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Inflation

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Billet de 1 milliard de marks (1922) - surcharge d'un billet de 1000 marks

Qu'elle soit rampante ou galopante, tous les pays ont connu le phénomène de l'inflation lors de leur évolution historique[1] et quel que soit leur niveau de développement ou de leur structure politique[2]. Cependant, les économies libérales sont parmi toutes, celles qui connaissent un taux d'inflation le plus mesuré.

L'inflation est une baisse durable de la valeur de la monnaie, entraînant une hausse généralisée et persistante du niveau général des prix, se répercutant sur les anticipations des agents économiques. La monnaie n'est pas uniquement une expression de la valeur des biens comme le mètre pour la distance ou le kilogramme pour le poids. Elle sert de lien entre le présent et le futur. La stabilité des prix qui décrit la situation où la variation des prix est très faible ou nulle, n’influe pas sur les décisions des agents économiques dans la mesure où elle est uniforme entre tous les secteurs économiques[3]. Par contre, les comportements des agents économiques, sensibles à l'inflation, à la déflation[4] ou à la désinflation[5], influencent l'évolution de l'inflation. Les individus tentent de conserver leurs encaisses réelles[6] car ils ne sont pas dupes de l'illusion monétaire créée par l'inflation et ils exigent le maintien de leur pouvoir d'achat en valeur réelle.

L'inflation est un processus de hausse générale des prix. Le mot "processus" est essentiel. Cette autre définition ne présuppose pas quelles seraient les causes de l'inflation. Elle est plus générale. Ainsi un événement contribue à la hausse des prix. Et un autre évènement contribue simultanément à faire baisser les prix. Dans certains cas, ces deux événements contribuent tous les deux au processus de l'inflation, mais en sens contraire.

L'injustice de l'inflation incitée par l'État

L'inflation a toujours été, au cours de l'histoire, un outil politique employé par l'État, avec facilité[7] pour fausser la valeur de la monnaie, particulièrement quand il est endetté au-delà du raisonnable ou qu'il souhaite répondre à la "demande sociale" et tenir des promesses électorales.

L'État profite prioritairement de l'injustice de l'inflation en manipulant les électeurs par son effet d'ébriété[8]. L'inflation n'est pas seulement inique parce qu'elle répartit artificiellement les revenus et la distribution de ceux-ci, elle perturbe également le système économique. La création de monnaie ex nihilo permet aux gouvernements d'acheter de vraies ressources avec de la fausse monnaie. Les premiers utilisateurs du « nouvel argent » sont les politiciens, les bureaucrates, les fournisseurs du gouvernement et ces entrepreneurs qui obtiennent de généreux prêts bancaires. Ceux qui perdent le plus sont les derniers à employer les billets : les pauvres et les épargnants. Le transfert se fait par l'inflation, qui érode le pouvoir d'achat des billets.

L'inflation crée des faux droits

Les dépenses publiques sont financées par l'emprunt ou par l'impôt. Une hypothèse possible est que les autorités monétaires créent directement (planche à billets) ou indirectement (politique d'open market) de la monnaie pour financer la dette publique. Cette solution n'est pas possible si la monnaie est rattachée à un étalon, à un valorimètre comme peut l'être l'or. Dans ce cas, la monnaie est indépendante de la politique gouvernementale. Dans le passé, le système de l'étalon-or limitait le pouvoir discrétionnaire des autorités monétaires.

L'or ne doit pas entrer dans la circulation monétaire comme le préconisait le système au XIXe siècle mais la banque centrale doit prendre l'engagement d'acheter et de vendre sa propre monnaie contre de l'or à prix fixe et de manière illimitée. Dans l'hypothèse d'une politique monétaire laxiste menant à un excès de création monétaire, les détenteurs de monnaie tendent à s'en débarrasser pour demander une monnaie étrangère. Le taux de change de la monnaie nationale se déprécie. La banque centrale perd ses réserves d'or et se voit obligée de ralentir sa politique monétaire expansionniste.

Les nouveaux économistes[9] font des restrictions à l'hypothèse de l'étalon-or car les gouvernements ont tendance à ne pas respecter cette règle. Ils préfèrent dévaluer la monnaie plutôt que d'adopter une politique monétaire restrictive. Le système de l'étalon-or ne fonctionnerait que si l'on acceptait de supprimer ou de privatiser les banques centrales.

