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Erhard Friedberg

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Erhard Friedberg, sociologue français, né en Autriche en 1942, et professeur à Sciences Po, est un des principaux représentants de l'école française de sociologie des organisations, initiée par Michel Crozier dans les années 1960. Son travail a contribué au développement d'un cadre théorique et d'une démarche méthodologique pour l'analyse de l'action organisée, concept qu'il préfère utiliser plutôt que celui d'organisation.

Conceptuellement, il élargit son champ d'étude sociologique de l'organisation dépassant le cadre étroit d'une vision taylorienne ou de celle reposant uniquement sur une l'école des relations humaines. Tout comme en économie, il s'écarte du cadre d'analyse néo-classique de sorte à fonder une analyse basée sur la compréhension des mécanismes de régulations internes et externes, formelles et informelles d'acteurs individuels et collectifs[1] :

« Au lieu d'accuser les «imperfections du marché», il convient d'analyser comment concrètement les acteurs individuels et collectifs d'un espace de concurrence donné parviennent à construire leurs échanges et à rendre possible leur coopération conflictuelle. »

Sa recherche n'est pas fondée sur la notion de "marché" au sens général et axiomatique, comme l'entendent les économistes. A la manière de Jean Daniel Reynaud et de sa théorie de la régulation sociale, Erhard Friedberg préfère s'atteler aux "marchés concrets" c'est à dire aux espaces réels, visibles et tangibles de concurrence entre acteurs (acteurs corporatistes, acteurs individuels, acteurs collectifs).

L'analyse des processus de formulation et de mise en œuvre des décisions

Le départ de l'analyse stratégique des acteurs chez Erhard Friedberg et Michel Crozier, en 1977, commence avec le débat sur la crise des missiles de Cuba, décrit par Graham T. Allison[2], mettant en exergue, les deux acteurs politiques régnant sur le monde de la guerre froide, Kroutchev pour l'union soviétique et Kennedy pour les Etats-Unis. Ce débat a conduit à modifier la vision de la théorie de la décision rationnelle alors en place. Erhard Friedberg et Michel Crozier ont intégré également l'apport de Herbert Simon et du groupe de Carnegie qui ont travaillé sur le sujet de la rationalité limitée.

L'analyse stratégique des acteurs montre comment une guerre nucléaire a été évité de justesse, alors que le modèle classique de la rationalité des décisions impliquait un désastre terrestre absolu et irrémédiable. Erhard Friedberg et Michel Crozier ont reconstitué rigoureusement les circonstances du choix, telles qu’elles avaient été effectivement perçues par les décideurs politiques. L'introduction des acteurs dans l'analyse et du découpage des processus de décision en étapes montre le caractère non automatique de la décision. Sans la prise en compte des acteurs qui peuvent modifier à tout moment les processus de décision, il n'est pas possible de comprendre la sociologie des décisions.

L'action organisée

L'action organisée se distingue de l'organisation en mettant l'accent sur les interactions et les dynamiques entre les acteurs au sein d'un système d'action. Plutôt que de se focaliser sur la structure et le fonctionnement de l'organisation en tant qu'entité, Friedberg privilégie l'étude des relations et des jeux d'acteurs qui se déploient au sein de celle-ci.

Cette approche met en lumière le rôle des individus en tant qu'agents autonomes, dotés d'une certaine marge de manœuvre et engagés dans des interactions complexes. L'analyse de l'action organisée permet de comprendre comment les acteurs agissent, réagissent et interagissent pour atteindre leurs objectifs au sein d'un système d'action donné.

Erhard Friedberg propose d'analyser l'organisation des "champs d'action" selon quatre dimensions de degré concernant :

  • La formalisation de la régulation
  • La conscience qu'en ont les participants
  • La finalisation de la régulation
  • La délégation explicite de la régulation


Notes et références

  1. * Erhard Friedberg, 1992, Les quatre dimensions de l'action organisée, Revue française de sociologie, Vol 33, n°4, p552
  2. :

Publications

  • 1977, avec Michel Crozier, "L'Acteur et le système", Paris: Le Seuil
    • Nouvelle édition en 1994, Paris: Le Seuil
  • 1993, "Organisation et action collective", In: F. Chazel, dir., "Action collective et mouvements sociaux". Paris, Presses Universitaires de France, pp225-247
  • 1997, "Le pouvoir et la règle: dynamiques de l'action organisée", Paris: Éditions du Seuil
  • 1999, "Le sociologue et le prescripteur : les rapports entre savoir et action", In: P. Cabin et J. C. Ruano-Borbalan, dir., Le management aujourd'hui. Théories et pratiques, Les Editions Demos
  • 2004, "Théories des organisations", In: Dictionnaire de la pensée sociologique
  • 2005,
    • a. "Le gallo-centrisme, tare si française", Le Monde, 7 juin
    • b. "L'hypocrisie intellectuelle". Rue Saint-Guillaume, n°141
  • 2006,
    • a. "Le CPE est mort - et maintenant ?". French Polictics Culture and Society, décembre
    • b. "Il management del cambiamento : il contributo della sociologia dell'organizzazione", Studi Organizzativi, 9(1):
  • 2007,
    • a. "Un sociologue par vocation", In: Penser la négociation. Mélanges en hommage à Olgierd Kuty
    • b. "L'intercommunalité a réussi, rendons-la à la démocratie !", Pouvoirs locaux, n°72
  • 2008, "Pouvoir et négociation", Négociations, n°12
  • 2010, avec Patrick Castel, "Institutional Change as an Interactive Process: The Case of the Modernization of the French Cancer Centers", Organization Science 21(2)


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