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Fénelon

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Fénelon
philosophe

Dates 1651 - 1715
Fénelon
Tendance Libéralisme[1]
Nationalité France France
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Citation
Interwikis sur Fénelon

Fénelon (François de Salignac de La Mothe) (Château de Fénelon, Périgord, 6 août 1651 - Cambrai, 7 janvier 1715), surnommé « le Cygne de Cambrai », est un homme d’Eglise français, connu pour ses nombreux écrits.

Biographie de Fénelon

Après des études à l’Université de Cahors, François de Salignac de la Mothe-Fénelon est ordonné prêtre en 1677. Ses prêches et sermons s’opposent aux thèses libertines et à Malebranche et condamnent le protestantisme, notamment par le biais de textes à portée théologique (tel que son Traité de l’existence et des attributs de Dieu).

Remarqué par Louis XIV, il devient le précepteur de son petit-fils, le Duc de Bourgogne. A des fins d’éducation politique, Fénelon rédige Les Aventures de Télémaque (récit publié en 1699), qui sera interprété comme un prône en faveur de la modération monarchique et, de ce fait, perçu comme une contestation de sa politique par le Roi-Soleil. Dans ce roman à la fois pseudo-historique et utopique, il conduit le jeune Télémaque, fils d’Ulysse, flanqué de son précepteur Mentor (manifestement le porte-parole de Fénelon) à travers différents États de l’Antiquité, qui la plupart du temps, par la faute des mauvais conseillers qui entourent les dirigeants, connaissent des problèmes semblables à ceux de la France des années 1690, plongée dans des guerres qui l’appauvrissent, problèmes qui cependant peuvent se résoudre (au moins dans le roman) grâce aux conseils de Mentor par le moyen d’une entente pacifique avec les voisins, de réformes économiques qui permettraient la croissance, et surtout de la promotion de l'agriculture et l’arrêt de la production d’objets de luxe.

Entre-temps élu à l’Académie française (1693), Fénelon a déjà essuyé des déconvenues pour avoir pris la défense du quiétisme (ou doctrine du « pur amour ») dans son Explication de la maxime des Saints (1696), qui suscitera une riposte de Bossuet. Sous l’influence de « l’Aigle de Meaux », Le roi, déjà indisposé par la Lettre à Louis XIV (dont on suppose que c’est Mme de Maintenon qui la lui a fait connaître), le désavoue et lui donne l’ordre de ne plus reparaître à la Cour, avant que le Saint-Siège ne condamne à son tour l’ouvrage par un bref du 12 mars 1699 et pousse Fénelon à se retirer à Cambrai, dont il est l’archevêque depuis 1695.

Vieillissant, le Cygne de Cambrai durcit sa critique de l’absolutisme royal et écrit divers pamphlets à caractère programmatique : L’Examen de conscience sur les devoirs de la royauté (1711) et surtout Les Plans de gouvernement concertés avec le Duc de Chevreuse pour être proposés au Duc de Bourgogne dits aussi Tables de Chaulnes (même période). Il critiquera avec sévérité les intrigues liées à la succession de la Couronne espagnole dans ses Mémoires sur la guerre de succession d’Espagne (1710) avant de mourir en 1715.

Ses idées

Un anti-absolutisme favorable à la paix

Les idées politiques de Fénelon ont parfois été interprétées comme une manifestation de la réaction nobiliaire au pouvoir expansif de Louis XIV. Or cet auteur n’est pas uniquement un nostalgique de temps féodaux plus ou moins idéalisés, comme l’est un Duc de Saint-Simon par exemple ; il propose une critique prélibérale de l’absolutisme et propose des remèdes dont les libéraux se souviendront.

C’est ainsi que Fénelon dénonce l’inextinguible soif de pouvoir de Louis XIV et son peu de respect pour la vie de ses sujets, comme en témoignent les guerres meurtrières organisées par le monarque et son mépris invétéré des traités de paix. En réponse à ce bellicisme, l’archevêque considère que le chef de l’État doit en revenir au jus gentium strict (tel que formalisé par Grotius, par exemple). Quels que soient son prestige et ses mérites, un prince ne bénéficie d'aucun droit supérieur à ceux avec qui il contracte, que ce soit en affaires intérieures ou concernant les questions diplomatiques. Il envisage même, un siècle avant Kant, une sorte de république universelle en vue d’assurer la « paix perpétuelle ».

Ainsi qu’il l’expose dans son Télémaque, Fénelon considère que ce ne sont pas les hommes mais les lois qui doivent gouverner :

Ceux qui ont dans les mains les lois pour gouverner les peuples doivent toujours se laisser gouverner eux-mêmes par les lois.

Toujours dans ses Aventures de Télémaque, cohabitent trois révolutions romanesques qui toutes surviennent dans une monarchie dont le prince est un tyran. Le peuple opprimé se soulève et, le tyran chassé, se choisit un nouveau prince. La Révolution n’est donc pas chez Fénelon la création d’un ordre nouveau, ni même la modification fondamentale du mode d’exercice de la souveraineté, mais un retour à la perfection de l’ordre ancien que la tyrannie a pervertie.

