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Économie

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L’économie (du grec oïkos,maison et nomos, administrer) est la science sociale qui étudie comment les ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse d’une part, aux opérations essentielles que sont la production, la distribution, et la consommation des biens, d’autre part, aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations. Plus brièvement, l'objet de l'économie est de répondre au problème : "comment faire au mieux avec ce dont on dispose".

L'économiste est un spécialiste de l'économie.

L’École autrichienne d'économie conteste la définition de l'économie comme science de « l’allocation des ressources rares », ou science du « choix », car cette définition conduit vers l'ingénierie sociale (constructivisme ou interventionnisme). Elle préfère parler de praxéologie (science de l'action humaine), catallactique (étude des échanges) et thymologie (psychologie de l'action humaine).

Toute l'économie en une page ?

Milton Friedman, prix Nobel d'économie, a eu l'occasion de dire : Ce qui est extraordinaire avec la science économique, c'est que toutes ses lois tiennent réellement en une page, mais leur simplicité n'a jamais été acceptée par la plupart des gens.

L'économiste américain Mark Skousen a relevé le défi. Le texte ci-dessous a été publié par la revue du F.E.E. (Foundation for Economic Education, New York), The Freeman, en janvier 1997. Et ce texte a été traduit par Jacques Garello, président de l'ALEPS, Association pour la liberté économique et le progrès social, pour La Nouvelle Lettre, numéro du 15 février 1997.

1. Intérêt personnel : personne ne dépense l'argent des autres avec autant de soin que le sien propre.
2. Croissance économique : la clé de l'élévation du niveau de vie est de développer l'épargne, la formation de capital, l'éducation et la technologie.
3. Commerce : lors de tout échange volontaire, quand ils disposent d'une information précise, l'acheteur et le vendeur sont tous les deux gagnants ; de ce fait, une augmentation du commerce entre individus, entre groupes ou entre pays est profitable aux deux parties.
4. Concurrence : étant donnée la réalité physique et universelle de la disponibilité limitée des ressources et une demande toujours croissante, la concurrence existe dans toutes les sociétés et ne peut pas être abolie par décret gouvernemental.
5. Coopération : puisque la plupart des individus ne sont pas autosuffisants, et que presque toutes les ressources naturelles doivent être transformées pour devenir utilisables, les individus - travailleurs, propriétaires, capitalistes et entrepreneurs - doivent travailler ensemble dans le but de produire des biens et services de valeur.
6. Division du travail et avantages comparatifs : les différences de talents, d'intelligence, de savoir et de propriété conduisent à la spécialisation et à un avantage comparatif détenu par chaque individu, entreprise ou pays.
7. Dispersion du savoir : l'information sur le comportement du marché est si diverse et omniprésente qu'elle ne peut être saisie ni calculée par une autorité centrale.
8. Perte et profit : le profit et la perte sont des mécanismes du marché qui indiquent ce qui doit être ou ne pas être produit dans le long terme.
9. Coût d'opportunité : étant donné les contraintes de temps et de ressources, il faut toujours faire des arbitrages. Vouloir faire quelque chose demande de renoncer à autre chose que l'on aurait aimé faire aussi. Le prix payé pour s'engager dans une activité est égal au coût des activités auxquelles on a renoncé.
10. Théorie des prix : les prix sont déterminés par l'estimation subjective des acheteurs (demande) et des vendeurs (offre), et non par un quelconque coût de production objectif ; plus le prix est élevé, moins les quantités achetées seront grandes et plus les quantités offertes seront importantes.
11. Causalité : à chaque cause correspond un effet. Les actions des individus, des entreprises ou des gouvernements ont un impact sur les autres acteurs de l'économie, impact qui peut être prédit, bien que le niveau de prédictibilité dépende de la complexité des actions engagées.
12. Incertitude : il existe toujours une dose de risque et d'incertitude sur l'avenir, car les gens effectuent des réévaluations, tirent des leçons de leurs erreurs et changent d'avis, ce qui rend délicate toute prédiction sur leurs comportements à venir.
13. Économie du travail : l'augmentation des salaires sur le long terme ne peut être réalisée que par une plus grande productivité, c'est-à-dire par davantage d'investissements en capital pour chaque travailleur ; le chômage chronique est une conséquence de l'action du gouvernement qui fixe les taux de salaire au-dessus du niveau d'équilibre du marché.
14. Contrôles du gouvernement : les contrôles des prix, des salaires ou des loyers peuvent bénéficier à certains individus ou groupes, mais pas à la société dans son ensemble ; en fin de compte, ces contrôles créent de la pénurie, du marché noir et une détérioration de la qualité et des services. Les repas gratuits, ça n'existe pas.
15. Monnaie : des tentatives délibérées pour déprécier la monnaie nationale, ou baisser artificiellement les taux d'intérêt, ou encore pour s'engager dans des politiques d'argent facile conduisent inévitablement à l'inflation, à des cycles prospérité/récession et aux crises économiques. C'est le marché, et non l'État, qui devrait régler la monnaie et le crédit.
16. Finances publiques : dans toutes les entreprises publiques, et afin de maintenir un haut niveau d'efficacité et une bonne gestion, les principes du marché doivent être adoptés chaque fois que cela est possible :
1) le gouvernement devrait essayer de se cantonner à ce que les entreprises privées ne peuvent pas faire ; il ne doit pas s'engager dans des affaires que le secteur privé gère mieux que lui.
2) le gouvernement devrait fonctionner selon ses moyens.
3) l'analyse coût/avantage : les bénéfices marginaux doivent être supérieurs aux coûts marginaux.
4) le principe de commutativité : ceux qui bénéficient d'un service devraient payer pour ce service.

