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Masahiko Aoki

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Masahiko Aoki
Économiste

Dates 1938 - 2015
Masahiko Aoki
Tendance Théoricien de la Firme Japonaise
Nationalité Japon Japon
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Citation
Interwikis sur Masahiko Aoki

Masahiko Aoki, né le 1er avril 1938 à Nagoya (Japon) et mort le 15 juillet 2015 en Californie (États-Unis), est un éminent économiste japonais dont les travaux ont considérablement influencé la compréhension des structures d'entreprises dans le contexte japonais. Il est principalement connu en tant que spécialiste de l'économie institutionnelle et de l'économie comparée.

Biographie

Après avoir obtenu son diplôme de B.A. en Économie à l'Université de Tokyo en 1962, Aoki poursuit ses études à la même université, où il décroche un M.A. en Économie en 1964. Il est alors militant actif au sein de mouvements communistes, engagement dont il s'éloigne dans les années 1960.

Cependant, son désir de développer ses connaissances et son expertise l'emmène aux États-Unis, à l'Université du Minnesota, où il obtient son doctorat en Économie en 1967. Sa thèse, intitulée "Increasing Returns to Scale and the Market Mechanism", marque le début de sa carrière académique prolifique.

Grâce à ses contributions significatives, Masahiko Aoki est reconnu comme un conseiller de premier plan pour les gouvernements japonais et chinois, et son impact sur l'économie institutionnelle lui a valu une renommée mondiale. Sa théorie sur la Firme J a suscité un intérêt considérable et a permis de mieux comprendre les différences entre les structures d'entreprises japonaises et occidentales, enrichissant ainsi le domaine de l'économie comparée et de la gestion des organisations.

Travaux

Dans ses travaux, Masahiko Aoki analyse les structures d'entreprises en se concentrant sur deux modèles principaux : la firme H et la firme J. Ces deux modèles se distinguent par leurs approches de coordination et d'incitation des employés.

La Firme H : Coordination Verticale et Incitation Horizontale

Caractéristiques de la coordination verticale de la firme H.

Dans le modèle de la firme H, la coordination verticale se caractérise par les éléments suivants :

  • Respect de la structure hiérarchique : Les décisions et les directives proviennent des niveaux de direction supérieurs de l'entreprise. Les responsables hiérarchiques prennent les décisions stratégiques et opérationnelles, et ces directives sont transmises aux niveaux inférieurs de l'organisation pour être mises en œuvre.
  • Centralisation de l'information : L'information circule principalement de manière verticale, suivant la hiérarchie établie dans l'entreprise. Les informations stratégiques et les prises de décision importantes sont transmises de façon descendante, souvent selon une chaîne de commandement formelle.
  • Peu d'autonomie du salarié dans l'entreprise : Les employés ont généralement peu de marge de manœuvre pour prendre des décisions de manière indépendante. Les directives émanant des niveaux supérieurs doivent être respectées et appliquées sans une grande latitude pour les employés quant à l'initiative individuelle.

Incitation Horizontale : Caractéristiques de la Firme H

Dans le modèle de la firme H, l'incitation horizontale se manifeste par les éléments suivants :

1. Possibilité de changer facilement d'entreprise par le biais du marché du travail : Les employés ont une certaine mobilité professionnelle et peuvent chercher des opportunités d'emploi ailleurs. Ils ne sont pas nécessairement liés à une entreprise spécifique, ce qui permet une certaine fluidité sur le marché du travail.

2. Peu d'attachement à l'entreprise en termes de compétences : Les compétences des employés peuvent être relativement interchangeables et ne sont pas spécifiquement liées à une entreprise particulière. Les employés peuvent être facilement remplacés par d'autres avec des compétences similaires, sans que cela entraîne une perte significative de compétences spécifiques pour l'entreprise.

Dans la firme H, la coordination verticale prédomine, avec une structure hiérarchique bien définie où les décisions et les informations circulent de manière descendante. L'incitation horizontale met en évidence la mobilité professionnelle des employés et le fait que les compétences ne sont pas exclusivement associées à l'entreprise en question. Ces caractéristiques peuvent avoir un impact sur la façon dont l'entreprise fonctionne, sur la prise de décision et sur la relation entre les employés et l'organisation.

La Firme J : Coordination Horizontale et Incitation Verticale

La firme J présente des caractéristiques distinctes de coordination et d'incitation qui la différencient de la firme H. Voici les principaux aspects de la firme J :

Coordination Horizontale

1. Transfert d'information entre unités sans passer par la hiérarchie : Dans la firme J, les informations circulent de manière horizontale entre différentes unités de l'entreprise. Cette communication directe favorise la coopération et la collaboration entre les employés de différentes équipes et départements.

