Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Subjectivisme

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

Le subjectivisme désigne toutes les théories qui se rapportent au sujet et aux faits subjectifs. Est subjectif tout ce qui participe ou dépend du sujet, son esprit ou sa conscience. Par sujet est compris l'être humain, ses qualités et ses attributs, son identité et sa singularité.

La signification du subjectivisme

Parmi les importants aspects de l'approche méthodologique en économie, comme l'individualisme méthodologique, le subjectivisme représente une approche fondamentale dans la théorie sociale en général. Le subjectivisme se focalise en premier lieu sur la signification que les individus attachent aux actions et situations dans un monde d'incertitude. Comment l'individu s'oriente et résout les problèmes en relation avec ses semblables, mais aussi comment il agit dans l'échelle du temps et dans l'ignorance, sont parmi les axes principaux d'étude du subjectivisme. Il ne s'agit pas seulement de se préoccuper que les hommes cherchent le bien-être matériel, mais c'est avant tout, de façon pertinente, comprendre le comportement de l'homme réel tel qu'il se manifeste dans ses préférences démontrées. L'idée de subjectivisme a complètement changé les approches dans le domaine des phénomènes économiques et sociaux ; pour cette raison on peut la désigner comme une révolution subjectiviste, la première étincelle de cette dite "révolution" a débuté avec la découverte de la théorie subjectiviste de la valeur.

Le subjectivisme des auteurs autrichiens

En économie, les auteurs autrichiens ont mis en avant la notion de subjectivisme :

L'école de Vienne, qui fut appelée, à tort durant de longues années, l'école psychologique économique, à cause du marginalisme mal traduit, doit être dorénavant comprise comme une approche économique fondée sur le subjectivisme. Avant la révolution marginaliste, des auteurs allemands se sont intéressés à la notion de marginalisme, notamment l'économiste Gottlieb Hufeland[1].

Le subjectivisme de Carl Menger est cognitif et ontologique. Une chose ne devient un bien ou un service qu'à partir du moment où elle peut atteindre certaines fins. Pour atteindre ce statut, l'individu agissant doit connaître l'existence de ce bien et la façon dont elle pourrait servir à ses fins. L'approche est effectivement cognitive, c'est à dire savoir que le bien existe mais il s'agit également d'une cognition procédurale afin de connaître comment atteindre des besoins directs ou indirects. Si l'action ne peut pas être menée directement ou indirectement sur le bien, alors celui-ci perd sa qualité de bien.

D'autres libéraux distinguent le subjectivisme ontique[2] (le contenu des faits sociaux) du subjectivisme ontologique, lequel se différencie également du subjectivisme épistémologique (s'opposant au réalisme épistémologique et menant au relativisme épistémologique lorsqu'il s'apparente au solipsisme). L'école autrichienne, dans cette approche, allie subjectivisme ontique (le contenu des faits sociaux) et objectivisme ontologique (les lois de causalité entre les faits sociaux). L'objectivisme ontologique repose à la fois sur un a priori : l'agir humain et d'une démarche heuristique. Les lois des causalités économiques sont découvertes à partir de cette prémisse. Par l'intermédiaire de la praxéologie, c'est à dire de l'étude de l'agir humain et de l'individualisme méthodologique (seul l'être humain agit), l'école autrichienne montre que les choix sont subjectivement ontologiques c'est à dire qu'ils n'ont d'existence que dans l'action. En dehors de l'action, il n'y a pas de choix (celui-ci étant inclus dans l'agir). Par conséquent, l'action humaine est à la fois objectivement ontologique (comme a priori de l'agir humain et base de compréhension de l'agir) et subjectivement ontologique (L'agir humain explique les choix et donne les outils de recherche pour découvrir les lois économiques et sociales qui en découlent).

Israel Kirzner de son côté a défini le subjectivisme comme étant "la reconnaissance que les actions des individus doivent être comprises que par référence à la connaissance, les croyances, la perception[3] et les attentes des individus".

