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Jules Dufaure

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Jules Dufaure
homme politique

Dates 1798-1881
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Tendance libéral conservateur
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Jules Dufaure

Citation La République a besoin plus que tout autre forme de gouvernement de s’appuyer sur les saintes lois de la religion, de la morale, de la famille, sur la propriété inviolable et respectée, sur le travail encouragé et honoré.
Interwikis sur Jules Dufaure

Jules Armand Stanislas Dufaure dit Jules Dufaure, né le 4 décembre 1798 à Saujon (Charente-Maritime) et mort le 27 juin 1881 à Rueil (Seine-et-Oise), est un homme politique libéral dont la carrière s’étend du règne de Louis-Philippe à la présidence du maréchal de Mac-Mahon. Plusieurs fois ministre sous cinq chefs d’Etat différents, il a, par deux fois, été président du conseil sous la Troisième République. Défenseur du régime parlementaire, il est toujours resté fidèle à ses convictions libérales et à son indépendance d’esprit.


Les brillants débuts politiques d’un avocat

Après des études classiques, il vient faire son droit à Paris et s’inscrit au barreau de Saintes puis de Bordeaux (1820) où il acquiert une grande réputation. Il est le premier à plaider sans avoir écrit à l’avance sa plaidoirie.

Sa vie politique commence sous la Monarchie de Juillet. Il est élu en 1834 député de la Charente Inférieure par les électeurs de Saintes et devait être réélu sans discontinuer jusqu’en 1848. Il prend place dans les rangs du parti libéral constitutionnel. Il se fait très vite remarquer par ses talents oratoires. Il est un des fondateurs de la « Jeune gauche ».

Il devient le collaborateur de Thiers avant de s’en séparer par son entrée au gouvernement du maréchal Soult où il devient ministre des Travaux publics (12 mai 1839) au moment où se pose la question de savoir si les chemins de fer seront exécutés par l’Etat pour par les compagnies. Il se retire avec la formation du ministère Thiers en mars 1840.

Il est rapporteur de la loi d’expropriation pour cause d’utilité publique. Il est nommé vice-président de la Chambre en 1842 puis en 1845, la première fois soutenu par le gouvernement, la seconde par l’opposition.

A la chambre des députés, il s’est lié d’amitié avec Tocqueville dont il est proche par les idées.

Un républicain conservateur

S’il refuse de participer à la « campagne des banquets », il se rallie à la Seconde République. Il est élu représentant de son département à l’Assemblée constituante le 23 avril 1848. Il fait partie de la commission chargée de rédiger la constitution. S’il vote le bannissement de la famille d’Orléans, il opine sur le reste avec la droite de l’assemblée et se montre très opposé au socialisme.

Il est appelé par Cavaignac au ministère de l’Intérieur le 13 octobre 1848. Il défend l’expédition de troupes à Rome sans consultation préalable de l’Assemblée. Il soutient la candidature de Cavaignac à la présidence de la République et quitte le gouvernement après l’élection de Louis-Napoléon Bonaparte (décembre 1848).

Elu à l’Assemblée législative, le premier de la liste départementale, le 13 mai 1849, il opte pour la Charente-Inférieure de préférence à la Seine où il avait également été élu. Le président de la république lui propose de redevenir ministre de l’intérieur dans le gouvernement où siège son ami Tocqueville. Il devait rester ministre du 2 juin au 31 octobre 1849. Il va dès lors combattre Louis-Napoléon et se retire de la vie politique après le coup d’Etat du 2 décembre 1851.

Le retour à la vie politique

Il se fait inscrire au barreau de Paris en 1852 et devait être élu bâtonnier en 1863 et 1864. Néanmoins, des électeurs votent pour lui en 1857 et 1863 en Charente-Inférieure. Il est candidat malheureux de l’Union libérale dans le Var en 1868.

C’est l’orateur parlementaire qui est élu par l’Académie française le 23 avril 1863 en remplacement du duc Pasquier et contre Jules Janin. Cette élection est vue aussi comme une protestation du parti orléaniste contre le gouvernement impérial.

