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Joseph Staline

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Joseph Staline
Personnage historique

Dates 1878 - 1953
Une de l'Humanité à la mort de Staline
Tendance Fasciste bolchevique totalitaire
Nationalité Russie Russie
Articles internes Autres articles sur Joseph Staline

Citation
Interwikis sur Joseph Staline

Joseph (Iossif) Vissarionovitch Djougachvili (russe : Иосиф Виссарионович Джугашвили ; géorgien : იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი Iosseb Bessarionis dze Djoughachvili) (18 décembre 1878 – 5 mars 1953), généralement connu sous le nom de Joseph Staline (Иосиф Сталин), a dirigé l'Union soviétique seul pendant vingt cinq ans, entre 1928 et 1953. De 1922 à 1953, il fut secrétaire général du Parti communiste d'Union soviétique. D'abord surnommé Sosso (« fade ») pendant son enfance, il était aussi appelé Koba (d'après un héros populaire géorgien). Le nom Staline a été le sien durant les années de clandestinité, il provient du mot russe сталь (stal) qui signifie acier. Staline signifie en russe « homme d'acier ». À la postérité, il fut aussi surnommé le « Tsar Rouge ».

Fondateur d'un État totalitaire dont le culte obligatoire rendu à sa propre personne fut un des traits les plus marquants, il entreprit d'arracher spectaculairement son pays à l'arriération ancestrale. Il fit collectiviser intégralement les terres et industrialisa l'Union soviétique à marche forcée par les très ambitieux plans quinquennaux, sans souci des oppositions, brisées, ni du lourd coût humain et social. Son long règne fut marqué par un régime de terreur et de délation paroxystique, encore plus prégnant en temps de paix qu'en temps de guerre, et par la mise à mort ou l'envoi aux camps de travail du Goulag de millions de personnes généralement innocentes, notamment au cours de la collectivisation des campagnes et des Grandes purges de 1937. Il pratiqua aussi bien des déplacements de population massifs, dont la déportation intégrale d'une quinzaine de minorités nationales, que la sédentarisation forcée non moins désastreuse de nomades d'Asie centrale. Il nia aussi l'existence des famines meurtrières de 1932 (Holodomor) et de 1947 après les avoir en partie provoquées par sa politique brutale. Le secret et la propagande systématiquement entretenus autour de ses actes firent du travestissement de la réalité et de la réécriture du passé une caractéristique permanente de son pouvoir absolu.

Le stalinisme

Searchtool-80%.png Article détaillé : stalinisme.

Le stalinisme est un mot désignant les idées et surtout les pratiques de Staline, puis, par extension, des staliniens. Le stalinisme est essentiellement une pratique (appliquée dans les États du bloc communiste), il a néanmoins une composante idéologique, caractérisée par :

  1. L'organisation du Parti : Staline estime qu'aucun débat et aucune opposition ne saurait être tolérée à l'intérieur du Parti. Seul le secrétaire général (Staline en URSS) doit diriger le Parti. Par contraste, on rappellera que Trotski défend ainsi un minimum de démocratie et de pluralisme, mais uniquement dans le strict cadre du Parti ; et que les communistes de conseil défendent une décision purement locale, avec un parti dont le secrétaire général n'est qu'un organisateur de débat et non le chef.
  2. La théorie du « socialisme dans un seul pays ». Lénine et Trotski prônaient au contraire la révolution internationale, la guerre totale et permanente jusqu'à la victoire.
  3. Staline est partisan d'un État fort et autoritaire, même si sa disparition est à la fois souhaitée et "prévue" au terme du processus. En attendant, l'État suspend de nombreuses libertés individuelles et collectives conquises dans la Révolution Russe, comme le droit à l'avortement (le droit à l'avortement avait été obtenu en Russie en 1920 sous pression d'Alexandra Kollontaï ; il a ensuite été supprimé par Staline en 1936), la liberté de la presse, la liberté sexuelle (y compris l'homosexualité)…
  4. Au contraire de « la disparition du travail », but ultime proclamé par Karl Marx, le stalinisme exalte le travail et le dévouement du salarié avec la doctrine du Stakhanovisme. Staline abandonne la NEP (Nouvelle politique économique) entamée en 1921 et commence à re-nationaliser systématiquement les moyens de production.

Staline condamnait avec force "l'égalitarisme". Il considérait que la société socialiste devait adopter des normes de distribution de la richesse différenciées suivant la "contribution" de chaque couche sociale à la société. Les conditions de vie et de travail de l'élite bureaucratique étaient nettement plus favorables que celles de la masse ouvrière. La paysannerie était la grande perdante de ces inégalités avec des conditions d'existence très fragiles et, à certaines périodes, des situations de famine.

