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Abraham Lincoln

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Abraham Lincoln
homme politique

Dates 1809-1865
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Tendance
Nationalité États-Unis États-Unis
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Citation
Interwikis sur Abraham Lincoln

Abraham Lincoln (comté de Hardin, Kentucky, 12 février 1809 – Washington, 15 avril 1865) est le seizième président des États-Unis. Il est élu pour un mandat de quatre ans en 1861. Il est le premier président républicain de l'histoire du pays. Son nom est associé à la Guerre de Sécession et à l’abolition de l'esclavage. Il meurt assassiné à la suite d'un complot émanant des confédérés au début de son second mandat. Il est le plus célèbre et le plus célébré des présidents américains, le premier à tomber sous les balles d'un assassin.

Histoire des États-Unis

Lincoln est un petit avocat de province sans expérience qui devient à la fois un homme politique et un chef militaire efficace au moment où, au milieu du XIXe siècle, les États-Unis traversent la plus grande crise de leur histoire. L’élection d’un Républicain abolitionniste entraîne immédiatement la création des États confédérés d'Amérique formé de 11 États esclavagistes et, peu après, la Guerre de Sécession. Après des revers initiaux, l’armée des États-Unis sous le commandement du général Ulysses S. Grant prend le dessus. Lincoln rédige la proclamation émancipant les esclaves et signe le 13e amendement abolissant l’esclavage. Dans son discours d’investiture au début de son second mandat, il se montre conciliant envers les États de l’ex-Confédération et lance un programme de reconstruction qui ne vit pas le jour en raison de son assassinat par un extrémiste pro-Confédéré.


Le jeune Lincoln 1809-1846

Sorti d'une cabane de rondins

Il est né dans l'unique pièce d'une cabane en bois, à l'est de l'État esclavagiste du Kentucky. Considérant s'être fait lui-même, il ne s'intéressait guère à ses origines et on sait peu de chose de ce passé. Son père et sa mère appartenaient à une branche de l'Église baptiste à la morale très stricte, condamnant l'ivrognerie ou l'esclavage.

Ses parents s'installent en Indiana en 1816 et le jeune garçon doit manier la hache : l'image de Lincoln comme fendeur de bois (rail-splitter) fait partie de l'imaginaire américain. Sa mère meurt meurt victime d'une épidémie le 5 octobre 1817. S'il aimait beaucoup sa mère, ses relations avec son père Thomas étaient impersonnels. Ne pouvant rester seul pour entretenir une famille nombreuse, Thomas se remarie avec Sarah Bush Johnson, elle-même mère de trois jeunes enfants, qui apporta un peu de tendresse et de chaleur familiale. Elle sut convaincre son mari de permettre aux enfants de fréquenter l'école.

Mais ses diverses périodes de scolarisation n'ont guère représentés plus d'un an. Il continuait à pratiquer divers métiers manuels : « bûcheron, laboureur, manœuvre, gagnant un tiers de dollar par jour à tuer des porcs, débiter des troncs d'arbre, construire des palissades ou des bacs » selon Louis de Villefosse.

L'historien James Truslow Adams a fait remarquer : « ce qui fait la grandeur de Lincoln, ce n'est pas qu'il soit né dans une cabane de rondins, mais qu'il en soit sorti ». A partir de cette instruction très sommaire, il a pu satisfaire sa passion des livres, devenir une sorte d'écrivain public tout en dévorant tous les ouvrages lui tombant sous la main. Parmi eux, Le Voyage du pèlerin de John Bunyan. Il avait un goût prononcé pour les livres d'histoire et la biographie des grands hommes. Il finit par se distinguer par deux choses : une taille exceptionnelle (il mesurera 1,92 m !) et une intelligence très supérieure à la moyenne. C'était un remarquable conteur d'histoire.

Le grand homme de New Salem

En 1828, il descendit l'Ohio et le Mississipi jusqu'en Louisiane pour accompagner une cargaison de viande et de blé. En 1830, il aida sa famille à déménager une nouvelle fois à New Salem, à proximité de Springfield, une bourgade de négoce dans le comté de Macon, en Illinois. Il devint très vite une figure populaire et devint employé dans une boutique : accueillant, serviable, scrupuleusement honnête, il lisait les journaux avant de les vendre mais aussi les manuels de grammaire et les grands poètes britanniques ou américains. En revanche, la fiction en prose, les romans l'ennuyaient.

