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John Milton

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John Milton
Poète, pamphlétaire

Dates 1608 - 1674
John Milton
Tendance Précurseur du libéralisme
Nationalité Royaume-Uni Royaume-Uni
Articles internes Autres articles sur John Milton

Citation « Étouffer un bon livre, c'est tuer la raison elle-même »
Interwikis sur John Milton

John Milton, né le 9 décembre 1608 et mort le 8 novembre 1674, est un poète et pamphlétaire anglais, précurseur des idées libérales par son opposition à la censure et par sa défense d'une société ouverte dans laquelle la confrontation des idées permet de faire émerger la vérité. Il fait une défense du pluralisme des idées, en en soulignant « le caractère constructeur, et non destructeur », allant donc beaucoup plus loin que la simple « tolérance »[1].

Biographie de John Milton

Il suit ses études au Christ’s College de Cambridge entre 1625 et 1632. Il consacre les années suivantes à la poursuite de sa formation intellectuelle. Dès 1637, il publie un texte très critique envers l'Église anglicane. Il voyage ensuite en France puis en Italie, où il rencontre le cardinal Francesco Barberini et Galilée. La condamnation de ce dernier réaffirme son attachement aux libertés civiles. Il devient par la suite précepteur de plusieurs enfants de la noblesse. Les difficultés qu'il rencontre dans son mariage lui font écrire un ouvrage défendant la légalisation et la moralité du divorce, The Doctrine and Discipline of Divorce.

Lors de la Révolution anglaise de 1640, il se rapproche des presbytériens puis rompt avec eux pour rejoindre les Indépendants. En 1644, il écrit son ouvrage majeur, l'Areopagitica, dans lequel il s'oppose à la censure que le Parlement avait rétabli dans une loi de l'année précédente[2]. A partir de 1649, il travaille au sein du personnel politique du nouveau régime, pour lequel il écrit plusieurs ouvrages. Il perd la vue au cours de ces années là.

Il écrit sur la fin de sa vie de grands poèmes, Paradise Lost (1667, traduit en français par Chateaubriand en 1836) ou Samson Agonistes (1671), qui font de lui l'un des grands écrivains classiques anglais.

Pensée de John Milton

John Milton fait partie des précurseurs du libéralisme par son opposition à la censure, sa défense de la liberté de pensée et d'expression.

Inutilité de la censure

Concernant la censure, il s'y oppose fermement dans son Areopagitica (1644). La raison qu'il avance est l'inutilité d'une telle mesure. Sans réussir à décourager ceux que les censeurs entendent combattre, elle découragera l'avancée de la connaissance. Comme il le dit lui-même[3]:

« Elle aboutira principalement à décourager tout savoir et à arrêter le cours de la vérité, non seulement en émoussant nos talents par manque d'exercice dans ce que nous connaissons déjà, mais en empêchant et mutilant les découvertes qui pourraient encore être faites en matière de sagesse civile et religieuse. [...] Tuer un homme, c'est détruire une créature raisonnable, l'image divine; mais étouffer un bon livre c'est tuer la raison elle-même, c'est tuer l'image de Dieu, pour ainsi dire dans son regard. »

Il note qu'à l'inverse, la censure n'existait pas chez les Anciens, qui condamnaient l'irréligion et la diffamation. C'est pour Milton une invention de l'Inquisition et des prélats anglicans. En outre, les « mauvaises idées » se diffuseront toujours, censure ou non et la question du choix du censeur relève de l'arbitraire. Il souligne également, partant d'un point de vue chrétien que la possibilité de pécher est ce qui grandit la vertu de l'homme: « Dieu créa le premier homme libre, et il lui mit un objet de tentation toujours sous les yeux: c'était le seul moyen de rendre son abstinence méritoire. »[4]

La liberté d'expression permet le progrès

Milton va plus loin en défendant une vision positive de la liberté d'expression. La censure empêchera les idées neuves et innovantes d'émerger et, partant, la connaissance de progresser. En effet, rien ne permet de garantir que les hommes de l'État sont mieux à même que le commun des mortels de faire le tri parmi les idées, alors que la connaissance est incomplète. Il vaut mieux selon Milton risquer de laisser apparaître du faux pour permettre à la vérité d'émerger elle aussi.