2. Flexibilité des compétences : Les employés de la firme J sont généralement dotés de compétences variées. Ils peuvent être amenés à occuper différents rôles au sein de l'entreprise, en fonction des besoins et des projets en cours. Cette flexibilité permet à l'organisation de s'adapter plus facilement aux changements et aux défis.

3. Moins de services administratifs : La structure organisationnelle de la firme J met moins l'accent sur les services administratifs. La communication directe et la coopération horizontale permettent de réduire les besoins en services administratifs, rendant l'entreprise plus agile et réactive.

Incitation Verticale

1. Insertion à long terme dans l'entreprise : Les employés de la firme J ont tendance à développer un fort attachement à l'entreprise sur le long terme. Cette fidélité à l'entreprise contribue à la stabilité de l'organisation et permet une planification à plus longue échéance.

2. Difficultés à retrouver du travail hors de l'entreprise : Une fois insérés dans la firme J, les employés peuvent rencontrer des difficultés à changer d'entreprise en raison de leur attachement à long terme. Cela peut résulter d'une culture organisationnelle qui encourage l'engagement à long terme et valorise l'ancienneté des employés.

3. Rémunération supérieure à celle du marché : Les employés de la firme J bénéficient généralement de rémunérations plus élevées que celles proposées sur le marché du travail. Cette politique de rémunération vise à récompenser leur engagement et leur loyauté envers l'entreprise.

Dans la firme J, la coordination horizontale prévaut, favorisant la collaboration entre les unités de l'entreprise et la flexibilité des compétences des employés. L'incitation verticale met en évidence la loyauté et l'attachement des employés à long terme, ainsi que la rémunération attractive qui vise à reconnaître leur engagement envers l'entreprise. Ces caractéristiques contribuent à façonner la culture et le fonctionnement de la firme J, en faisant un modèle spécifique d'organisation qui vise à optimiser la coopération et la stabilité interne.

Ces modèles de firmes ne fonctionnent de manière efficace que s'ils sont cohérents avec les règles institutionnelles et le degré de stabilité de l'environnement dans lequel elles opèrent. Les caractéristiques propres à chaque modèle peuvent influencer la manière dont l'information circule, la prise de décision et l'engagement des employés, et cela dépend de l'adaptation de la firme au contexte dans lequel elle évolue.

La Firme Japonaise versus la Firme Américaine - Une Analyse Comparative de l'Efficacité Organisationnelle

En 1990, Masahiko Aoki remarque une distinction majeure entre les entreprises américaines et les entreprises japonaises. Alors que les hiérarchies dans les entreprises occidentales combinent les rôles de coopération et de coordination, les hiérarchies japonaises sont principalement conçues pour fournir des structures d'incitation qui soutiennent la coopération. Cependant, la coordination au sein des entreprises japonaises se produit en dehors de la hiérarchie formelle. Cette observation clé le conduit à développer sa théorie sur la firme japonaise (Firme J), mettant en évidence la manière dont la communication, l'autonomie des employés et l'attachement à long terme à l'entreprise contribuent à l'efficacité organisationnelle de ce modèle particulier. La théorie de Masahiko Aoki se concentre sur la comparaison de deux modèles de firmes, la firme japonaise (Firme J) et la firme américaine (Firme A). Selon Aoki, le modèle japonais est plus efficient que le modèle américain pour plusieurs raisons :

1. Communication sans passer par la hiérarchie : Dans la firme japonaise, la communication est plus présente et les employés sont plus autonomes, ce qui leur permet de prendre des décisions sans consulter systématiquement leur manager.

2. Intégration à long terme : Les employés japonais sont généralement plus attachés à leur entreprise, ce qui favorise une plus grande stabilité et une vision à long terme.

3. Moins hiérarchisé : Contrairement au modèle américain, le modèle japonais est moins hiérarchisé, ce qui facilite le traitement des informations entre les membres du personnel et permet des réactions rapides face à l'imprévu.

4. Partage de l'information : Dans la firme japonaise, il y a davantage de partage de l'information entre les employés, ce qui peut améliorer la coordination et la prise de décision.

5. Difficultés à s'adapter à un environnement instable : Aoki suggère que la firme japonaise peut mieux faire face à un environnement instable en raison de sa structure plus flexible et de sa communication plus directe.

Masahiko Aoki est un économiste japonais de renom né en 1938 au Japon. Il a obtenu son doctorat à l'Université du Minnesota en 1967 et est devenu mondialement reconnu grâce à ses travaux en économie institutionnelle et en économie comparée. Il a également agi en tant que conseiller pour les gouvernements japonais et chinois.