En 1832, il se présente aux élections pour l'Assemblée d'Illinois au moment où son employeur fait faillite le privant de travail. La révolte indienne dite « guerre de Black Hawk » lui permet de se faire désigner comme chef de la milice locale mais sans qu'il ait l'occasion de se battre. Il ne réussit pas à se faire élire, bien qu'ayant triomphé à New Salem : ce devait être la seule défaite au suffrage direct de sa carrière politique. Il s'associe avec James Berry, un de ses anciens caporaux de milice, pour ouvrir un nouveau commerce sans grand succès. Finalement, ses amis lui procurent la fonction de « receveur des postes » de New Salem (7 mai 1834) tout en jouant les arpenteurs pour arrondir ses fins de mois.

Il réussit enfin à se faire sous l'étiquette whig à l'Assemblée d'Illinois en 1834. La mort d'Ann Rutledge, le grand amour de sa vie, victime de la typhoïde, le plonge dans un profond chagrin. Selon William H. Herndon, qui devait être son meilleur ami : « Il ne sortit de son infini chagrin qu'en se ruant tête baissée dans l'arène politique. il avait besoin de ce coup de fouet, de cet éperon pour échapper au désespoir. »

L'avocat de Springfield

Lors de la campagne électorale de 1836, il se prononce, en contradiction avec la position whig hostile aux immigrants, pour l'extension du droit de vote « pour tous les Blancs payant des impôts ou portant les armes sans aucune exclusive envers les femmes. » Il réussit en tout cas à sa faire réélire. L'Assemblée ayant adopter une résolution rappelant les droits sacro-saints des États et condamnant l'abolitionnisme, Lincoln rédigea un texte de protestation soulignant que « l'institution de l'esclavage reposait sur une injustice et était de mauvaise politique ». Selon une position qui ne devait pas varier jusqu'à la guerre civile, il exécrait moralement l'esclavage tout en considérant politiquement impossible son abolition là où il existait.

Il quitta bientôt New Salem, bourgade déclinante, pour s'installer à Springfield alors en pleine expansion avec ses 1500 habitants (1837). Un de ses amis, l'avocat John Todd Stuart lui proposa de devenir son associé. Lors d'un discours prononcé le 27 janvier 1838 au Lyceum de la ville, il a ces paroles prophétiques : « Si un danger nous guette, je le dis, il ne peut venir que de nous, et non de l'étranger (…). En tant que peuple libre, ou bien nous traverserons les siècles, ou bien nous mourrons de nous être suicidés. » Il conclut : le respect des lois doit « devenir la religion politique du pays ». Il rêve tout haut sur son propre avenir : les grands génies « dédaignent les sentiers battus (…), ils ont soif et brûlent de se distinguer et font tout ce qui est possible pour y parvenir, qu'il faille pour cela émanciper les esclaves ou asservir les hommes libres. »

Lors de la campagne présidentielle de 1840, il affronta dans les réunions électorales divers leaders démocrates dont Stephen Douglas qui le traita d'homme « à deux visages ». Non sans humour, Lincoln prit l'assistance à témoin : « Si j'avais un autre visage, croyez-vous que je porterais celui-là ? » En 1841, il s'associa avec un autre juriste expérimenté, Stephen T. Logan pour ouvrir un nouveau cabinet. Après bien des hésitations, et une tentative de rupture, il finit par épouser, le 4 novembre 1842, Mary Todd, fille d'un riche négociant et banquier prospère. La jeune femme, très cultivée, à l'esprit vif, aimait Lincoln et était persuadée qu'il atteindrait un jour le sommet. Mais hautaine et sarcastique, elle inquiétait son fiancé : le jour du mariage, il « avait l'air et le comportement de quelqu'un qu'on mène à l'abattoir ». Il répondit au fils de son logeur qui lui demandait où il se rendait : « En enfer, je suppose ». Le couple devait avoir quatre garçons

Vers sa destinée 1846-1860

Un de ses bons amis, William Gillespie, devait noter qu'il « croyait profondément que même dans les circonstances les plus favorables la vie humaine recelait plus de désagréments que de bonheur véritable ». La vie familiale avec une épouse peu commode et lunatique ne devait pas être paisible.


Le représentant de l'Illinois

La naissance d'un premier enfant incite le beau-père de Lincoln a accorder à sa fille une rente annuelle et au couple 40 hectares de bonne terre d'Illinois. Ils peuvent ainsi s'acheter une maison. Bien conseillé par son associé Logan, il devient un avocat recherché, fascinant les jurés par sa facilité de parole. Mais Logan désirant s'associer avec son fils, Lincoln décide de se mettre à son compte. Il trouve un partenaire en un jeune juriste, William H. Herndon, un des jeunes loups du parti whig, favorable à l'abolition de l'esclavage. Les deux hommes vont se partager les longues tournées judiciaires aux quatre coins de l'État.

