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Michael Oliver

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Michael Oliver, également appelé Mike Oliver[1], est né en 1928 en Lituanie. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a passé quatre ans, prisonnier, dans un camp de concentration nazi. Après la guerre, il a émigré aux États-Unis et a rejoint l'US Air Force pendant cinq ans. Il a travaillé dans l'industrie électronique comme rédacteur technique en Californie, à la fin des années 1950 et au début des années 1960, puis il a commencé à faire fortune dans l'immobilier en 1965, à Las Vegas (Nevada). À ce titre, il a développé des lotissements à Carson City, en aménageant des rues, des trottoirs, des services publics, et en préparant la zone pour la construction de bâtiments. Il s'est installé ensuite comme marchand de pièces numismatiques (Nevada Coin Exchange) en vendant des pièces d'or et d'argent servant de couverture financière contre l'inflation. C'est en Californie qu'il est entré en contact avec la philosophie libertarienne, en grande partie grâce à l'influence du Free Enterprise Institute d'Andrew Galambos et plus tard via le Nathaniel Branden Institute. Cet homme d'affaires libertarien actif a obtenu le soutien de John Hospers, l'ancien candidat libertarien en 1972 aux élections présidentielles des États-Unis. Il a écrit en 1968, un livre intitulé "Une nouvelle constitution pour un nouveau pays" et fut à l'origine de plusieurs projets de micronations comme la République de Minerva.

Une constitution minarchiste pour un État non coercitif

En écrivant une constitution, Michael Oliver souhaitait trouver un moyen de rendre l'État non coercitif. Dans sa réflexion menée depuis 1966, il ne souhaitait pas voir des libertariens qui aident à faire partir du pouvoir un dictateur pour voir apparaître ensuite un régime encore plus liberticide[2]. La réponse du public au livre fut dans un premier temps assez favorable avec une deuxième impression qui a été commandée trois mois plus tard. En juillet 1968, Mike Oliver a fait publier le numéro 1 du volume 1 de "Capitalist Counstry Newsletter". Ce bulletin qui a ensuite pris le nom de "Mike Oliver Newsletter" décrivait les plans à long terme visant à acquérir un territoire, et qui disposerait d'une pleine souveraineté pour l'établissement d'un pays libertarien où règnerait la libre entreprise sans paralysie bureaucratique.

Par conséquent, le but de la constitution de Mike Oliver est de protéger la vie, la liberté et la propriété sans la présence d'un État, et alors elle deviendra peu à peu inutile. Car forcer une personne à soutenir l'État, écrit-il, est un acte de collectivisme. Fournir gratuitement des services publics constitue également un acte de collectivisme. Ainsi, une personne peut ne pas soutenir la présence de l'État si tel est son choix. Cependant, elle doit supporter les conséquences de ses actes. Le principe de la constitution repose donc sur une participation volontaire au financement et à la réception de services d'un État limité. L'État devient alors une agence privée qui est engagée par les habitants pour la seule fonction de protection contre la force et la fraude. Les dépenses de l'État sont couvertes par le paiement volontaire des primes des participants. Il n'existe aucun impôt. En retirant le pouvoir de taxer, la constitution empêche alors l'État de pouvoir s'étendre et de grandir. De plus, le paiement des primes[3] peut être fourni volontairement en tant qu'avantage social par les entreprises à leurs employés, tout comme elles le font aujourd'hui avec les assurances. Il existe une séparation complète de l'État et de l'économie, similaire à la séparation de l'État et de l'église.

Inspiré par la philosophe Ayn Rand et par les idées économiques de Ludwig von Mises, la constitution de Michael Oliver n'est pas libertarienne mais minarchiste. Pour lui, l'État existe pour protéger les droits des individus[4] dans trois domaines uniquement : le système des tribunaux pour arbitrer les différends, la protection policière et la défense nationale.

Pour Michael Oliver, les tribunaux doivent être financièrement alimentés par les honoraires de celles et ceux qui choisissent de participer au système judiciaire. Car personne ne peut utiliser gratuitement un service auquel il n'a pas contribué par son travail. Une personne est libre d'ignorer le système judiciaire, mais si elle est coupable d'un crime (la violation des droits de quelqu'un d'autre qui est financeur du système), alors elle peut être appréhendée mais elle ne peut pas intenter une action en justice en tant que plaignante. Si une partie est perdante dans une affaire judiciaire, elle doit payer les frais liés au service du tribunal. De plus, selon Mike Oliver, une communauté libre ne punit pas les crimes sans victime. Cela implique des tribunaux moins chargés car il n'existe plus d'infraction pénale.