Lorsque le gouvernement s'attribue des droits de prendre possession des marchandises, il évince des acheteurs privés. Dans le domaine monétaire, la situation est amplifiée. L'inflation est caractérisée par la distribution de faux droits notamment par le refus de la répartition des revenus qui se constaterait dans une situation de prix stables, c'est-à-dire que la création excessive de moyens de paiement et des hausses de salaires, en valeur nominale, est très supérieure aux gains de productivité en valeur réelle.

La monnaie est l'égout collecteur des fausses créances indésirées.
Jacques Rueff, L'ordre social
Il semble que dans une économie de marché, c'est-à-dire une économie où les décisions sont décentralisées et fortement complexes, la régulation, seule efficace, est la régulation de la masse monétaire à condition que les différents agents économiques acceptent l'application des règles du jeu fondamentales d'une économie de marché décentralisée.
Maurice Allais, Impôt et capital, p157

Maurice Allais assimile le mécanisme de crédit et la création de faux droits à une association de faux monnayeurs qui prêteraient moyennant intérêt la fausse monnaie qu'ils fabriqueraient [10]. Or, nos institutions fonctionnent ainsi sans être dénoncées par l'opinion publique. Il existe une création de faux droits lorsque la masse monétaire s'accroît, ce qui engendre un pouvoir d'achat ex nihilo ne correspondant à aucun service rendu. Ces faux droits créent la hausse des prix, ce qui appauvrit les agents économiques qui ne sont pas détenteurs de ces faux droits, mais favorise une oligarchie financière :

On est sorti des limites, des contraintes de rareté, et c’est la conséquence ultime, non perçue, non théorisée par les fondamentalistes, du décrochage de 1971. La monnaie est libre comme l’air, le crédit aussi, les assets également. Nous sommes sortis du monde dual, du monde pesant où la régulation se faisait par les deux outils/leviers, le monétaire et le budgétaire, et nous sommes dans un monde mono-outil, un seul outil est utilisé et c’est le monétaire. (...) C’est la possibilité de créer de la monnaie « out of thin air » qui permet la lévitation structurelle qui constitue l’originalité du nouveau système.
Bruno Bertez, L'Agefi, 16/07/2014, p.18

Nous sommes tous victimes de l'inflation

L'inflation provoque à court ou à long terme l'augmentation du taux d'intérêt en valeur nominale. Cette hausse du taux d'intérêt occasionne une augmentation du coût du crédit. De plus, lorsqu'il s'élève moins vite, en valeur nominale que le niveau des prix, alors le taux d'intérêt réel s'abaisse quelquefois pour devenir négatif. Les agents économiques sont alors sollicités pour s'endetter. Ce processus conduit à une spoliation de l'épargnant et à un enrichissement indu des emprunteurs. Les agents économiques protestent contre cette spoliation en fuyant la monnaie, c'est-à-dire en accélérant la vitesse de circulation de la monnaie et créant l'hyperinflation[11]. L'augmentation des moyens de paiement a des effets de processus auto-entretenus avec une augmentation induite de la vitesse de circulation[12] qui mène à l'effondrement complet du système économique[13].

L'erreur fréquente des autorités monétaires fut souvent de conclure que l'augmentation de la vitesse de circulation était provoquée par une insuffisance des moyens de paiement et que les agents rétablissent d'eux-même l'équilibre en accélérant le rythme de leur transaction. Alors qu'une augmentation de la vitesse de circulation n'est que le symptôme d'une surabondance et non d'une insuffisance de moyens de paiement. En définitive, le fait que les banques commerciales créent de la monnaie en contrepartie de la distribution de crédit a pour effet de transférer le pouvoir d'achat aux bénéficiaires de crédit sans que simultanément quelqu'un d'autre renonce à un pouvoir d'achat correspondant. L'inflation est facteur de dégradation de l'ordre social et d'interventionnisme de l'État[14].

L'évidence voudrait que l'on désigne tous ceux qui empruntent et tous ceux qui accordent ces emprunts (banque et État) comme les grands bénéficiaires de l'inflation. Or, il s'avère que, dans la réalité, eux aussi sont tôt ou tard des victimes de l'inflation.

