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Le socialisme comme exigence morale

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Le socialisme, Étude économique et sociologique
Die Gemeinwirtschaft: Untersuchungen über den Sozialismus
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Auteur : Ludwig von Mises
Genre
économie, sociologie
Année de parution
1922
la société est le produit de la volonté et de l'action, pas d'une planification collectiviste.
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Le socialisme comme exigence morale constitue la quatrième partie de l'ouvrage Le Socialisme de Ludwig von Mises.

CH I : Le socialisme et la morale

Les marxistes sont partisans du socialisme d’abord parce que son avènement est inéluctable, ensuite parce qu’il a une valeur morale supérieure, enfin parce qu’il réalise une économie plus rationnelle. Les socialistes non marxistes sont inspirés par deux sentiments qui s’excluent réciproquement : la société socialiste permet un rendement meilleur du travail ou bien un ordre social moralement plus parfait.

L’opposition entre mobiles égoïstes et mobiles altruistes est impossible à défendre. Ce que l’individu donne à la société, il le donne pour ses propres fins. L’État et les normes du droit l’obligent pas l’individu à servir des intérêts étrangers, elles empêchent seulement l’individu égaré de méconnaître ses propres intérêts. Très souvent la morale et la coutume suffisent à obtenir de l’individu le respect des fins sociales sans l’intervention de l’État. L’eudémonisme ne recommande pas la course au bonheur, il constate que tout l’effort des hommes est orienté en ce sens. Que chaque individu veuille vivre sa vie non seulement ne trouble pas la vie sociale mais la favorise, l’individu ne pouvant se réaliser pleinement que dans et par la société. le sacrifice qu'un individu consent pour rendre possible la vie en société n'est qu'un sacrifice provisoire : il renonce à un avantage immédiat de moindre importance pour s'assurer en échange un avantage médiat infiniment plus grand. Ainsi le devoir et l'intérêt se confondent

CH II : Le socialisme comme émanation de l'ascétisme

La vie ascétique idéale ne peut être réalisée que par une partie de la société humaine, car l'ascète ne peut pas travailler. Il faut qu'il y ait des laïques sur lesquels l'ascète puisse prélever un tribut. L'idéal de l'ascète, c'est la mort volontaire ; il est superflu de montrer qu'il ne peut y avoir de société fondée sur le principe de l'ascétisme généralisé. L'affirmation qu'on puisse être heureux et même plus heureux avec une petite quantité de biens, ne peut pas plus être réfutée que démontrée. En admettant que la production des biens soit trop abondante en régime capitaliste, on pourrait y remédier de la façon la plus simple : il suffirait de diminuer la somme de travail fourni. Pour diminuer la productivité du travail, il n'est pas nécessaire de recourir à des méthodes de production ayant un rendement inférieur.


CH III : Christianisme et socialisme

La religion est un produit de l'histoire et elle participe à l'évolution continuelle de la société. Mais la religion est encore un fait social en ce sens qu'elle considère les rapports sociaux sous un angle déterminé et qu'elle fixe des règles à l'action de l'homme en société. Si l'on regarde le christianisme comme un phénomène vivant et qui par conséquent se transforme sans cesse, on doit renoncer, a priori, à chercher si c'est le socialisme ou si c'est la propriété privée qui correspond le mieux à l'idée chrétienne.

Le christianisme primitif n'était pas ascétique. Jésus n'apporte pas de règle pour la vie terrestre, car son royaume n'est pas de ce monde. Produire, travailler, amasser, les premiers chrétiens n'en ont aucun souci ; ils vivent du produit de la vente des biens des nouveaux convertis, qu'ils se partagent entre eux. Mais une telle méthode ne saurait avoir de durée. L'attente d'un ordre nouveau, établi prochainement par Dieu lui-même, la concentration de tous les actes et de toutes les pensées sur la venue imminente du royaume de Dieu font de la doctrine de Jésus une doctrine purement négative. C'est précisément le fait que Jésus n'est pas un réformateur de la société, que son enseignement ne renferme aucune morale applicable à la vie terrestre que le christianisme a pu se développer à travers le monde et les siècles sans succomber dans les bouleversements de la vie sociale. Chaque époque a trouvé dans les Évangiles ce qu'elle voulait y découvrir et a négligé d'y voir ce qu'il ne lui convenait pas d'y voir. Depuis le IIIe siècle le christianisme a toujours été utilisé à la fois par ceux qui défendaient l'organisation sociale existante et par ceux qui voulaient la détruire.

Une chose en tout cas est claire, qu'aucune interprétation, si habile soit-elle, ne saurait cacher : les paroles de Jésus à l'égard des riches sont pleines de ressentiment. L'œuvre civilisatrice que l'Église a réalisée au cours des siècles, est l'œuvre de l'Église, et non pas du christianisme. L'histoire permet de comprendre aisément l'hostilité de l'Église à l'égard du libéralisme économico-politique sous toutes ses formes.

