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École historique allemande

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L' école historique allemande apparaît, dans les années 1840, en réaction à l'universalisme des classiques, avec les écrits de Bruno Hildenbrand (1812-1878), Karl Knies (1821-1898) et surtout de Wilhem Roscher (1817-1894).

Elle rejette l'idée de « lois » économiques dissociées de leur contexte historique, social et institutionnel. Wilhelm Roscher déclare que la recherche économique doit être pluridisciplinaire, incorporant des méthodes d'historiens et de sociologues en plus d'économistes.

L'Allemagne est le pays où la pensée historiciste s'est le plus développée et a eu le plus d'influence, allant même jusqu'à rendre ce pays plus ou moins imperméable aux influences exercées par le courant marginaliste en Europe à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Très influencés par la philosophie hégelienne ou l'héritage de Saint-Simon (via Friedrich List), ces auteurs se sont réunis autour d'un rejet de l'idée de la possibilité d'un système théorique universel, arguant qu'il n'existe pas dans le monde social de « lois » absolues régissant les comportements. Au contraire, les phénomènes économiques et sociaux doivent être conçus comme étant contingents au contexte historique, culturel et institutionnel considéré. Cette conception "ontologique" a conduit les premiers historicistes à une méthodologie pluridisciplinaire, se fondant sur le raisonnement inductif et s'appuyant très largement sur la collection de données et de monographies.

Les années 1860 voient l'émergence de la « jeune école historique », emmenée notamment par Gustav Schmoller (1838-1917) et Georg Knapp (1842-1926). Tout en s'inspirant de la première génération, cette nouvelle école amène une série de changements méthodologiques :

  • D'une part, si le raisonnement inductif est conservé, ces auteurs manifestent une volonté de théorisation et de généralisation absente des écrits de la première génération.
  • D'autre part, et surtout, Schmoller affirme fortement sa conviction que l'économie politique doit être normative et servir directement à l'action économique et politique[1]. Dans les années 1880, Gustav Schmoller et ses disciples règnent en maîtres sur l'enseignement universitaire de l'économie en Allemagne.

C'est à ce moment qu'émerge le Methodenstreit, la querelle des méthodes, opposant Gustav Schmoller à Carl Menger. Si Menger sort vainqueur de ce conflit (par ailleurs très peu productif et considéré unanimement comme un dialogue de sourds), Schmoller parvient néanmoins à maintenir hors d'Allemagne les influences de l'économie néoclassique tout en exportant les préceptes méthodologiques de l'historicisme aux États-Unis via certains de ses étudiants (par exemple Richard T. Ely), ce qui donnera naissance quelques années plus tard à l'institutionnalisme américain.

La troisième génération de l'école historique émerge à la toute fin du XIXe siècle avec notamment des auteurs tels que Werner Sombart (1863-1941), Arthur Spiethoff (1873-1957) et surtout Max Weber. Cette génération est, bien plus que la précédente, influencé par le marxisme mais conserve, notamment avec Sombart, une forte dimension normative.

Notes et références

  1. Cf. le fameux : «  Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer. » (Thèses sur Feuerbach, XI) de Karl Marx.

Bibliographie

  • 1895, William J. Ashley, "The Historical School, a Retrospect", American Economic Association, 10(3), pp117-118
  • 1955, J. Dorfman, "The Role of the German Historical School in American Economic Thought", American Economic Review, May, 45 (2), pp17-28
  • 1965, J. Herbst, The German Historical School in American Scholarship : A Study in the Transfer of Culture, New York, Cornell University Press
  • 2002, Heinz Rieter, "Historische Schulen", In: Ottmar Issing, dir., "Geschichte der Nationalökonomie", Munich: Vahlen, pp131–168, 4th ed.
  • 2016, Christian Hecker, "Die Verantwortung von Unternehmen für die Verwirklichung sozialer Gerechtigkeit—von der Historischen Schule zur Sozialen Marktwirtschaft", ("Responsabilité des entreprises pour réaliser la justice sociale - De l'école historique à l'économie sociale de marché"), Journal for Markets and Ethics, Vol 4, n°2, pp1–23

Liens externes


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