Les crimes du stalinisme

“Grand assaut” contre la paysannerie 1929-1933

Plus de 2 millions de paysans sont déportés.

En 1930 : 14 000 révoltes, émeutes et manifestation de masse contre le régime qui impliquent près de 2,5 millions de paysans. 1930-1933 : 300 000 déportés meurent en déportation. Dans les mines du Kouzbass la moitié des mineurs sont des “colons de travail” en 1932 et les 2/3 des habitants de Magnitogorsk sont des déportés.

Collecte de l’État/production agricole en 1931 : 41,5 % en Ukraine, 47 % au Caucase du Nord, 39,5 % dans le Kazakhstan. Or 12 à 15 % nécessaire pour les semences et 25 à 30 % pour le bétail et 35 à 52 % pour leur consommation, les 15 à 20 % restant étant commercialisés !

En novembre 1932 un responsable régional avait écrit à Molotov : nous devons prendre en considération les besoins minimums des kolkhoziens faute de quoi il n’y aura plus personne pour semer et assurer la production. Réponse de Molotov : Votre position est profondément incorrecte, non bolchévique. Nous autres bolcheviks nous ne pouvons pas mettre les besoins de l’État à la dixième ni même à la seconde place.

Le fait pour les paysans de cacher leurs réserves est considéré comme du sabotage.

La loi du 7 août 1932 dite loi des épis permet de condamner pour vol ou dilapidation de la propriété socialiste plus de 125 000 personnes d’août 32 à décembre 33 dont 5 400 à la peine capitale.

La circulaire du 22 janvier 1933 interdit les départs massifs des paysans d’Ukraine et de Caucase du Nord. Cet exode massif n’est-il pas un complot des ennemis du régime ? Les paysans sont donc ramenés sur place où ils meurent de faim. En 1933, le gouvernement a exporté 18 millions de quintaux de blé pour les besoins de l’industrialisation. Il y eut sans doute 6 millions de morts de faim en Ukraine et 1 million au Kazakhstan (les nomades privés de tout bétail).

Répression contre les ennemis du peuple

Les offensives antireligieuses : pendant l’hiver 1929-1930 plus de 6700 églises sont fermées ou détruites. Les prêtres sont considérés comme “parasites”.

En 1936 ne sont en activité que 28 % des églises orthodoxes et 32 % des mosquées d’avant la révolution. Des 20 000 églises et mosquées de 1936, moins de 1000 ouvertes en 1941.

Sont privés de leurs droits civiques : les anciens propriétaires, nobles, commerçants, fonctionnaires tsaristes, membres des partis politiques, etc. En 1932 avec leurs familles cela représente 7 millions de personnes.

Repression contre les ouvriers et les cadres de l’industrie

Dans l’industrie, en raison des cadences infernales les accidents se multiplient ainsi que les pannes de machines : de janvier 1930 à juin 1931, 48 % des ingénieurs du Donbass sont révoqués ou arrêtés. 4500 saboteurs sont démasqués dans les transports dans le 1er semestre 1931. Tout cela contribue à désorganiser la marche des entreprises.

La loi du 15 novembre 1932 permet le licenciement immédiat, le retrait des cartes de rationnement et l'expulsion du logement en cas d’absentéisme au travail. Le passeport intérieur est introduit le 27 décembre 1932. Pour résider en ville, il faut disposer d’un passeport. De nombreux sans passeports sont déportés (celui qui descend acheter des cigarettes et oublie son passeport peut être raflé et déporté).

En 1940 : semaine de 7 jours ; tout retard supérieur à 20 mn passible de 6 mois de travaux ; tout acte d’hooliganisme et vol est sanctionné de 1 à 3 ans de camp.

Le système des camps

Le système des camps n'est pas une originalité stalinienne, il remonte aux débuts de la période léniniste (entre 1920 et 1923 la Russie soviétique compte 84 camps regroupant environ 25 000 prisonniers).

Au milieu de l'année 1930, on trouve 140 000 détenus dans les camps gérés par la GPU ; plus de 300 000 début 1932.

Ils sont affectés à la construction de routes, de chemin de fer, travail dans mines et puits de pétroles.

Le système de camps est unifié en 1934 et devient le Goulag : plus de 965 000 détenus en 1935 et près de 2 millions en 1941. Or seulement 1/4 à 1/3 sont des prisonniers politiques, la majorité est composée de gens ordinaires.