Pour certains agents économiques, l'inflation réduit le poids de l'endettement. Elle facilite le financement des achats immobiliers et déclenche un engouement pour la propriété[15]. Malheureusement, il s'avère que cet acquis immobilier s'obtient avec de l'argent durement gagné. Les salaires en valeur nominale sont nettement inférieurs à ceux obtenus au début du prêt. Les entreprises investissent quand l'inflation réduit la charge qui en résulte et rentabilise de façon quasi certaine l'opération puisqu'il est plus profitable de s'endetter que d'épargner. Néanmoins, l'inflation gonfle artificiellement le profit et le bénéfice imposable. En effet, les déductions fiscales pour amortissements s'effectuent sur la base du coût historique. La comptabilisation des stocks ou le maintien du fonds de roulement gênent le remplacement des installations et provoquent des pertes sèches pour l'entreprise. Il se produit un gaspillage du capital car la productivité des investissements n'est pas suffisante pour compenser l'effort d'épargne.

Les banques commerciales sont incitées, lors du développement de l'inflation, d'accompagner ce laxisme inflationniste, ce qui permet d'accroître leur profit. Pourtant, le pouvoir de création monétaire n'est que temporaire et la création est annihilée par la destruction monétaire lorsque le remboursement de l'emprunt est réalisé. Or, ce remboursement s'effectue sur la base de la valeur réelle de l'emprunt de départ diminué du taux d'inflation sur la période. En définitive, l'emprunteur ne rembourse pas complètement la banque et les profits que la banque estime réaliser ne sont qu'une illusion monétaire. Pour maintenir ou accroître ses profits, la banque ne peut qu'accroître ses autorisations de crédit en se reposant de moins en moins sur des créances fiables. Le système court à la catastrophe et l'État fait croire qu'il est le seul à pouvoir subvenir à la situation en appliquant "l'arsenal" de ses règlementations (contrôle de crédit, hausse du taux d'intérêt...) et il s'installe en assureur général omniscient, omniprésent et digne de confiance pour les autorités bancaires et pour les individus ayant des revenus en dépôt dans les banques les moins sérieuses.

L'inflation réduit effectivement la dette publique de l'État. La pression fiscale augmente du fait de la modification de la grille d'imposition lorsque l'impôt sur le revenu est progressif. Les augmentations de revenus sont nominales mais le pouvoir d'achat est stable ou décroît en raison de l'inflation. L'impôt est basé sur les revenus nominaux et non réels. Et, un individu va passer d'un échelon inférieur à un échelon supérieur sans croissance de ses revenus réels. En définitive, il est facile de dénoncer quel est le bénéficiaire direct ou indirect de l'inflation. Maurice Allais remarque parmi les principaux bénéficiaires de l'inflation "ceux qui appartiennent aux féodalités ploutocratiques, politocratiques et technocratiques"[16]. En situation d'inflation, les prix et les rémunérations ne jouent plus leur rôle régulateur. Lorsque l'hyperinflation arrive, ce n'est plus seulement une crise économique et sociale qui survient, c'est également une crise dans la survie de l'humanité[17].

Inflation et hausse des prix

  • inflation monétaire : une trop grande quantité de monnaie est émise, ou à l'inverse une trop faible demande de monnaie survient ;
  • inflation par les coûts : le coût d'un produit essentiel augmente de façon notable, ce qui a des répercutions sur les coûts des autres produits ou services (par exemple, la hausse du cours du pétrole à partir de la rupture de 1973) ;
  • inflation par la demande : la demande d'un produit ou d'un service essentiel excède l'offre, et les producteurs augmentent leur prix ;
  • l'indexation : si le prix d'un élément essentiel augmente, tous les autres prix indexés sur lui suivent mécaniquement ;
  • panique monétaire : si les acteurs économiques se persuadent que la monnaie va perdre de sa valeur, on assistera à une chute sur le marché des changes et à une forte inflation, qui validera l'anticipation inflationniste et la renforcera (tout le monde est pressé d'échanger son argent contre d'autres monnaies ou des biens "réels", qu'on en ait besoin ou pas, et à n'importe quel prix).