Le 3 août 1846, il est élu à une très large majorité représentant de l'État au Congrès. La famille s'installe à Washington en 1847. Il devait se montrer très assidu à la chambre tout en siégeant aux commissions des postes et des dépenses de guerre. Il jetait un coup d'œil sévère sur ses collègues, les talents se trouvant au Sénat. Il protesta contre la guerre du Mexique, soutenant la résolution qui la considérait comme ayant été « inutilement et anticonstitutionnellement entamée par le président des États-Unis » et prononçant un discours très sévère contre la soif de gloire militaire.

Il exprima son soutien au leader magyar Kossuth, soutenant la cause du Printemps des peuples agitant l'Europe en 1848. Il rêvait d'un président qui en finisse avec l'expansionnisme forcené et proposa de soutenir la candidature de Zachary Taylor, le général qui avait mené la guerre, lors de la convention whig. Le général ne connaissant rien à la politique serait un président faible qui n'empièterait pas sur les prérogatives du Congrès. Le 27 juillet 1848, Lincoln prononçait un discours retentissant devant la Chambre des représentants, faisant rire toute l'Assemblée et ridiculisant le pauvre candidat démocrate, Lewis Cass.

En 1849, sa carrière politique paraissait terminée. Il n'avait pas obtenu le poste de haut responsable des Terres de l'ouest et refusé de devenir gouverneur de l'Oregon. Jusqu'en 1854, il devait retourner à la pratique du droit. Avec son physique ingrat, sa redingote flottante, ses pantalons trop courts, son gibus élimé, il était old Abe comme on l'appelait familièrement. Son humour et ses facéties offraient un exutoire à la noirceur naturelle de ses pensées. Faute de revenus, il était condamné à travailler sans cesse pour nourrir sa famille et liquider ses dettes. Il plaidait donc dans tous les domaines : droit commun, affaires commerciales ou criminelles, cour d'assises, Cour suprême. La mort de son fils Edward (1er février 1850) le ramena à la religion et il se mit à fréquenter l'église presbytérienne de Springfield.

Lincoln versus Douglas

En 1854, Stephen Douglas avait proposé une loi pour le Kansas et le Nebraska où il proposait de laisser la décision de posséder ou non des esclaves au libre choix des résidents locaux. Le tollé provoqué par cette loi devait donner naissance au parti républicain mais aussi à un parti xénophobe, le Know Nothing Party, tout auss hostile à l'esclavage. A la demande de ses amis, Lincoln accepte de porter les couleurs « anti-Douglas » à l'Assemblée d'Illinois.

Le 4 octobre 1854, Lincoln parla plus de trois heures pour répondre au discours de Douglas de la veille. Il se prononçait pour une « émancipation progressive » : « Voilà qu'on s'abaisse aujourd'hui à déclarer que, pour certains hommes, le fait d'en asservir d'autres relève du droit sacré de se gouverner soi-même. (…) Dépouillons l'esclavage de sa prétention à être un droit moral et ramenons-le à son statut légal existant et à ses arguments de nécessité ». La fin de ce discours triomphal fut saluée par des hourras ininterrompus tandis que les femmes agitaient leurs mouchoirs blancs. la presse fit écho à l'impression profonde qu'il avait fait face au « Petit Géant ».

Les démocrates se retrouvèrent minoritaires dans l'Assemblée d’État et Lincoln espérait être désigné sénateur mais sa manœuvre devait échouer. Ayant démissionné de son mandat à l'Assemblée, il retourna devant les tribunaux tout en participant à la création du parti républicain en Illinois. Lors d'un grand banquet républicain à Chicago, le 10 décembre 1856, il condamna l'élection de Buchanan à la présidence : à l'idée d'égalité entre les hommes, on venait de substituer celle de l'égalité des États entre eux. Or, rappelait-il, la Déclaration d'Indépendance avait affirmé : « tous les hommes sont créés égaux », les hommes, pas seulement les possédants de couleur blanche.

L'affaire Dred Scott où la Cour suprême estima que les esclaves étaient des biens mobiliers ruina la foi de Lincoln dans l'institution judiciaire. Le 12 juin 1857, Stephen Douglas à Springfield déclara que les Noirs appartenaient « à une race inférieure qui, à toute les époques et sur toute la terre (…) s'était montrée incapable de se gouverner elle-même ». Lincoln lui répondit le 26 juin abandonnant le ton mesuré qu'il avait observé jusque là. Remarquant que la « fusion des races » dénoncée par Douglas existait bel et bien dans le Sud esclavagiste, Lincoln ajoutait que ce n'est pas parce qu'il « ne voulait pas d'une femme noire pour esclave qu'il souhaitait forcément la prendre pour épouse. (…) A certains égards, (elle) n'est assurément pas mon égale, mais dans l'exercice de son droit naturel de manger le pain qu'elle gagne avec ses mains sans demander d'autorisation à personne, elle est mon égale, et l'égale de tous ».

