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Humanisme

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Le terme humanisme est formé sur l'allemand Humanismus, venant lui-même du terme humaniste : au XVIe siècle, l'humaniste s'occupait d'études sur les humanités, les studia humanitatis en latin, ou lettres antiques. Pour ces érudits de la Renaissance, le terme humanitas avait le même sens qu'à l'époque cicéronienne et signifiait « la culture qui, parachevant les qualités naturelles de l'homme, le rend digne de ce nom ». Avec les humanistes de la Renaissance émergent des interrogations philosophiques sur la puissance productive de l’esprit humain, c'est aussi l'émergence des théories de la connaissance. Pic de la Mirandole, humaniste italien, écrit : « les miracles de l'esprit sont plus grands que le ciel. Il n'est rien de plus grand sur terre que l'homme, rien de plus grand dans l'homme que son esprit et son âme. En t'élevant jusqu'à eux, tu t'élèves au-dessus du ciel ».

Deuxièmement l'humanisme abrite un sens moral, désignant, d'un point de vue global, une attitude de bienveillance envers l'humanité, synonyme de philanthropie, amour de l'humanité.

Le terme désigne aussi un courant culturel, scientifique, philosophique et, par bien des aspects, politique qui propose un « modèle humain » défini comme synthèse des qualités intellectuelles, sociales, affectives, caractéristiques de la « nature humaine ».

L'humanisme est un courant de pensée idéaliste et optimiste qui place l'Homme au centre du monde, et honore les valeurs humaines.

En ce sens, le libéralisme est par essence un humanisme.

Plusieurs humanismes

Luc Ferry[1] distingue deux humanismes, historiquement.

Le "premier humanisme" naît au XVe siècle (Pic de la Mirandole) et se développe dans les siècles suivants (Descartes, Kant, Hegel). Il est caractérisé selon Luc Ferry par neuf traits :

  1. rejet des arguments d'autorité (table rase, recours à la subjectivité, reconstruction des valeurs sur une base individualiste) ;
  2. refus du dogmatisme (développement des théories du droit naturel opposées aux "religions positives") ;
  3. recours à l'expérience et critique de la métaphysique ;
  4. infinité du monde (par opposition à l'univers clos et hiérarchisé de l'Antiquité) : il n'y a plus de "lieu privilégié" ni de hiérarchie cosmique (ce qui selon Luc Ferry a permis l'invention des droits de l'Homme) ;
  5. désenchantement du monde et projet de maîtrise technique de la nature (déterminisme, rationalité) ;
  6. optimisme et idée de progrès ;
  7. démocratisation du savoir (Encyclopédie des Lumières) ;
  8. humanisme juridique, laïcité (fin des guerres de religion) ;
  9. éducation et colonisation.

Le XIXe siècle et le XXe siècle sont ensuite des périodes de "déconstruction" de cet humanisme (Arthur Schopenhauer, Friedrich Nietzsche, Heidegger, etc.) : refus des valeurs, critique du "premier humanisme", de sa métaphysique posant une transcendance de la raison, de la liberté et du progrès, de ses "taches originelles" (racisme, impérialisme, colonialisme).

Luc Ferry salue l'avènement d'un "deuxième humanisme", "humanisme de l'amour", marqué par la prise de conscience des risques engendrés par le développement et la mondialisation des sciences et des techniques, le déclin des idées de nation et de révolution, la mise au premier plan des valeurs privées et le souci des générations futures.

Notes et références

  1. La plus belle histoire de la philosophie, Robert Laffont, 2014

Bibliographie

  • 2012, Pierre Caye, "Humanisme", In: Mathieu Laine, dir., "Dictionnaire du libéralisme", Paris: Larousse, pp303-305

Citations

  • Tout humanisme comporte un élément de faiblesse, qui tient à son mépris du fanatisme, à sa tolérance et à son penchant pour le doute, bref, à sa bonté naturelle et peut, dans certains cas, lui être fatal. Ce qu’il faudrait aujourd’hui, c’est un humanisme militant, un humanisme qui découvrirait sa virilité et se convaincrait que le principe de liberté, de tolérance et de doute ne doit pas se laisser exploiter et renverser par un fanatisme dépourvu de vergogne et de scepticisme. (Thomas Mann)
  • La pensée libérale a toujours en vue l'humanité dans son ensemble et non uniquement dans ses parties. Elle ne se limite pas à certains groupes et ne s'arrête pas aux frontières du village, de la province, de la nation ou du continent. Sa pensée est cosmopolite et œcuménique : elle embrasse tous les hommes et la terre entière. Le libéralisme est, en ce sens, un humanisme et le libéral est un citoyen du monde, un cosmopolite. (Ludwig von Mises, Le Libéralisme, 1927)
  • Là où cesse l’État, c'est là que commence l'homme. (Friedrich Nietzsche, Ainsi parla Zarathoustra)
  • Le sentiment d’humanité ne consiste pas chez moi à me sentir proche de l’homme tel qu’il est, mais à supporter seulement de me sentir proche de lui. Le sentiment d’humanité n’est chez moi qu’une continuelle victoire sur moi-même. (Friedrich Nietzsche)
  • Si quelqu'un voit en nous autre chose que des hommes, nous ne le regarderons pas non plus comme tel, mais comme un monstre et le traiterons pareillement. (Max Stirner)
  • ​L'homme est humain, à peu près comme la poule vole. (Louis-Ferdinand Céline)
  • Les religions humanistes ont le culte de l’humanité ou, plus exactement, de l’Homo sapiens. L’humanisme est la croyance suivant laquelle l’Homo sapiens possède une nature unique et sacrée, foncièrement différente de la nature de tous les autres animaux et de tous les autres phénomènes. Pour les humanistes, la nature unique de l’Homo sapiens est la chose au monde qui importe le plus et qui détermine le sens de tout ce qui se passe dans l’univers. Le bien suprême est le bien d’Homo sapiens. Le reste du monde et tous les autres êtres n’existent que pour le bénéfice de cette espèce. Tous les humanistes ont le culte de l’humanité, mais ils ne s’accordent pas sur sa définition. L’humanisme s’est scindé en trois sectes rivales qui se disputent sur la définition exacte de l’« humanité », comme les sectes chrétiennes rivales s’affrontaient sur la définition exacte de Dieu. Aujourd’hui, la secte humaniste la plus importante est l’humanisme libéral, pour lequel l’« humanité » est une qualité des individus, et la liberté individuelle sacrosainte. (...) Une autre secte importante est l’humanisme socialiste. Pour les socialistes, l’« humanité » est moins individualiste que collective. Ce qui est sacré, à leurs yeux, ce n’est pas la voix intérieure de chaque individu, mais l’espèce Homo sapiens dans sa totalité. Tandis que l’humanisme libéral recherche autant de liberté que possible pour les individus, l’humanisme socialiste veut l’égalité entre tous les hommes. (...) La seule secte humaniste qui ait réellement rompu avec le monothéisme traditionnel est l’humanisme évolutionniste dont les nazis sont les représentants les plus célèbres. Ce qui distingue les nazis des autres sectes humanistes, c’est une définition différente de l’« humanité », profondément influencée par la théorie de l’évolution. (Yuval Harari, Sapiens-Une brève histoire de l'humanité, 2012)


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