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Michel Crozier

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Michel Crozier
Sociologue

Dates 1922 - 2013
Michel Crozier
Tendance Analyse stratégique des organisations
Nationalité France France
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Citation
Interwikis sur Michel Crozier

Michel Crozier, né le 6 novembre 1922 à Sainte-Menehould (Marne) et mort le 24 mai 2013 à Paris, est un sociologue français, réputé pour ses travaux sur la bureaucratie et la sociologie des organisations de manière plus large.

Biographie de Michel Crozier

Il est diplômé d'HEC. Docteur en droit, en 1949 et Docteur ès lettres en 1969. Il a été Professeur de sociologie à l'Université Paris X-Nanterre, de 1967 à 1968. Il a été chercheur au CNRS et il fut lauréat du Prix Alexis de Tocqueville en 1998 (parrainé par Raymond Barre et Alain Peyrefitte). De 1999 à sa mort il fut membre de l'Académie des sciences morales et politiques. Il est en France, celui qui a fait le plus fait avancer la sociologie des organisations[1].

Michel Crozier a suivi l'influence d'un autre sociologue français internationalement reconnu, Georges Friedmann (le travail en miettes) et il a étudié les comportements sociologiques des ouvriers et des syndicats américains, en s'appuyant notamment sur les travaux fonctionnalistes des sociologues américains, Talcott Parsons et Robert Merton.

Dans son ouvrage de 1986 État modeste, État moderne. Stratégies pour un autre changement sur l'avenir d'un État moderne, Michel Crozier affirme la nécessité de transformer l’État arrogant et autoritaire en État modeste. C'est à dire un Etat qui se contente de réguler les intérêts particuliers, de veiller à l’adjudication des marchés et à la protection des transactions. Cet État moderne est un vigile (ou un gardien) du marché.

L'analyse stratégique en sociologie des organisations

Michel Crozier a fondé, en 1962, le Centre de sociologie des Organisations. A cette époque, l'école managériale et l'école de la prise de décision faisaient leur apparition avec des auteurs comme James G. March et Herbert Simon. Michel Crozier publia en 1963, son premier livre de référence, Le phénomène Bureaucratique, où il analyse le fonctionnement des grandes organisations bureaucratiques en France. Il souhaita montrer que le système bureaucratique français ne correspond pas au modèle d'organisation rationnelle que Max Weber avait décrit dans Economie et société.

Avec Erhard Friedberg, dans L'acteur et le système, en 1977, il met en évidence l'existence d'un modèle culturel national de bureaucratie et du rôle des stratégies des acteurs dans les dysfonctionnements organisationnels. Leur théorie fait le lien entre l'individuel (l'acteur) et le collectif (l'organisation). Les différentes actions individuelles forment un agencement collectif plus ou moins stabilisé. Car, les acteurs peuvent manquer d'efficacité et d'initiative à cause des règles, car celles-ci ne prévoient pas toutes les situations possibles. Loin d'être des agents passifs réagissant quasi mécaniquement à des stimuli extérieurs (affectivité, argent), ils sont capables d'agir en fonction de stratégies. Ainsi, certains individus prennent une parcelle de pouvoir, ce qui n'est pas obligatoirement prévu par les règlements. De fait, l'organisation crée de nouvelles règles pour limiter l'émergence de nouveaux pouvoirs internes incontrôlés. Les nouvelles règles contraignantes s'ajoutent aux précédentes, et s'accumulent sans cesse provoquant l'effet néfaste de la baisse de productivité chez l'employé. La bureaucratie est donc « une organisation qui n'arrive pas à se corriger en fonction de ses erreurs ».

Michel Crozier considère que l’organisation est une construction sociale composée d’acteurs qui développent des stratégies propres à chacun. Le pouvoir de l’acteur dépend de l'incertitude (la zone d’influence, l’imprévisibilité, la pertinence). Les phénomènes organisationnels sont le produit d’actions, de croyances ou de comportements individuels. Méthodologiquement, Michel Crozier utilise l'individualisme méthodologique afin d'analyser le comportement individuel d'un acteur doté d'une rationalité limitée. L’analyse stratégique part des dysfonctionnements dans le fonctionnement de l’entreprise (principalement observé dans les organisations publiques). L’acteur est libre, mais sa liberté est limitée par les structures de l’organisation. Il est rationnel dans la poursuite de ses objectifs. Il dispose de ressources qu’il utilise en fonction de la pertinence des situations. Le comportement des acteurs est donc stratégique en fonction de leurs objectifs et des enjeux. L’acteur ne peut agir qu’en fonction du pouvoir dont il dispose sur les autres. Dans une telle conception, l’organisation est vue sous le plan d'un réseau de relations de pouvoir.

Notes et références

  1. La sociologie des organisations est une branche de la sociologie qui étudie comment les acteurs d'une organisation créent et coordonnent des activités de groupe dans un but déterminé ou non. Les recherchent s'efforcent de comprendre la cohésion du groupe ou comment les organisations parviennent à maintenir leur structure et leur identité, malgré des tensions internes et externes qu'elles subissent inéluctablement dans leur histoire. Ces études permettent de comprendre les motivations des acteurs ainsi que les relations sociales formelles et informelles au sein des organisations avec les règles internes et externes qui sont subies ou qui se créent spontanément au sein de l'organisation ainsi que les enjeux culturels et identitaires. Dans ce contexte, l'étude de la circulation de l'information et les outils de communication n'est pas neutre d'un point de vue organisationnel. La sociologie des organisations tentent de clarifier comment les concepts d'adaptation et d'innovation peuvent servir de construits dans la compréhension des frontières des organisations et de leur évolution culturelle. Certains auteurs en sociologie des organisations ont étudié les relations de pouvoir (la hiérarchie, le contrôle des ressources, la négociation). Les thèmes abordés dans ce champ sont l'autonomie des acteurs ou les différents types de design organisationnel (matriciel, horizontal, pyramidal). Enfin, la sociologie des organisations met en perspective la toxicité des situations conflictuelles ou pathologiques qui causent des causes des blocages au sein des organisations. Par exemple, les conflits syndicaux, le stress, la précarité, le phénomène du placard, la baisse de la productivité, l'absentéisme, le coulage...