Le 16 juin 1858, dans une atmosphère électrique, plus de mille républicains proclamèrent à l'unanimité Abraham Lincoln « seul et unique candidat des républicains » contre Stephen Douglas, sénateur démocrate de l'Illinois. Dans un discours resté célèbre, il déclara : « Une maison divisée contre elle-même ne peut rester debout. Ma conviction est que notre système politique ne saurait perdurer en continuant d'être mi-esclavagiste, mi-libre ». Ce ton radical n'était pas sans risque et irrita certains républicains. Lincoln proposa à Douglas une série de face-à-face dans les principales villes d'Illinois. Ces débats devaient avoir un grand impact médiatique. Désormais, Lincoln paraissait avoir une stature nationale digne d'un « poste encore plus élevé ». Pourtant Douglas fut réélu sénateur par 54 voix contre 46 à son adversaire.

La marche à la présidence

Loin de mettre un terme à sa carrière politique, son échec contre Douglas lui ouvrait la porte de la Maison Blanche. Dans le Midwest en 1859, il put mesurer l'étendue de sa popularité. Le 27 février 1860, à New York, dans l'auditorium du Cooper Institut, en dépit de son physique étrange et de son costume mal coupé et froissé, il devait subjuguer son auditoire. Les républicains, disait Lincoln, ne sont pas des « révolutionnaires » mais les vrais conservateurs, les gardiens du temple. Il s'était efforcé d'apparaître comme un rassembleur modéré, attentif aux intérêts légaux des sudistes.

Les démocrates, divisés entre sudistes et nordistes, présentant deux candidats à l'élection, les républicains étaient assurés de l'emporter. Lincoln était d'autant plus déterminé à être candidat. Il fut désigné à l'unanimité lors de la convention nationale de Chicago. Son principal rival, Seward, humilié d'avoir été battu par un petit avoué d'Illinois, finit par reconnaître son erreur. Il devait écrire à sa femme en juin 1861 : « Le président est le meilleur d'entre nous. Il a la volonté et l'énergie d'un chef. » Conformément aux usages, Lincoln ne fit pas campagne et attendit le résultat de l'élection à Springfield.

Le 6 novembre 1860, Lincoln rentrant chez lui, dit à son épouse : « Mary, Mary, nous sommes élus. » Mais en raison de la présence de 4 candidats, il n'avait obtenu que 39,8 % des voix. Surtout, il était l'élu du Nord, 15 Etats ne lui avait pas accordé un grand électeur. On vit apparaître sur les bannières sudistes de Georgie et d'Alabama, la formule : « Résister à Lincoln c'est obéir à Dieu. »

A l'initiative du président Buchanan, des recherches de compromis prenant en compte les griefs sudistes se heurtèrent à une fin de non-recevoir du président élu. Il écrivit à William Seward, le 1er février 1861 : « Je suis contre tout compromis qu faciliterait ou permettrait l'extension de l'institution sur des terres appartenant à la nation. » En attendant, il constituait son cabinet en s'efforçant de maintenir un équilibre entre les anciens whigs et les anciens démocrates ralliés. Son ancien rival, William Seward, se vit offrir le prestigieux secrétariat d'État (ministère des Affaires étrangères).

Le voyage vers Washington devait durer douze jours avec des étapes dans six États, Lincoln souhaitant rencontrer les personnalités dont le dévouement et le loyalisme lui seraient précieux.

Le président des États-Unis 1861-1865

Searchtool-80%.png Article détaillé : Guerre de Sécession.

Dans son discours d'investiture du 4 mars 1861, il répéta qu'il n'était pas le champion de l'abolitionnisme : « Je n'ai pas le dessein de toucher, directement ou indirectement, à l'institution de l'esclavage dans les États où il existe. (…) C'est dans vos mains, et non dans les miennes, que repose la question capitale de la guerre civile. Le gouvernement ne vous attaquera pas. Il n'y aura de conflit que si vous êtes vous-mêmes les agresseurs. » Mais il mettait en garde les sudistes : « aucun État ne peut légalement quitter l'Union de son propre et simple chef. » Si la presse nordiste salua les propos apaisants, la presse sudiste vit dans le discours un appel à la guerre.

Les membres de son cabinet étaient plus des conseillers que des ministres. Son ami Herndon l'a dépeint ainsi : « Un profond mystère, une énigme, un sphinx, peu communicatif, silencieux, réservé, secret. »

Comment gagner la guerre ?

