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Société apprenante

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La notion de société apprenante a émergé dans les années 1980 comme une réponse aux défis de plus en plus complexes et dynamiques du monde moderne. Dans la société, l'apprentissage tout au long de la vie est au cœur de la croissance personnelle, du développement professionnel et de l'amélioration de la société dans son ensemble. Il s'agit d'un concept qui reconnaît que l'éducation et la formation ne sont pas des événements ponctuels, mais plutôt un processus continu qui doit être accessible à tous, quel que soit leur âge ou leur statut social.

Définition préalable de la société apprenante

La société apprenante est un concept novateur qui transcende l'idée traditionnelle de l'éducation en la replaçant au cœur de la vie quotidienne de chaque individu. Elle se caractérise par un environnement où l'apprentissage tout au long de la vie est encouragé, facilité et accessible à tous, sans entrave de temps, de lieu ou de circonstances. Dans une société apprenante, l'éducation ne se limite pas à l'école, mais englobe également l'apprentissage informel, le développement personnel, et l'acquisition de compétences tout au long du parcours de vie. C'est un système éducatif conçu pour s'adapter aux besoins changeants d'une société en constante évolution.

La société apprenante revêt une importance cruciale à la fois pour le développement individuel et pour la prospérité collective. Pour les individus, elle offre l'opportunité de se former continuellement, d'acquérir de nouvelles compétences, et de s'adapter aux exigences changeantes du marché du travail. Elle permet également de favoriser l'épanouissement personnel en encourageant la curiosité intellectuelle, la créativité et la résolution de problèmes.

Sur le plan collectif, la société apprenante contribue à la création d'une main-d'œuvre hautement qualifiée, capable de stimuler l'innovation, la productivité et la croissance économique. Elle renforce la cohésion sociale en réduisant les inégalités d'accès à l'éducation et en favorisant l'intégration sociale. De plus, elle prépare la société à relever les défis complexes du XXIe siècle, tels que les enjeux environnementaux, technologiques et sociaux, en encourageant la pensée critique et la résolution collaborative de problèmes.

Les expériences au Royaume-Uni

Le concept de la "Learning Bank"

La Commission on Social Justice (1994) au Royaume-Uni a introduit le concept novateur de la "Learning Bank" (Banque de l'Apprentissage), une institution destinée à jouer un rôle central dans la réalisation de la société apprenante. La Learning Bank est un organisme centralisé qui agit comme une institution financière pour l'apprentissage. Elle est chargée de recueillir, gérer et redistribuer les ressources financières dédiées à l'éducation et à la formation tout au long de la vie. Cette approche visait à garantir que les ressources financières pour l'apprentissage soient disponibles de manière équitable pour tous les citoyens, quel que soit leur statut socio-économique.

Le compte individuel d'apprentissage comme moyen d'accès à l'apprentissage tout au long de la vie

Dans le cadre de la proposition de la Commission, l'Individual Learning Account (Compte Individuel d'Apprentissage) a été présenté comme un mécanisme clé pour faciliter l'accès à l'apprentissage tout au long de la vie. Ce compte permet à chaque individu de disposer d'un fonds dédié à son développement éducatif et professionnel personnel. Les citoyens peuvent utiliser leur compte pour financer des cours, des formations, des certifications ou d'autres activités liées à l'apprentissage. Le Compte Individuel d'Apprentissage offre ainsi une autonomie accrue aux individus pour planifier et poursuivre leur éducation en fonction de leurs besoins et aspirations.

Objectifs de la Commission en termes d'accès à l'apprentissage

Les objectifs de la Commission on Social Justice (1994) en ce qui concerne l'accès à l'apprentissage étaient ambitieux. Elle cherchait à éliminer les barrières financières qui empêchent de nombreuses personnes d'accéder à l'éducation tout au long de la vie. L'objectif était de promouvoir l'inclusion et l'équité en garantissant que chaque individu ait la possibilité de développer ses compétences et d'améliorer sa qualité de vie grâce à l'apprentissage. Cette vision visait à renforcer la cohésion sociale et à stimuler le progrès économique en s'assurant que les avantages de l'apprentissage soient accessibles à tous les membres de la société.

