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William Baumol

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William Baumol
Économiste

Dates 1922 - 2017
William J. Baumol
Tendance École néoclassique
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur William Baumol

Citation
Interwikis sur William Baumol

William J. Baumol, né le 26 février 1922 et mort le 4 mai 2017, est un économiste américain.

Biographie

Il fut longuement professeur à l'Université de New York, de 1971 à sa retraite.

Ses travaux concernent principalement le marché du travail, l'entrepreneuriat, la monnaie et l'histoire de la pensée économique[1]. Il utilise les outils de l'école néoclassique mais il peut être classé comme néo-keynesien en ce qui concerne la monnaie et néo-schumpétérien en ce qui concerne sa théorie de l'innovation. William Baumol a obtenu son doctorat à l'Université de Londres en 1949. De 1949 à 1992, il est professeur d'économie à l'université de Princeton. En 1971, il devient professeur d'économie à l'Université de New York où il est également directeur du centre C.V. Starr d'économie appliquée.

Il est l'auteur avec le néo-keynesien interventionniste, James Tobin, du modèle Baumol-Tobin, qui décrit la demande de monnaie d'un ménage. Le ménage doit répartir ses actifs entre épargne (peu liquide) et monnaie (liquide) afin d'effectuer ses transactions. Le modèle décrit un optimum entre deux désirs : d'une part, l'épargne est profitable et pas l'argent liquide, ce qui pousse le ménage à conserver le maximum d'actifs sous forme d'épargne et à faire un grand nombre de petits retraits d'argent ; d'autre part, chaque retrait a un coût (ne serait-ce qu'en temps dépensé), ce qui le pousse à faire un petit nombre de retraits plus importants.

Les travaux sur la productivité de l'entrepreneuriat

Dans un article publié en 1967 dans l'American Economic Review (Macroeconomics of Unbalanced Growth: The anatomy of urban crisis), il formule la première version généralisée de ce qui est devenu la loi de Baumol ou « la maladie des coûts ». Dans une économie divisée en deux secteurs, un secteur industriel où la productivité croît continuellement, et un secteur de services où elle ne croit pas[2], le prix relatif de la production dans ce dernier secteur croît indéfiniment, ce qui peut entraîner soit une diminution de la consommation des biens ou services produits par ce secteur, soit une augmentation de sa part relative dans le coût total de la consommation.

Dans les années 1960 et 1970, il s'intéresse au rôle des entrepreneurs dans l'activité et la croissance économique, et il modélise ce rôle dans le cadre de l'analyse néoclassique. Il critique l'exclusivité du profit comme règle de maximisation par les dirigeants de l'entreprise en soulignant que d'autres variables, comme le volume des ventes, peuvent être maximisées. William Baumol (1958) considère, qu'en choisissant cette variable, il intègre d'autres sous-variables dépendantes comme le statut, le salaire ou le prestige des dirigeants. Il propose donc d'intégrer la règle la maximisation du volume de ventes réalisées, sous contrainte d'un profit qui soit satisfaisant aux yeux des propriétaires. En 1962, il modifie son modèle en délaissant la motivation des propriétaires et en cherchant à maximiser le taux de croissance de l'entreprise, sous contrainte d'un profit acceptable pour les financiers afin de lever des capitaux auprès d'investisseurs.

Il expose en 1982 (avec Panzar et Willig) sa théorie des marchés contestables. Selon cette théorie, il n'est pas nécessaire qu'un marché soit atomistique pour qu'il fonctionne selon les règles de la concurrence pure et parfait, il suffit qu'il soit contestable, c'est à dire que l'on puisse y entrer et en sortir librement et sans coût. Les producteurs présents sur le marché sont alors contraints de pratiquer des prix concurrentiels pour dissuader l'arrivée de concurrents.

L'action entrepreneuriale d'innovation mise en danger par l'environnement oligopolistique

Reprenant les travaux de Joseph Schumpeter sur l'innovation, William Baumol insiste sur le rôle de l'innovation dans la concurrence entre les firmes. L'entrepreneur est un innovateur, qui est toujours engagé à faire quelque chose qui n'a jamais été faite avant, et pas seulement la fondation d'une autre entité commerciale d'un genre qui n'existait pas auparavant. Pratiquer de faibles prix ne protège pas contre les entreprises innovantes, ce qui explique que les firmes consacrent un budget croissant à la recherche-développement.

Pour William Baumol, le processus d'innovation est aujourd'hui « routinisé » (routinized), et la recherche est considérée comme un investissement comme un autre. Il montre que dans un environnement oligopolistique où s’affrontent les grandes organisations, la production régulière de l’innovation passe par la routinisation de son processus et conduit à la rationalisation bureaucratique de l’action entrepreneuriale. Il fait valoir alors que l'essence du progrès capitaliste n'est pas l'évolution technologique qui réduit les coûts de production de biens et services existants, mais l'introduction constante de nouveaux et meilleurs substituts à d'anciens produits.