Progressivité de l'inflation

Il faut noter qu'une création monétaire excessive ne se traduit pas forcément immédiatement en augmentation des prix : les montants créés peuvent en effet être détenus par les banques commerciales sous la forme de réserves excédentaires auprès de la banque centrale et ne pas se traduire immédiatement par des prêts à leurs clients (les banques cherchent à assurer leur liquidité ou sont confrontées à une absence de demande de crédit à cause de la récession). La monnaie créée peut rester au sein du système financier sans avoir été injectée dans l'économie au sens large, et donc sans avoir créé d'inflation (on parle de "trappe à liquidités"). L'inflation n'est pas liée seulement à la quantité de monnaie, mais aussi à sa vitesse de circulation, un facteur qui n'est pas contrôlable :

L’inflation n’est pas un pur phénomène monétaire mais également un phénomène comportemental. A elle seule, la planche à billets ne produit pas de l’inflation. Elle doit se combiner à la volonté des individus à emprunter, dépenser et investir. Une telle volonté est principalement psychologique — elle dépend des « esprits animaux » décrits par Keynes. Toutefois, une fois que les anticipations passent de déflationnistes à inflationnistes, elles s’inversent difficilement.
Jim Rickards, 22/12/2016

La monnaie nouvellement créée peut souvent engendrer des « bulles spéculatives » sur certains marchés, par exemple celui des actifs financiers[18]. Son principal usage, en dépit de toutes les dénégations des banquiers centraux, est toutefois d'acquérir des actifs publics et donc de monétiser indirectement la dette publique, ce qui contribue à appauvrir le pays sans qu'un coupable puisse être nommément désigné.

On appelle "effet Cantillon" le caractère progressif de transmission de l'inflation, du nom de Richard Cantillon (Essai sur la nature du commerce en général), qui étudie la grande inflation du XVIe siècle due à l'introduction en Europe de l'or des conquêtes espagnoles d'Amérique du Sud. Cantillon montre que l’inflation apparaît de manière progressive, en démarrant auprès des fournisseurs du roi d'Espagne qui voient leurs prix augmenter. L'inflation se déplace en cercles concentriques, à partir d'un petit noyau de personnes (les riches et les puissants) vers un groupe de plus en plus large d'individus qui en sont affectés. L'action des banques centrales contemporaines est typique de cet effet :

La question n’est pas seulement de savoir combien de jetons on crée, mais bien de savoir à qui on les donne. C’est cela qui est important, car ceux à qui on les donne, ces jetons, les banques, les ploutocrates, les kleptocrates, la Communauté Spéculative Mondiale, ont accès à un pouvoir d’achat quasi gratuit qui leur permet de rafler toutes les richesses avant les autres : l’immobilier, les actions, les œuvres d’art, l’or, etc. En clair, ceux qui sont proches du guichet qui distribue les jetons bénéficient d’un avantage incroyable, par comparaison à ceux qui sont en bout de chaine et qui ont à peine accès au crédit pour se loger ou s’installer un petit commerce, ou payer les études de leurs enfants.
Bruno Bertez, L'Agefi, 15/09/2016, p.20

L’École autrichienne a généralisé ce principe pour expliquer la transmission de la création monétaire dans l'économie. Les réels bénéficiaires d'une hausse de la masse monétaire sont ceux qui reçoivent l'argent les premiers. Ils peuvent alors s'approprier davantage de biens disponibles qu'avant l'augmentation de la masse monétaire. Cela signifie que moins de biens sont désormais disponibles pour les personnes qui n'ont pas reçu le nouvel argent, les derniers "bénéficiaires" de l'inflation monétaire. Le fait que leur demande effective doit diminuer est rendu manifeste par la hausse des prix et la chute conséquente de leur pouvoir d'achat.

Schizophrénie de l’État

Plutôt que de s'attaquer aux causes de l'inflation dont il est lui-même la source réelle, l'État préfère en général lutter contre ses effets, par exemple en interdisant les hausses de prix, ou en accusant les "profiteurs", "spéculateurs", "affameurs", etc. Ce faisant, il ne fait qu'accélérer la ruine du pays.

Un exemple ancien est celui de l'Édit du Maximum (301 après J.-C.) : l'empereur romain Dioclétien, confronté à une inflation galopante (dont il était lui-même la cause de par sa politique monétaire), impose un prix plafond maximum pour plus d'un millier de produits. Le résultat fut la faillite des marchands, le retour au troc et le développement d'une économie de marché noir. C'est la réforme de Constantin Ier, vers 311, qui mettra fin à l'inflation en instaurant une monnaie-or, le solidus.

Le système de Law (1715-1720) essaie de remédier à l'énorme endettement laissé par Louis XIV par l'émission de monnaie-papier contre de l'or. La banque de Law finit par émettre beaucoup plus de papier-monnaie qu'elle n'avait réellement d'or et d'argent en dépôt, jusqu'à sa banqueroute en 1720.

