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Cartel

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Un cartel est une association de producteurs. Ce terme est généralement connoté péjorativement, car associé à celui d'oligopole, comme l'indique Pascal Salin :

«  Un cartel se définit traditionnellement comme un accord entre producteurs dans le but d'exercer un pouvoir de monopole, c'est-à-dire d'imposer aux acheteurs un prix plus élevé que le prix de concurrence. »
    — Pascal Salin[1]

En effet, un oligopole a pour objectif de passer outre la loi de la concurrence par le biais d'ententes sur les prix. La loi de l'offre et de la demande est alors corrompue, au détriment du consommateur. La situation est pour celui-ci équivalente à celle d'un monopole : il subit les prix du groupe de producteurs. Aussi, l'oligopole requiert que les produits de ses membres soient similaires dans leurs caractéristiques, autant que dans leurs prix : la concurrence n'aurait alors plus d'effet.

L'oligopole : une structure instable dans une économie de marché libre

Le cartel n'est pas une structure pérenne ; les producteurs associés ont en effet des intérêts contradictoires à ceux du groupe : ce dernier désire restreindre la production (et donc, l'offre) afin de pouvoir augmenter ses prix, mais chacun des membres de ce groupe a tout intérêt a avoir une plus importante part du marché que les autres, afin de maximiser ses rentes. Pour ce faire, chacun doit nécessairement augmenter sa production, et éventuellement baisser les prix de ses produits. Poussés par son intérêt propre, chaque producteur a intérêt à se différencier de ses « alliés » : la loi de la concurrence revient. Aussi, le cartel n'est pas à l'abri de l'arrivée sur le marché de nouveaux producteurs : ceux-ci, attirés par l'augmentation artificielle des prix, y voient un moyen substantiel de fournir des produits de qualité aux prix relativement bas par rapport à ceux du cartel.

Ainsi, selon Murray Rothbard, un oligopole, de même qu'un monopole, n'est pas une structure pérenne :

«  Les producteurs individuels peuvent réduire leur production et la vente de leurs biens immobiliers ou de capital, soit individuellement soit de concert (via un « cartel ») de façon à augmenter les revenus monétaires attendus par les ventes. Encore une fois, une telle action n’a rien de clairement immoral. Les producteurs, toutes choses égales par ailleurs, essaient de maximiser leur revenu monétaire à partir de leurs facteurs de production. Ce n’est pas plus immoral qu’une autre tentative de maximiser le revenu monétaire. De plus, ils ne peuvent le faire qu’en servant les consommateurs, car, à nouveau, la vente est un acte volontaire de la part des producteurs et des consommateurs. Encore une fois, un tel « prix de monopole », pour être établi par un individu ou par plusieurs individus coopérant ensemble au sein d’un cartel, n’est possible que si la demande (directe ou indirecte du consommateur) est inélastique, et cette inélasticité est le résultat de choix purement volontaires des consommateurs dans la maximisation de leur satisfaction. Cette « inélasticité » est simplement une étiquette pour une situation dans laquelle les consommateurs dépensent plus d’argent sur un bien à un prix plus élevé qu’à un prix plus bas. Si les consommateurs étaient vraiment opposés à l’action du cartel, et si les échanges en résultant leur faisaient vraiment mal, ils boycotteraient la ou les firmes « monopolistiques », ils diminueraient leurs achats, la courbe de demande deviendrait élastique, et la firme serait forcée d’augmenter sa production et de réduire ses prix à nouveau. Si l’action d’un « prix monopolistique » a été engagée par un cartel, et que le cartel n’avait pas d’autres avantages pour rendre la production plus efficace, il devrait alors se dissoudre, à cause de l’élasticité alors démontrée de la demande. »
    — Murray Rothbard, Man, Economy and State

Le cartel : un faux problème ?

Une association de producteurs n'est pas nécessairement un mal, dans la mesure où, pour certains produits, le consommateur peut avoir intérêt à une « standardisation », à l'apparition de « normes ». Un exemple éloquent est celui de la gestion des monnaies privées : les différentes banques ont toute intérêt à avoir un système de paiement coordonné, afin que le consommateur puisse aisément convertir son argent dans une autre monnaie ; de même le paiement par des supports monétaires aussi variés que le chèque ou la carte bancaire nécessite, pour un maximum d'efficacité, que ces supports soient acceptés par un maximum d'individus.

Aussi, dans le domaine de l'informatique, il est utile au consommateur de faire communiquer aisément du matériel de deux marques distinctes.

Plus généralement, toujours dans le texte de Pascal Salin :

«  De manière générale, les activités de réseau sont les moins susceptibles de faire l'objet d'une « demande de différenciation. »

François Guillaumat ne considère pas un cartel comme un problème ni comme une action malhonnête, mais comme le résultat de la libre association de producteurs, pour qui il est d'ailleurs légitime d'utiliser leur propriété comme ils l'entendent :

«  Qu'est-ce donc que l'approche antitrust, sinon une conception de l'action humaine qui suppose que l'entrepreneur, en ne faisant que disposer paisiblement de sa propriété légitime, peut faire le mal sans l'avoir voulu, sans en avoir seulement conscience, sans aucune participation consciente de sa part ? »

Citations

  • «  La place importante que les cartels occupent à notre époque est le résultat des politiques interventionnistes adoptées par les gouvernants de tous les pays. Le problème du monopole que l'humanité rencontre aujourd'hui n'est pas issu du fonctionnement de l'économie de marché. C'est un produit des actes intentionnels des gouvernements. À ce que claironnent les démagogues, c'est l'un des vices inhérents au capitalisme ; c'est au contraire le fruit de politiques hostiles au capitalisme et qui visent à saboter et détruire son fonctionnement. »
        — Ludwig von Mises, L'Action humaine

  • «  Les cartels peuvent survivre à long terme seulement si l’État les protège. Les entreprises forment des cartels pour s’emparer du marché. Cela profite aux membres les plus faibles. Les plus forts quant à eux peuvent s’assurer de grosses parts de marché en dehors du cartel. Dès qu’ils s’en rendent compte, le cartel se dissout. »
        — Hans-Hermann Hoppe, 4/1/2014

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • 1996,
    • Andrew R. Dick, « When Are Cartels Stable Contracts? ». The Journal of Law and Economics 39, n° 1 (April) : 241-283. [lire en ligne]
    • Pascal Salin, « Cartels as Efficient Productive Structures ». The Review of Austrian Economics 9, n° 2 : 29-42. [lire en ligne]

Liens externes

Articles connexes


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