William Baumol distingue plusieurs types d'entrepreneuriat auparavant inaperçus ou sous-théorisés : l'entrepreneur productif, l'entrepreneur improductif et l'entrepreneur destructeur[3]. Tout le monde n'est pas capable de poursuivre chacun des types d'entrepreneuriat. Ce trio de catégorisation implique donc une vision plus nuancée de la recherche du profit par l'entrepreneur et des forces sociales qui le motivent. En particulier, la désagrégation de l'entrepreneuriat permet d'explorer de nouvelles réponses à des questions vitales sur la croissance économique, son développement historique et les politiques qui la soutiennent ou l'entravent. William Baumol soutient que l'entrepreneur ne disparaît pas ou n'apparaît pas selon les périodes de l'histoire. Mais, c'est le rapport entre le nombre d'entrepreneurs improductifs et productifs qui change les incitations entrepreneuriales dans son ensemble. Ce n'est pas le nombre d'entrepreneurs qui compte, mais plutôt le type d'activités qu'assument l'entrepreneur : productive, improductive ou destructrice. Par conséquent, ce qui compte pour la croissance économique n'est pas tant la quantité absolue de talents entrepreneuriaux dans la société, mais la manière dont ils sont répartis entre des utilisations concurrentes. Car un entrepreneur, comme le souligne clairement William Baumol, trouvera toujours les moyens de découvrir et d'exploiter des opportunités de profit. Cependant, la mesure dans laquelle ces opportunités profitent à la société par la création de valeur différent. Certaines actions entrepreneuriales améliorant le bien-être, d'autres diminuent le bien-être de la société par une redistribution inutile et à somme nulle. Par conséquent l'apport entrepreneurial est plus susceptible d'être analysable selon le contexte institutionnel plutôt que de l'envisager selon les inclinations personnelles ou morales d'entrepreneurs potentiels.

Selon lui, les actions entrepreneuriales productives font référence à toutes les actions qui ajoutent directement ou indirectement de la valeur à la production économique. La production productive n'a pas nécessairement besoin de produire des produits tangibles. Néanmoins, une activité productive doit toujours produire un produit marginal positif quelle que soit la méthode utilisée. À l'inverse, un entrepreneur improductif exerce une activité innovante mais n'apporte aucune contribution à la production économique réelle. Par exemple, un entrepreneur à la recherche de rente ou ayant une active destructive mène à une mauvaise allocation de ressources précieuses.

Il émet l'hypothèse que les individus canalisent leurs efforts d'entrepreneuriat dans des directions différentes, en fonction de la qualité des conditions économiques, politiques et des institutions juridiques. Les individus ont le choix de consacrer leur effort de travail, soit vers la création de richesses grâce au secteur privé, soit ils visent à récolter une part de la redistribution de la richesse par le biais de la politique et des procédures juridiques (par exemple, le lobbying ou les gains aux litiges). Cette décision est influencée par les taux de rendement ou les taux de profit des activités alternatives qui, elles-mêmes sont déterminées par la qualité des institutions politiques et juridiques. De bonnes institutions drainent l'effort entrepreneurial vers des activités productives en maintenant des taux plus élevés de croissance économique que des activités entrepreneuriales politiques ou juridiques.

Dans la mesure où les connaissances des entrepreneurs sur les préférences, les idées et les motivations des autres acteurs économiques sont considérées comme fiables, elles peuvent être utilisées comme base d’activités productives et d'amélioration de la valeur des biens et des services fournis. Cependant, lorsque le contexte institutionnel ou culturel déforme ce processus d'intégration des connaissances, les entrepreneurs dirigent leurs efforts ailleurs, vers des lieux de création de bénéfices plus fructueux et moins déformés. Ces lieux peuvent inclure la spéculation, la corruption ou la recherche de rentes économiques par le biais de connections politiques et légales (capitalisme de connivence).