La proposition de la Commission on Social Justice (1994) a marqué une étape importante au Royaume-Uni dans la réflexion sur la manière de concrétiser la notion de société apprenante et a contribué à façonner les politiques éducatives axées sur l'inclusion et l'équité dans l'accès à l'apprentissage tout au long de la vie.

Appui à l'idée de la société apprenante

La National Commission on Education (1995) a apporté un soutien significatif à l'idée de la société apprenante, corroborant ainsi les propositions de la Commission on Social Justice (1994). Cette commission a souligné l'importance de transformer le système éducatif traditionnel en un système plus dynamique, orienté vers l'apprentissage tout au long de la vie. Elle a reconnu que les défis du XXIe siècle exigeaient une approche plus flexible de l'éducation, permettant aux individus de continuer à apprendre et à se développer tout au long de leur vie adulte.

La National Commission on Education (1995) a également mis en avant l'importance de la contribution financière au sein de la société apprenante. Elle a souligné que le financement de l'apprentissage tout au long de la vie devait être une responsabilité partagée entre l'État, les individus et les employeurs. Cela signifie que non seulement l'État devrait investir dans des politiques éducatives favorisant l'accès à l'apprentissage, mais les individus devraient également être encouragés à contribuer financièrement à leur propre développement éducatif, par le biais de mécanismes tels que les comptes individuels d'apprentissage.

De plus, la commission a souligné l'importance de l'implication des employeurs dans le soutien à l'apprentissage tout au long de la vie de leurs employés. Cela comprend la fourniture de formations, le financement partiel ou total de programmes d'apprentissage et la création d'un environnement de travail qui favorise la croissance et le développement professionnels.

L'appui de la National Commission on Education (1995) à ces principes a renforcé la vision de la société apprenante en tant qu'objectif majeur pour l'amélioration de l'éducation et du développement personnel dans la société, tout en reconnaissant que la responsabilité de la réaliser repose sur une collaboration multisectorielle.

Les recommandations du gouvernement britannique

Le gouvernement britannique, dans un souci de promouvoir l'accès à l'apprentissage tout au long de la vie, a examiné les "voluntary individual savings accounts" (comptes individuels d'épargne volontaire) comme l'une des solutions potentielles pour soutenir la société apprenante. Cette approche repose sur l'idée que les individus devraient avoir la possibilité d'épargner et de constituer un fonds personnel dédié à leur éducation et à leur formation continue. Ces comptes individuels pouvaient être utilisés pour financer des cours, des formations, des certifications, ou d'autres opportunités d'apprentissage, donnant ainsi aux individus un plus grand contrôle sur leur parcours éducatif.

Le document de consultation intitulé "Lifetime Learning" publié par le Department for Education and Employment (DFEE) en 1995 a servi de cadre pour l'examen des "voluntary individual savings accounts" et d'autres mesures visant à promouvoir l'apprentissage tout au long de la vie. Ce document a identifié les enjeux majeurs liés à l'éducation continue et a proposé des pistes de réflexion sur la manière dont le gouvernement pouvait encourager l'investissement personnel dans l'apprentissage.

Dans ce contexte, le DFEE a envisagé diverses options pour soutenir financièrement l'apprentissage tout au long de la vie, y compris la création de comptes individuels d'apprentissage. Cette consultation a suscité un débat important sur la manière dont le gouvernement pourrait collaborer avec les citoyens et les employeurs pour créer un environnement propice à l'apprentissage continu.

Analyse critique des propositions

Avantages et inconvénients des comptes individuels d'apprentissage

Les comptes individuels d'apprentissage ont suscité un intérêt considérable au Royaume-Uni en tant que moyen de favoriser l'apprentissage tout au long de la vie, mais ils comportent à la fois des avantages et des inconvénients.

