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Jacob Sher

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Jacob Sher (Яков Шер), né en 1934 à Vilnius, mort en 1999 à Paris, fut un ingénieur, traducteur, publiciste et chercheur indépendant. Analysant le socialisme et le capitalisme, il propose une "troisième voie" : l'ergonisme, propriété directe du capital par les individus (différent de l'autogestion socialiste et du capitalisme fondé sur le salariat).

Biographie

Il naît à Wilno, ville polonaise annexée par l'URSS en 1939, et qui devient Vilnius, capitale de la Lituanie soviétique.

En 1956, il obtient le diplôme d'ingénieur-électricien à l'Institut polytechnique de Léningrad et travaille dans une usine électrotechnique à Vilnius. En 1957, la famille émigre en Pologne, puis en Israël en 1960, près de Tel-Aviv. En 1964, il s'installe définitivement à Paris. Le bouillonnement de mai 1968 lui inspire ses idées d'un troisième principe de société, principe "ergoniste" (du grec ergôn - travail), et dont l'incarnation est le travailleur, maître ou copropriétaire du capital qu'il emploie, plutôt que salarié d'un patron ou de l'Etat.

Il publie en 1971 son premier livre Où aller, écrit en russe. Pendant trois années, il fréquente les séminaires de l'Ecole pratique des hautes études. Naturalisé Français, il se marie en 1975 et devient père de deux enfants. Il étudie le socialisme et montre que le goulag fut un effet normal et parfaitement prévisible de la nature collectiviste du socialisme.

Idées

Jacob Sher défend le principe de la propriété "ergoniste", celle de travailleurs-propriétaires (individuels ou groupés), qu'il voit comme différent de deux autres principes : libéral (patronal) et socialiste (collectiviste, tendant vers le monolithisme). Il indique que ce principe de "troisième voie" rejoint les idées d'Alexis de Tocqueville, de Frédéric Bastiat ou de Proudhon. Pour lui, « le problème est non pas "d'abolir" le capital en le rendant étatique, mais de l'ergoniser le plus possible, en transformant les salariés en copropriétaires. »

Oeuvres

  • 1971 : Куда идти?: книга для тех, кто хочет изменить мир (Où aller?, un livre pour ceux qui veulent changer le monde), Paris, 1971, éd. à compte d'auteur
  • 1982 : Changer les idées - ergonisme contre socialisme et capitalisme, éd. Rupture
  • 1983-1995 : Enquête sur le socialisme - Énigme d'un Idéal engendrant des monstres
  • 1993 : La Russie est-elle coupable? (revue moscovite Recherches philosophiques)
  • 1993 : Russie: Orient ou Occident? (revue moscovite Recherches philosophiques)
  • 1994 : Y a-t-il une troisième voie? (revue moscovite Recherches philosophiques)
  • 1995 : La maladie étatiste du peuple, prédite et analysée par Frédéric Bastiat il y a 150 ans
  • 1998 : Trois questions russes, éditions ROSSPEN (réédition d'articles déjà parus)
  • 2000 : Retour à des présages du désastre communiste, Cahiers d'Histoire sociale, n°13, Albin Michel

Citations

  • La maladie est née il y a environ 150 ans, autour de l'an 1848, quand la démocratie, et en même temps les doctrines socialistes (notamment le marxisme, avec la parution du Manifeste communiste de Marx), ont fait des percées en Europe. C'est justement l'accouplement contre nature de la démocratie et du socialisme qui a engendré un virus de cette maladie que l'on peut définir comme l'obsession d'assurer le bonheur du peuple par l'action exclusive de l'Etat. Car la démocratie donne le pouvoir au peuple, et la doctrine socialiste suggère au peuple que seul le pouvoir d'Etat, sinon l'étatisation de toute la propriété, peut assurer la juste répartition des biens et la justice en général. (...) L'économiste français Frédéric Bastiat a assisté à la naissance du virus, et il a immédiatement deviné sa nature pernicieuse et les troubles graves ou fatals que ce virus pourrait provoquer. Bastiat a décrit la future maladie et ses effets avec une telle prodigieuse perspicacité, qu'un siècle et demi après, il n'est pas besoin de changer un mot à ses prophéties. Les vaccins qu'il propose d'avance n'ont rien perdu ni de leur efficacité ni de leur fraîcheur. (La maladie étatiste du peuple, 1995)
  • Le principe ergoniste - "autopropriété" des travailleurs - est un principe tout à fait distinct des principes de propriété patronale et étatique, y compris du principe "mixte" de l'autoGESTION, suivant lequel les travailleurs gèrent une propriété qui ne leur appartient pas, comme, par exemple, dans le socialisme yougoslave. Aucun des trois principes n'étant un mélange des deux autres, nous nous trouvons ainsi, théoriquement, devant un choix triangulaire: socialisme, capitalisme ou ergonisme. Choix bien concret, car, dans la réalité, pour les entreprises, on ne peut avoir que trois types de maîtres. Une usine, une rédaction, un grand magasin, etc. ne peut appartenir qu'aux patrons (variante capitaliste), à l'Etat (variante socialiste) ou à son personnel (variante ergoniste). (Enquête sur le socialisme, Enigme d'un Idéal engendrant des monstres)
  • Marx (...) est donc adversaire aussi bien du capitalisme que de l'ergonisme. Ayant constaté que "au fond du système capitaliste il y a donc la séparation radicale du producteur d'avec les moyens de production", Marx choisit le faux camp, - celui des bâtisseurs du goulag qui se battent non pas pour réduire cette séparation, mais pour l'aggraver par la collectivisation. Car, tout en faisant des grands discours oratoires sur la nécessaire "reconversion du capital en propriété des producteurs", il s'est fait Apôtre de la théorie et de la pratique opératoires de la conversion des capitaux en Capital unique, "non plus comme propriété privée des producteurs particuliers, mais en tant que propriété des producteurs associés, propriété directement sociale". Cela veut dire que Marx n'est pas pour la propriété DIRECTE, concrète des travailleurs, propriété ergoniste, mais pour la propriété étatique ("directement sociale").

Liens externes


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