La question du fort Sumter divisait le cabinet et l'opinion publique. L'évacuer serait une catastrophe politique mais le secourir provoquerait la guerre civile. Finalement, le président décidait de l'approvisionner et non d'y envoyer des renforts. Le 12 avril, les sudistes tiraient les premiers et abattaient à coups de canon la bannière étoilée. Le 15 avril, Lincoln proclamait officiellement le recrutement de 75 000 volontaires pour « maintenir l'honneur, l'intégrité et l'existence de l'Union. » Dans le Nord l'enthousiasme fut général et le texte applaudi, pour beaucoup l'affaire serait réglée en quelques semaines. L'extension du mouvement sécessionniste amena Lincoln à demander au Congrès l'autorisation de recruter 500 000 nouveaux volontaires. Le 19 avril, après un débat assez vif, le président avait obtenu le soutien du cabinet à une décision qui serait décisive à long terme pour le cours de la guerre : le blocus des ports sudistes.

L'hostilité du Maryland au passage des troupes fédérales devait l'amener le 27 avril à proclamer la suspension de l'habeas corpus dans toute la zone concernée par les convois militaires. Baltimore devait être occupé militairement le 13 mai. Le 24 septembre 1862, l'habeas corpus devait être suspendu dans l'ensemble du pays. Plus de 4000 citoyens devaient être détenus sans avoir droit à un procès, pour la plupart à bon droit (espions, passeurs d'armes, briseurs de blocus, contrebandiers) mais pas toujours. Une censure de fait fut acceptée par la presse en août 1861.

Loin d'être la brève campagne rêvée par beaucoup, le conflit allait se révéler la première guerre moderne, « guerre totale » par son intensité, ses dévastations et ses pertes humaines.

Le général Frémont avait proclamé de sa propre autorité le 30 août 1861 la loi martiale dans le Missouri et l'émancipation des esclaves « confisqués ». Lincoln devait le relever de son commandement mais l'incident portait un rude coup au sentiment unioniste dans les États intermédiaires comme le Kentucky.

La stratégie du président, après des tâtonnements, s'était peu à peu dessiné : priver le sud de nourriture et d'approvisionnements militaires en bloquant les côtes; protéger la capitale et menacer Richmond grâce à l'armée du Potomac; s'assurer la maîtrise du Mississipi et de son estuaire; attaquer sur plusieurs fronts et acculer les sudistes à la défensive. Lincoln devait avoir plus de mal à choisir un commandant en chef pour les forces de l'Union. McClellan, qui traitait le président d'« idiot » et de « babouin » s'était révélé velléitaire. Aussi quand la presse se déchaîna contre Grant mis en difficulté lors de la bataille de Shiloh (avril 1862), le président, qui ne l'avait jamais rencontré, répondit : « Je ne peux me passer de cet homme; il se bat! »

Début juillet 1863, la double victoire de Gettysburg en Pennsylvanie et de Vicksburg dans le Mississipi suscitait l'enthousiasme mais Lincoln regrettait une fois de plus que Meade, le chef de l'armée du Potomac, n'ait pas poursuivi Lee dans sa retraite. Le conflit s'éternisant, une loi de conscription avait du être votée le 3 mars 1863, provoquant des émeutes et ne rencontrant qu'un succès limité.

Le 18 novembre 1863, Lincoln se rendait sur le champ de bataille de Gettysburg pour inaugurer le cimetière militaire. Son discours très bref, 271 mots, hymne universel à la liberté, est passé à la postérité. Il n'y parle pourtant ni de Gettysburg, ni de l'esclavage, ni de l'Union. Il visait ainsi à unir l'idéal unitaire et la promesse égalitaire de la Déclaration d'Indépendance.

La question de l'émancipation

Dès le 6 mars 1862, dans un message au Congrès, il se prononçait pour une abolition progressive de l'esclavage. Le 14 avril il signait une loi abolissant l'esclavage dans le district de Columbia. Il envisageait une expatriation des Noirs vers l'Amérique centrale. Mais il finit par comprendre qu'il se heurtait à un refus de la part de ceux qui se considéraient comme Américains.

Une loi du Congrès (Militia Act) le 17 juillet 1862 autorisait l'utilisation et l'émancipation des esclaves forcés par leurs anciens maîtres à soutenir les rebelles ou à prendre les armes contre l'Union. Mais Lincoln refusait d'utiliser les Noirs dans l'armée. Le 23 août, dans le National Intelligencer, il résumait ainsi sa politique : « Mon objectif suprême dans ce conflit est de sauver l'Union et il ne vise ni à sauver, ni à détruire l'esclavage. » Mais après la bataille d'Antietam, journée la plus sanglante du conflit, qui mettait fin à l'offensive de Lee, le président se trouvait politiquement en mesure de modifier le sens du combat. Une proclamation préliminaire d'émancipation annonçait qu'à la date du 1er janvier 1863 « toute personne détenue comme esclave dans les États ou portions d'États dûment désignés, et dont la population se trouvera alors en rébellion contre les États-Unis, sera, à compter de cette date, définitivement libre. » Les États sudistes étaient ainsi prévenus : sauf à rejoindre l'Union avant la fin de l'année, ils risquaient de perdre le droit de posséder des esclaves.