La répression s'exerce aussi contre les jeunes vagabonds et criminels : de 1935 à 1939 plus de 155 000 mineurs enfermés dans des colonies de travail. Au 1er avril 1939 10 000 mineurs sont présents au Goulag.

Les grandes purges

En 1937-1938 1 575 000 personnes arrêtées par le NKVD : 85 % condamnés et la moitié de ceux-ci fut executée (soit 680 000). La mission du NKVD est d'enfumer et détruire les nids de punaises trotsko-fascistes (Pravda). La purge de l’armée rouge touche 3 maréchaux sur 5 ; 13 généraux d’armée sur 15 ; 8 amiraux sur 9 ; 50 généraux de corps d’armée sur 57 ; 154 généraux de division sur 186. 1 officier sur 6 fut arrêté. Parmi les exécutés : l’écrivain Issak Babel (Cavalerie rouge) en 1940 parmi une dizaine d’écrivains célèbres ; le metteur en scène Meyerhold (torturé et executé en 1940).

Les crimes de l'après-guerre dans les territoires conquis ou reconquis

La majorité (80 %) des 2 270 000 prisonniers rapatriés des camps nazis furent condamnés à des peines de camp ou exilés pour 5 ans au moins ou astreints aux travaux obligatoires de reconstruction de l'après-guerre.

L'Ukraine occidentale est "pacifiée" et collectivisée : près de 300 000 personnes sont déportées, exilées ou arrêtées (1945-1950). L'Église uniate est forcée de s'unir à l'église orthodoxe. Dans les États Baltes, la collectivisation s'accompagne de la déportation de 600 000 personnes.

Un décret de 1946 condamne à la déportation pour trahison collective des Tchétchènes, Ingouches et Tatars de Crimée. D'autres peuples avaient également été déportés : les Allemands de la Volga, les Kalmouks, les Karatchais et les Balkars, soit au total près d'un million quatre cent mille personnes. Pendant une dizaine d'années, les nations concernées cessèrent d'exister.

L'apogée du système concentrationnaire 1945-1953

Les chiffres varient selon les auteurs, de 4,5 millions à 12 millions, mais consensus sur le fait que la population carcérale atteignit un maximum dans les années 1948-1952 : une partie des condamnés de 1937-38 avaient vu leur peine prolongée et la mortalité des détenus ayant baissé après 1948 par le souci de « préserver » une main d'œuvre utile.

L'essentiel des camps se situaient dans les régions les plus lointaines et les plus rudes. La Kolyma était la région symbole du Goulag. Les détenus étaient affectés à l'exploitation forestière, l'extraction minière la construction de voies ferrées, de grands barrages et du canal Volga-Don.

En 1948 étaient créés des camps « à régime spécial » très durs pour des prisonniers politiques endurcis mais qui connurent plusieurs tentatives de soulèvements. Selon Jacques Rossi (Manuel du Goulag), les prisonniers devaient travailler à l'extérieur avec des températures jusqu'à -55°C.

Position libérale

Pour les libéraux, Staline incarne la quintessence même du communisme, et non son dévoiement. En effet, l'égalitarisme forcené visé par le communisme, la lutte des classes, l'anéantissement de toute forme d'enrichissement personnel et de propriété privée ne peut, selon les libéraux, que mener au totalitarisme. Mises, dans son étude du socialisme, et Hayek, décortiquant le calcul économique en économie socialiste, fondent les prémisses des concepts qu'Hannah Arendt développa après-guerre.

Le stalinisme aujourd'hui

La manière dont la Russie traite son passé communiste, ainsi que les raisons qui sous-tendent l'attitude de Poutine, peuvent se résumer de la manière suivante : on identifie le système communiste avec l'empire russe ; attaquer le communisme revient à affaiblir l'État russe. Et c'est l'ambition impériale qui est le principal motif de la négation des crimes communistes par les Russes.

Des ouvrages historiques récents montrent jusqu'où ce processus est allé en Russie, et par quels procédés on escamote les crimes du communisme. Sous Poutine, c'est une vaste entreprise de réhabilitation de Staline qui est en cours, tendance dont deux livres donnent une parfaite illustration : la biographie monumentale de Staline par V. Karpov, et les travaux de Youri Joukov sur les purges des années 30.

