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Robert Zimmerman

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Robert Zimmerman est un essayiste et historien américain, spécialisé dans la science et l’histoire de l’exploration spatiale. Ancien producteur de films à New York, il s’est progressivement tourné vers l’écriture d’ouvrages et d’articles, notamment dans la revue The Freeman au début des années 1990.

Biographie

Installé à New York à cette époque, il publie des chroniques où se mêlent récit personnel, observation urbaine, témoignages et analyse politique. Certaines s’appuient sur son quotidien, par exemple ses relations avec son propriétaire, pour illustrer son attachement à la responsabilité individuelle et à la résolution directe des différends, sans intervention excessive des autorités. D’autres adoptent une dimension comparative : en 1991, un voyage en Tchécoslovaquie peu après la Révolution de velours, au cours duquel il visite Sázava, Brno, Prague et Plzeň, lui inspire des parallèles entre les environnements urbains post-communistes et les quartiers de New York, nourrissant sa critique des réglementations étatiques et des distorsions du marché immobilier.

Il consacre également des enquêtes à des sujets d’actualité locale, comme la guerre menée par les autorités new-yorkaises contre les services de vans privés, ou encore le quotidien des artistes de rue de Washington Square Park. Ces derniers articles, fondés sur des entretiens et des observations de terrain, mettent en lumière les tensions entre créativité, liberté économique et contrôle institutionnel, et s’appuient parfois sur des références philosophiques comme le concept de contrat social développé par John Locke.

Se définissant alors comme appartenant à la classe moyenne inférieure, Zimmerman est travailleur indépendant au début des années 1990. Il mène un mode de vie simple, paye ses factures, exerce un travail créatif qui lui plaît et gère lui-même sa couverture santé. Prévenant, il souscrit dès le début de son activité indépendante une assurance maladie, conscient qu’en cas de maladie, aucune compagnie ne l’accepterait sans contrat préalable. Ces choix traduisent son attachement à la responsabilité individuelle et à l’anticipation des risques personnels.

En parallèle à son activité d’auteur, Zimmerman poursuit sa carrière dans le cinéma au début des années 1990. En 1992, il travaille notamment au repérage et à la négociation de lieux de tournage pour le film hollywoodien Weekend at Bernie’s II. Ce travail l’amène à analyser de près les logiques de décision des grandes entreprises et leur rapport à l’efficacité économique. Il puise aussi dans son expérience antérieure, lorsqu’il occupait son premier poste à la Federal Aviation Administration (FAA), où il a travaillé trois ans dans le service immobilier régional. Ces expériences, dans le secteur public comme dans le secteur privé, nourrissent sa réflexion sur l’éthique professionnelle, l’organisation du travail et le lien entre responsabilité individuelle et performance collective.

Ses écrits font régulièrement appel à des références littéraires et politiques, notamment à l’œuvre de George Orwell et aux principes énoncés par Thomas Jefferson, traduisant un intérêt constant pour la liberté individuelle, l’économie de marché et l’analyse critique des systèmes politiques.

De la servitude temporaire à l’esclavage à vie, ou comment une société se trahit elle-même

Publié en mars 1994 dans la revue, The Freeman, l’article de Robert Zimmerman, 'Our Own Mad Clockwork', se lit comme une fouille archéologique dans les fondations morales de l’Amérique. Il y décortique l’essor de l’esclavage en Virginie au XVIIᵉ siècle et, ce faisant, tend à son lecteur un miroir peu flatteur : les mêmes mécanismes qui, hier, ont bâti un système oppressif, pourraient aujourd’hui saper nos propres institutions.

Zimmerman balaie d’un revers de plume l’explication toute faite, celle qui voit dans l’esclavage le simple fruit des lois du marché. Non, dit-il, ce n’est pas une fatalité économique, mais une lente corrosion des choix moraux. La dérive suit trois étapes :

  • D’abord, l’aveuglement volontaire face à l’évidence que réduire un homme en esclavage, c’est le dépouiller de sa dignité.
  • Puis, la construction d’un récit justificateur : la fiction d’une infériorité raciale.
  • Enfin, l’inscription de cette fiction dans la pierre froide de la loi.

Au début, la Virginie n’est pas l’atelier esclavagiste qu’elle deviendra. La main-d’œuvre repose surtout sur les 'indentured servants', des serviteurs sous contrat, majoritairement blancs, qui troquent plusieurs années de dur labeur contre le passage vers le Nouveau Monde. Les Africains chrétiens arrivés dans les années 1620-1630, loin d’être systématiquement réduits à une servitude perpétuelle, peuvent espérer, à l’instar d’Anthony et Mary Johnson, obtenir leur liberté et posséder des terres. Cette fluidité n’est pas une utopie : elle est consignée dans les archives.

Mais l’absence d’un socle moral solide, combinée à l’appétit des grands planteurs, finit par tordre la servitude temporaire en esclavage à vie. Entre 1661 et 1670, l’Assemblée coloniale brise les derniers verrous : le baptême ne change plus le statut d’esclave, la condition servile se transmet par le sang maternel, et le meurtre d’un esclave n’entraîne plus de sanction.

L’architecture législative qui en résulte porte la marque d’une oligarchie terrienne. Les propriétaires siégeant à l’Assemblée se servent de leur pouvoir pour figer dans la loi un système qui creuse le fossé avec les petits colons. La rébellion de Bacon, en 1676, surgit de cette fracture : petits propriétaires et esclaves, unis dans un même refus de voir leurs perspectives étouffées. L’échec de la révolte, suivi d’un durcissement royal, achève de faire basculer la Virginie dans l’esclavage de masse.

Pour Zimmerman, l’histoire n’est pas un musée poussiéreux. Elle est un avertisseur d’incendies à venir. Les Virginiens du XVIIᵉ siècle ont choisi de détourner le regard de la vérité lorsqu’elle contredisait leurs intérêts ; de la même manière, prévient-il, notre époque risque de céder à la tentation de l’idéologie au détriment du réel. Sa cible contemporaine : les politiques de quotas et de classement légal des individus selon leur origine. Il y voit une réédition, sous d’autres habits, d’un principe dangereux : la hiérarchisation des êtres humains par le droit.

Reste que Zimmerman nous tend un fil rouge : chaque fois qu’une société décide que la vérité est négociable, elle commence à se dissoudre. L’histoire de la Virginie montre comment le renoncement moral, goutte après goutte, finit par sculpter des chaînes. Et l’auteur nous laisse cette question, sèche comme une sentence : avons-nous appris à les briser, ou sommes-nous déjà en train d’en forger de nouvelles ?

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