Mais aux élections de mi-mandat, les démocrates passèrent de 44 à 75 sièges même si les républicains conservaient la majorité. Néanmoins,la proclamation définitive d'émancipation fut rendue publique le 1er janvier 1863. Horace Greeley, fervent abolitionniste, exulta : « Dieu bénisse Abraham Lincoln! » pouvait -on lire dans le New York Tribune. Mais dans l'armée, au moins 200 000 soldats désertèrent. Mais cela n'ébranla pas le président convaincu qu'il entrait dans l'histoire par cet acte.

Comment terminer la guerre ?

Le 12 mars 1864, Ulysses S. Grant était nommé au poste de commandant en chef des forces fédérales. William Tecumseh Sherman le remplaçait à la tête de l'armée de l'ouest. Mais à la maison Blanche, Lincoln ne dormait quasiment plus, aucun des succès de Grant n'était décisif. « Aurait-on pu éviter cette guerre terrible et sanglante ? Finira-t-elle jamais ?  » demanda-t-il un jour au président de la Chambre des représentants.

Le siège de Richmond avec sa guerre de tranchées allait durer neuf mois. La chute d’Atlanta le 2 septembre 1864 remonta le moral des nordistes et joua un rôle dans la victoire de Lincoln. La convention nationale républicaine avait rebaptisé le parti comme « parti unioniste ». Si Lincoln fut désigné, le vice-président choisi était un démocrate sudiste, Andrew Johnson. Les démocrates avaient désigné le général Mc Clellan et réclamaient la cessation immédiate des hostilités. Le président sortant était critiqué par les radicaux qui lui reprochaient son veto au projet de loi visant à priver de droits politiques les ex-rebelles après la guerre. Grant refusa sèchement d’être candidat contre Lincoln. Les soldats au front votèrent à 70 % pour Lincoln réélu avec 55 % des voix.

Le 4 mars 1865, Lincoln, sous la pluie, prononça son second discours d’investiture, très bref (703 mots) : « Sans haine envers personne, charitables avec tous, efforçons de panser les plaies du pays (…) et de tout faire pour instituer et chérir une paix juste et durable. »

Après avoir ravagé la Caroline du Sud, Sherman rejoignit Grant et Lincoln au quartier général de l’armée du Potomac à City Point en Virginie. Le président voulait éviter une bataille sanglant supplémentaire et exprima le vœu qu’après la victoire, les anciens confédérés soient libres de rentrer chez eux.

Le 4 avril 1865, Lincoln faisait une entrée triomphale dans Richmond, acclamé par la population noire (Gloire à Dieu !) mais aussi par de nombreux Blancs dans les quartiers populaires. Le 7 avril, il demandait à Grant de mettre la pression pour contraindre Lee à rendre les armes. Au retour à Washington le 9 avril, son épouse Mary eut cette remarque : « Cette cité est pleine d’ennemis. » Le soir même, il apprenait la reddition de Lee. Une foule immense se retrouva à la Maison Blanche, réclamant le président. Lincoln demanda à la fanfare présente de jouer successivement Dixie et Yankee Doodle en signe de réconciliation.

Le 11 avril, depuis le balcon de la maison Blanche, il prononça son derniers discours évoquant la « Reconstruction ». Il refusait de faire payer aux sudistes leur « trahison » et envisageait une Union apaisée et fraternelle. Dans la foule, John Wilkes Booth avait pris sa résolution : « J’aurais sa peau. C’est son dernier discours. »

L'assassinat de Lincoln

Lincoln avait depuis longtemps le pressentiment qu’il ne mourrait pas d’une mort naturelle.

Le 14 avril 1865, lors de la réunion du cabinet, Lincoln était d’excellente humeur. Rentrant chez lui, il se montrait affectueux à l’égard de sa femme : « je considère que cette journée marque la fin de la guerre. » Il devait se rendre au théâtre pour voir une comédie. C’est là que l’attendait son assassin. John Wilkes Booth était acteur et ardent défenseur de la cause sudiste et de l’esclavagisme. Pour lui, « ce pays a été conçu pour l’homme blanc, non pour les Noirs », l’esclavage étant un bienfait. Le projet originel de Booth était de kidnapper le président et de l’emmener derrière les lignes sudistes. Arrivé en retard au spectacle, le couple présidentiel est longuement acclamé. Une bruyante salve de rires et d’applaudissements devait couvrir le bruit du coup de feu mortel. Il était 22 h 15. Booth avait bondi de la loge sur la scène, se brisant la jambe et hurlant : « Sic semper tyrannis ! »(Ainsi finissent tous les tyrans), devise de la Virginie.