Économie et mathématiques

Une idée assez répandue est celle que l'économie, puisque elle est une matière scientifique, doit obligatoirement être traitée de manière mathématique. Par exemple, l'économiste néerlandais Jan Tinbergen (1903-1994), physicien de formation et un des fondateurs de l'économétrie, tire la conclusion que « nul n'est économiste s'il n'est mathématicien ».

L'emploi des mathématiques en économie permet d'aboutir à des résultats rigoureusement exacts, et tout à fait conformes à un modèle (censé représenter la réalité) qui, lui, est hélas parfaitement irréaliste ! Ce travers scientiste se retrouve aussi bien chez les économistes anglo-saxons (par exemple Paul Samuelson) que chez les Français (par exemple Maurice Allais).

Notons d'abord qu'il est impossible de tester empiriquement les théories économiques, parce que les faits sociaux sont des phénomènes complexes non répétables.

L'économie mathématique introduit des suppositions qui l'aident à arriver aux conclusions désirées, des hypothèses arbitraires qui, à la limite, rendent le modèle totalement irréel. Elle se limite aux problèmes qui peuvent être résolus. On obtient des réponses abstraites à des questions abstraites, mais qui ne décrivent pas une économie réelle. On préfère traiter les problèmes qu'on sait résoudre plutôt que les problèmes réels.

Exemples :

  • la théorie de l'équilibre général des économistes de l'École de Lausanne (Léon Walras), avec les hypothèses irréalistes de la "concurrence parfaite" (atomisation des marchés, parfaite divisibilité et parfaite mobilité des biens et des services productifs, instantanéité, homogénéité des produits, connaissance parfaite de la part des agents économiques).
  • la théorie des anticipations rationnelles, qui part de suppositions aussi irréalistes (tous les agents sont d'une intelligence surnaturelle et les marchés sont continuellement en équilibre).

L'approche mathématique, malgré ses prétentions, n'a donc rien de "scientifique" (son seul avantage est qu'elle arrive, par le calcul, à des résultats, qu'elle prétend valables pourvu qu'on ne conteste pas les hypothèses de départ). La principale déficience de l'économie mathématique provient de ce qu'elle ignore le processus de marché, c'est-à-dire l'action humaine et ses implications logiques, toutes choses qui ne peuvent pas être traduites dans des équations mathématiques.

