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Marie Durand

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Marie Durand
Résistante

Dates 1711 - 1776
Marie Durand
Tendance Protestantisme
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Marie Durand

Citation
Interwikis sur Marie Durand

Marie Durand, née le 15 juillet 1711 et morte le en juillet 1776, est une personnalité protestante française, symbole des persécutions religieuses en France au XVIIIe siècle.

Biographie de Marie Durand

Au XVIIe siècle, la France était le théâtre de tensions religieuses entre catholiques et protestants. En 1598, pour apaiser ces conflits, l'édit de Nantes avait été promulgué par Henri IV, accordant aux protestants une certaine tolérance religieuse et la liberté de culte. Cependant, cette période de relative apaisement prit fin en 1685 lorsque Louis XIV révoqua l'édit de Nantes, déclarant ainsi l'interdiction du protestantisme en France. Cette révocation eut de lourdes conséquences pour les protestants, qui furent soumis à de sévères persécutions et à la contrainte de se convertir au catholicisme ou de pratiquer leur foi dans la clandestinité.

Elle naît dans une famille protestante en 1711, dans le village de Pranles, actuellement en Ardèche. Son père, Étienne Durand, était greffier consulaire, et sa mère, Claudine Gamonet, partageait également la foi réformée. Malgré la révocation de l'édit de Nantes, sa famille continua de pratiquer la religion protestante en secret, résistant ainsi à l'oppression religieuse imposée par les autorités royales.

Le frère aîné de Marie, Pierre Durand[1], était une figure importante dans la communauté protestante. Après avoir étudié la théologie à Genève, il devint un "pasteur du désert"[2], c'est-à-dire qu'il exerçait clandestinement son ministère auprès des protestants persécutés dans les Cévennes. Son rôle de guide spirituel était essentiel pour la survie de la foi protestante dans la clandestinité, malgré la répression religieuse imposée par le pouvoir royal.

Marie Durand : Une Éducation Clandestine dans la Foi Protestante

Marie Durand a grandi dans un foyer où la foi protestante était pratiquée en secret malgré les risques liés aux persécutions religieuses. Dans un contexte où les protestants étaient soumis à des discriminations et à des violences, sa famille a fait preuve de courage et de détermination en maintenant sa foi et en transmettant à Marie une éducation basée sur les valeurs de la Bible.

La situation de clandestinité dans laquelle évoluait la famille Durand témoigne de l'importance accordée à la religion réformée et de la volonté de préserver la foi protestante face aux pressions externes. Bien que leurs voisins et les autorités puissent les percevoir comme catholiques, Marie et sa famille se réunissaient en secret pour prier, étudier la Bible et pratiquer leur religion.

Son frère aîné, Pierre, qui est devenu pasteur de l'église protestante clandestine, a joué un rôle crucial dans l'éducation religieuse de Marie. Il lui a transmis une connaissance approfondie de la Bible et lui a enseigné les principes fondamentaux de la foi protestante. Grâce à ces enseignements, Marie a pu développer sa propre relation avec Dieu et renforcer sa conviction en dépit des obstacles rencontrés.

Cette éducation clandestine dans la foi protestante a été une source de force et de résilience pour Marie Durand tout au long de sa vie. Malgré les dangers qui pesaient sur elle et sa famille, elle a maintenu sa foi inébranlable et a continué à pratiquer sa religion en secret.

La clandestinité a façonné l'identité de Marie Durand et a renforcé sa détermination à résister aux pressions extérieures. Elle a été témoin des conséquences terribles de la révocation de l'édit de Nantes et de l'interdiction du culte protestant en France. Cette expérience l'a profondément marquée et a renforcé son engagement envers sa foi et sa communauté.

La Persévérance de Marie Durand : Un Symbole de Foi et de Résistance

À l'âge de dix-neuf ans, Marie Durand prit un nouveau tournant dans sa vie en épousant Mathieu, un homme plus âgé qu'elle. Cependant, leur union fut de courte durée, car peu de temps après leur mariage, le couple fut brutalement séparé par les autorités à cause de leur confession religieuse protestante.

Mathieu fut emprisonné au fort de Briscous, un établissement pénitentiaire destiné aux hommes protestants, où il fut confronté aux mêmes conditions difficiles que nombre de ses coreligionnaires. Pendant ce temps, Marie fut conduite à la Tour de Constance[3], dans le sud de la France, une sinistre forteresse située à Aigues-Mortes, spécifiquement conçue pour détenir des femmes accusées de professer la foi réformée.