De la même façon, chaque individu doit être libre de refuser le paiement d'une protection policière. Dans un tel cas, il n'obtiendra pas le service. Mais encore une fois, le service policier peut être appliqué si un individu tente de violer les droits d'autrui.

En ce qui concerne la défense nationale, la Constitution prévoit des alinéas plus complexes et obscurs. Comme aux États-Unis ou d'autres pays, la constitution prévoit la création de deux corps législatifs bicaméraux. Mais, en plus, un "Comité d'alerte" garde un œil constant sur l'état de la défense de la nation contre d'éventuels agresseurs extérieurs. Personne n'est contraint de s'enrôler dans les forces armées et personne non plus n'est forcé de payer les dépenses militaires. Cependant, son explication de l'éviction du free rider[5] est floue. Mike Oliver soutient que la plupart des gens seront prêts à payer pour le soutien à une défense nationale dans la mesure où ils ne souhaitent pas perdre leur vie ou les fruits de leur travail. Il se rend compte que protéger un non payeur est inévitable mais néglige les effets sur le jugement d'iniquité ressenti pas les financeurs de la défense nationale et des risques d'exclusion sociale violente contre les free-riders, ce qui conviendrait à dire que le financement est obligatoire pour tous. Mais Mike Oliver laisse de côté ce risque de "guerre civile" interne.

En conclusion, le système juridictionnel de la constitution de Mike Oliver est fondé sur la hiérarchisation du Droit. Toutes les entités politiques (quartiers, communes, comtés, état nation) existent sous la forme hiérarchisée de poupées russes suivant le modèle théorique de la hiérarchie du Droit de Hans Kelsen. C'est-à-dire que la plus petite juridiction est soumise à la législation de son ainée. La non concurrence possible entre deux niveaux différents de gouvernance politique rend suspect le développement d'une société libertarienne qui aurait le goût du libertarianisme sans en avoir la nature profonde. Il n'y a pas de chevauchement juridictionnelle prévu dans la Constitution. Et, la gouvernance concurrentielle n'est pas au cœur du système. Certes, rien n'interdit à la concurrence des entreprises privées de se développer mais l'État étant l'arbitre de dernier ressort dispose d'un rôle liberticide inavoué dans la constitution de Mike Oliver. Certes, l'État, dans cette constitution, n'a pas le monopole de la force physique. Mais, il peut revendiquer à tout instant le monopole sur le droit de déterminer qui sera autorisé à recourir à la force et dans quelles circonstances, ce qui l'éloigne des prémisses libertariennes.

Pour le développement de la libre entreprise avec des individus responsables

Mike Oliver ne voulait pas que l'État joue un rôle quelconque dans la création ou la distribution de la monnaie. Le libre marché doit s'en charger. Si un opérateur décide de faire circuler du papier-monnaie, cela doit se faire avec la confiance accordée par les utilisateurs dans son support. L'émetteur doit donc fournir la preuve concernant l'existence d'un adossement suffisant aux émissions monétaires. Par pure logique de marché, la monnaie qui n'a pas la confiance du receveur est rejetée par lui. Il n'est cependant pas nécessaire que l'or et l'argent soient le seul support du papier-monnaie. Par exemple, un papier-monnaie émis par un fonds commun de placement peut être jugé acceptable, à condition que les billets du fonds commun de placement puissent à tout moment être échangés contre des certificats d'actions du fonds. La prévention et/ou la répression de la fraude entraînent l'intervention de l'État pour ceux qui ont payer le service. Les conséquences de cette politique rend ainsi l'expansion monétaire et l'inflation impossibles.

En ce qui concerne les droits personnels, l'État ne peut pas interférer avec la liberté d'expression, la liberté des médias et des communications, la liberté de réunion pacifique et la liberté de croyance. Il ne peut pas non plus adopter de lois concernant le mariage, le divorce, la séparation ou l'annulation d'une union. Il n'y a pas de crimes sans victime. Il n'y a pas de lois réglementant ou interférant dans les relations entre les employeurs et les employés. L'État ne peut pas saisir ou confisquer des biens personnels à moins qu'ils ne soient volés ou détenus illégalement. Comme le souligne John Hospers en 1975, les fils du droit à la sécession[6] dans la constitution oliverienne sont ténus. L'individu a le droit d'émigrer à tout moment, certes, à la condition que l'État limité initial ne se transforme pas en dictature par la suite. C'est une possibilité que Mike Oliver admet l'éventualité dans son interview de 1972 parue dans Reason Magazine.

