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Loi des rendements décroissants

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La loi des rendements décroissants est une loi économique selon laquelle l'augmentation des moyens de production entraine un rendement supplémentaire moindre. Elle a été initialement formulée par Turgot, puis approfondie par David Ricardo, qui s'en est attribué la paternité. Ils l'avaient alors tous deux appliquée à l'agriculture.

Formulation de la loi des rendements décroissants

C'est dans ses Observations sur le mémoire de M. de Saint-Péravy en faveur de l'impôt indirect en 1768 que Turgot la formula explicitement le premier. Il y écrivit :

« En accordant à l'auteur du Mémoire que, dans l'état de la bonne culture ordinaire, les avances rapportent 250 p. 100, il est plus que probable qu'en augmentant par degré les avances, depuis ce point où elles rapportent 250 p. 100 jusqu'à celui où elles ne rapporteraient rien, chaque augmentation serait de moins en moins fructueuse. [...] La semence, jetée sur une terre naturellement fertile, mais sans aucune préparation, serait une avance presque entièrement perdue. Si on y joint un seul labour, le produit sera plus fort ; un second, un troisième labour pourront peut-être, non pas doubler et tripler, mais quadrupler et décupler le produit qui augmentera ainsi dans une proportion beaucoup plus grande que les avances n'accroissent, et cela, jusqu'à un certain point où le produit sera le plus grand possible, comparé aux avances. Passé ce point, si on augmente encore les avances, les produits augmenteront encore, mais moins, et toujours de moins en moins jusqu'à ce que, la fécondité de la nature étant épuisée et l'art n'y pouvant rien ajouter, un surcroît d'avances n'ajouterait absolument rien au produit. »

David Ricardo reprit dans ses Principes de l'économie politique et de l'impôt cette loi :

« Il n'y a pas de rente au départ quand les pionniers arrivent dans une contrée fertile ou la terre est abondante et que seule une portion congrue est nécessaire pour nourrir la population, ou d'ailleurs que seule une portion congrue peut être cultivée avec les capitaux dont disposent la population. En effet, personne n'est disposé à payer pour un bien en quantité abondante, non-approprié et, par conséquent, à la disposition de tout un chacun qui veut l'utiliser. [...] Si la terre était en quantité illimitée et de qualité identique partout, aucun fermage, aucun loyer ne pourrait être exigé pour son usage à moins qu'elle ne soit ni illimitée ni uniforme auquel cas, et sous la pression de la population croissante, les terres de qualité inférieure ou moins bien situées commencent à être exploitées. À mesure que la demande croit, les terres de qualité inférieure sont exploitées, une rente est immédiatement appliquée aux terres de bonne qualité et la valeur de cette rente est proportionnelle aux différences de rendement de ces deux portions de terrain. Quand une terre de qualité encore inférieure est mise en exploitation, une rente est immédiatement appliquée aux terres de la seconde qualité et celle-ci est également proportionnelle aux différences de productivité de ces deux terres. Par contre-coup, la rente des terres de qualité supérieure va elle aussi augmenter parce qu'elle doit être supérieure à celle de la terre de qualité intermédiaire du montant égal à la différence de quantité de capital et de travail (pour l'exploiter). Avec chaque accroissement de la population, qui contraint un pays à exploiter des terres de qualité inférieure afin d'augmenter la production alimentaire, la rente sur les terres fertiles va croître. »

Applications et limites

La loi des rendements décroissants s'applique de façon assez naturelle à l'agriculture, dans laquelle on comprend aisément que les terres les plus fertiles soient les premières mises en culture. D'autres auteurs ont souligné qu'elle était valable de façon assez étendue. Ainsi, la théorie du cycle de l'école autrichienne l'applique aux investissements : pour les économistes autrichiens, les crises sont d'origine monétaire et résultent d'une expansion exagérée du crédit qui débouche sur du mal-investissement. Dans The Bottom Billion: Why the Poorest Countries are Failing and What Can Be Done About It, l'économiste Paul Collier applique cette loi économique à l'aide publique au développement.

Néanmoins, pour le cas de l'agriculture, cette loi est inscrite dans la vision des classiques anglais d'un état stationnaire inéluctable. Autrement dit, les rendements décroissent, dans ce domaine comme dans tout autre, jusqu'à atteindre un « état stationnaire » où les rendements supplémentaires possibles sont nuls. En effet, les ressources sont finies et, pour prendre l'exemple de l'agriculture, les terres arables ne peuvent être augmentées.

Cette erreur a été invalidée par l'expérience. En effet, c'est occulter le progrès possible pour une utilisation plus productive des ressources disponibles. Si on peut en effet légitiment supposer qu'à un instant t les terres cultivées sont les plus productives, cela n'est pas contradictoire avec l'idée de progrès technique qui permette d'améliorer la productivité des terres cultivées.

Croyant s'affranchir de l'économie, les tenants de la décroissance et du catastrophisme retombent dans cette erreur, qui avait été celle de David Ricardo et de Thomas Malthus.

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes


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