Défenseur de ce que les Anglais commencent à nommer la Rule of Law, mais ignorant très probablement cette expression alors en formation, Fénelon tire sa défense de ses règles de juste gouvernement du Droit canon. A ses yeux, Louis XIV représente l’antithèse du roi chrétien (dans sa fameuse lettre, il note d’ailleurs que le souverain craint les flammes de l’enfer, mais pas le jugement divin). Contestant l’idée d’une souveraineté absolue telle que prônée par son rival Bossuet, il n’hésite pas à écrire :

(Le monarque) n’a-t-il pas assez de gloire à faire garder les lois ? Celle de se mettre au-dessus des lois est une gloire fausse qui ne mérite que de l’horreur et du mépris.

De façon très pertinente, Lucien Jaume définira à cet égard la philosophie politique de Fénelon comme une « déflation de la souveraineté ».

Pour une économie libérée des intérêts monarchiques

Pour contrer l’extension du pouvoir monarchique, Fénelon propose une réduction drastique de la fiscalité qui ira de pair avec une suppression des fastes de la Cour et, partant, un retour à une plus grande frugalité. De plus, il avancera des idées prédémocratiques (réunion triennale des États généraux, indépendants de la volonté royale) et favorables à une décentralisation assez importante (constitutions d’assemblées locales chargées de voter l’impôt). Et c'est en souhaitant restaurer les « pouvoirs intermédiaires », que l'on pourrait traduire par contre-pouvoirs aujourd'hui, qu'il se montre partisan du fédéralisme parce que Fénelon considérait que les administrations décentralisées lutte contre la centralisation monarchique et administrative.

Fénelon est sceptique sur l'avenir économique et social de la France. Très favorable à l’ouverture des échanges (en particulier avec la Hollande et l’Angleterre) et du commerce en général, Fénelon condamne le colbertisme. Il dénonce aussi dans les Tables les « impôts ruineux » et rejettent l'existence de barrières douanières. Il est également favorable à la propriété privée. Il estime que la paix connaîtra de la sorte de meilleures garanties. Sur le plan économique toujours, il n’en reste pas moins un tenant du contrôle des banques.

Citations extraites de sa Lettre à Louis XIV

  • Vous avez cru gouverner, parce que vous avez réglé les limites entre ceux qui gouvernaient. Ils ont bien montré au public leur puissance, et on ne l'a que trop sentie. Ils ont été durs, hautains, injustes, violents, de mauvaise foi.
  • En voilà assez, Sire, pour reconnaître que vous avez passé votre vie entière hors du chemin de la vérité et de la justice, et par conséquent, hors de celui de l’Évangile. Tant de troubles affreux, qui ont désolé toute l'Europe depuis plus de vingt ans, tant de sang répandu, tant de scandales commis, tant de provinces saccagées, tant de villages mis en cendres sont les funestes suites de cette guerre de 1672, entreprise pour votre gloire et pour la confusion des faiseurs de gazettes et de médailles de Hollande.
  • (...) Vous avez détruit la moitié des forces réelles du dedans de votre État pour faire et pour défendre de vaines conquêtes au-dehors. Au lieu de tirer l'argent de ce pauvre peuple, il faudrait lui faire l'aumône et le nourrir. La France entière n'est plus qu'un grand hôpital désolé et sans provision. (...) C'est vous-même, Sire, qui vous êtes attiré tous ces embarras.

Citations à propos de Fénelon

  • Aujourd'hui, le Communisme nous fait horreur, parce qu'il nous effraie ; mais la longue fréquentation des anciens n'avait-elle pas fait un communiste de Fénelon, de cet homme que l'Europe moderne regarde avec raison comme le plus beau type de la perfection morale ? Lisez son Télémaque, ce livre qu'on se hâte de mettre dans les mains de l'enfance ; vous y verrez Fénelon empruntant les traits de la Sagesse elle-même pour instruire les législateurs. Et sur quel plan organise-t-il sa société-modèle ? D'un côté, le législateur pense, invente, agit ; de l'autre, la société, impassible et inerte, se laisse faire. Le mobile moral, le principe d'action est ainsi arraché à tous les hommes pour être l'attribut d'un seul. Fénelon, précurseur de nos modernes organisateurs les plus hardis, décide de l'alimentation, du logement, du vêtement, des jeux, des occupations de tous les Salentins. Il dit ce qu'il leur sera permis de boire et de manger, sur quel plan leurs maisons devront être bâties, combien elles auront de chambres, comment elles seront meublées. (Frédéric Bastiat, Baccalauréat et socialisme)

Notes et références

  1. Lucien Jaume, La liberté et la loi. Les origines philosophiques du libéralisme, Paris, Fayard, 2000.

Publications choisies

  • Les aventures de Télémaque

Liens externes


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