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Autarchie

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L’autarchie désigne l’auto-gouvernance morale de la personne, à ne pas confondre avec l’autarcie économique. Héritière du stoïcisme et réactivée par Robert LeFevre, elle place le contrôle de soi, la responsabilité intégrale et l’échange volontaire au cœur du changement social. Elle substitue à la contrainte politique l’exemplarité, le contrat et la réparation, afin de faire émerger un ordre pacifique sans État.

Clarifier le concept d’autarchie

  • . Définition opératoire
  • Auto-gouvernement moral et refus de la contrainte politique. L’autarchie est d’abord une éthique : chaque personne se gouverne par des règles librement choisies (engagement, honnêteté, réparation), au lieu d’imposer ses fins par la contrainte politique. Elle privilégie l’exemple, le contrat et l’arbitrage volontaire. Exemple. Une association de quartier conclut avec ses adhérents une charte (silence après 22h, médiation en cas de litige, pénalités contractuelles). Elle ne réclame pas d’arrêté municipal supplémentaire : elle autogère ses normes par consentement, avec possibilité de sortie pour tout membre.
  • Primat de la responsabilité personnelle et des interactions volontaires. Chacun assume les conséquences de ses choix (gains et pertes) et organise ses relations par accords explicites : vente, location, mutualisation, assurance privée. Exemple. Un livreur heurte une boîte aux lettres. Il reconnaît le dommage, indemnise selon le devis du propriétaire ou via son assurance. Nul recours à une sanction publique : la réparation découle de l’engagement pris (contrat de service, responsabilité civile contractuelle).
  • . Principes directeurs
  • Contrôle de soi vs contrôle des résultats. On maîtrise ses actions (tenir parole, prévenir un retard, former son jugement), pas les issues (humeur d’autrui, météo, marché). L’attention porte sur la vertu pratique : fiabilité, tempérance, courage, justice. Exemple. Une artisane annonce un délai réaliste, envoie des jalons, propose un rabais si retard. Elle ne contrôle pas la pénurie des matières premières, mais contrôle son information, son effort et la réparation offerte.
  • Non-agression et respect de la propriété. Nul ne commence la violence ; on n’utilise pas la personne ou les biens d’autrui sans consentement. La propriété s’acquiert par appropriation légitime, échange volontaire ou don ; les conflits se règlent par la médiation (arbitrage) et la réparation. Exemples. Prêt de vélo : on demande, on rend en bon état ; s’il y a casse, on répare ou on remplace selon l’accord. Logiciel : on respecte la licence (usage, attribution) ; toute utilisation au-delà suppose un contrat.
  • . Distinctions utiles : Autarchie vs anarchisme, libertarianisme, voluntaryisme, agorisme
  • Autarchie. Elle met l’accent sur la formation du caractère et le retrait pacifique de la contrainte, en donnant la priorité au contrat et à la réparation. Par exemple, un espace de coworking fonctionne avec une charte privée et un arbitrage prévu au contrat.
  • Anarchisme de marché. Il converge vers un ordre sans État, tout en se focalisant sur l’architecture institutionnelle : droits privés et sécurité concurrentielle. Concrètement, des réseaux d’arbitrage concurrents tranchent les litiges commerciaux.
  • Minarchisme. Il accepte un État minimal (police, justice, défense), tandis que l’autarchie cherche à s’en passer grâce à des accords privés. Ainsi, des assurances-protection et des tribunaux d’arbitrage se substituent, par clauses contractuelles, à la police et aux tribunaux publics.
  • Voluntaryisme. Il repose sur le même principe de consentement et insiste méthodiquement sur l’éducation, la persuasion et la cohérence personnelle. D’où des campagnes de boycott et d’exemplarité plutôt que du lobbying législatif.
  • L'agorisme est une stratégie de changement fondée sur la contre-économie : participer à des marchés gris/noirs non violents pour assécher l’État.

