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Temps subjectif

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Si le temps subjectif est difficile à définir, c'est en premier lieu que le temps manque d'une ontologie appropriée : qu'est-ce que le temps ? En second lieu, le subjectivisme accolé à la notion de temps renforce cette particularité du temps qui est propre à chaque individu. La définition précise du temps subjectif est rendue difficile aussi par le mouvement scientiste du XIXe siècle dont la méthodologie consistait à rendre objectif tout phénomène d'étude. Par conséquent, la science a voulu rendre le temps objectif en écartant la notion de subjectivité qui appartient aussi au temps.

Les attributs que les scientifiques ont donné au temps ont modifié sa conception. En parlant d'espace-temps ou d'écoulement du temps, le temps est abordé dans une conception de direction linéaire et continue. La vision objective du temps le rend incompressible, inextensible et irréversible. Le temps objectif est un temps physique. C'est un temps mathématisé. Il est uniforme et indépendant de celui qui le mesure (individu et instrument de mesure : le chronomètre), sauf à grande échelle (théorie de la relativité) où chaque observateur a son temps propre. Le temps permet d'expliquer les lois de l'évolution de la nature. Les scientistes représentent l'Univers en perpétuel mouvement où les éléments qui le composent bougent, se transforment et évoluent (rien ne se perd, tout se transforme). Les tenants du temps objectifs nient qu'il puisse exister un temps subjectif. Il confonde ce dernier avec un temps élastique qui se tendrait ou se détendrait par rapport à une norme convenue qui serait, elle objective. Ils font de la subjectivité du temps, un sous-ordre de son objectivité.

Autre critique formulée vis à vis du temps subjectif, c'est son dénigrement intellectuel. Pour eux, il ne peut y avoir une approche scientifique du temps subjectif puisque celui-ci appartient à l'ordre de la conscience, donc du domaine de la métaphysique, de la religion ou de la psychologie. Pour eux, le temps subjectif n'est qu'une forme morbide du temps ressenti par des individus qui en altère le sens objectif par déficience psychologique. Les scientistes du temps objectif confondent une approche psychologique du temps avec une conception cognitive du temps.

Le temps a été comparé à une fleuve en le dotant de ses qualités comme la vitesse. Or, comment calculer la vitesse du temps puisque la vitesse est une dérivée du temps lui-même ? L'être humain est immergé dans le temps, il ne peut pas s'en extraire. Le temps est intégré à l'individu. Pour Emmanuel Kant, le temps n'est pas un concept empirique, ni un être existant en soi, c'est une forme a priori de l'intuition sensible et une condition a priori de tous les phénomènes en général : il y a donc une réalité empirique du temps (et de l'espace), et en même temps une idéalité transcendantale du temps (et de l'espace), comme conditions du rapport du sujet à l'objet.

Pourtant, sur le plan sensoriel, le temps est faiblement perceptible directement par nos sens. Ni l'odorat, ni le goût, ni l’ouïe ne peuvent saisir le temps. Toutefois, la vue permet de nous rendre compte des effets du temps par la comparaison de plusieurs photos par exemple ou de la technique video du time lapse. Si on ne peut pas toucher le temps, par contre, il est possible de ressentir en soi la sensation de vie et donc de temps qui lui est attachée.

Dans sa conception subjective, le temps est intrinsèquement lié au sujet pensant dans l'instant. L'individu agit dans le renouvellement du présent, cette réplique s'effectue quelquefois à l'identique, et plus souvent avec des modifications mineures ou radicales. Le temps est subjectif car il appartient à chacun de nous et qu'il ne dispose pas d'une uniformité dans sa mesure de grandeur. Avec le temps subjectif, il n'existe plus d'unité de mesure pour comparer les instants du temps.

Le temps ne se déroule pas à la même vitesse selon que l'on s'ennuie ou que l'on soit plongé dans une occupation enthousiasmante. C'est la raison pour laquelle le pédagogue utilise cette impression subjective du temps pour développer la motivation intrinsèque de l'apprenant. L'enseignant développe alors des activités ludiques et amusantes[1]. Faire comprendre et être compris dans un instant de total jubilation sont des actions commutatives de l'enseignant et des élèves. La durée du temps d'apprentissage dépend donc des émotions ressenties par la personne qui en fait l'expérience. Il y a des heures de cours interminables et d'autres qui finissent trop vite. D'ailleurs, l'estimation des durées varie avec l'âge de l'apprenant, selon l'intensité des événements qui se produisent et selon la propension à la curiosité épistémique de l'apprenant.

Annexes

Notes et références

  1. Agarwal, Karahanna, 2000, "Time flies when you’re having fun. Cognitive absorption and beliefs about information technology usage", MIS Quarterly, Vol 24, n°4, pp665-694

Bibliographie