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Jacob Mincer

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Jacob Mincer, né le 15 juillet 1922 à Tomaszow Lubelski, en Pologne[1], décédé le 20 août 2006[2], à New York, aux États-Unis est considéré par beaucoup comme le père de l'économie du travail moderne[3].

Présentation

Jacob Mincer a fait ses études supérieures à l'université Emory où il sort diplômé en 1950, puis les a terminé à l'université de Columbia avec un doctorat (1957). Après avoir enseigné au City College de New York, à l'Université hébraïque, à la Stockholm School of Economics et à l'Université de Chicago, Mincer a rejoint la faculté de Columbia en 1959 où il est resté à Columbia jusqu'à sa retraite en 1991.

C'est en suivant les cours de Gregg Lewis en économie du travail qu'il a compris que la théorie des prix pouvait être appliquée aux problèmes du travail. Lorsque Gary Becker a rejoint la faculté de Columbia, ils ont commencé à collaborer ensemble, notamment sous les auspices du National Bureau of Economic Research (NBER). Les deux ont également établi conjointement un atelier sur l'économie du travail, qui a été la source du développement de l'économie du travail moderne[4]. Il fait partie du groupe d'économistes liés à l'école de Chicago, qui comprenait aussi Theodore Schultz et Gary Becker, qui a réussi à transformer la métaphore du capital humain en un programme de recherche qui s'est répandu dans les sous-domaines de la science économique.

L'offre de travail des femmes mariées

Parmi ses travaux importants, Jacob Mincer a modélisé les déterminants de l'offre de travail des femmes mariées. Dans son premier article sur le sujet, présenté lors d'une conférence organisée par Gregg Lewis, Jacob Mincer (1962) a concilié deux tendances apparemment contradictoires. La participation croissante des femmes au marché du travail étaient associés à des salaires et des revenus réels plus élevés. Mais, à un moment donné, les femmes dont les conjoints ont des revenus plus élevés participent moins à l'offre de travail. Pour comprendre ce paradoxe, Jacob Mincer a alors innové conceptuellement en replaçant le choix travail-loisirs dans un contexte familial. Il a aussi élargi la variable du revenu pour y inclure des composantes permanentes et transitoires. De ce fait, il constate la corrélation entre les capacités de gain du mari et de la femme. Il a pu estimer empiriquement et séparément les effets de revenu et de substitution sur l'offre de travail des femmes mariées. Il a constaté que ce dernier était plus important que le premier. Il a observé que des salaires féminins plus élevés au fil du temps entraînent une expansion de la participation des femmes par le biais de l'effet de substitution dominant. Par contre, l'effet de revenu négatif des revenus du mari expliquent le résultat transversal.

la théorie des revenus du capital humain

Jacob Mincer (1974) a également développé la théorie des revenus du capital humain en fournissant une explication théorique à la forme parabolique du profil du cycle de vie en fonction des deux variables âge et revenus. La fonction des revenus du capital humain (logarithme des revenus en fonction des années de scolarité, de l'expérience et d'autres variables) est rapidement devenue l'un des outils empiriques les plus largement utilisés en économie du travail. Il s'est servi des données des recensements de 1950 et 1960 des États-Unis pour relier la répartition des revenus des travailleurs avec leurs différents niveaux d'éducation et de formation. Il a calculé, par exemple, que les revenus annuels augmentaient de 5 à 10 % dans les années 1950 et 1960 pour chaque année de scolarité supplémentaire qu'un individu effectuait. Il y avait aussi un retour sur investissement similaire, bien que plus faible, pour la formation professionnelle continue et l'âge jouait un rôle.

Le travail de Jacob Mincer continue d'avoir un impact profond sur le domaine de l'économie du travail. Les articles dans le domaine utilisent fréquemment des équations de Mincer qui modélisent les salaires en fonction du capital humain dans l'estimation statistique. Et grâce à son travail pionnier, des variables telles que la scolarité et l'expérience de travail sont désormais les mesures les plus couramment utilisées dans le calcul financier du capital humain.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Adolescent, il a survécu aux camps de prisonniers de la Seconde Guerre mondiale en Tchécoslovaquie et en Allemagne.
  2. Il est décédé à son domicile de Manhattan le 20 août 2006 des suites de complications de la maladie de Parkinson.
  3. Il a également été membre du National Bureau of Economic Research de 1960 jusqu'à sa mort.
  4. En 2004, la Society of Labour Economists a décerné à Jacob Mincer son premier prix pour l'ensemble de ses réalisations en reconnaissance de son rôle de père de l'économie empirique moderne du travail

Publications

  • 1958, "Investment in human capital and personal income distribution", Journal of Political Economy, Vol 66, n°4, pp281–302
  • 1962,
    • a. "Labor force participation of married women: a study of labor supply", In: H. Gregg Lewis, dir., "Aspects of labor economics", National Bureau of Economic Research, Princeton: Princeton University Press, pp63–105
      • Repris en 1995, In: Jane Humphries, dir., "Gender and economics", Aldershot, England Brookfield, Vermont, USA: Edward Elgar, pp211–253
    • b. "On-the-job Training: Costs, Returns, and Some Implications", Journal of Political Economy, Vol 70, n°5 (Supplement), pp50-79
  • 1974,
    • a. "Schooling, Experience, and Earnings", New York: Columbia University Press
    • b. avec Solomon Polachek, "Family investments in human capital: earnings of women", Journal of Political Economy, March–April, Vol 82, n°2, pp76–108
      • Repris en 1995, In: Jane Humphries, dir., "Gender and economics", Aldershot, England Brookfield, Vermont, USA: Edward Elgar, pp317–349
  • 1976, "Unemployment Effects of Minimum Wages", Journal of Political Economy, Vol 84, n°4, part. 2, août, pp87-104. [lire en ligne]
  • 1983, "George Stigler’s Contributions to Economics", Scandinavian Journal of Economics, Vol 85, n°1, pp65-75

Littérature secondaire

  • 2003, J. J. Heckman, "Some brief remarks on the life and work of Jacob Mincer", Review of Economics of the Household, Vol 1, n°4, pp245–247
  • 2006,
    • S. Grossbard, dir., "Jacob Mincer: A Pioneer of Modern Labor Economics", New York: Springer
    • P. N. Teixeira, "An interview with Jacob Mincer", In: S. Grossbard, dir., "Jacob Mincer: A Pioneer of Modern Labor Economics", New York: Springer, pp7–18
  • 2007, P. N. Teixeira, "Jacob Mincer: A Founding Father of Modern Labour Economics", Oxford: Oxford University Press