La Tour de Constance était tristement célèbre pour son traitement impitoyable envers les prisonnières protestantes et beaucoup périrent comme martyrs[4]. Les conditions de détention y étaient extrêmement dures, et les prisonnières étaient soumises à de sévères privations et abus physiques. La prison était surpeuplée, et les prisonnières devaient lutter pour survivre dans des cellules étroites et insalubres, avec peu de nourriture et de soins.

Marie fut confrontée à des épreuves inimaginables tout au long de ses 38 années de captivité à la Tour de Constance. Cependant, malgré les conditions de vie désastreuses, sa foi et sa résistance restèrent intactes. Elle refusa catégoriquement d'abandonner sa religion et de renier ses convictions protestantes, même face aux persécutions et aux tentatives de la faire fléchir.

La Résistance et la Foi

Pendant son emprisonnement, Marie écrivit de nombreuses lettres, certaines adressées aux pasteurs et prédicateurs de l'époque, notamment à Paul Rabaut[5], un pasteur nîmois qui s'occupait des prisonniers protestants. Dans ces correspondances, elle partageait son quotidien difficile, ses espoirs et ses peines, mais surtout l'importance cruciale de rester fidèle à sa foi malgré les souffrances.

Son courage et son dévouement à sa foi firent d'elle une figure emblématique de la résistance protestante en France. Elle était admirée et respectée par ses codétenues pour sa force morale et son soutien constant envers celles qui partageaient sa foi. Marie joua un rôle essentiel dans l'entraide et l'encouragement mutuel entre les prisonnières protestantes de la Tour de Constance.

La Libération

Enfin, en 1768, après trente-huit ans de détention, Marie Durand fut libérée. Elle retourna dans sa maison natale et y passa les dernières années de sa vie entourée de sa famille et de ses proches. Elle y passa les dernières années de sa vie avant de décéder en 1778. Elle laissa derrière elle un héritage de foi, de résistance et de persévérance, inspirant les générations futures. Sa libération marqua un moment de soulagement et d'espoir pour la communauté protestante persécutée en France.

Un symbole de Foi et de résistance politique

Marie Durand demeure une source d'inspiration pour les protestants persécutés en France et au-delà. Son courage face à l'adversité et sa détermination à rester fidèle à ses convictions font d'elle un exemple remarquable de foi inébranlable dans des temps troublés. Son histoire rappelle le prix payé par de nombreux individus pour la liberté de religion et la persévérance dans leurs croyances, malgré les défis qui se dressent devant eux.

La devise "Resister" en patois vivarais (occitan vivaro-alpin), gravée sur une pierre de la Tour de Constance à Aigues-Mortes, était un symbole religieux et politique lors des déarts vers la guerre sainte à la période de Saint Louis. Ce témoignage de la force de caractère exceptionnelle de Marie Durand montre son profond attachement à sa foi protestante. Cette inscription est devenue emblématique de sa lutte courageuse et de sa résistance face à l'oppression religieuse qui régnait en France à cette époque.

La Tour de Constance, où Marie fut détenue pendant 38 longues années, est devenue alors après son passage, un symbole de l'intolérance religieuse et des persécutions subies par les protestants. Dans cet environnement hostile et oppressant, Marie aurait pu se laisser briser, renoncer à sa foi et abjurer ses convictions pour obtenir sa liberté. Cependant, elle choisit de rester fidèle à ses croyances malgré les conséquences terribles qui en découlaient.

Au-delà de la foi : "Resister" est un acte politique fort

L'inscription "Resister"[6] dans la langue vernaculaire, celle pratiquée quotidiennement par les habitants du sud de la France, résume parfaitement son esprit indomptable et son refus de plier devant l'adversité. Le "patois vivarais" était la langue régionale parlée dans la région du Vivarais, dont Marie était originaire. En choisissant cette langue plutôt que le français officiel, elle affirmait son identité protestante et locale, renforçant ainsi son engagement envers sa communauté.

Cette inscription gravée dans la pierre de la Tour de Constance est un témoignage tangible de la détermination et du courage de Marie Durand. Elle envoie un message puissant à tous ceux qui la découvrent, rappelant que même dans les circonstances les plus sombres et oppressantes, il est possible de rester fidèle à ses convictions et de résister face à l'adversité.

Au-delà de son propre cas, cette devise est devenue un symbole plus large que la résistance des protestants persécutés en France. Elle incarne la lutte pour la liberté de culte et les droits fondamentaux, ainsi que la persévérance et la force de caractère nécessaires pour défendre ses convictions dans des temps troublés.

La mémoire de Marie Durand et de son message de résistance continue d'inspirer les générations actuelles et elles affectera les générations futures. Son exemple rappelle l'importance de rester fidèle à ses valeurs, même lorsque cela implique de surmonter d'énormes obstacles. La devise "Resister" reste une leçon intemporelle sur le pouvoir de la foi inébranlable et de la détermination dans la défense de ce en quoi l'on croit, quel que soit le contexte historique ou social.

