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Carl Menger

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Carl Menger
Économiste

Dates 1840 - 1921
Carl Menger
Tendance Fondateur de École autrichienne
Nationalité Autriche Autriche
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Citation
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Carl Menger (Nowy Sacz (Pologne), 23 février 1840 - Vienne, 26 février 1921) est un économiste autrichien, fondateur de l'école autrichienne d'économie et l'un des pères de la « révolution marginaliste »[1]. Cet auteur et universitaire a eu une influence considérable dans la Vienne fin de siècle.

Biographie

Il naît dans une famille aisée de la petite noblesse polonaise, d'un père juriste. Son fils, Karl Menger, né en 1902, fut un célèbre mathématicien.

Il suit une formation au Gymnasium (lycée) puis étudie le Droit à l'université de Prague et de Vienne[2]. Il obtient plus tard un Doctorat de Droit (jurisprudence) à l'Université de Cracovie, université qu'il quitte dans les années 1860 pour devenir journaliste économique, d'abord au Lemberger Zeitung, puis au Wiener Zeitung (Vienne).

Durant son travail, notant une différence entre ce que les sciences économiques classiques lui avaient enseignées concernant la détermination des prix et ce que croient les vrais acteurs du marché mondial, il entreprend, en 1867, une étude d'économie politique, qui est publiée en 1871 sous le nom de Principes d'économie politique (Grundsätze der Volkswirtschaftslehre). Texte fondateur de l'École autrichienne d'économie, les Principes sont restés cependant largement méconnus, bien qu'ils furent plus tard perçus comme une contribution majeure à la révolution néoclassique.

En 1872, Carl Menger rejoint la faculté de droit de l'Université de Vienne. Il est admis à l'enseignement supérieur (habilitation) par Lorenz von Stein, auquel il accordera un article en 1891. Il passe plusieurs années à enseigner la finance et l'économie politique à un nombre croissant d'étudiants. En 1873 il devient titulaire de la Chaire de théorie économique, alors qu'il n'a que 33 ans.

En 1876 il commence à enseigner l'économie et les statistiques à l'archiduc Rodolphe de Habsbourg, le prince héritier de la Couronne d'Autriche. Il accompagne le prince dans ses voyages pendant deux ans, d'abord en Europe puis en Grande-Bretagne. On pense également qu'il a aidé le Prince dans la rédaction d'une brochure anonyme de 1878, qui critique violemment la haute aristocratie autrichienne. Il restera près du Prince, jusqu'au suicide de ce dernier en 1889 (lors de l'affaire de Mayerling).

En 1878 l'Empereur (le père du prince Rodolphe) le nomme à la Chaire d'économie politique de Vienne. Le titre de Hofrat lui est décerné, et il fut nommé au Herrenhaus autrichien en 1900.

Lors de son professorat, il approfondit et défendit les positions des Principes. Son épistémologie est identifiée à celle d'Aristote[3]. L'essentialisme consiste, entre autres choses, que les propriétés économiques soient réelles. Elles sont naturellement reliées les unes aux autres. Si elles existent, elles font donc partie du monde observable et elles peuvent être séparées (en pensée) des autres propriétés. Ainsi, la recherche de ces lois exactes rend caduque la formalisation mathématique.

Carl Menger publie en 1883 ses Investigations into the Method of the Social Sciences with Special Reference to Economics. Ce livre a fait couler beaucoup d'encre. Si bien que des membres de l'école historiciste d'économie commencèrent à surnommer, par dérision, Menger et ses étudiants « l'école autrichienne », pour souligner leur rupture avec la pensée économique traditionnelle allemande. Ce à quoi Menger répondit par un pamphlet intitulé The Errors of Historicism in German Economics (1884), qui lança le fameux Methodenstreit entre l'école historiciste et l'école autrichienne. Menger commença à attirer des disciples qui marqueront de leur empreinte la pensée économique, tout particulièrement Eugen von Böhm-Bawerk et Friedrich von Wieser.