L'École autrichienne a longtemps combattu le traitement mathématique des questions économiques. Murray Rothbard écrit :

Le meilleur guide du lecteur pour la jungle de l'économie mathématique est de passer outre au fatras arbitraire de ses équations et d’aller rechercher ses hypothèses sous-jacentes. Invariablement, celles-ci sont en petit nombre, elles sont simples, et elles sont fausses. Elles sont fausses justement parce que les économistes mathématiciens sont des positivistes, qui ne savent pas que l'économie part d’axiomes qui sont vrais. Les économistes mathématiciens passent donc leur temps à élaborer des hypothèses dont ils reconnaissent qu’elles sont fausses, totalement ou partiellement, mais dont ils espèrent qu’elles pourront servir comme autant d’approximations utiles, comme ils le feraient en physique. (Note sur l'économie mathématique)

Déjà Jean-Baptiste Say parlait ainsi des personnes qui utilisaient les mathématiques en économie :

Ces personnes [...] n'ont pu énoncer ces problèmes en langage analytique sans les dépouiller de leur complexité naturelle, au moyen de simplifications et de suppressions arbitraires, avec les conséquences, insuffisamment appréciées, qu'ils changeaient toujours la condition du problème et viciaient tous ses résultats ; cela fait qu'on ne peut déduire de tels calculs aucune autre inférence que celles qui se dégagent de la formule arbitrairement supposée. (Traité d'économie politique, 1803)

Un autre défaut de la science économique mathématisée est qu'elle ne tient pas compte d'un élément important : les règles de droit (et si elle en tient compte, elle confond droit avec législation ou réglementation).

Voir aussi scientisme, économisme, planisme.

Séparation de l’État et de l'économie

‎ De même qu'au cours des siècles on a abouti, au moins en Occident, à une séparation de l’État et de l’Église, l'expression la plus simple du libéralisme économique est la suivante : séparation de l’État et de l'économie, l’État ne conservant que les fonctions régaliennes indispensables à la bonne marche de l'économie (répression du meurtre, du vol, de l'escroquerie...) :

Quand je dis "capitalisme", je veux dire un capitalisme de laissez-faire entier, pur, incontrôlé, non réglementé - avec une séparation de l’État et de l'économie, de la même façon et pour les mêmes raisons qu'on a réalisé la séparation de l'église et de l’État. (Ayn Rand)

Cela implique l'interdiction de toute dette publique, la fin du capitalisme de connivence et cela peut en particulier aller jusqu'à la suppression d'institutions inutiles et nuisibles : banque centrale, FMI, etc. avec l'emploi de monnaies privées en remplacement des monnaies contrôlées par l’État.

Aux interventionnistes qui exigent de "mettre l'économie au service des peuples", les libéraux répliquent que l'économie est toujours au service des peuples, pourvu que l’État n'intervienne pas pour favoriser certains aux dépens des autres (capitalisme de connivence, protectionnisme, privilèges, autres formes d'interventionnisme, etc.)

