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Tipflation

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Proposition de pourboire pour un café aux États-Unis en avril 2023, représentant jusqu'à 78% de pourboire

La Tipflation désigne l'augmentation rapide du recours aux pourboires aux États-Unis, ainsi que de leur montant, principalement dans la lignée de la crise du COVID et du pic d'inflation en 2023.

Origines de la tipflation

Le pourboire a toujours fait partie de la culture américaine, en particulier dans la restauration, avec des pourboires « normaux » aux environs de 15 à 20% de l'addition. Cela tient à la structure de la rémunération des serveurs, dont le salaire payé directement par l'employeur peut être sous le salaire minimum à condition que les pourboires permettent d'atteindre le salaire minimum et plus[1].

Le pourboire a historiquement été présent dans de nombreuses industries, mais largement voire totalement absent dans d'autres. Ainsi, les applications de VTC telles que Uber ont longtemps refusé d'inclure la possibilité de donner des pourboires aux États-Unis, et ce n'est qu'en 2017 que Uber a expérimenté la possibilité de donner un pourboire. En 2019, 60% des clients d'Uber ne donnaient jamais de pourboire, et seuls 1% en donnent un de manière régulière[2]

Présentation et causes de la tipflation

La culture du pourboire s'est largement diffusée à partir de 2020, y gagnant le surnom de « tipflation ». Parmi les professions où le pourboire s'est très rapidement diffusé figurent les VTC, les livreurs de plats, ou les barristas dans les cafés. Cette tipflation a généré dans la foulée une lassitude, appelée « tipping fatigue », devant les abus, ou l'addition des pourboires à de nombreux nouveaux frais pour faire face à l'inflation. De nombreux influenceurs ont également rappelé que le pourboire était optionnel, et qu'un mauvais service justifiait le fait de ne rien laisser en pourboire[3].

Les principales raisons avancées à la diffusion de la culture du pourboire dans d'autres industries ou à la hausse de leurs montants moyens sont liées à la crise du COVID en 2020 - 2021, ou au pic d'inflation apparu en 2022 et 2023. Les mesures mises en œuvre par les différents états ou par le pouvoir fédéral ont fragilisé de nombreuses industries, dont celle de la restauration, et les salariés vivant largement de ces pourboires (serveurs, taxis, coiffeurs, etc.). Dans une logique de compensation ou de remerciements pour ce qui était vu comme une prise de risque face au COVID, de nombreux consommateurs ont nettement augmenté les pourboires laissés.

Une autre cause régulièrement avancée est technologique, avec la diffusion de pots à pourboire digitaux créés par des sociétés comme Square, Clover ou Toast. Affiché sur des tablettes, le pourboire par défaut est plus élevé que le pourboire moyen passé, mais est en particulier visible à tous les clients dans la file d'attente, créant une pression sociale certaine[4].

Pourboires et salaire minimum

Searchtool-80%.png Article détaillé : Salaire minimum.

Plusieurs états américains, généralement démocrates, obligent progressivement les employeurs à payer le salaire minimum à leurs salariés même s'ils touchent des pourboires. Il s'agit de la Californie, de l'Oregon, du Nevada, ou du Minnesota, du Montana et de Washington D.C[5]. Comme le principe même du salaire minimum, cette idée surement inspirée par des motifs louables se retourne généralement contre ceux qu'elle est sensée aider : les personnes bénéficiant de pourboires craignent en particulier une diminution des pourboires et de leur rémunération nette, la hausse du salaire direct se retrouvant dans l'addition déjà payée par les clients, à travers des « service charges », qui reviennent à l'employeur, seul décisionnaire sur l'usage de cet argent[5]. Pour faire face à la loi, il est ainsi fréquent de voir des restaurants supprimer purement et simplement les pourboires, et d'augmenter de 25% l'addition via ces services charges (ou gratuities), un niveau plus élevé que les pourboires moyens mais qui finit dans la poche du restaurateur et non du salarié[1].

Alors que l'employeur était déjà tenu de couvrir la différence si les salariés ne pouvaient pas atteindre le salaire minimum avec leurs pourboires, les législations en cours réduisent la possibilité pour les serveurs de gagner plus que le salaire minimum grâce à leurs pourboires s'ils faisaient un travail de qualité pour leurs clients. En outre, les incitations financières que ce système créait en faveur de la qualité de service sont réduites voire détruites, avec des risques de long terme sur ce point encore mal appréhendés.

De manière générale, les changements introduits par la loi génèrent une complexité coûteuse, rendant fréquentes les publications de guide pour savoir comment et combien payer au restaurant, même pour les américains ![5]. Enfin, alors que la santé financière de la restauration est déjà mise à mal par l'inflation, ces lois introduisent un risque financier additionnel notable pour l'industrie et donc ses salariés.

Notes et références


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