Si le président respirait encore, la balle avait traversé son cerveau. Comme il était intransportable, il fut installé au rez-de-chaussée du n° 453 de la 10e rue. L’agonie devait durer huit heures. Il s’éteignit à 7 h 22. Le secrétaire à la guerre Stanton aurait dit : « Désormais il appartient à l’éternité ».

Andrew Johnson étant devenu le 17e président des Etats-Unis, déclara à deux congressistes venus le féliciter : « Lincoln était trop habité du lait de la tendresse humaine pour s’occuper de ces satanés rebelles. Désormais ils seront traités comme ils le méritent. »

Inversement, de nombreux sudistes déplorèrent l’assassinat. Jefferson Davis, ancien président de la Confédération, devait dire : « je voyais en Mr Johnson un homme cruel qui n’avait ni le pouvoir ni la générosité que, je crois, Mr Lincoln possédait. » Lee déclarait que sa reddition à Appomatox était due autant à la bonté du président qu’à l’artillerie de Grant. Elisabeth Blair écrivit à son mari : « Les sympathisants du sud savent désormais qu’il sont perdu un ami soucieux de les protéger et de les servir. »

L’affliction gagna donc l’ensemble du pays. Le 19 avril, 25 000 personnes défilèrent devant son cercueil à Washington. Le 21 avril, il commençait un périple de 14 jours jusqu’à Springfield. Sept millions de personnes se postèrent tout au long du parcours. Le 4 juin, Lincoln était enterré dans le caveau familial d’Oak Ridge Cemetery.

La traque lancée par Stanton permit d’arrêter et de juger rapidement les acolytes de Booth. Lui-même avait été abattu le 26 avril, d’une balle dans la nuque comme sa victime.

Le discours de Gettysburg (19 novembre 1863)

« Il y a quatre-vingt sept ans, nos pères ont donné naissance sur ce continent à une nouvelle nation conçue dans la liberté et vouée à la thèse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux.

Nous sommes maintenant engagés dans une grande guerre civile, épreuve qui vérifiera si cette nation, ou toute autre nation, ainsi conçue et vouée au même idéal, peut résister au temps. Nous sommes réunis sur un grand champ de bataille de cette guerre. Nous sommes venus consacrer une part de cette terre qui deviendra le dernier champ de repos de tous ceux qui sont morts pour que vive notre pays. Il est à la fois juste et digne de le faire. Mais, dans un sens plus large, nous ne pouvons dédier, nous ne pouvons consacrer, nous ne pouvons sanctifier ce sol. Les braves, vivants et morts, qui se sont battus ici l’ont consacré bien au-delà de notre faible pouvoir de magnifier ou de minimiser.

Le monde ne sera guère attentif à nos paroles, il ne s’en souviendra pas longtemps, mais il ne pourra jamais oublier ce que les hommes ont fait. C’est à nous les vivants de nous vouer à l’œuvre inachevée que d’autres ont si noblement entreprise. C’est à nous de nous consacrer plus encore à la cause pour laquelle ils ont offert le suprême sacrifice ; c’est à nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain ; à nous de vouloir qu’avec l’aide de Dieu notre pays renaisse dans la liberté ; à nous de décider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaîtra jamais de la surface de la terre »

La prétendue déclaration au Congrès en 1860

Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne.
Vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort.
Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur.
Vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes.
Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche.
Vous ne pouvez pas éviter les ennuis en dépensant plus que vous gagnez.
Vous ne pouvez pas forcer le caractère et le courage en décourageant l’initiative et l’indépendance.
Vous ne pouvez pas aider les hommes continuellement en faisant à leur place ce qu’ils devraient faire eux-mêmes.

Aucune source n'est jamais donnée pour cette citation que l'on retrouve un peu partout sur internet. La date donnée et même le vocabulaire utilisé aurait pourtant du donner l'éveil. En 1860, Lincoln n'était pas encore installé comme président, il ne pouvait donc pas faire une communication au Congrès.

L'auteur du texte, qui date de 1916, est le Révérend William J. H. Boetcke, un pasteur presbytérien conservateur. La fausse attribution remonte à 1942 et a été en quelque sorte officialisée dans les milieux libéraux par Ronald Reagan en 1992[1].

Informations complémentaires

Citations

  • « Voulez-vous dire que les Blancs sont intellectuellement supérieurs aux Noirs et ont donc le droit de les réduire à l'esclavage ? Prenez garde, cette règle fait de vous l'esclave du premier homme dont l'intellect est supérieur au vôtre ! »
  • « Si l'esclavage n'est pas mauvais, rien n'est mauvais. »
Lettre à A.G. Hodges - 1864
  • « Le capital est seulement le fruit du travail et il n'aurait jamais pu exister si le travail n'avait tout d'abord existé. »
Premier message annuel au Congrès
  • « Lorsque l'homme s'habitue à voir les autres porter les chaînes de l'esclavage, c'est qu'il accepte lui-même un jour de les porter. »

Sources

  • Bernard Vincent, Lincoln. L'homme qui sauva les États-Unis, Archipoche 2015 (1ère ed. Archipel 2009), 521 p.