À la fin des années 1880, Carl Menger est nommé à la tête de la commission chargée de réformer le système monétaire autrichien. Durant la décennie suivante, il écrivit une pléthore d'articles qui ont révolutionné la théorie monétaire, notamment sa Theory of Capital (1888) et Money (1892). Le 22 décembre 1894, il est élu comme correspondant de la section d’économie politique, statistique et finance, à l’Académie des sciences morales et politiques de l'Institut, en remplacement de Wilhelm Roscher, décédé le 4 juin 1894. Le symbole est important car Roscher avait fondé l'École historique allemande, qui dominait depuis les années 1840 le monde germanophone ; nommer Menger et lui plutôt que son adversaire Schmoller, le chef de file de la « jeune » École historique, c'était reconnaître au Viennois le statut de fondateur d'une École autrichienne alternative à l'historicisme. L'institution française semblait ainsi avoir saisi l'intention profonde de Menger qui avait sciemment constitué son école[4].

En grande partie en raison de son pessimisme au sujet de l'état de la bourse allemande, Carl Menger démissionne de son professorat en 1903 pour se concentrer sur ses études. Il meurt en 1921 à Vienne.

Alors que Carl Menger est reconnu internationalement et a été traduit en anglais, en italien, en espagnol et en portugais, de façon surprenante, cet auteur, fondateur de l'école autrichienne d'économie, ne fut traduit en français, pour la première fois par Gilles Campagnolo, qu'en 2011.

Sa contribution intellectuelle

L'une des œuvres les plus importantes de Menger est son ouvrage majeur, "Principes d'économie politique" (1871). Dans cet ouvrage, Menger a rompu avec l'historicisme, un courant dominant de l'époque, en insistant sur l'approche scientifique et théorique de l'économie. Il a rejeté l'idée selon laquelle l'économie devait se limiter à l'étude des institutions historiques, et a plutôt mis l'accent sur les individus et leur comportement économique.

A) L'individualisme méthododologique et la rupture avec l'historicisme

Carl Menger a contribué à mieux comprendre le travail d'un économiste en précisant que les méthodes utilisées en sciences sociales sont différentes d'une approche en sciences naturelles. Il est donc à la base de l'apport de l'individualisme méthodologique et du subjectivisme en sciences sociales. Dans le domaine plus précis des biens économiques, il est cité pour sa classification hiérarchique des biens ainsi que sa théorie des besoins imaginaires. Il est, aussi, précurseur des travaux sur la monnaie en tant qu'intermédiaire des échanges. Carl Menger a exercé une grande influence sur la pensée économique moderne par ses contributions théoriques novatrices.

B. La théorie du marginalisme et son impact sur l'économie moderne

Menger est également connu pour sa théorie du marginalisme, qui a révolutionné la pensée économique. Selon cette théorie, la valeur des biens et des services est déterminée par leur utilité marginale, c'est-à-dire l'utilité du dernier bien ou service consommé. Cette approche a permis de comprendre les choix individuels, la formation des prix et l'allocation des ressources de manière plus précise. La théorie du marginalisme a eu un impact profond sur l'économie moderne et a contribué à jeter les bases de l'économie néoclassique.

C. Le rôle de la subjectivité dans la formation des valeurs

Carl Menger a apporté une contribution majeure à la pensée économique en mettant l'accent sur la subjectivité dans la formation des valeurs. Selon lui, la valeur d'un bien ou d'un service dépend de l'utilité subjective qu'il procure à un individu. Cela signifie que la valeur n'est pas intrinsèque à l'objet lui-même, mais plutôt déterminée par les préférences et les perceptions individuelles. Cette approche a permis de reconnaître la diversité des préférences individuelles et de comprendre comment les choix économiques sont influencés par des facteurs subjectifs tels que les goûts, les besoins et les circonstances personnelles.