Le rejet de la formalisation mathématique de l'entrepreneuriat sur les bases de l'analyse autrichienne

Dans un article écrit en 2003, William Baumol reconnait l'apport des travaux de l'école autrichienne dans sa propre recherche. Bien qu'il ne fut pas formé aux outils de l'école autrichienne à l'université et n'étant toujours pas lié à celle-ci, il montre qu'un chercheur peut néanmoins s'appuyer sur les approches et les réalisations autrichiennes et d'y ajouter quelque chose en plus. Il reconnaît le bien fondé de l'école autrichienne de ne pas suivre le dogme de la formalisation mathématique dans l'analyse de l'entrepreneuriat. Le traitement formaliste est très mal adapté pour la compréhension des rouages ​​de l'économie de marché. William Baumol explique plusieurs raisons qui expliquent l'impossibilité d'utiliser le formalisme mathématique dans l'analyse de l'entrepreneuriat. Tout d'abord, le produit de l'activité de l'entrepreneur est très hétérogène, raison pour laquelle les produits ne sont pas identiques. La différenciation des produits est si fondamentale qu'elle résiste aux traitements mathématiques standard de l'analyse de l'entreprise. William Baumol prévient contre l'excès critique de l'orientation des modèles mathématiques pour l'optimisation et la maximisation, qui s'inscrit certainement dans des modèles de décisions économiques routinières. Mais le fait demeure que beaucoup de prises de décisions entrepreneuriales n'ont rien à voir ou très peu à voir avec l'optimisation (ou même avec le principe de décision satisfaisante de Herbert Simon. L'analyse mathématiquement modélisée est forcée de conclure que l'entrepreneur est important, mais qu'elle ne peut rien à dire sur son sujet.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Jean-Baptiste Say, Fritz Machlup, James Mill
  2. William Baumol avait pris l'exemple des arts du spectacle dans un article précédent
  3. L'entrepreneuriat destructeur comprend la recherche de rente, le crime organisé et souvent l'expansion de la guerre et de la bureaucratie. De telles activités peuvent s'avérer profitables pour certains entrepreneurs, mais contrairement au commerce ordinaire, elles n'améliorent pas le bien-être de la société dans son ensemble.

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de William Baumol, voir William Baumol (bibliographie)

Littérature secondaire

  • 1960, J. M. Fisher, "Baumol's business, value and growth, review of the book, Journal of political economy, vol 68, pp314-315
  • 1985, James C. Miller III, "Comments on Baumol and Ordover", Journal of Law and Economics, Vol 28, May, p269
  • 1987, M. V. Felton, "Is Baumol’s Disease Alive and 111 in Louisville, Kentucky", In: N.K. Grant, W.S. Hendon, V. L. Owen, dir., "Economic Efficiency and the Performing Arts", Akron, OH: Association for Cultural Economics, pp31—43
  • 2002, Peter Boettke, Commentaire du livre de William J. Baumol, The Free-Market Innovation Machine: Analyzing the Growth Miracle of Capitalism, Ideas into action, Fall
  • 2004, Gunnar Eliasson, Magnus Henrekson, "William J. Baumol: An Entrepreneurial Economist on the Economics of Entrepreneurship", Small Business Economics, Vol 23, pp1-7
  • 2008, Russell S. Sobel, Testing Baumol: Institutional quality and the productivity of entrepreneurship, Journal of Business Venturing, 23, pp641–655
  • 2010,
    • R. Douhan, Magnus Henrekson, "Entrepreneurship and second-best institutions: going beyond Baumol's typology", J. Evol. Econ., Vol 20, n°4, pp629–643
    • Magnus Henrekson, Tino Sanandaji, commentaire du livre de William Baumol, "The Microtheory of Innovative Entrepreneurship", Journal of Economic Literature, Vol 48, n°3, pp769–774
  • 2012, Olivier Weinstein, "Managerial theories: Baumol and Marris”, In: M. Dietrich, J. Krafft, dir., "Handbook on the Economics and Theory of the Firm", Cheltenham: Edward Elgar
  • 2015, Jean-Claude Pacitto, "William J. Baumol", In: Karim Messeghem, Olivier Torrès, dir., "Les grands auteurs en entrepreneuriat", Ems Management Et Societes, pp107-122
  • 2016, Peter J. Boettke, Ennio Piano, "Baumol’s productive and unproductive entrepreneurship after 25 years", Journal of Entrepreneurship and Public Policy, Vol 5, n°2, pp130-144
  • 2019, Zeynab Aeeni, Mahmoud Motavaseli, Kamal Sakhardi, Ali Mobini Dehkordi, "Baumol’s Theory of Entrepreneurial Allocation: A Systematic Review and Research Agenda", European Research on Management and Business Economics, 25(1), pp30-37
  • 2021, Joshua K. Bedi, Travis Wiseman, "Immigration and Baumolian Entrepreneurship in the United States", The Journal of Private Enterprise, 36(3), Fall, pp1-26
  • 2022, Alexander Tabarrok, "William Baumol and the Cost Disease", In: Luca Fiorito, Scott Scheall, Carlos Eduardo Suprinyak, dir., "Research in the History of Economic Thought and Methodology: Including a Symposium on the Work of William J. Baumol: Heterodox Inspirations and Neoclassical Models", Research in the History of Economic Thought and Methodology, Vol 408, Emerald Publishing Limited, pp11–26


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