Le subjectivisme normatif

Le "subjectivisme normatif" est une expression péjorative employée par Ayn Rand pour désigner l'opinion selon laquelle on ne pourrait édicter de norme de la vie sociale, chaque norme étant jugée subjective :

Ce sont ces névrosés mentalement paralysés, anxieux, produits par la désintégration de la philosophie moderne avec son culte de l'incertain, son irrationalisme épistémologique et son subjectivisme normatif, qui sortent de nos universités, brisés d’avance par une terreur chronique et cherchant échapper à l'absolutisme de la réalité qu’ils se sentent incapables d’affronter.[4]

En découle un relativisme juridique, qui s'exprime par exemple dans le positivisme juridique, qui prétend que le droit positif n'a pas besoin de justification morale extérieure à lui-même. L'objectivisme et le rationalisme sont opposés à ce point de vue, qui permet de justifier n'importe quelle action étatique ou politique :

C’est que le subjectivisme normatif n’est pas toujours une erreur innocente, mais demeure au contraire un instrument majeur de l’arbitraire politique, dans la mesure où il disqualifie a priori la morale commune et le Droit naturel qui condamnent l’intervention de l’État. (François Guillaumat)

Annexes

Notes et références

  1. Il est possible que les grandes lignes du subjectivisme se soient dessinées tout d'abord avec l'économiste et juriste allemand Gottlieb Hufeland (1760-1817), c'est-à-dire bien avant la révolution du marginalisme (1870).
  2. L'adjectif ontique définit toute connaissance qui se rapporte aux objets déterminés du monde; Le subjectivisme ontique relève de l'existentiel. Que faisons nous de notre vie ? Entre ontique et ontologique, il s'agit d'une différence entre étant et être. En simplifiant beaucoup, le subjectivisme ontique pourrait être défini comme la relation spécifique de l'être avec les autres êtres et qui satisferait l'exigence d'une vérité universelle. Le subjectivisme ontologique est un subjectivisme inséparable de la pluralité de l'unicité cognitive de l'être humain.
  3. W. Powers, 1973, "Behavior: The control of perception", Chicago: Aldine
  4. L’« Extrémisme », ou l'Art de la Délation, par Ayn Rand (1964)

Bibliographie

  • 1934, Alan R. Sweezy, The Interpretation of Subjective Value Theory in the Writings of the Austrian Economists, The Review of Economic Studies, Vol. 1, No. 3, Jun., pp176-185
  • 1986,
    • Mark S. Addleson, "Radical Subjectivism' and the Language of Austrian Economics", In: Israel M. Kirzner, dir., "Subjectivism, intelligibility and economic understanding. Essays in Honor of Ludwig M. Lachmann on his Eightieth Birthday", New York: New York University press, pp1-15
    • Mark Perlman, "Subjectivism and American Institutionalism", In: Israel M. Kirzner, dir., "Subjectivism, intelligibility and economic understanding. Essays in Honor of Ludwig M. Lachmann on his Eightieth Birthday", New York: New York University press, pp268-280
  • 1993, Dieter Schmidtchen, Time, Uncertainty, and Subjectivism: Giving More Body to Law and Economics, International Review of Law and Economics, Vol 13, pp61–84
  • 1999, Richard Arena, Dir. Subjectivism, Information and Knowledge in Hayek’s Economics, History of Economic Ideas, VII, 1-2.
  • 1999, Carlo Zappia, The economics of information, market socialism and Hayek’s legacy, In: Richard Arena, Dir., Subjectivism, Information and Knowledge in Hayek’s Economics, History of Economic Ideas, VII, 1-2, pp105-138
  • 2000,
    • Marco Boccaccio et Valeria De Bonis, "Soggettivismo e coordinamento delle aspettative: due prospettive" («Le subjectivisme et la coordination des anticipations : deux perspectives"), Rivista Italiana degli Economisti, Vol 5, n°1, pp81-110
    • John O'Neill, "Radical Subjectivism: Not Radical, Not Subjectivist", Quarterly Journal of Austrian Economics, Vol 3, pp21-30
    • G. Quiquerez, "La tension entre subjectivisme et libéralisme dans l'ontologie sociale hayekienne = The tension between subjectivism and liberalism in Hayek's social ontology", Cahiers d'économie politique, Vol 36, pp99-115
  • 2005, Richard C. B. Johnsson, Austrian Subjectivism vs. Objectivism, In: Philosophers of Capitalism: Menger, Mises, Rand, and Beyond, Edward W. Younkins, Dir., Lanham, MD: Lexington Books, pp239-252
  • 2013, S. Fiori, "Subjectivism and Explanations of the Principle", In: Roger Frantz et Robert Leeson, dir., "Hayek and Behavioural Economics", Archival Insights into the Evolution of Economics, vol 4, Palgrave Macmillan, avec une préface de Vernon Smith)

Citations

  • Il n’y a probablement aucune exagération à dire que chaque progrès important de la théorie économique pendant les cent dernières années a été un pas de plus dans l’application cohérente du subjectivisme. (Friedrich Hayek, Scientisme et Sciences sociales)

Articles connexes


Philosophie.png Accédez d'un seul coup d’œil au portail philosophie et épistémologie du libéralisme.


Adam Smith.jpg Accédez d'un seul coup d’œil au portail économie.