Informations complémentaires

Notes références

  1. Bibliographie sur Pierre Durand
    • 1930, André Fabre, "Pierre Durand. Pasteur du Désert. Martyr 1700-1732", Paris: La Cause
      • Nouvelle édition en 1983, "Pierre Durand, pasteur du Désert martyr : une page des églises sous la Croix", Carrières-sous-Poissy: La Cause
    • 1999, Pierre Gamonnet, "Pierre Durand, restaurateur du protestantisme en Vivarais. Lettres et écrits", Bez-et-Esparo: Études et communication..
    • 2002, Étienne Gamonnet, "Pierre Durand", E.et C. Editions
  2. Bibliographie sur le culte du Désert
    • 1841, Charles Coquerel, "Histoire des Eglises du Désert", Paris: Cherbuliez, 2 vol.
    • 1885, Edmond Hugues, "Les Synodes du Désert", Paris, Fischbacher, 3 vol.
  3. Bibliographie sur la Tour de Constance
    • 1875, Charles Frossard, "La Tour de Constance d’Aigues-Mortes", Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, pp173-182
    • 1880, Charles Sagnier, "La Tour de Constance et ses prisonnières", Paris: Sandon et Fischbacher
    • 1901, Samuel Bastide, "Les prisonnières de la Tour de Constance", Musée du Désert
    • 1970, André Chamson, La Tour de Constance, Paris: Plon
  4. Charles Bost, 1922, "Les Martyrs d’Aigues-Mortes", Paris: La Cause
  5. Charles Dardier, dir., "Paul Rabaut, ses lettres à divers (1744-1794)", Paris: Grassart, 2 vol.
  6. Bibliographie sur le symbole de la devise : resister
    • 1922, Charles Dombre, "Le mot qui fut gravé", Paris: La Cause
    • 2000, Marie-France Silver, "Résister : la correspondance des prisonnières protestantes de la Tour de Constance", In: "Femmes en toutes lettres : les épistolières du XVIIIe siècle", Oxford: Voltaire Foundation, Studies on Voltaire and the Eighteenth Century, pp97-108.

Bibliographie

  • 1863, Abraham Borrel, "Pierre et Marie Durand ou le frère et la sœur", Nîmes: Chez les libraires protestants
  • 1884, Daniel Benoît, "Marie Durand Prisonnière à la Tour de Constance (1715-1768). Sa famille et ses compagnes de captivité d’après des documents inédits", Toulouse: Société des livres religieux
  • 1934,
    • Louis Aurenche, "La maison de Marie Durand", Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, pp513-533
    • Charles Bost, "Étienne Durand en 1704, le mariage de Marie Durand (1730)", Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, pp289-297
  • 1935, André Fabre, "Marie Durand, prisonnière de la Tour de Constance, 1712-1768", Nouvelle Société d'édition de Toulouse, Dieulefit
  • 1963, Emil Ernst Ronner, "Marie Durand. Das Leben einer Hugenottin", ("Marie Durand. La vie d'une huguenote") Basel: Reinhardt
  • 1976, André Faure, "Marie Durand et sa famille (à l’occasion du bicentenaire de sa mort)", Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français, pp166-190
  • 1983, Anne Danclos, "Marie Durand et les prisonnières d’Aigues-Mortes", Lausanne-Paris: P.-M. Favre.
  • 1984, Frédéric Mayor, "La Famille Durand du Bouschet de Pranles", Lyon: Réveil Publications
  • 1986, Étienne Gamonnet, "Lettres de Marie Durand", Montpellier: Presses du Languedoc
  • 2008, Daniel Benoit, "Marie Durand, prisonnière à la Tour de Constance de 1730 à 1768 : son temps, sa famille, ses compagnes de captivité", Edipro
  • 2013, Yves Krumenacker, "Marie Durand", In: Béatrice Didier, Antoinette Fouque, Mireille Calle-Gruber, dir., "Le Dictionnaire universel des créatrices", Paris: Éditions Des femmes
  • 2016, Danièle Vaudrey, "Marie Durand, l'insoumise", Éditions du Jasmin
  • 2018, Céline Borello, "Marie Durand, Resister. Lettres de la Tour de Constance, présentation et annotations", Ampélos Editions
  • 2021,
    • Jean-Paul Chabrol, Frédéric Cartier-Lange, "Marie Durand et les prisonnières de la tour de Constance", Alcide Jeunesse
    • Simonetta Carr, "Marie Durand - Christian Biographies for Young Readers", Reformation Heritage Books

Voir aussi


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