D. L'importance de l'entrepreneuriat et de l'innovation

Menger a également accordé une grande importance à l'entrepreneuriat et à l'innovation dans le fonctionnement de l'économie. Selon lui, ce sont les entrepreneurs qui jouent un rôle clé dans la découverte et l'exploitation des opportunités économiques. Les entrepreneurs sont les agents de changement qui identifient les besoins non satisfaits sur le marché et créent de nouvelles combinaisons de ressources pour répondre à ces besoins. Menger a souligné que l'entrepreneuriat et l'innovation sont des moteurs essentiels de la croissance économique et de la prospérité.

E. L'analyse des processus de marché et la coordination économique

Une autre contribution importante de Menger réside dans son analyse des processus de marché et de la coordination économique. Il a montré comment les interactions entre les individus sur les marchés permettent une coordination spontanée des activités économiques. Selon Menger, les prix jouent un rôle central dans la coordination des décisions individuelles, car ils transmettent l'information sur l'offre et la demande aux acteurs économiques. Grâce à cette coordination, les ressources sont allouées efficacement et les besoins des consommateurs sont satisfaits. Menger a ainsi jeté les bases de l'analyse moderne des processus de marché et a contribué à la compréhension de la dynamique économique.

F. La formation des prix

Carl Menger a permis d'effectuer un bond en avant spectaculaire dans la théorie de la formation des prix. Edward de Bono, en technicien de la créativité, pourrait ajouter qu'il s'agit également d'un bond sur le côté, car la pensée latérale de Carl Menger a créé une révolution dans l'esprit des économistes. Jusqu'alors, ces derniers raisonnaient comme si la valeur reposait dans les biens eux-mêmes. Tout au contraire, affirme Carl Menger, la valeur d'un bien particulier ou d'un service n'est pas inhérente au bien ou au service lui-même mais elle réside dans les perceptions, les jugements et les calculs de chaque individu à propos des différentes utilisations possibles de ce bien. Ces évaluations varient d'une personne à l'autre, tout comme elles peuvent être différentes en fonction de l'endroit où l'on se situe et du temps qui passe. Par conséquent, un bien ou un service n'a aucune valeur tant qu'une personne ne décide de poser une attention sur ce bien ou ce service. Elle recherche si ce bien peut satisfaire certains besoins et donc décide de lui attribuer un certain prix. En résumé, la valeur est une notion propre à chaque individu, c'est pourquoi elle est considérée comme subjective.

Les prix que l'on observe donc, sur le marché et sur lesquels agissent des hommes d'affaires, ne sont pas le produit d'une force extérieure qui s'imposerait sur le marché. Carl Menger analyse le prix comme un lien de causalité entre des valeurs subjectives entretenues au moment de l'échange par différents acteurs économiques. Il serait dangereux de présenter le prix comme la rencontre entre l'offre et la demande, dans la mesure où le marché ferait se rencontrer des acheteurs et des vendeurs. Cette analyse pourrait faussement donner à penser que l'échange s'opère sur un bien ou un service identifié de la même façon par l'acheteur et le vendeur, alors que dans l'analyse de Carl Menger l'échange se fait sur la valeur que chaque co-contractant attribue à l'utilisation possible de ce bien ou de ce service. Un prix émerge parce qu'il facilite l'échange provenant d'une disparité des évaluations subjectives et non pas parce qu'il a fallu produire ce bien ou ce service avec un certain nombre de produits et d'heures de travail.

G. Le rôle des institutions

L'analyse des institutions est un autre apport de Carl Menger qui a eu des répercussions sur le quasi ensemble des auteurs de l'école autrichienne d'économie, et particulièrement sur Friedrich Hayek. Carl Menger a introduit une distinction entre les institutions pragmatiques et organiques. Les institutions pragmatiques se constituent par une "volonté commune visant à les établir", alors que les institutions organiques sont "le résultat involontaire d'efforts innombrables de sujets économiques poursuivant des intérêts individuels".