Littérature secondaire

  • 1939,
    • Roy P. Basler, "Abraham Lincoln’s rhetoric", American Literature, Vol 11, n°2, pp167-182
    • Tyler Dennett, dir., "Lincoln and the Civil War in the Diaries and Letters of John Hay", New York: Dodd, Mead & Co.
  • 1948, Richard Hofstadter, "Abraham Lincoln and the self-made myth",
    • Repris en 2009, In: Sean Wilentz, dir., "The Best American Essays on Lincoln", New York: Palgrave Macmillan, pp3-41
  • 1960, Don E. Fehrenbacher, "The origins and purpose of Lincoln’s house divided speech",
    • Repris en 2009, In: Sean Wilentz, dir., "The Best American Essays on Lincoln", New York: Palgrave Macmillan, pp149-174
  • 1962, Edmund Wilson, "Abraham Lincoln",
    • Repris en 2009, In: Sean Wilentz, dir., "The Best American Essays on Lincoln", New York: Palgrave Macmillan, pp41-62
  • 1965, Dean Sprague, "Freedom Under Lincoln", Boston: Houghton Mifflin Co.
  • 1973, Elton Trueblood, "Abrahalm Lincoln. Theologian of American anguish", New York: Harper & Row
  • 1977, Richard N. Current, "The master politician",
    • Repris en 2009, In: Sean Wilentz, dir., "The Best American Essays on Lincoln", New York: Palgrave Macmillan, pp129-148
  • 1981, LaWanda F. Cox, "Lincoln and Black Freedom: A Study in Presidential Leadership", Columbia: University of South Carolina Press
  • 1987, Don E. Fehrenbacher, Jacob L. Tudor, "Lincoln's Wartime Leadership: The First Hundred Days", Journal of the Abraham Lincoln Association, Vol 9, pp1-18
  • 1989, R. Ellis et Aaron Wildavsky, "Dilemmas of presidential leadership: from Washington through Lincoln", New Jersey: Transaction Publishers
  • 1992, Don T. Phillips, "Lincoln on Leadership: Executive Strategies for Tough Times", New York: Time Warner Books
  • 1995, David H. Donald, "Lincoln", New York: Simon & Schuster Paperbacks
  • 2000,
    • William C. Harris, "The Hampton Roads Peace Conference: A Final Test of Lincoln's Presidential Leadership", Journal of the Abraham Lincoln Association, Vol 21, n°1, Winter, pp30-61
    • Harry Jaffa, "A New Birth of Freedom: Abraham Lincoln and the Coming of the Civil War", Lanham, MD: Rowman & Littlefield
    • Kirt H. Wilson, "The Paradox of Lincoln's Rhetorical Leadership", Rhetoric & Public Affairs, Vol 3, n°1, Spring, pp15-32
    • David Zarefsky, "Lincoln's 1862 Annual Message: A Paradigm of Rhetorical Leadership", Rhetoric & Public Affairs, Vol 3, n°1, Spring, pp5-14
  • 2001, Eugene F. Miller, "Democratic Statecraft and Technological Advance: Abraham Lincoln's Reflections on 'Discoveries and Inventions'", The Review of Politics, Vol 63, n°3, pp485-516
  • 2005,
    • Brian Danoff, "Lincoln and Tocqueville on Democratic Leadership and Self-Interest Properly Understood", The Review of Politics, Vol 67, n°4, Autumn, pp687-719
    • Doris K. Goodwin, "Team of rivals: The political genius of Abraham Lincoln", New York: Simon and Shuster Paperbacks
  • 2008, Thomas L. Krannawitter, "Vindicating Lincoln: Defending The Politics of Our Greatest President", New York: Rowman & Littlefield
  • 2009,
    • Bonnie Brown, "Lincoln: Portrait of a Values Leader", Undergraduate Leadership Review, Vol 1, n°2, Spring
    • James M. McPherson, "Abraham Lincoln", New York: Oxford University Press
    • Sean Wilentz, dir., "The Best American Essays on Lincoln", New York: Palgrave Macmillan
  • 2010, Angela G. Ray, "Learning Leadership: Lincoln at the Lyceum, 1838", Rhetoric & Public Affairs, Vol 13, n°3, Fall, pp349-387*

Notes et références

  1. Edward Steers Jr, Lincoln Legends: Myths, Hoaxes, and Confabulations Associated with Our Greatest President, p110



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