Lors de la Révolution française, la crise financière durera de 1789 à 1799, marquée par l'inflation, l'accroissement de la dette publique, et l'instauration de l'assignat, monnaie-papier gagée sur les biens de l’Église. Les différents pouvoirs qui vont se succéder essaieront toutes les recettes pour lutter contre l'inflation : impôts sur les riches, subventions aux pillards, confiscations des grandes propriétés de propriétaires terriens, émission de nouveaux assignats, guerres, etc.[19] En 1793, la Convention vote la "Loi du maximum général", qui fixe des prix maximum pour de nombreuses denrées (ainsi que pour les salaires) ; cette loi, qui tente de remédier à la disette qui sévit dans la France révolutionnaire, sera abolie en 1794, au vu de son inefficacité et des pénuries qu'elle provoque. C'est la restauration de l'étalon-or par Napoléon qui permettra à la France de retrouver un équilibre économique.

Annexes

Citations

  • L'inflation, c'est de subventionner des dépenses qui ne rapportent rien avec de l'argent qui n'existe pas. (Jacques Rueff)
  • L'inflation est à l'argent ce que la salade verbale du schizophrène est au langage ; ils illustrent tout d'abord que l'homme, selon les termes de Nietzsche, est « un animal qui fait des promesses », et ensuite, qu'il est plus facile de rompre une promesse que de la tenir. (Thomas Szasz)
  • La meilleure façon de détruire le système capitaliste est de s'attaquer à sa monnaie. Par des procédés constants d'inflation, les gouvernements peuvent confisquer d'une façon secrète et inaperçue une part notable de la richesse de leurs nationaux. Par cette méthode, ils ne font pas que confisquer : ils confisquent arbitrairement et tandis que le système appauvrit beaucoup de gens, en fait il en enrichit quelques-uns. La méthode se poursuivant, la valeur réelle de la monnaie variant de mois en mois, les rapports constants de débiteurs à créanciers, qui constituent le premier fondement du capitalisme, sont troublés au point de perdre toute signification. Et les procédés d'enrichissement deviennent un jeu de hasard, une loterie. Il n'y a pas de moyen plus subtil et plus sûr de bouleverser la base actuelle de la société que de corrompre la circulation monétaire. Le procédé range toutes les forces cachées des lois économiques du côté de la destruction, et cela d'une façon que pas un homme sur un million ne peut prévoir. (John Maynard Keynes, La Réforme monétaire, 1923)
  • L’État est fondamentalement inflationniste : c’est parce que l’inflation est un moyen à la fois puissant et subtil de s’approprier les ressources de la population. Elle est d’autant plus dangereuse qu’elle est moins douloureuse que l’impôt. (Murray Rothbard )
  • L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire en ce sens qu'elle est et qu'elle ne peut être générée que par une augmentation de la quantité de monnaie plus rapide que celle de la production. (Milton Friedman)
  • L'inflation est une forme d'imposition qui possède une caractéristique tout à fait particulière : c'est la seule forme d'imposition qui puisse être appliquée sans l'accord de personne. Aucun représentant du Congrès ne s'est jamais trouvé dans l'obligation de prendre parti et de dire « je vote pour l'inflation », mais il n'empêche que l'inflation est tout de même une forme d'imposition. Elle l'est directement, à travers la monnaie émise pour financer les dépenses du gouvernement. Elle l'est aussi indirectement, dans la mesure où, lorsqu'il y a inflation, les contribuables se trouvent placés dans des tranches de plus en plus élevées et sont soumis à des taux d'imposition plus forts sans qu'il y ait de relèvement officiel. (Milton Friedman, Inflation et systèmes monétaires, 1968)