En somme, la théorie de Masahiko Aoki met en lumière les différences entre les modèles de firmes japonaises et américaines, en insistant sur la communication, l'autonomie des employés, l'intégration à long terme et la réactivité face à l'imprévu dans le modèle japonais, ce qui, selon lui, contribue à une plus grande efficience de ce dernier.

Théorie générale des institutions

Le traitement de l'information

Le traitement de l'information selon Masahiko Aoki :

Masahiko Aoki a développé une analyse détaillée du traitement de l'information au sein des entreprises, en identifiant trois formes distinctes de circulation de l'information :

  • La "décomposition hiérarchique" (HD) : Dans ce mode de traitement, les informations provenant de l'extérieur de l'unité sont transmises sous forme d'ordres descendus depuis la hiérarchie supérieure. Cela implique une structure organisationnelle où les décisions et les directives proviennent des niveaux de direction supérieurs et sont relayées aux niveaux inférieurs pour une mise en œuvre.
  • L'"assimilation de l'information" (IA) : Cette forme de traitement implique une coopération entre plusieurs unités pour traiter l'information. Au lieu de transmettre simplement des ordres, les différentes parties de l'organisation collaborent pour analyser, comprendre et prendre des décisions concernant les informations entrantes. Cela peut encourager un partage plus large des connaissances et une prise de décision plus éclairée.
  • L'"encapsulation de l'information" (IE) : Dans ce cas, chaque unité traite indépendamment l'information sans une implication directe des autres unités. Cela peut se produire lorsque certaines informations sont spécifiques à une unité ou lorsque les autres unités n'ont pas besoin d'y être impliquées.

Il est important de noter que dans les situations réelles, les entreprises peuvent combiner ces différentes formes de traitement de l'information. En analysant le fonctionnement interne de l'organisation, on peut observer à la fois la connexion verticale de l'information (lien hiérarchique entre les niveaux de direction) et la connexion horizontale (entre services de même niveau) qui contribuent à la circulation et à l'échange des informations au sein de l'entreprise.

La compréhension de ces différentes formes de circulation de l'information permet aux organisations de mieux concevoir leurs structures, de prendre des décisions plus éclairées et d'améliorer leur efficacité organisationnelle.

Les institutions

Masahiko Aoki présente les institutions de la manière suivante :

Les institutions : Résultats d'un Jeu et Équilibre de Nash

Selon Masahiko Aoki, les institutions sont le résultat d'un jeu, au sens de la théorie des jeux. Cela signifie que les règles et normes qui régissent le fonctionnement des organisations et des sociétés sont façonnées par les interactions et les choix des acteurs impliqués. Les institutions émergent à mesure que les individus et les organisations recherchent des solutions qui leur sont mutuellement bénéfiques.

Un aspect essentiel des institutions est leur capacité à atteindre un équilibre de Nash, où les agents ont intérêt à respecter les règles établies. Un équilibre de Nash se produit lorsque chacun des participants ne peut pas améliorer sa situation individuellement en modifiant unilatéralement sa stratégie, étant donné les choix des autres participants. Cela conduit à une situation stable où les acteurs ont intérêt à coopérer et à suivre les règles établies.

Auto-renforcement de l'Institution et Rationalité Limitée

Les institutions ont tendance à se renforcer elles-mêmes dans le temps. Une fois qu'une institution est établie et qu'elle fonctionne efficacement, elle peut influencer le comportement des individus et des organisations qui en font partie. Ce processus d'auto-renforcement contribue à la stabilité et à la pérennité des institutions dans la société.

Les institutions agissent également comme des indicateurs pour simplifier les problèmes en situation de rationalité limitée. Face à des décisions complexes, les individus peuvent utiliser les règles institutionnelles comme des guides pour guider leur comportement. Cela leur permet de prendre des décisions plus rapidement et plus facilement, en s'appuyant sur les pratiques établies.

Analogie aux Prix formulé par Friedrich Hayek et Évolution Dépendante

Masahiko Aoki fait une analogie entre les institutions et les prix dans la pensée de Friedrich Hayek. De la même manière que les prix dans une économie de marché fournissent des signaux pour orienter les choix des agents économiques, les institutions fournissent des signaux pour guider les comportements et les interactions sociales.

Enfin, Masahiko Aoki souligne que l'évolution des institutions est dépendante des interactions des individus et des autres institutions déjà existantes. Les changements institutionnels se produisent souvent en réponse aux évolutions sociales, économiques et politiques, et sont le résultat des interactions complexes entre les acteurs et leur environnement institutionnel.

