les réglementations limitant les conduites non coercitives. Sa structure ouverte favorisait la pluralité des voix et des styles : manifestes, essais théoriques, lettres ouvertes, critiques culturelles ou débats philosophiques.

Le fil des thèmes

Voici quelques thèmes présents dans la revue[3].

  • . S’émanciper par le travail : maîtrise du temps, liberté des contrats. L’un des fils directeurs de la revue célèbre la souveraineté personnelle dans la vie économique. Le plaidoyer pour l’indépendance professionnelle met en avant la maîtrise du temps et la souplesse contractuelle : choisir ses engagements, fixer la durée des missions, organiser sa mobilité. Cette orientation valorise l’entrepreneur individuel, l’artisan, le consultant, toutes ces figures capables d’aligner revenus, compétences et projets de vie. À travers ce prisme, le travail devient un outil d’autonomie : produire, négocier, circuler, investir, toujours selon des accords volontaires[4].
  • . Un libertarianisme pragmatique comme restauration de l’initiative individuelle. Un deuxième thème définit le pragmatisme libertarien non comme une succession de prises institutionnelles, mais comme un processus d’auto-organisation. L’action humaine s’y exprime par réseaux volontaires, coopération libre, mécanismes d’entraide et marchés ouverts. La transformation arrive par la désertion des tutelles, l’essaimage d’alternatives, la diffusion de pratiques cohérentes avec l’idéal de Doctrine qui promeut une évolution vers une société sans État centralisé, fondée sur l’initiative individuelle et les accords volontaires[5].
  • . L’État pensé comme empire : un diagnostic de structure. Dans cette cartographie, une analyse décrit l’État comme structure impériale : des prélèvements obligatoires, une administration bureaucratique qui s'étend dans de vastes domaines, une logique d’expansion. Ce diagnostic sert de contre-modèle à la société de contrat. Face à l’empire administratif, les auteurs proposent des institutions de marché, des communautés d’affinités et des mécanismes juridiques nés du consentement. Le récit gagne ainsi une tension dramatique : à un pôle, l’organisation centralisée ; à l’autre, la société des accords volontaires[6].
  • . Le contrat au banc d’essai : propriété de soi et « servitude volontaire ». Le dossier philosophique explore la propriété de soi et la portée du consentement. Peut-on engager sa personne jusqu’à une forme d’aliénation durable ? La question ouvre un atelier conceptuel sur l’inaliénable et le transférable, le temporaire et l’irrévocable, la promesse et son exécution. Les échangent fonctionnent comme un laboratoire du contrat : elles affûtent les distinctions, mettent à l’épreuve les intuitions, clarifient les conditions d’un engagement réellement volontaire[7].
  • . Rituels civiques et formation des loyautés. Autre axe majeur : la pédagogie civique et ses rituels. Le serment d’allégeance, par exemple, devient une étude de cas : quelle place pour les symboles collectifs dans une société d’individus souverains ? Les lieux où s'expriment l’apprentissage des loyautés (famille, école, communauté, histoire de la patrie), révèlent une orientation fondée sur l’adhésion consciente plutôt que la répétition codifiée. L’éducation civique gagne en densité morale lorsqu’elle se nourrit de choix éclairés et d’arguments discutés[8].
  • . Stratégies, technologie, culture : une écologie de l’action. Enfin, la revue croise stratégie politique, technologie et culture. Les échanges questionnent les voies d’influence (écriture, réseaux, communautés de pratique), évaluent le rôle des innovations techniques (communication, mobilité, outils de publication), et scrutent la culture comme un terrain d’expérimentation : styles de vie, références littéraires, arts, même les psychotropes sont étudiés comme des phénomènes sociaux. L’ensemble compose une écologie de l’action individuelle ou communautaire où les idées, les outils, les mœurs et les institutions se répondent et se renforcent[9][10].

Évolution et continuité

La revue se distinguait par son mode collaboratif. Chaque abonné devenait potentiellement contributeur, ce qui instaurait un dialogue continu entre les participants. L’usage de pseudonymes renforçait le caractère littéraire et symbolique de certaines contributions, à l’image d’Aragorn Beowolf, combinaison de références épiques et modernes.

En 1979, The Libertarian Connection a été reprise par Erwin S. Strauss, connu sous le pseudonyme Filthy Pierre. À cette occasion, le titre a été raccourci en Connection. Cette nouvelle formule a conservé l’esprit participatif tout en élargissant l’audience. La publication s’est poursuivie de manière régulière jusqu’en 2023, sans pour autant que les idées libertariennes ne furent exposées au grand jour.

The Libertarian Connection représente un exemple de forum imprimé, favorisant la circulation d’idées et l’expérimentation intellectuelle. Certains observateurs pourraient la décrire comme un “précurseur mimeographié” des forums de discussion en ligne (avant les usenets, les forums et les réseaux sociaux numériques=. La revue a sans doute contribué à documenter les débats internes du mouvement libertarien, qu’ils portent sur l’organisation sociale, les fondements philosophiques ou les pratiques culturelles.

  1. Une Amateur Press Association (APA) est un groupe d’éditeurs/amateurs qui envoient chacun quelques pages (textes, critiques, fanzines) à un coordinateur. Celui-ci compile toutes les contributions en un numéro collectif et le redistribue à tous les membres — un forum de discussion sur papier, né bien avant Internet.
  2. Un mimeograph est un duplicateur à stencil : on prépare un pochoir (stencil), puis de l’encre est pressée à travers ce pochoir, sur un tambour, pour imprimer rapidement des centaines d’exemplaires à faible coût. Cette technique fut très utilisée avant les photocopieuses pour les fanzines, les bulletins, les circulaires... En France, on l'appelait le ronéotypeur ou ronéo.
  3. L’analyse qui suit s’appuie sur un corpus numérisé partiel : quelques livraisons et articles-relais accessibles. Une analyse vraiment continue sur toute la période (1968–1978, puis Connection jusqu'en 2023) requiert donc le recours aux collections papier et microfilms.
  4. Aragorn Beowolf, “Liberation from Institutional Employment, Part I”, The Libertarian Connection, n°2, 10 fév. 1969
  5. Karl Hess, “The Acts of Revolution”, The Libertarian Connection, n°2, 10 fév. 1969
  6. Roy Childs, “Government: Fraud and Empire", The Libertarian Connection n°2, 10 fév. 1969
  7. Walter Block, 1969, “Voluntary Slavery”, The Libertarian Connection, Vol I, n°3, 13 avr., pp9-11
  8. Walter Block, 1969, "The Pledge of Allegiance", The Libertarian Connection
  9. The Animal, 1969, “Epistle to Murray”, The Libertarian Connection, n°3, 13 avr. 1969 (sur la survie, les psychédéliques, les réseaux) ; Karl Hess, “The Acts of Revolution” (technologie et bureaucratie).
  10. Karl Hess, “The Acts of Revolution”, The Libertarian Connection, n°2, 10 fév. 1969