Avantages :

  1. . Autonomie éducative : Les comptes individuels offrent aux apprenants un plus grand contrôle sur leur développement éducatif, leur permettant de choisir les formations qui correspondent le mieux à leurs besoins et objectifs.
  2. . Inclusion : Ils peuvent contribuer à réduire les inégalités d'accès à l'éducation en permettant à un plus large éventail de personnes d'accéder à l'apprentissage.
  3. . Incitation à l'épargne : Ils encouragent l'épargne à des fins éducatives, ce qui peut être bénéfique sur le long terme pour les individus.
  4. . Flexibilité : Ils peuvent être utilisés pour financer divers types d'apprentissage, qu'il s'agisse de formations professionnelles, de cours académiques ou d'apprentissage informel.

Inconvénients :

  1. . Inégalités initiales : Les individus disposant de ressources financières plus importantes ont un avantage initial pour constituer leur compte, ce qui peut perpétuer des inégalités socio-économiques et des effets d'envies pour les plus défavorisés.
  2. . Risque de désinvestissement : Si les incitations financières sont insuffisantes, les individus pourraient être réticents à épargner pour l'apprentissage, ce qui pourrait nuire à l'atteinte des objectifs d'une société apprenante.
  3. . Complexité administrative : La gestion des comptes individuels pourrait être complexe sur le plan administratif, nécessitant une infrastructure robuste pour garantir une utilisation efficace des fonds.
  4. . Accès limité à l'apprentissage informel : Les comptes individuels pourraient avoir tendance à favoriser les apprentissages formels au détriment de l'apprentissage informel, qui a également une grande valeur.

Discussion sur l'efficacité de la contribution gouvernementale et des employeurs

L'efficacité de la contribution de l'État et celle des employeurs à un fonds d'apprentissage est cruciale pour la réalisation de la société apprenante.

La contribution gouvernementale laisse pose des interrogations sur son efficacité pour garantir l'accès à l'éducation et à la formation pour tous, en particulier pour ceux qui n'ont pas les moyens de financer eux-mêmes leur apprentissage. Cependant, la question de savoir si les financements publics sont suffisants et bien ciblés demeure un sujet de débat. Il est essentiel que les fonds soient alloués de manière équitable et efficace pour éviter toute exclusion.

De même, la contribution des employeurs est fondamentale car ils ont un rôle majeur à jouer dans le développement des compétences de leurs employés. Cependant, la participation des employeurs peut varier en fonction de leur taille, de leur secteur, de leur vision à long terme et de la loyauté des employés à moyen et long terme. Il est donc nécessaire de mettre en place des incitations appropriées pour encourager les employeurs à investir dans l'apprentissage continu de leur personnel.

En fin de compte, la réussite de la société apprenante dépendra d'un équilibre entre ces contributions, de la collaboration entre les secteurs public et privé, et de la création de politiques éducatives et de financement appropriées pour soutenir cette vision ambitieuse de l'apprentissage tout au long de la vie.

Informations complémentaires

Bibliographie

  • 1968, Robert Hutchins, "The Learning Society", New York: New York American Library
  • 1974, Torsten Husén, "The Learning Society", London: Methuen
  • 1986, Torsten Husén, "The Learning Society Revisited", Oxford: Pergamon Press
  • 1988, Jerold W. Apps, "Higher Education tn a Learning Society", San Francisco, CA: Jossey-Bass Publishers
  • 1992,
    • Ronald Barnett, "The Learning Society?", Reflections on Higher Education, Vol 4, pp70-75
    • Stewart Ranson, "Towards the Learning Society", Educational Management and Admunistration, Vol 20, n°2, April, pp68-79
  • 1993, Christopher Ball, "Towards a Learning Society: Making Sense of the Reform and Restructuring of Education and Training in the UK (Work-in-progress)", London: Royal Society of Arts
  • 1994, Stewart Ranson, "Towards the Learning Society", London: Cassell