CH IV : Du socialisme moral, et du néo-criticisme en particulier

Le socialisme allemand en général — et non pas seulement le marxisme — a été le successeur de la philosophie idéaliste. Pour les néo-kantiens, dans l'organisation de la société fondée sur tion, tous les hommes ou une partie d'entre eux sont considérés comme moyens et non comme fins. La théorie libérale de la société démontre sans doute que chaque homme voit tout d'abord dans tous les autres hommes un moyen qui lui sert à atteindre ses fins tandis qu'il est lui-même en retour pour les autres hommes un moyen au service de leurs fins. La société n'est possible que parce que chaque individu est à la fois moyen et fin. Toujours pour les néo-kantiens, les personnes au contraire n'ont pas de valeur : elles ont une dignité. Fixer au travail un prix sur le marché est incompatible avec la dignité humaine. Aux yeux de Kant, la propriété privée aboutit à imposer à certains un supplément de travail pour permettre à d'autres de vivre dans l'oisiveté.

Si l'on objecte que la propriété privée et les inégalités de fortune n'enlèvent rien à personne, que tout au contraire dans une société où elles n'existeraient pas le rendement de la production serait plus faible, de telle sorte que la part revenant à chacun serait inférieure à celle que le travailleur sans avoir reçoit comme revenu dans la société fondée sur la propriété privée, la critique kantienne n'a rien à répondre. La science ne peut être invoquée ni pour appuyer, ni pour combattre l'affirmation que tous les hommes doivent avoir le même revenu. Nous sommes ici en présence d'un postulat moral qui ne relève que du jugement subjectif. Si l'on admet comme vrai l'infériorité de la productivité en régime socialiste et plus particulièrement sur l'impossibilité de tenir sous ce régime une comptabilité de l'économie, l'argument du socialisme moral s'écroule à son tour. Il n'est pas vrai que la pauvreté des uns soit la condition de la richesse des autres. Le remplacement de l'organisation capitaliste de la société par une organisation où les inégalités de revenus seraient supprimées, entraînerait un appauvrissement général.

Ainsi il apparaît sans cesse que la haine constitue le seul fondement de toutes les idées socialistes. Un autre reproche que les philosophes adressent à l'économie capitaliste est qu'elle encourage démesurément le désir du gain. Quiconque veut remplacer l'activité affairée qui règne aujourd'hui par la contemplation qui caractérisait une époque révolue condamne à la famine d'innombrables millions d'hommes. C’est une forme nouvelle du mépris pour le bourgeois laborieux qui a toujours caractérisé le guerrier, le littérateur et le bohême. Dans le socialisme moral, la méconnaissance des conditions de la vie en société s'allie au ressentiment de tous les défavorisés du sort. La morale des épiciers tant décriée a fondé la liberté individuelle, elle a fait de la femme la compagne de l'homme et son égale, elle a proclamé l'égalité devant la loi, la liberté de pensée et la liberté de parole. Elle a déclaré la guerre à la guerre, elle a aboli la torture et adouci la cruauté des peines. La civilisation bourgeoise a créé et répandu un bien-être en comparaison duquel le train de vie de toutes les cours royales du passé apparaît misérable.

CH V : La démocratie économique

Le peuple doit prendre en mains l'administration de l'économie comme il a fait du gouvernement de l'État. Les institutions démocratiques assurent l'accomplissement de la volonté du peuple en matière politique. Sur le plan économique, dans une société fondée sur la propriété privée des moyens de production, la libre concurrence y pourvoit à elle seul. Toute production doit nécessairement s'adapter aux désirs des consommateurs. C'est le consommateur qui est le maître. Toute tentative pour substituer au règne des consommateurs le règne des producteurs est absurde.

On soutient parfois l'opinion que pour sauvegarder leurs intérêts particuliers, les entrepreneurs orientent la production dans un sens contraire aux intérêts des consommateurs (alcool, drogue, pornographie, armes). Les hommes ne boivent pas de l'alcool parce qu'il existe des brasseries, des distilleries et des vignobles ; on fait de la bière, distille de l'alcool et cultive des vignes parce que les hommes demandent des boissons alcooliques. Certains socialistes reprochent avant tout à l'organisation sociale capitaliste la variété des biens qu'elle produit. Si mon ami préfère se vêtir, se loger et manger selon sa fantaisie au lieu de suivre l'exemple de tout le monde, on ne peut lui en faire un grief. Quand la communauté socialiste met à la disposition de ses membres non pas les marchandises qu'ils désirent consommer mais celles que les dirigeants estiment bonnes pour eux, la somme de satisfaction qu'ils peuvent éprouver n'est pas augmentée mais diminuée.

CH VI : La morale capitaliste

Agir raisonnablement, c'est sacrifier l'accessoire à l'essentiel. On accepte la peine inhérente au travail pour ne pas mourir de faim. Agir moralement, c'est sacrifier l'accessoire à l'essentiel dans l'intérêt de la vie sociale. L'abnégation, le renoncement, le sacrifice de soi-même n'ont pas de valeur en soi.



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