  • Recourir à l'inflation pour surmonter des difficultés passagères équivaut à brûler ses meubles pour se chauffer. (Ludwig von Mises)
  • L'inflation est la voie vers le chômage. (Friedrich Hayek, Nouveaux Essais de philosophie, de science politique et d'économie)
  • Je ne pense pas que cela soit une exagération de dire que l’Histoire est largement une histoire de l’inflation, une inflation habituellement fabriquée par les gouvernements, pour le gain des gouvernements. (Friedrich Hayek)
  • Qu'est-ce que le scandale de Panama au regard de l'énorme "racket" permis par l'inflation ? Presque une goutte d'eau dans la mer. (Maurice Allais)
  • La première panacée d’une nation mal gouvernée est l’inflation monétaire ; la seconde, c’est la guerre. Toutes deux apportent une prospérité temporaire ; toutes deux apportent une ruine permanente. Mais toutes deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques. (Ernest Hemingway, Notes sur la prochaine guerre, 1935)
  • Il est frappant – mais pas surprenant – de constater que jamais dans l’Histoire il n’y a eu autant d’inflation et de crises monétaires que depuis ces nationalisations des monnaies qui ont ôté aux monnaies formelles la plus grande partie de leur caractère monétaire. (Pascal Salin)
  • Le gain dans la mutation de la monnaie est pire que l’usure. (Nicolas Oresme, Traité de la première invention des monnaies, 1355)
  • Vous ne pouvez raisonnablement penser que si la quantité de blé, de draps, de navires, de chapeaux, de souliers reste la même, la part de chacun puisse être plus grande, parce que nous nous présenterons tous sur le marché avec une plus grande quantité de francs métalliques ou fictifs. (Frédéric Bastiat, Maudit argent)
  • A défaut de QI (quotient intellectuel), l’État procède à des QE (quantitative easing). (Philippe Béchade, décembre 2013)
  • L'inflation c'est l'impôt qui ne se voit pas. Et c'est la solution des gouvernements qui sont ruinés. Quand on n'a plus d'argent, on le vole, tout simplement. (Nicolas Doze, février 2014)
  • [Il suffit] de lire les livres qui racontent le passé. Les ouvrages monétaires qui traitent de l’Expérience de Law, de celle des Assignats, de celle de Weimar. Quand on met le doigt dans le monétaire, on n’en sort pas, le monétaire demande toujours plus, c’est une règle issue de l’expérience. (Bruno Bertez)
  • Je rappelle que l'inflationnisme n'est pas la hausse des prix des biens et de services ; l'inflationnisme, c'est la destruction des bases, des soubassements, des fondations de la monnaie. C'est la destruction des principes mêmes de la monnaie saine et viable. (Bruno Bertez, 11/11/2019)
  • L'inflation est l'élixir magique de la fée banque centrale qui permet de ronger les dettes d'Etat en taxant de façon invisible épargne et consommation. L'inflation est un petit impôt sournois payé par tous qui permet, selon le mot de Colbert, de "plumer l'oie sans la faire crier". (Simone Wapler, 21/01/2016)
  • L'inflation, c'est comme la pâte dentifrice. Une fois qu'elle est sortie du tube, il est impossible de l'y faire rentrer. (Karl Otto Pöhl)
  • Plus on fabrique de monnaie, plus sa valeur qui de surcroit ne repose que sur la confiance dans l’Etat qui l’émet (le fait d’avoir écrit dans la même phrase confiance et Etat m’a fait beaucoup rire), tend vers zéro. (Olivier Delamarche, octobre 2017)
  • Je ne pense pas que cela soit une exagération de dire que l’Histoire est largement une histoire de l’inflation, une inflation habituellement fabriquée par les gouvernements, pour le gain des gouvernements. (Friedrich Hayek)