Voir aussi

Citations

  • [L’économie] est une science des moyens à mettre en œuvre pour la réalisation de fins choisies, et non pas, assurément, une science du choix des fins. Les décisions ultimes, l’évaluation et le choix des buts, sont au-delà du champ d’une science, quelle qu’elle soit. La science ne dit jamais à l’homme comment il doit agir ; elle montre seulement comment un homme doit agir s’il veut atteindre des objectifs déterminés.
Ludwig von Mises
  • L’économie semble paraître hermétique ou inintéressante pour le commun des mortels qui ne se doute pas à quel point elle façonne tous les jours notre existence. A ne pas comprendre l’économie, on prend le risque de la subir, et de se laisser influencer par les apprentis sorciers du contrôle social qui sont nombreux aujourd’hui à profiter de l’ignorance ou de l’aveuglement.
Jean-Louis Caccomo
  • Un roi fit venir un économiste. Celui-ci arriva avec une encyclopédie en 18 volumes ; le roi le fit mettre à mort. Le second arriva avec un gros dictionnaire ; le roi le chassa. Un troisième vint et dit : "Sire, un repas gratuit, cela n'existe pas" ; le roi le nomma premier ministre.
Milton Friedman
  • L'économie est la science qui étudie le comportement humain en tant que relation entre les fins et les moyens rares à usages alternatifs.
Lionel Robbins, 1932
  • La science économique est la façon de comprendre le comportement en partant de l'hypothèse que les gens ont des objectifs et tendent à choisir la façon correcte de les réaliser.
David Friedman
  • La première Loi de l'Economie est: pour tout économiste, il existe un économiste d'avis contraire. La seconde Loi de l'Economie est: ils ont tous les deux tort. (humour)
econoclaste.eu
  • Quand on cesse de compter, c'est la peine des hommes que l'on cesse de compter.
(Charles Bettelheim, économiste marxiste)
  • La connaissance économique conduit nécessairement au libéralisme.
Ludwig von Mises
  • Économie : la science qui permettra d'expliquer demain pourquoi les prédictions d'hier ne se sont pas réalisées aujourd'hui (the science of explaining tomorrow why the predictions you made yesterday didn't come true today).
(anonyme)
  • La théorie économique, pour sa part, est une théorie du comportement humain, donc une théorie du comportement d'hommes qui vivent en société, c'est-à-dire dans un système d'interrelations, d'hommes qui sont confrontés au problème de la rareté et qui recherchent les moyens de la surmonter. Elle est correcte si elle part d'hypothèses cohérentes avec la manière dont les hommes se comportent effectivement mais elle ne l'est pas si elle est purement formaliste ou si elle repose sur des hypothèses purement rêvées.
Pascal Salin (Libéralisme, 2000)
  • Être ignorant en économie n'est pas un crime, puisque après tout c'est une discipline spécialisée, considérée par la plupart des gens comme une "science rébarbative"[1]. Mais ce qui est totalement irresponsable est d'exprimer une opinion forte et véhémente sur les sujets économiques tout en restant dans cet état d'ignorance.
Murray N. Rothbard
  • L’économie se venge toujours.
Raymond Barre
  • Si je comprenais quelque chose en économie, je ne serais pas socialiste !
(attribué à Léon Blum)
  • Apprenez à un perroquet les termes « offre et demande » et vous obtenez un économiste.
Thomas Carlyle
  • Les gens oublient souvent que les économistes ne sont pas de simples techniciens qui manipulent des chiffres. Ce sont des philosophes dans leur genre, des penseurs qui échafaudent certaines hypothèses sur le fonctionnement de l’économie et sur la façon dont la société est constituée.
Ron Paul
  • En ce pays-ci la science économique est si peu sue, qu'elle ne peut prononcer un mot sans faire surgir un adversaire.
Frédéric Bastiat
  • Contrairement à ce que pensent beaucoup d’économistes, l’économie n’est pas une branche des mathématiques, encore moins de la psychologie ou, comme le pensent bien des observateurs neutres, de l’astrologie. C’est tout simplement le dernier avatar de la logique, branche de la philosophie, que nous avons hérité de nos ancêtres grecs. L’économie n’est rien d’autre qu’une application de la logique aux activités purement humaines de création, de distribution et de transfert de la richesse entre générations.
Charles Gave
  • On a souvent accusé l’économie d’être une science déprimante. Cette réputation n’est pas injustifiée : elle doit souvent expliquer pourquoi une aubaine financière peut devenir une malédiction. Par exemple, les richesses amassées par l’Espagne lors de l’Age d’or (au XVIIe siècle) ont fini par provoquer sa ruine.
Andreas Höfert
  • Quand une personne ne comprend pas l'économie, cela s'appelle de l'ignorance. Quand il s'agit de millions de personnes, cela s'appelle un mouvement politique.
Scott Adams
  • Le but de l’économie est d’infuser de l’être au sein de l’avoir. L’économie est déjà devenue le principe unificateur entre les peuples. Mais l’économie n’est pas seulement globale, elle est ce qui permet de penser la globalité. Car elle met en jeu non seulement les êtres humains entre eux, mais l’humanité et son environnement, l’esprit et la matière.
Christian Michel
  • Pourquoi la plupart des économistes modernes sont-ils aussi idiots ? Réponse courte : parce que c'est payant. (...) Au cours de ces 50 dernières années, les économistes modernes ont prêché et pratiqué l'interventionnisme et l'activisme. Cela leur a permis de bien gagner leur vie... de remporter des Prix Nobel... de faire semblant de savoir de quoi ils parlaient... et d'exercer une énorme influence sur les économies qui ont été leurs victimes.
Bill Bonner (11/12/2017)
  • L'économie est la science qui connaît le prix de tout et la valeur de rien.
Oscar Wilde

Notes et références

  1. Ce qualificatif péjoratif de dismal science (science lugubre) est dû à Thomas Carlyle dans son essai de 1849, "un discours occasionnel sur la question des nègres". À l'époque, les économistes classiques comme John Stuart Mill ou Nassau Senior utilisaient l'analyse économique des institutions pour expliquer les différences de richesse entre les nations, alors que les membres du mouvement eugénique tels que Thomas Carlyle et Thomas Malthus prétendaient que les "différences de race" étaient la principale explication.

Liens externes


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