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David Friedman

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David Friedman
Économiste

Dates 1945-
David Friedman
Tendance Anarcho-capitaliste
Nationalité États-Unis États-Unis
Articles internes Autres articles sur David Friedman

Citation
Interwikis sur David Friedman

David D. Friedman, né le 12 février 1945, est un économiste américain, professeur à l'université de Santa Clara où il enseigne l'économie et le droit. C'est une figure majeure du courant anarcho-capitaliste, en particulier par la publication de son livre The Machinery of Freedom (1971) (trad. française Vers une société sans État, 1992, les Belles Lettres). Diplômé en Sciences physiques de l'université de Chicago, il est le fils du prix Nobel Milton Friedman, et le père de Patri Friedman.

Ne pas confondre avec David M. Friedman, avocat américain, nommé par Donald Trump ambassadeur des États-Unis en Israël en décembre 2016.

C'est un éditeur associé de Liberty Magazine.

Pensée

Le libertarianisme, tel que défini par David Friedman, est avant tout une vision politique et sociale qui privilégie la liberté individuelle et la minimisation de l'intervention gouvernementale dans la vie des individus. Les libertariens considèrent que chaque personne devrait avoir le droit de vivre sa vie comme elle l'entend, tant que ses actions ne portent pas préjudice aux droits des autres. Cette perspective repose sur l'idée fondamentale que les individus sont les mieux placés pour prendre des décisions concernant leur propre vie, et que les gouvernements et autres institutions devraient intervenir le moins possible dans ces choix personnels.

David Friedman souligne la distinction entre droits négatifs et droits positifs. Les droits négatifs sont des droits qui impliquent principalement l'absence d'interférence ou de contrainte sur les actions des individus. Par exemple, le droit à la vie, à la liberté d'expression et à la propriété sont des droits négatifs car ils exigent simplement que les autres ne portent pas atteinte à ces aspects fondamentaux de la vie individuelle. En revanche, les droits positifs impliquent des obligations actives de la part des autres individus ou de l'État, tels que le droit à un logement, à des soins de santé ou à un emploi. Cette distinction est cruciale dans la philosophie libertarienne car elle oriente la perspective sur le rôle de l'État et des institutions sociales. Les libertariens soutiennent généralement que les droits négatifs sont les seuls droits légitimes, car ils exigent simplement que les individus ne nuisent pas aux autres, sans imposer d'obligations positives qui pourraient restreindre la liberté individuelle ou entraîner une coercition étatique. Ainsi, le libertarianisme favorise les droits négatifs en tant que moyen de garantir la liberté individuelle tout en minimisant l'ingérence gouvernementale.

Les contrats auto-exécutoires

Un contrat auto-exécutoire[1] est un accord qui se maintient et se fait respecter sans recours à une autorité extérieure, telle qu’un tribunal ou une force publique. Son exécution repose sur la structure stratégique de la relation entre les parties : toute violation déclenche une riposte crédible qui rend la tricherie plus coûteuse que le respect de l’accord.

L’analyse de David Friedman[2] s’appuie sur la notion de points focaux (ou Schelling points), introduite par Thomas Schelling. Un point focal désigne une solution perçue comme unique et évidente par les acteurs d’une interaction. Lorsqu’un contrat est conclu, il devient lui-même un point focal : la promesse établie constitue une référence partagée.

En cas de défaillance, la menace de sanction est crédible car elle vise à restaurer ce point focal. Renoncer à l’accord reviendrait à supprimer cette référence et à exposer les parties à un marchandage indéfini, générateur de coûts élevés.

David Friedman illustre[3] ce mécanisme par un exemple simple : une personne s’engage à couper un arbre qui fait de l’ombre au verger d’un voisin, en échange d’un boisseau de pommes. Une fois l’arbre abattu, le voisin pourrait être tenté de ne pas payer. Toutefois, la violation de l’accord fournit à la première partie un motif clair de représailles, rendant la sanction plus crédible après l’engagement qu’avant. L’accord agit donc comme un mécanisme d’autorenforcement.