L'État n'est pas autorisé à s'engager dans une entreprise commerciale ou de posséder des biens immobiliers. Il ne peut pas posséder ou exploiter des routes, ni d'autres moyens de transport public ou des systèmes de services publics comme des bureaux de poste ou des systèmes de communication, à l'exception des forces militaires nationales ou des forces de garde de comté. Pour assumer ses missions, il doit établir des contrats avec des personnes privées ou des entreprises sur un système de concurrence ouverte. Il ne peut pas non plus s'engager dans une quelconque redistribution des richesses : assurance, pensions de retraite, indemnisation maladie et handicap, programmes caritatifs et de bien-être, soutien des prix, subventions quelconques, soutien des salaires ou des prêts à des gouvernements étrangers.

Au niveau des relations étrangères, l'État ne peut conclure aucun traité ou accord international, sauf en temps de guerre lors de la négociation de la fin des hostilités, ou pour d'autres affaires directement liées à la guerre. Il ne peut pas non plus maintenir des ambassades ou des consulats dans un pays étranger, ni accepter la même chose d'un pays étranger sur son territoire[7].

Pour certains services de sécurité ou de surveillance de la fraude, il pourrait y avoir une concurrence de diverses agences qui serait coordonnées par une agence d'État. Mike Oliver prend l'exemple des Nouvelles-Hébrides avant l'indépendance. Il y avait un gouvernement français s'occupant des ressortissants français, un gouvernement britannique administrant les ressortissants britanniques et un gouvernement de condominium. Ce dernier, composé de fonctionnaires français et britanniques, servait d'arbitre pour les différends entre les deux parties pour sortir de toute impasse.

Partisan de la création d'une nation libertarienne from scratch

Mike Oliver fait partie de cette génération[8] qui veut voir de son vivant, une nation qui met en œuvre les principes libertariens. Il a vite compris les difficultés énormes d'essayer de changer une société aussi vaste et complexe que les États-Unis. Aussi, il a adopté une approche nouvelle qui appelle à la création d'un pays entièrement nouveau[9]. Au cours des décennies 1970 à 1980, il créa son organisation, New Country Project qui est devenu plus tard la fondation Phoenix, pour construire des enclaves libertariennes dans les îles du Bahamas ou dans les îles du Pacifique Sud.

En 1980, les Nouvelles-Hébrides approchaient de l'indépendance pour devenir le Vanuatu. Jusqu'alors, les gouvernements conjoints de la Grande-Bretagne et de la France gouvernaient le pays. Alors, un groupe de chefs tribaux des îles du nord a demandé de l'aide à Mike Oliver pour les aider à présenter à leur peuple une constitution qui tiendrait compte de leurs coutumes. La nouvelle constitution présentée par l'avocat de la fondation, Thomas Eck, assurait que ce pays émergent respecterait les droits de propriété personnels de tous ses habitants-citoyens ou non. En même temps, Mike Oliver fit acheminer, par l'intermédiaire de sa Fondation Phoenix, des centaines de milliers de dollars vers le chef de la rébellion, Jimmy Stevens. Il a également fourni des passeports pour constituer un État indépendant (le Vemarana) et de la monnaie (des pièces d'argent valant un Nagriamel). L'expérience s'est révélée être un échec[10].