Généalogie et fondements normatifs

  • . Héritage stoïcien : vertu, ataraxie, jugement, acceptation des aléas. Le socle de l’autarchie plonge dans le stoïcisme : on se concentre sur ce qui dépend de soi (ses actes, sa parole donnée, la qualité de son jugement) et l’on accepte sans agitation ce qui échappe à son contrôle. La vertu n’est pas un idéal abstrait : elle se cultive par des exercices concrets de tempérance, de justice, de courage et de prudence. L’ataraxie n’est pas indifférence, mais stabilité intérieure pour décider sans colère ni peur. Exemple. Une coopérative prévoit des délais réalistes, informe aussitôt en cas d’imprévu et propose une réparation contractuelle. Elle ne contrôle ni la météo ni les marchés, mais contrôle sa fiabilité, son information et ses remèdes.
  • . Influences modernes : individualisme, droit naturel, non-politique (Nock, Thoreau, etc.). À l’époque moderne, l’individualisme et le droit naturel formulent deux idées clés : la propriété de soi et le consentement comme base de toute coopération. Plutôt qu’une réforme par la conquête de l’appareil d’État, la tradition « non-politique » (Albert J. Nock) valorise l’amélioration personnelle et l’exemplarité sociale ; Henry Thoreau illustre la responsabilité individuelle par le retrait pacifique face à l’injustice. L’autarchie reprend cette ligne : priorité au contrat, à la réputation, à la réparation privée, à la sortie volontaire plutôt qu’au lobbying. Exemple. Un syndic de copropriétaires choisit une charte interne, un fonds de réserve et un médiateur indépendant, au lieu d’exiger une nouvelle réglementation municipale.

Les piliers de l’autarchie chez LeFevre

Robert LeFevre systématise l’ensemble : former des individus fiables par l’éducation, retirer pacifiquement son appui aux monopoles politiques, régler les conflits par arbitrage et réparation.

  • . L’éthique de la maîtrise de soi : formation du caractère, intégrité, exemplarité. Chez Robert LeFevre, tout part de la personne. La maîtrise de soi oriente les choix quotidiens : parler vrai, tenir sa parole, réparer promptement un tort, traiter autrui avec équité. Cette éthique se cultive comme une discipline : les habitudes d’examen de conscience, l'engagement écrit, le mentorat, les rituels d’alignement entre les intentions et les actions. L’exemplarité n’est pas un ornement moral ; elle crée de la confiance et rend possibles des coopérations toujours plus ambitieuses.
  • . Responsabilité intégrale : assumer gains et pertes dans la sphère privée. L’autarchie suppose d’assumer entièrement les conséquences de ses choix. Les bénéfices restent privés ; les pertes aussi. Cette règle aligne les incitations : mieux vaut prévenir, assurer, épargner, diversifier, plutôt que de socialiser les risques après coup. Elle favorise l’émergence d’outils volontaires (assurance, caution, garantie, réputation) qui répartissent les aléas sans coercition. Exemple. Un prestataire informatique interrompt un service critique. Le contrat prévoit pénalités, remboursement partiel et assistance renforcée jusqu’au retour à la normale. Le prestataire active son assurance « erreurs et omissions » et indemnise sans déplacer la charge sur des tiers.
  • . Refus de l’action politique : persuasion, éducation et contrats comme leviers de changement. Plutôt que d’orienter la société par le pouvoir, LeFevre mise sur la conversion volontaire : pédagogie, démonstration par les faits, contrats clairs. L’énergie se concentre sur des prototypes sociaux qui montrent qu’un ordre paisible émerge quand les personnes se lient librement et règlent leurs différends par médiation, arbitrage et réparation. La réforme devient cumulative : chaque projet réussi élargit le champ du possible.
  • . Propriété et échange : titres légitimes, restitution, prudence contractuelle. La propriété naît d’appropriation légitime, d’échange ou de don. Pour sécuriser les transactions, l’autarchie privilégie la traçabilité des titres, l’entiercement, la vérification en amont, et prévoit des mécanismes de restitution en cas de vice de chaîne. La prudence contractuelle (clauses d’information, garanties, arbitrage, procédures de preuve) réduit les malentendus et encadre la réparation lorsqu’un tort survient. Exemple. Une place de marché de biens d’occasion exige preuve d’origine, dépôt de garantie et clause d’arbitrage. Si un objet s’avère volé, la procédure contractuelle organise sa restitution au propriétaire légitime et l’indemnisation de l’acheteur de bonne foi via le fonds de garantie alimenté par les frais de plateforme.

En somme, maîtrise de soi, responsabilité intégrale, non-politique et rigueur contractuelle forment un ensemble cohérent : ils transforment la vertu personnelle en institutions volontaires capables de porter un ordre social pacifique.

Bibliographie

Liens externes