Une autre explication fournie par la réputation rend compte de certains comportements coopératifs, mais David Friedman souligne une autre explication. Le respect systématique des engagements s’impose surtout en tant que schéma saillant. La règle “toujours tenir promesse” est simple, coordonnable et prévisible, tandis que des règles complexes ou aléatoires (par exemple “tenir promesse une fois sur deux”) manquent de crédibilité.

Un contrat devient véritablement auto-exécutoire lorsque plusieurs conditions se combinent. Il faut d’abord que les parties partagent une compréhension claire de ce qui constitue le respect ou, au contraire, la violation de l’accord. Il est également nécessaire que des sanctions soient disponibles, à la fois réalistes et supportables pour celui qui doit les appliquer. Ces sanctions doivent être perçues comme suffisamment coûteuses par le tricheur pour le dissuader d’enfreindre l’engagement. La répétition des interactions joue aussi un rôle central : perdre un partenaire fiable devient alors plus coûteux que de respecter ses promesses. Enfin, l’incertitude entourant les alternatives possibles accroît la valeur du point focal établi par le contrat, renforçant ainsi sa stabilité.

Le mécanisme permet également d’expliquer pourquoi il est rationnel, à long terme, de refuser même un petit tribut ou une faible extorsion. Céder détruit le point focal initial et ouvre la voie à des demandes croissantes (logique dite du danegeld). Résister, bien que coûteux dans l’immédiat, peut prévenir de futures tentatives de chantage.

Selon David Friedman[4], des accords de ce type permettent à des individus, même en l’absence d’État, de réduire la violence en s’entendant sur la répartition des biens et des territoires. Multipliés et stabilisés, ces accords engendrent des normes sociales proches de ce que l’on désigne comme droits de propriété. L’ordre civil peut alors être interprété comme un vaste réseau de points focaux : chacun sait quelles pratiques sont acceptées et quelles violations justifient une riposte.

Les contrats auto-exécutoires ne sont pas exempts de fragilités. Leur efficacité suppose l’existence de normes partagées ; or, dans un contexte interculturel, des représentations divergentes de ce qui est acceptable ou non peuvent empêcher leur émergence. L’anonymat et la brièveté des échanges constituent un autre obstacle : lorsqu’une relation est ponctuelle, la menace de sanctions perd en crédibilité. De plus, si les gains espérés par la tricherie sont largement supérieurs au coût anticipé des représailles, la tentation de violer l’accord devient difficile à contenir. Enfin, certains enjeux collectifs, tels que la préservation des ressources naturelles, relèvent de biens publics dont la gestion exige une coordination large et généralisée, bien au-delà de la simple logique des interactions locales.

Les contrats auto-exécutoires constituent un élément central de l’explication positive des droits de propriété proposée par David Friedman. Ils montrent comment des règles de comportement stables peuvent apparaître et se maintenir sans cadre légal ni sanction morale, uniquement par la dynamique stratégique des interactions humaines. Ce concept contribue à éclairer l’émergence historique des normes sociales, la résilience de certains systèmes de propriété et la nature décentralisée de l’ordre civil.

Citation

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Ce concept est principalement développé par David Friedman (A Positive Account of Property Rights, 1994 ; The Machinery of Freedom, 2ᵉ éd., 1989)
  2. "A Positive Account of Property Rights", 1994
  3. "A Positive Account of Property Rights", 1994
  4. "A Positive Account of Property Rights", 1994

Publications

Pour une liste détaillée des œuvres de David Friedman, voir David Friedman (bibliographie)

Littérature secondaire

  • 1994,
    • Tyler Cowen, "Rejoinder to David Friedman on the economics of anarchy", Economics and Philosophy, Vol 10, n°2, pp329–332
    • Wayne Dawson, commentaire du livre de David Friedman, "The Machinery of Freedom: Guide to a Radical Capitalism", Formulations (publication de la Free Nation Foundation), Vol 1, n°4, Summer
  • 2011, Ion Sterpan, "David Friedman's Model of Privatized Justice", Public Reason, Vol 3, n°1, pp79-97

Liens externes

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