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FAQ Quitter le pays

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"Si vous n'êtes pas satisfait de l'État actuel, pourquoi y restez-vous ?"

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C'est une objection qu'on adresse fréquemment aux anarcho-capitalistes et à tous les libertariens : si l'État et le gouvernement vous déplaisent tant, pourquoi ne quittez-vous pas le pays ? Personne ne vous retient. Mais si vous choisissez librement de rester, vous devez vous conformer aux mêmes règles que tout le monde.

Les libertariens affirment que les gens n'ont pas réellement conscience de l'esclavage étatique. De même quelqu'un qui se drogue peut se prétendre libre de le faire, et qu'il n'y a pas d'esclavage de la drogue. Ce qui manque est la prise de conscience de sa situation.

Consentement

Il existe un consentement tacite à une décision d'autrui lorsqu'il existe un pouvoir d'objecter et de refuser. Ainsi, le président d'un conseil d'administration demande si un administrateur a des objections. En l'absence d'objection, le président du conseil considère valablement que les administrateurs du Conseil sont tous d'accord.

Certes, quand il y a consentement, il n'y a pas esclavage. Mais il n'existe ici ni consentement explicite ni consentement tacite. L'impôt et toutes les contraintes étatiques sont donc un esclavage pour ceux qui n'y consentent pas. Un pays étatisé est ainsi constitué d'une vaste proportion de « serfs volontaires » (pour paraphraser La Boétie) et de quelques esclaves, qui se définissent en tous cas comme tels, qui sont les libertariens.

Il est clair qu'on a le droit de faire son propre malheur (servitude consentie). Là où il y a un problème, c'est quand on fait par la même occasion celui des autres, ceux qui ne consentent pas à leur esclavage.

L'argument « si vous n'êtes pas contents, quittez le pays » peut servir à toute occasion pour justifier toute mesure étatique liberticide imposée autoritairement, ou démocratiquement par la dictature de la majorité, que ce soit une interdiction, un impôt frappant une certaine catégorie de personnes ou toute discrimination géographique, raciale, sociale, économique, etc. Dès lors que les droits légitimes d'une minorité ne sont plus respectés, cette minorité n'a plus que le choix du « love it or leave it ». Le libéralisme c'est précisément le respect de la minorité, y compris de la plus petite minorité, l'individu.

Voir aussi consentement à l'impôt.

Génocide

Avec un tel argument, on pourrait aller jusqu'à justifier que les victimes de génocides auraient été exterminées par leur faute : après tout, elles n'avaient qu'à quitter le pays et ne pas être là au mauvais moment. Tout génocide serait donc légitime, d'autant plus s'il est décrété démocratiquement (et le nazisme fut un exemple de démocratie totalitaire) :

Si "nous sommes le gouvernement" [...], les Juifs tués par l’État nazi n'ont pas été assassinés, ils se sont suicidés, puisqu'ils étaient le gouvernement (démocratiquement élu), et donc tout ce que le gouvernement leur a fait était volontaire de leur part. (Murray Rothbard, Anatomie de l’État)

Propriété du territoire

Un tel argument signifie que le gouvernement a le droit de vous imposer sa règle du jeu, qu'il est le propriétaire ultime du territoire sur lequel vous résidez (notion de eminent domain dans certains pays), et que vous reconnaissez son "droit" à s'ingérer dans votre vie dès lors que vous résidez sur son territoire. Et parce que vous êtes un « esclave volontaire » vous souhaitez que les autres le soient aussi.

L’État n'est en réalité jamais "propriétaire" du territoire qu'il administre. C'est si vrai qu'en cas de faillite d'un État, les créanciers ne saisissent pas les biens des habitants. La dette publique également, contrairement à la dette privée, ne concerne pas ceux qui ont quitté l’État, mais uniquement les contribuables actuels ou futurs.

Liberté

Pour les libertariens, le droit et la liberté ne se partagent pas. On ne peut pas être libre à 50%, on l'est à 100% ou pas du tout. Que la social-démocratie soit préférable au nazisme ou au communisme est une évidence, mais prétendre qu'on est libre en social-démocratie est un mensonge dès lors qu'une majorité, dans ce régime, peut s'autoriser impunément à attenter à la liberté ou à la propriété d'une minorité.

"Le gouvernement est fondé sur le consentement, puisqu'on peut à tout moment quitter le pays si l'on n'est pas satisfait"

A cela on peut objecter ceci[1] :

  • avec ce type de raisonnement, on peut justifier l'existence d'une mafia (on peut à tout moment quitter la région contrôlée par la mafia si l'on n'est pas satisfait)
  • avec ce type de raisonnement, il n'y a pas non plus de limite à ce que peut faire un gouvernement
  • on ne choisit pas l'endroit où l'on est né, pourquoi serait-ce à nous de partir ?
  • si le gouvernement est fondé sur le consentement, pourquoi détient-il un monopole de la violence sur un territoire ?

Voir aussi "Les libertariens sont incohérents ou hypocrites, car ils critiquent l’État mais profitent cependant de ses services".

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Citations

  • «  Je rejette bien entendu le principe mafieux qui voudrait m'imposer de partir si je ne suis pas satisfait. Ce sont plutôt les oppresseurs de l'individu souverain qui violent le droit et qui sont dans l'obligation morale de se désister et de cesser de nuire. A tous ceux que vise la présente déclaration, qu'il soit signifié que, le cas échéant, toute soumission de ma part ne relève que de la violence qu'ils exercent contre moi ou dont ils me menacent, et qu'elle ne préjuge nullement de mon consentement ni de ma soumission future. »
        — Pierre Lemieux, Déclaration de souveraineté individuelle

  • «  Il ne s'agit pas d'émigration. On n'importe pas la patrie à la semelle de ses souliers. D'ailleurs, un aussi colossal déplacement est et sera toujours impraticable. Toutes les richesses de l'humanité ne suffiraient pas à payer les frais de déménagement. Je n'entends pas davantage parquer les citoyens suivant leurs opinions ; reléguer, par exemple, les catholiques dans les provinces flamandes et tracer de Mons à Liège la frontière du libéralisme. Je désire que l'on continue à vivre ensemble, là où l'on est, ailleurs si l'on veut, mais sans discordes, en bons frères, chacun professant librement ses opinions et soumis aux seuls pouvoirs qu'il aura personnellement choisis ou acceptés. »
        — Paul Émile de Puydt, Panarchie[2]

  • «  [Dire] qu'un pauvre paysan, qu'un artisan qui ne connaît ni les langues ni les mœurs des pays étrangers, et qui vit au jour le jour de ce qu'il gagne par son travail, soit libre de quitter son pays natal [ce serait] dire qu'un homme que l'on a embarqué pendant qu'il dormait, reconnaît volontairement l’autorité du capitaine du vaisseau ; et qu'il a la liberté de sauter dans la mer et de se noyer. »
        — David Hume, Essais moraux, politiques et littéraires

Références

  1. Voir sur wiki.mises.org la page Objections paragraphe "Government is voluntary, people can migrate".
  2. Paul Emile de Puydt, Panarchie, Publié dans la Revue Trimestrielle, Bruxelles (Juillet 1860)

Liens externes


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