Il approfondit plus encore cette perspective en écrivant, dans une veine très libérale, que la vérité ne peut que triompher de cette confrontation des idées. A l'inverse, elle sera toujours entravée quand règne la censure. Il écrit par exemple :

« Même si l'on laissait souffler sur la terre tous les vents des doctrines contraires, dès lors que la vérité aussi se trouve parmi elles, on aurait grand tort de permettre et d'interdire, car cela reviendrait à jeter un doute sur la force propre de la vérité. Laissez-la s'empoigner avec l'erreur. Qui a jamais vu la vérité avoir le dessous dans une controverse libre et ouverte ? Réfuter librement l'erreur est le plus sûr moyen de la détruire. »
    — John Milton, Areopagitica

Anecdote

L'Areopagitica de Milton a été traduit dans une première version par Mirabeau. Ce dernier, homme des Lumières anticléricales, a effacé toute référence à la religion et plus spécifiquement au protestantisme de Milton, ne supportant apparemment pas que l'on puisse défendre la liberté en invoquant Dieu. Il censura la phrase même qui condamne la censure. Comme l'écrit Philippe Nemo à ce sujet, « censurer le livre qui dit que la censure est condamnable et le faire dans la phrase même qui le dit, c'est fort »[5].

Informations complémentaires

Œuvres

  • 1634, Comus
  • 1638, Lycidas
  • 1641, Of Reformation
  • 1641, Of Prelatical Episcopacy
  • 1641, Animadversions
  • 1642, The Reason for Church Government
  • 1642, Apology for Smectymnuus
  • 1643, Doctrine and Discipline of Divorce
  • 1644, Of Education
  • 1644, Judgement of Martin Bucer Concerning Divorce
  • 1644, Areopagitica
  • 1645, Tetrachordon
  • 1645, Colasterion
  • 1645, Poems of Mr John Milton, Both English and Latin
  • 1649, Tenure of Kings and magistrates
  • 1649, Eikonoklastes
  • 1651, Defensio pro Populo Anglicano
  • 1654, Defensio Seconda
  • 1659, A treatise of Civil Power
  • 1659, The Likeliest Means to Remove Hirelings from the Church
  • 1659, Ready and Easy Way to Establish a Free Commonwealth
  • 1660,
    • a. "The ready and easy way to establish a free Commonwealth", British Library, Thomason Tracts, E.1160
    • b. "Brief Notes Upon a Late Sermon"
  • 1667, Paradise Lost
  • 1669, Accedence Commenced Grammar
  • 1670, History of Britain
  • 1671, Samson Agonistes
  • 1671, Paradise Regained
  • 1672, Art of Logic
  • 1673, Of True Religion
  • 1673, Poems, &c, Upon Several Occasions
  • 1674, Epistolae Familiaries
  • 1674, Prolusiones
  • 1682, "Milton’s Republican Letters, or a collection of such as were written by command of the late Commonwealth of England from 1648 to 1659", Amsterdam

Notes et références

  1. Philippe Nemo, Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, PUF, édition 2003, p.284
  2. Nemo, 2003, p.284
  3. John Milton, Ecrits politiques, traduction Marie-Madeleine Martinet, Belin, 1993, p.71
  4. Milton, 1993, p.93
  5. Nemo, 2003, p.285

Littérature secondaire

  • 1957, Merritt Y. Hughes, dir., "John Milton: Complete Poems and Major Prose", New York: Prentice Hall
  • 1966, C. A. Patrides, "Milton and the Christian Tradition", London: Oxford University Press
  • 1977, Christopher Hill, "Milton and the English Revolution", London: Faber & Faber
  • 1995, David Armitage, Armand Himy, Quentin Skinner, dir., "Milton and Republicanism", Cambridge: Cambridge University Press
  • 1996, William Riley Parker, "Milton: A Biography", 2nd ed. New York: Oxford University Press
  • 1998,
    • Philippe Nemo, Histoire des idées politiques aux Temps modernes et contemporains, PUF, édition 2003, p.283-290, ISBN 2130531636
    • Thomas N. Corns, "John Milton: The Prose Works", New York: Twayne
  • 2006,
    • Laura Knoppers, Lunger Semenza, Gregory M. Colón, dir., "Milton in Popular Culture", New York: Palgrave Macmillan
    • Michael Lieb, "Theological Milton: Deity, Discourse and Heresy in the Miltonic Canon", Pittsburgh, PA: Duquesne University Press

Voir aussi


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