Publications

  • 1952, commentaire du livre de John Clapham, "A concise economic history of Britain from the ear liest times to 1750", Revue d'histoire économique et sociale, Vol 30, n°2, pp211-212
  • 1955, Petits Fonctionnaires au travail, Paris, ED. du CNRS
  • 1961, « De la bureaucratie comme système d’organisation », Archives Européennes de Sociologie, Vol 2, pp18-52
  • 1963,
    • a. "Le Phénomène bureaucratique", Paris, Le Seuil
      • Nouvelle édition en 1971, Points Essais: Seuil
      • Traduction en anglais en 1964, "The Bureaucratic Phenomenon", Univ. of Chicago Press
    • b. “De la bureaucratie comme système d’organisation”, Archives Européennes de Sociologie, Vol 2, n°1, pp18–50
  • 1964,
    • a. Le Monde des employés de bureau
    • b. Le phénomène bureaucratique, Paris, Le Seuil.
  • 1965, Le monde des employés de bureau : résultats d’une enquête menée dans sept compagnies d’assurances parisiennes, Paris, Seuil
  • 1971, La Société bloquée, Paris, Le Seuil
  • 1973, « Y a-t-il vraiment un malaise des cadres ? », Hommes et commerce, n° 131, avril, pp36-40
  • 1974, avec Erhard Friedberg, "Où va l'administration française ?", Paris, Editions d'Organisation
  • 1975,
    • a. avec Samuel Huntington et Joji Watanuki, The Crisis of Democracy, New York University Press
    • b. avec J. C. Thoenig, «La régulation des systèmes organisés complexes. Le cas du système de décision politico-administratif local en France », Revue française de sociologie, 76(1), pp3-32
  • 1979,
    • a. On ne change pas la société par décret, Paris, Fayard
    • b. avec Erhard Friedberg, « Sociologie des organisations et fonctionnement des entreprises », Revue française de sociologie, vol 20, n°3 (n° spécial), juillet-septembre, pp495-499
    • c. avec Erhard Friedberg, « Les nouvelles formes d’organisation du travail : solutions pour l’avenir ou bien nouveaux problèmes ? », Revue française de sociologie, vol 20, n°3 (n° spécial), juillet-septembre, pp571-575
  • 1980, Le Mal américain, Paris, Fayard
  • 1986, État modeste, État moderne. Stratégies pour un autre changement, Paris, Fayard
    • Nouvelle édition en 1987
  • 1989,
    • a. L'Entreprise à l'écoute : apprendre le management post-industriel, Paris, Interéditions
    • b. Préface au livre de F. PAVÉ, L’illusion informaticienne, Paris, L’Harmattan
  • 1991, L’entreprise à l’écoute, InterEditions
  • 1992, avec R. Berrivin, « L'impresa in ascolto. Il management post-industriale », Personale e Lavoro, n° 349, février, pp3-8
  • 1994, avec Hervé Séryex et J. M. Salvet, Du management panique à l’entreprise du XXIe siècle, Paris, Maxima
  • 1995, La Crise de l'intelligence, Paris, Interéditions
  • 1997, « Fièvre entrepreunariale aux États-Unis », Sociétal, n° 9, pp33-38
  • 2000,
    • a. À quoi sert la sociologie des organisations ?, Tome 1 : Théorie, culture et société, Paris, Arslan
    • b. A quoi sert la sociologie des organisations ?, Tome 2 : Vers un nouveau raisonnement pour l'action, Paris: Seli Arslan
  • 2002, Ma belle époque : mémoires. 1, 1947-1969, Paris, Fayard
  • 2004, À contre-courant : mémoires. [2], 1969-2000, Paris, Fayard

Littérature secondaire

  • 1985, Philippe Bernoux, "La sociologie des organisations", Éditions du Seuil, Points
  • 1994,
    • Albert Hirschman, "L’analyse du changement : Quelques convergences avec Michel Crozier", In: F. Pavé, dir., L’Analyse stratégique : Autour de Michel Crozier, Paris, Seuil
    • F. Pavé, dir., L’Analyse stratégique : Autour de Michel Crozier, Paris, Seuil
  • 2005, Philippe Bernoux, Henri Amblard, Gilles Herreros, Yves-Frédéric Livian, "Les nouvelles approches sociologiques des organisations", Seuil
  • 2007, Michel Foudriat, "Sociologie des organisations", Pearson
  • 2014, Philippe Bernoux, "La sociologie des organisations", Paris, Seuil
  • 2015, Philippe Bezes, "Michel Crozier, The Bureaucratic Phenomenon", In: Martin Lodge, Edward C. Page, Steven J. Balla, dir., "The Oxford Handbook of Classics in Public Policy and Administration", Oxford: Oxford University Press
  • 2017, François Grima, "Michel Crozier – Acteurs et systèmes : l’analyse stratégique des organisations", In: Sandra Charreire Petit, Isabelle Huault, dir, "Les Grands Auteurs en Management", Éditeur : EMS Editions, Collection : Grands auteurs, pp331-342


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