Dans le livre de Karpov, Staline est dépeint comme un patriote russe, comme le bâtisseur de la superpuissance russe qui a vaincu aussi bien la tentative "sioniste" de prendre le contrôle de la Patrie sous Lénine, et l'attaque occidentale contre la Russie menée par Hitler (à l'évidence, l'auteur pense que le premier exploit devrait valoir à Staline une gratitude particulière de la postérité). L'idéologie communiste s'y interprète comme un instrument dont Staline se sert pour réaliser des ambitions géopolitiques entièrement légitimes. Quant aux purges, il les justifie par la présence de véritables ennemis de l'État russe.

Dans le livre de Joukov, nous trouvons une approche semblable, quoique moins obsédée par le thème du "sionisme". Joukov décrit Staline comme un démocrate, dont le programme réformiste était bloqué par un Politburo "conservateur" en 1937.

Ces deux auteurs ne sont pas des marginaux, leurs ouvrages se répandent partout. Leur position principale, qui met l'accent sur la "géopolitique" et ne tient aucun compte du facteur idéologique, est aujourd'hui commune à la plupart des historiens russes.

Les conséquences de cette représentation faussée, édulcorée du stalinisme, sont très graves. L'agressivité du régime communiste, aussi bien à l'intérieur que dans les relations internationales, est passée sous silence.

Littérature secondaire

  • 1999, Sheila Fitzpatrick, Everyday Stalinism: Ordinary Life in Extraordinary Times: Soviet Russia in the 1930s, Oxford University Press

Citations

  • Le stalinisme, c'est la voie la plus longue pour aller du capitalisme... au capitalisme. (Lech Walesa)
  • Staline avait les mains pleines de sang. J’ai vu les condamnations à mort qu’il signait par paquets avec Molotov, Vorochilov, Kaganovitch et Jdanov. Ces cinq étaient les plus actifs, et Molotov ajoutait : "commuter les peines de 10 ans en exécutions par balle". Par groupes entiers ! (Mikhaïl Gorbatchev)
  • Je conviens sans nulle difficulté que la politique de l'État soviétique est conduite par un homme extraordinaire. Staline est un homme de génie. Il est génial par ses dimensions, par sa puissance intérieure d'efficacité comme par la profondeur de ses desseins. (Léon Blum)
  • Et Staline pour nous est présent pour demain / Et Staline dissipe aujourd'hui le malheur / La confiance est le fruit de son cerveau d'amour. (Paul Eluard, « Joseph Staline », janvier 1950)
  • Le stalinisme n'a existé ni en théorie ni en pratique : on ne peut parler ni de phénomène stalinien, ni d'époque stalinienne, ces concepts ont été fabriqués après 1956 par la pensée occidentale de gauche pour garder les idéaux communistes. (Alexandre Soljenitsyne)
  • La mission philosophique de Staline consista à révéler le fait, caché depuis le début du monde, que les prétendues résistances du réel sont en vérité des oppositions. Il n'existe pas de problèmes, il n'y a que des gens qui créent des difficultés. Il n'existe pas de faits, mais uniquement des saboteurs qui se dissimulent derrière le dos large des affirmations de faits. La révolution est le procédé de démonstration qui dévoile comment un « moi » se dissimule derrière chaque « ça ». La fameuse phrase de Staline « pas d'hommes, pas de problèmes » formule le chemin russe vers l'objectivité. (Peter Sloterdijk, Après nous le déluge, 2014)
  • Présenter pendant des années et des années le régime stalinien comme un régime de gauche, cela veut dire que les âmes de gauche qui, traditionnellement, se réclament de l’humanisme, de la liberté et du peuple, ont considéré que le régime qui avait supprimé toutes les libertés, mis des millions et des millions de gens dans des camps de concentration, leur paraissait, à elles, faire partie du vague ensemble qu’elles appellent la gauche. (Raymond Aron, France Culture, 1975)
  • Ayant réuni dans ses mains l’ensemble des pouvoirs, exerçant sans contrôle le droit de vie et de mort sur toute la Russie, Staline apparaît comme un despote oriental, doublé, selon le mot d’un de ses adversaires, de tous les ridicules de Bouvard et de Pécuchet. Mais sans sa dictature, comme sans celle de Lénine, il y a longtemps que la Révolution russe ne serait plus qu’un souvenir. Tous les deux sont partis de ce vieux principe que la force est l’accoucheuse des sociétés. Un forceps est particulièrement nécessaire, en effet, pour l’accouchement des monstres. (Jacques Bainville, Les dictateurs, 1935)
  • L'humanisme de Staline était profond, lucide, réaliste, et avant tout imprégné de véritable bonté, au sens plein de ce mot. (Marcel Cachin)

Liens externes


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