La fondation Phoenix avait déjà essayé auparavant d'établir des États indépendants dans d'autres îles tropicales. Elle a mis en place le mouvement Abaco Independence[11] aux Bahamas, mais le Premier ministre du pays est vite intervenu et a interdit cette manœuvre. Puis Elle a retenté dans le Pacifique sud en 1972, avec la Minerva Reef[12] située entre les îles Fidji et le Tonga. Mais là, elle s'est heurté à des problèmes de marée et un peu au ridicule car les marées hautes ont fait disparaître le pays. De toute façon, le récif a été saisi par le roi des Tonga en tant que possession légitime. Très en colère, le roi envoya une équipe de débarquement pour hisser son propre drapeau sur les récifs. La tentative de créer un État souverain dans l'océan pacifique Sud fut un nouvel échec.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. À ne pas confondre avec J. Michael Oliver
  2. Dans ses interviews, il aime à répéter sa phrase gimmick : "Certains libertariens semblent être connus pour avoir aidé à détruire les mauvais États uniquement pour les faire remplacer par de pires".
  3. Compte tenu de la police, des tribunaux et de la protection militaire, Mike Oliver estime la prime à une niveau très faible d'environ 100 $ par personne et par an.
  4. Tout relève de la protection des droits individuels y compris les problèmes de santé publique comme les maladies contagieuses ou les questions d'écologie. La protection a pour corolaire la responsabilité individuelle.
  5. Il s'agit du problème classique du « passager clandestin » ou du problème d'externalité en économie, en ce sens qu'une personne reçoit des avantages du fait de l'activité d'autres personnes, mais ne les paie pas personnellement.
  6. John Hospers considère que la constitution de Michael Oliver ouvre le droit à chacun à la sécession car personne n'est obligé de payer les services de l'État pour la justice ou la sécurité. Cependant, il omet de relier la constitution à l'existence d'un code de la justice qui est lui, sujet à des modifications des gouvernants et à la qualification des peines. Certes, un libertarien est opposé à la violation des droits d'autrui et la justice doit interférer dans cette matière. Mais, de la réprobation du bout des lèvres jusqu'à la peine capitale ainsi que la capture par l'État de tous les biens et des propriétés familiales du coupable, il y a un grand écart qu'un libertarien isolé ne peut combler à lui seul.
  7. Il y a sans doute ici une faille dans la pensée constitutionnelle de Michael Oliver puisqu'elle aspire à créer des enclaves sur un territoire étranger mais elle empêche, en même temps, la même chose de se produire sur son propre territoire. Les relations n'étant pas symétriques elles peuvent être contestées sur le fond de la réciprocité.
  8. Un certain nombre de personnes ont soutenu les projets de Michael Oliver. Richard King fut désigné vice-président de Minerva, mais résidant en fait à Londres. M. C. Davis était est ingénieur en électronique. Il fut nommé président de la République de Minerva et a consacré son temps au projet Minerva. Il acheta un navire avec Robert Marks, propriétaire d'un parc forestier, pour soutenir le projet. Thurlow Weed, un ingénieur pétrolier, faisait partie avec Bob Marks de l'expédition initiale. Harry Schultz, le célèbre auteur et conseiller en placement, a été un partisan très utile de leurs efforts.
  9. Cette approche retraitiste comme l'appelait Murray Rothbard, était appréciée avec une certaine distance intellectuelle de la part des libertariens rothbardiens.
  10. L'expérience malheureuse de Mike Oliver, au Vanuatu, a inspiré la romancière, Chance DeWitt, pour écrire, en 2011, un livre de fiction inspiré de faits initiaux vrais, "Confederation of Dreams", aux éditions Smashwordsby
  11. Lynn Kinsky, Robert Poole, * 1974, "Abaco: Birth of a New Country?", Reason Magazine, October John Hospers (1975) a participé en février 1974 à la première réunion de l'assemblée d'Abaco. Il a pu se rendre compte que la Constitution d'Oliver a pris des dispositions en ce qui concerne l'immigration dans le pays. La prémisse de départ est que tous les biens immobiliers appartiennent à des particuliers. Par conséquent, il appartient à chaque propriétaire, et non à l'État, de vouloir ou non l'installation provisoire ou définitive d'un étranger sur sa propriété ou de lui en vendre une partie. Dans le cas du projet Abaco, la terre déjà détenue par les Abaconiens indigènes, une fois la sécession d'Abaco des Bahamas réussie, devait rester leur propriété à moins qu'ils ne choisissaient de la vendre. Cependant, 50 % de l'île était des "Terres de la Couronne royale anglaise" qui devait se transformer en société privée dans laquelle chaque Abaconien aurait été actionnaire. Par conséquent, les actionnaires du pays aurait pu voter qu'elles sont les personnes et les entreprises qu'elles souhaitaient avoir dans leur pays.
  12. Le projet dénommé Minerva construit par la Pilkington Glass Company était une "ville maritime". La conception de la ville devait accueillir 30 000 personnes. Ce projet mené avec Richard King devait coûter des centaines de millions de dollars car il existait des problèmes techniques liés aux brise-lames, ce qui pouvait être des facteurs limitants en termes de population de Minerva. L'inspiration vient de la lagune de Venise, qui date de plus de 1500 ans. La Pilkington Sea City devait être construite sur pilotis, avec des unités flottantes à l'intérieur du lagon créé artificiellement. Elle aurait été entourée à 360 degrés par de l'eau turquoise dans une zone peu profonde. Le projet répondait au besoin déjà naissant d'une solution à l'augmentation de la population et à l'augmentation du coût des terres. Une agriculture hydroponique pouvait y être développée. Le projet s'est construit en concertation avec la fondation "Ocean Life Research", laquelle tente de savoir comment établir des communautés tournées vers la mer, en raison de la diminution des zones foncières exploitables au niveau agricole sur le continent. Les deux projets ont en commun le souhait de découvrir comment utiliser les matières premières de la mer pour le développement des villes maritimes. Pour avoir des collectivités libertariennes prospères, indique Mike Oliver, il doit y avoir une base économique solide.

Publications

  • 1968, "A New Constitution for a New Country", Reno: Fine Arts Press

Littérature secondaire