Notes et références

  1. Suite à la découverte de métaux précieux dans le nouveau Monde, au XVIe siècle, l'Europe subit un triplement des prix.
  2. Dans les "anciens" pays socialistes, l'inflation prend des formes perverses : rationnement, épargne forcée, magasins privilégiés...
  3. Des biens de consommation, en passant par les biens intermédiaires et les biens de production
  4. La déflation est le contraire de l'inflation. C'est donc un phénomène permanent (on dit aussi auto-entretenu) et généralisé de baisse des prix. Comme le phénomène historiquement (du moins dans la période contemporaine) le plus fréquent est bien l'inflation, on parle parfois d'une inflation négative (par exemple : inflation de -0,1 %).
  5. La désinflation, quant à elle, est une baisse du taux d'inflation. Par exemple, si pendant des années l'inflation s'est située à 10% en moyenne et que l'inflation des années suivantes baisse à 7%, puis 5%, puis 2%, on parlera de phénomène désinflatoire. Poussée plus loin, on passe à la déflation.
  6. Montant des comptes chèques et de la monnaie en circulation, divisé par un indice du niveau général des prix
  7. Le gouvernement est la seule institution qui peut prendre une feuille de papier de très bonne qualité, y imprimer quelques nobles paroles, et lui faire perdre toute valeur. (Ludwig von Mises)
  8. "L'inflation est l'opium du peuple" Henry Hazlitt
  9. Emil Claasen, Pascal Salin et alii, 1978, L'occident en désarroi, Dunod, Paris
  10. Maurice Allais, 1974, L'inflation française et la croissance, colloque du 18 décembre 1974, ALEPS, p69
  11. L'inflation allemande a conduit à une augmentation de l'indice des prix de 1 à 135 d'avril à août 1923, alors que les moyens de paiement augmentaient de 1 à 15, soit dix fois moins.
  12. Montant total des transactions effectuées au cours d'une certaine période, rapporté à la masse monétaire.
  13. Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement final d’une croissance économique générée par l’expansion du crédit. La seule alternative est de savoir si la crise viendra plus rapidement par l’abandon volontaire de l’expansion du crédit, ou plus tardivement par un effondrement catastrophique et inéluctable du système monétaire concerné. (Ludwig von Mises)
  14. Contrôle des prix, contrôle des changes, contrôle des loyers, contrôle des taux d'intérêt...
  15. En 1982, deux ménages français sur cinq étaient propriétaires de leur logement. Aujourd'hui, plus de 50% des français sont propriétaires de leur logement.
  16. Maurice Allais, 1977, L'impôt sur le capital, Hermann, Paris, pp167-168. En fait, Maurice Allais est moins sévère à l'encontre de l'État car il considère que c'est le seul à pouvoir contrôler la monnaie.
  17. Maurice Allais appuie sa démonstration de l'illusion monétaire par l'apologie du marchand de clous de Colson. En régime d'hyperinflation, le marchand de clous augmente de jours en jours sa recette sur la vente de clous. Mais, en réalité, il vend de moins en moins d'unités de clous. Pire, chaque matin, il est obligé de se réapprovisionner avec des clous de plus en plus chers. A la fin, il arrive à une situation où il ne lui reste en stock plus qu'un clou... L'économiste Colson ajoute de façon cynique et morbide, que ce dernier clou ne sert au marchand que pour se pendre.
  18. Voir par exemple La montagne de cash.
  19. "La crise financière française de 1789-1799", le Jardin des Livres, 2013.

Bibliographie

  • 1922, Albert Despaux, "L'Inflation dans l'histoire", Paris: Impression spéciale de l'Information
  • 1971, George Hagedorn, "Uneven Inflation", The Freeman, April, Vol 21, n°4, pp200-202 (L'auteur explique que les réponses inégales des différents prix et des revenus introduisent des distorsions et des inégalités dans l'économie)
  • 1977,
    • William L. Baker, "Inflation and Stabilization. The Elusive Promise", The Freeman, August, Vol 27, n°8, pp462-465 (L'auteur estime que quelle que soit la décision de l'État, que ce soit pour intervenir pour gonfler ou pour stabiliser la masse monétaire, l’effet est de frustrer les producteurs et les consommateurs.)
    • Elmer A. Fike, "Why Inflation", The Freeman, August, Vol 27, n°8, pp475-476 (L'auteur précise que ce n’est pas les biens et les services sur le marché, mais la quentité de monnaie qui est le facteur critique de l'inflation.)
    • Milton Friedman. « Nobel Lecture: Inflation and Unemployment ». Journal of Political Economy 85, n° 3 (June) : p. 451-472. [lire en ligne]
    • Harry Johnson, "A Note on the Dishonest Government and the Inflation Tax", Journal of Monetary Economics, July, pp375-377
  • 1983. François Seurot. Inflation et emploi dans les pays socialistes. Libre échange. Paris : Presses Universitaires de France. (ISBN 2-13-037624-X) [lire en ligne]
  • 1993, David Ranson, "Inflation", In David R. Henderson, dir., "The Fortune Encyclopedia of Economics: 141 Top Economists Explain the Theories, Mechanics, and Institutions of Money, Trade, and Markets", New York: Time-Warner Books, Inc., pp211-216 [lire en ligne]
  • 2008. Friedrich A. Hayek. « La campagne contre l'inflation keynésienne ». Chap. 13 des Nouveaux essais de philosophie, de science politique, d'économie et d'histoire des idées. Bibliothèque classique de la liberté. Paris : Les Belles Lettres. (ISBN 978-2-251-39047-5) [prés. en ligne]
  • 2018, Brendan Brown, "What Is Wrong with the 2% Inflation Target?", In: Annette Godart-van der Kroon, Patrik Vonlanthen, dir., "Banking and monetary policy from the perspective of Austrian economics", Cham: Springer, pp85-101

Liens externes

Articles connexes


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