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Théorie des mèmes

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La théorie des mèmes analyse la diffusion des idées et des pratiques dans les groupes sociaux en s'appuyant sur une analogie avec le mode de diffusion des gènes de la théorie darwinienne de l'évolutionnisme. Un mot sur une feuille de papier est un mème tout comme la recette sur l'écran de l'ordinateur, la forme d'une voiture ou d'un meuble est un mème ou encore toutes les règles de conduite ou les rumeurs.

Cette théorie repose sur l'hypothèse du rôle central de l'imitation dans la réplication culturelle. Les mèmes comme les gènes sont des réplicateurs ou des interacteurs. Les phénomènes culturels auraient une évolution semblable, dans ses principes, à celle des gènes. Sur ce point plusieurs théories divergent. Celle qui mène à la sociobiologie prétextant une influence des gènes sur la culture. Une autre théorie tend à proposer une co-évolution des gènes et des mèmes avec une influence réciproque et une dernière théorie considère une indépendance d'évolution entre gènes et mèmes.

La théorie des « mèmes » fut proposée par l'éthologiste anglais Richard Dawkins en 1976 dans un livre intitulé "The Selfish Gene" (Le Gène égoïste). Selon sa théorie, la complexité du vivant procède de stratégies des gènes pour assurer leur reproduction. Ces gènes sont dits égoïstes car ils n'ont d'autre finalité que leur propre pérennité. Dans l'évolution de l'espèce humaine, il arrive que la forme prise par l'évolution soit contraire à la survie des gènes (par exemple, le développement du cerveau humain sur-consommant de l'énergie). C'est pourquoi, Richard Dawkins introduit dans sa théorie un autre réplicateur égoïste dont l'intérêt contredit celui du gène, c'est à dire ayant un intérêt pour le développement hypertrophique du cerveau, ce facteur est donc appelé le mème. Cette théorie est reprise aujourd'hui, notamment par le philosophe américain Daniel C. Dennett et par la psychologue anglaise, Susan Blackmore.

Les mèmes peuvent être considérés comme des entités culturelles dotées d'attributs qui leur donnent la capacité de se répliquer d'être humain à être humain. Ils ont la capacité d'imitation très sophistiquée que seuls les humains maîtrisent sans une réelle conscience de le faire[1]. A cela s'ajoutent d'autres attributs comme la capacité de se combiner, de se modifier, et de créer de nouveaux mèmes. Sans l'apprendre de quelqu'un d'autre l'être humain a développé cette capacité d'apprentissage mémétique. Des expériences à l'université Libre de Bruxelles menées par Luc Steels, sous l'inspiration du modèle proposé par Susan Blackmore, ont montré l'émergence d'une coordination du langage simplifié des robots communiquant entre eux simplement par des sons, qui de copiage en copiage sont arrivés à un accord de la désignation des choses pour chacun des sons émis. La neurobiologie a montré également des emplacements spécifiques dans le cerveau réservés à l'application de l'imitation.

Le processus d'évolution est indépendant du processus d'évolution biologique. Les mèmes et les gènes ont appris à cohabiter même s'ils peuvent apparaître en concurrence car ils sont tous les deux des générateurs de copies. Mais, dans bien des cas, ils sont des alliés. Par exemple, une bonne hygiène de vie par des comportements mémétiques renforce les mécanismes de défense du corps humain et donc n'affaiblit pas les gènes.

En théorie des organisations, la théorie des mèmes est proche de la théorie des routines (Sidney G. Winter) et également de la théorie managériale (James G. March) de la prise de décision conditionnelle ou également connue sous le nom de décision fondée sur des règles. Le processus de la prise de certaines décisions est dû au simple fait qu'il a été déjà choisi dans des situations comparables dans le passé. Les stimuli d'un certain problème conduisent à une action réflexe ou à une routine pour choisir une certaine solution prédéfinie.

Notes et références

  1. Susan Blackmore ajoute que le dauphin et le colibri sont des espèces animales qui ont cette capacité également.

Bibliographie

  • 1976, Richard Dawkins, The Selfish Gene, Oxford University Press, Oxford
    • Nouvelle édition en 1989, Oxford University Press, Oxford
    • Traduction en français en 1996, Le Gène égoïste, Odile Jacob
  • 1982, D. L. Hull, The naked meme, In: H. C. Plotkin, dir., Learning Development and culture, essays in evolutionary epistemology. New York: John Wiley & Sons
  • 1988, R. N. Brandon, The levels of selection: A hierarchy of interactors, In: H. C. Plotkin, dir., The Role of Behavior in Evolution, Mit Press.
  • 1990,
    • D. C. Dennett, "Memes and the Exploitation of Imagination", The Journal of Aesthetics and Art Criticism, 48(2), pp127-135
    • E. Moritz, "Memetic Science: I - General Introduction", Journal of Ideas, 1, pp1-23
  • 1993, A. J. Baker et A. Lynch, A Population Memetics Approach to Cultural Evolution in Chaffinch Song: Meme Diversity Within Populations, The American Naturalist, 141(4), pp597-620
  • 1995,
    • Richard Brodie, Virus of the Mind: The New Science of the Meme, Integral press
    • If Price, Organisational Memetics?: Organisational Learning as a Selection Process, Management Learning, 26, pp299-318
  • 1996,
    • A. Lynch, Thought contagion. The new science of memes. How belief spreads through society, New York: Basic books
    • Hans-Cees Speel, Memetics: On a conceptual framework for cultural evolution, In: F. Heylighen et D. Aerts, dir., The Evolution of Complexity, Kluwer, Dordrecht
  • 1999. Susan Blackmore, The Meme Machine, Oxford, Oxford University Press
    • Nouvelle édition en 2000, ISBN 019286212X
    • Traduit en français en 2006, La théorie des mèmes, Max Milo
  • 2000, R. Aunger, Darwinizing culture : the status of memetics as a science, Oxford: Oxford University Press
  • 2001, D. Dennet et R. Aunger, Darwinizing Culture : The Status of Memetics as a Science, Oxford University Press
  • 2002,
    • R. Aunger, The Electric Meme : A New Theory of How We Think and Communicate, Free Press
    • S. J. Shennan, Genes, memes and human history : Darwinian archaeology and cultural evolution, London: Thames & Hudson
  • 2003, Daniel C. Dennett, Freedom Evolves, Viking Press
  • 2004, K. Distin, The Selfish Meme : A Critical Reassessment, Cambridge University Press

Liens externes