En somme, Masahiko Aoki met en évidence le rôle crucial des institutions dans la structuration des comportements et des choix individuels, ainsi que leur évolution dépendante des interactions sociales et des contraintes de rationalité limitée.

L'importance des règles institutionnelles en tant qu'attentes partagées

Dans son travail, Masahiko Aoki (2011) met en avant l'importance des attentes partagées pour façonner la dynamique de la société. Il décrit ces attentes partagées comme des éléments fondamentaux des jeux qui se déroulent, se sont déroulés ou sont anticipés au sein d'une population donnée. Aoki désigne ces croyances collectives comme des "structures institutionnelles profondes". Ces structures se manifestent sous la forme de schémas de convictions partagées, représentés de manière effective dans l'espace public à travers divers moyens tels que les lois, les normes, les organisations, les règles sociales et d'autres éléments externes. On peut considérer ces manifestations externes comme les expressions tangibles de ce que Aoki désigne comme "formes substantielles des institutions".

Le Modèle Coaséen : Comprendre la Prise de Décision Institutionnelle

Le modèle Coaséen, nommé en référence à Ronald Coase, est un modèle de jeu générique qui vise à comprendre la prise de décision dans un contexte institutionnel donné. Ce modèle s'inspire des travaux du célèbre économiste Ronald Coase, qui a étudié les coûts de transaction et les mécanismes de coordination au sein des organisations.

Le modèle Coaséen prend en compte deux ensembles de paramètres : ceux liés à l'agent (décideur) et ceux liés au jeu (contexte institutionnel).

Paramètres liés à l'Agent

1. Niveau Micro : Ces paramètres concernent les éléments internes au choix de l'agent, c'est-à-dire les facteurs individuels qui influencent sa prise de décision. Cela peut inclure les préférences individuelles, les capacités cognitives, les coûts personnels, et d'autres aspects liés au processus de décision propre à chaque individu.

2. Niveau Macro : Ces paramètres prennent en compte les éléments externes au choix de l'agent. Cela inclut le contexte institutionnel, les règles, les normes et les contraintes sociales qui entourent l'agent et influencent ses choix. Ces facteurs externes peuvent jouer un rôle crucial dans la prise de décision et déterminer les options disponibles pour l'agent.

Paramètres liés au Jeu

1. Règles de Base du Jeu : Ces paramètres définissent les règles et les contraintes générales du jeu institutionnel dans lequel l'agent évolue. Cela peut inclure les normes sociales, les règlements juridiques, les politiques gouvernementales et les pratiques organisationnelles qui encadrent les interactions entre les acteurs.

2. Variables Endogènes du Jeu : Ce sont les variables qui émergent du jeu lui-même en raison des interactions des agents. Ces variables endogènes peuvent influencer la dynamique et l'évolution du jeu institutionnel.

En combinant ces paramètres liés à l'agent et au jeu, le modèle Coaséen permet de mieux appréhender comment les individus prennent des décisions dans un contexte institutionnel spécifique. Il permet d'analyser comment les règles institutionnelles, les incitations et les contraintes façonnent les comportements des agents, et comment ces comportements influencent à leur tour le fonctionnement et l'évolution du système institutionnel dans son ensemble. Le modèle Coaséen offre ainsi un cadre d'analyse puissant pour étudier la dynamique des organisations et des interactions sociales sous l'influence de facteurs internes et externes.

Règles de bases du jeu Variables endogènes du jeu
Niveau micro : éléments internes au choix de l'agent L'ensemble des actions possibles (A) Les choix stratégiques de l'agent (S)
Niveau macro : éléments externes au choix de l'agent La fonction de conséquence (CO) Anticipation du choix des autres agents (E)

Publications

  • 1984, The Cooperative Game Theory of the Firm, Oxford: Clarendon Press
  • 1986, Horizontal versusVertical Information Structure of the Firm, American Economic Review, 76: 971–983
  • 1988, Information, Incentives, and Bargaining in the Japanese Economy, Cambridge (UK): Cambridge University Press
  • 1990,
    • a. Toward an Economic Model of the Japanese Firm, Journal of Economic Literature, 28 (1): 1–27
    • b. avec B. Gustaksson et Oliver Williamson, The Firm as a Nexus of Treaties, London: Sage
  • 2000, Institutional Evolution as Punctuated Equilibria, In: Claude Ménard, dir., Institutions, Contracts and Organizations: Perspectives from New Institutional Economics, Cheltenham, Edward Elgar Publishing, pp11-36
  • 2001, "Toward A Comparative Institutional Analysis", Cambridge: MIT Press
  • 2007, "Endogenizing institutions and institutional change", J. Inst. Econ. Vol 3, pp1–31

Liens externes


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