L'influence de Menger et de l'école autrichienne

A. Les débats et les critiques suscités par la théorie du marginalisme

La théorie du marginalisme développée par Carl Menger et l'école autrichienne a suscité des débats et des critiques au fil du temps. Certains économistes ont remis en question l'idée selon laquelle la valeur dépend uniquement de l'utilité marginale, arguant que d'autres facteurs tels que les coûts de production devraient également être pris en compte. De plus, certains ont contesté l'approche individualiste de Menger, soutenant qu'elle négligeait les dimensions sociales et institutionnelles de l'économie. Malgré ces débats et critiques, la théorie du marginalisme a joué un rôle clé dans l'évolution de la pensée économique.

B. L'impact sur le développement de l'économie néoclassique

L'école autrichienne, avec Carl Menger comme l'un de ses piliers, a grandement influencé le développement de l'économie néoclassique. Les idées de Menger, telles que la subjectivité de la valeur et la théorie du marginalisme, ont été intégrées dans les fondements de l'économie néoclassique. L'approche néoclassique a mis l'accent sur l'analyse des choix individuels rationnels, la maximisation de l'utilité et la recherche de l'équilibre sur les marchés. Ainsi, l'école autrichienne a contribué à façonner les bases théoriques de l'économie moderne.

C. Les applications dans les politiques économiques et les débats contemporains

Les idées de Menger et de l'école autrichienne ont également trouvé des applications dans les politiques économiques et les débats contemporains. Leur approche mettant l'accent sur l'entrepreneuriat, l'innovation et la coordination sur les marchés a inspiré des politiques favorisant la libre entreprise, la concurrence et la déréglementation. De plus, l'école autrichienne a contribué aux débats sur des sujets tels que le rôle de l'État dans l'économie, la formation des prix, la théorie de la connaissance et les cycles économiques. Les idées de Menger continuent d'influencer les économistes et les décideurs politiques dans leur réflexion sur les politiques économiques et les questions contemporaines.

En résumé, l'influence de Carl Menger et de l'école autrichienne se fait sentir dans divers domaines de la pensée économique. Leurs contributions à la théorie du marginalisme, à la compréhension de la formation des valeurs, à l'importance de l'entrepreneuriat et de la coordination sur les marchés ont façonné la discipline économique et continuent de nourrir les débats contemporains sur les politiques économiques et les questions économiques fondamentales.

Notes et références

  1. Carl Menger, n'a pas créé le marginalisme, non pas parce que deux autres auteurs, Jevons et Walras, on simultanément publié des ouvrages traitant de l'utilité marginale ou que deux de ses prédécesseurs allemands, Hermann H. Gossen et Hans von Mangoldt ont abordé le sujet, mais parce que l'évaluation de la valeur des choses à la marge s'effectue depuis que l'être humain existe. Carl Menger a mis en valeur auprès des scientifiques, et du grand public, l'existence de cette loi universelle et atemporelle.
    "Menger n'a pas inventé l'utilité marginale dans les années 1860. Les êtres humains évaluaient déjà la valeur des choses à la marge depuis des millénaires, et certains avaient même un peu grossièrement et maladroitement décrit comment ce processus fonctionnait des siècles auparavant. Menger, en fait, a trouvé un moyen efficace pour modéliser et communiquer le marginalisme afin qu'il puisse être largement compris et apprécié. John Hood, 2005, Hayek, Strauss, and the Political Waltz, The Freeman, p24
  2. Le droit était alors la seule filière permettant d'accéder à l'étude de l'économie
  3. Gilles Campagnolo, Carl Menger, entre Aristote et Hayek : Aux sources de l'économie moderne, 2008, CNRS Editions, ISBN 2271066395
  4. Note en bas de page 171 de Gilles Campagnolo, Carl Menger, entre Aristote et Hayek, CNRS éditions, 2008.

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de Carl Menger, voir Carl Menger (bibliographie)

Littérature secondaire

Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée de Carl Menger : Littérature secondaire sur Carl Menger

Liens externes

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