La chute de l’Empire le fait revenir en politique : il est élu par cinq départements en 1871 et opte de nouveau pour la Charente-Inférieure. Il avait organisé un comité conservateur libéral à Paris. Son ami, Thiers, lui confie le ministère de la Justice le 19 février 1871. Il devient ensuite vice-président du conseil des ministres, ce qui en fait le chef du gouvernement. Il s’efforce jusqu’à la chute de Thiers (mai 1873) de gagner l’appui de la droite de l’Assemblée. Il souhaite l’établissement d’une république conservatrice qui écarte les spectres du bonapartisme, du radicalisme et du socialisme. Il voyait la république comme un orléanisme rapproché du peuple.

Renvoyé dans l’opposition, il siège au centre gauche et demande à plusieurs reprises la mise à l’ordre du jour des lois constitutionnelles. Il revient à la justice le 15 mars 1875 et présente les projets de loi relatifs aux pouvoirs publics et à l’élection des deux chambres. Il fait adopter le scrutin d'arrondissement, le « petit scrutin », qui suscitait beaucoup de réserves, étant associé au bonapartisme, à une Assemblée plutôt favorable au scrutin de liste.

Le président du conseil

S’il échoue aux élections sénatoriales, il se fait élire député de Marennes le 20 février 1876. Il devient chef du gouvernement, prenant, pour la première fois sous la Troisième République, le titre de président du conseil le 9 mars 1876, tout en conservant le portefeuille de la Justice. Il devient sénateur inamovible le 14 août 1876. Ses rapports avec la majorité républicaine devenant toujours plus difficiles, il démissionne le 12 décembre se trouvant mis en minorité.

Hostile à la politique de l’Ordre moral, il est chargé de mettre fin à la crise politique après les élections du 14 octobre 1877. Il redevient pour la dernière fois chef du gouvernement (13 décembre 1877), se réservant la nomination de tous les ministres y compris à la Marine et aux Affaires étrangères. Le désir du pays de bénéficier d'un peu de tranquillité après toutes ces années d'affrontement et l'organisation de l'Exposition universelle de 1878 vont permettre à son gouvernement de durer plus de treize mois.

Daniel Halévy décrit ainsi Dufaure dans La République des ducs : « Conservateur assurément, mais conservateur bourgeois et ennemi du parti noble; catholique assurément, mais catholique bourgeois, régulier dans la paroisse, non pas familier dans la sacristie, ennemi du parti-prêtre et des moines, ce qui montait et bouillonnait en lui, c'était la sève ancienne, la sève reverdissante de ses jeunes années, des lointaines années où les militants libéraux avaient abattu la restauration bourbonnienne. »

A la question de Fourtou, « Qui êtes-vous ? », il répond dénonçant le « parti sans nom » qui réunit orléanistes, légitimistes et bonapartistes : « Quant à nous, Messieurs, nous disons très sincèrement ce que nous sommes. Notre nom est connu. Nous sommes les représentant de ce groupe libéral qui, depuis 1814, a toujours trouvé des organes dans nos assemblées jusqu'en 1851, et même quelquefois après. A ces principes libéraux que nos pères nous ont transmis, nous adaptons la forme du gouvernement républicain, telle qu'elle a été établie par la constitution de 1875. »

Après la démission de Mac-Mahon et l’élection de Jules Grévy, il se retire, refusant d’entrer dans le nouveau cabinet (3 février 1879) : « la situation est nouvelle, il faut des hommes nouveaux ».

Il retourne au Sénat, votant tantôt avec la gauche, tantôt avec la droite. Il prend la parole pour la dernière fois lors de la discussion de l’article 7 de la loi relative à la liberté de l’enseignement supérieur (1880) pour défendre ses convictions de catholique libéral contre la politique anticléricale de Jules Ferry.

Deux jugements de Tocqueville

  • « Je dirais volontiers de celui-là que c’est un homme de pierre, aussi immuable et impassible » (Lettre à Louis de Lamoricière, 24 novembre 1852)
  • « Il se tenait à part, non seulement des intrigues, mais du contact des partis, détestant le mouvement des assemblées, redoutant la tribune qui était pourtant sa seule force, ambitieux pourtant à sa manière, mais d'une ambition mesurée et un peu subalterne, qui visait au maniement des affaires plutôt qu'à leur domination. » (Souvenirs, IIIe partie, ch 3)


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