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Franz Oppenheimer

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Franz Oppenheimer
Sociologue, économiste

Dates 1864 - 1943
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Tendance Libertarien de gauche, libéral classique
Nationalité Allemagne Allemagne
Articles internes Autres articles sur Franz Oppenheimer

Citation Il y a deux moyens fondamentalement opposés par lesquels l'homme en quête de subsistance peut acquérir ce dont il a besoin pour satisfaire ses désirs : le travail et le vol, le labeur personnel ou l'appropriation forcée du travail d'autrui.
Interwikis sur Franz Oppenheimer

Franz Oppenheimer, né le 30 mars 1864 à Berlin et mort le 30 septembre 1943 à Los Angeles, est un sociologue et économiste politique allemand. Il est connu pour son ouvrage Der Staat, paru en 1908, dans lequel il développe des théories majeures sur l'origine de l'État.

Présentation

Il étudie la médecine à Fribourg en Brisgau et à Berlin. Il pratique ensuite à Berlin entre 1886 et 1895. Il s'intéresse progressivement à l'économie politique et à la sociologie. Il devient à partir de 1895 rédacteur en chef de Die Welt am Morgen.

En 1909, il obtient un doctorat en économie à l'université de Kiel, avec une thèse sur David Ricardo, dont les idées exercèrent une grande influence sur lui. Entre 1909 et 1917, il est Privatdozent (professeur non rémunéré) à l'université de Berlin, puis occupe une chaire entre 1917 et 1919. Cette année, il part à l'université Goethe de Francfort sur le Main, occuper la première chaire de sociologie ouverte dans le pays. Il y dirigera en particulier la thèse de Ludwig Erhard, soutenue en 1925. Il eut aussi l'ordo-libéral Wilhelm Röpke comme élève.

Juif, il part en 1934-1935 enseigner en Palestine. L'année suivante, il est fait membre honoraire de la société américaine de sociologie. En 1938, il émigre définitivement au Japon puis aux États-Unis, s'y installant sur la côte Ouest. Il participe entre autres au lancement de l'American Journal of Economics and Sociology. Il enseigna également à l'université de Kobe.

Pensée

Oppenheimer est un auteur pour qui les défauts qui caractérisent l'économie de marché actuelle résultent essentiellement de l'intervention de l'État. Pour lui, c'est une erreur des libéraux de légitimer l'ordre social actuel et de vouloir le défendre, puisque l'État, dans sa forme actuelle, consacre des injustices passées, ayant été utilisées pour asseoir le pouvoir des puissants sur les faibles. Se plaçant dans une logique opposée à celle de Hegel, il ne voit pas dans l'État un accomplissement majeur de la société mais au contraire la survivance des injustices passées. L'État nait des guerres et des conquêtes passées et est construit par les vainqueurs pour asseoir leur domination.

Oppenheimer exerça une influence majeure sur nombre de libéraux allemands et américains, comme Ludwig Erhard, père du miracle économique allemand, Benjamin Tucker, Kevin Carson ou le libertarien Albert Jay Nock. Si ces personnalités ont des idées si éloignées, c'est que l'on peut tirer deux conclusions des idées d'Oppenheimer : soit que l'État est une organisation aux fondements injustes et dont on doit se débarrasser ou qu'on doit limiter (perspective minarchiste ou libertarienne), soit que l'on doit lutter contre ces injustices, y compris par l'utilisation de l'État et la modification des attributs de ce dernier. C'est la voie choisie par Oppenheimer, pour qui les libéraux doivent accepter une phase de transitions durant lesquelles le pouvoir politique rétablirait une situation juste. En particulier, pour Oppenheimer, c'est la répartition de la propriété foncière qui est injuste, répartition dont est responsable le pouvoir politique. Il convient d'y remédier en luttant contre les excès du pouvoir politique, qui maintient une société de classes. Pour cela, l'État doit être transformé, de moyen de conservation des privilèges et des monopoles à l'adversaire de ces derniers. Ainsi serait possible la transition entre un régime capitaliste non libéral et une vraie économie de marché, dans laquelle l'intérêt général serait atteint par la liberté économique. Il écrit ainsi[1] :

Quand [la société] cesse d'être une organisation fondée sur l'utilité d'une classe, quand elle a éliminé tous les privilèges et les monopoles et qu'elle est devenue une organisation visant à l'intérêt général, les êtres humains, enfin libérés, peuvent réussir. Il n'y a plus de "concurrence hostile" qui jette l'individu à l'assaut d'un rival. Bien plutôt, l'individu est conduit par une "concurrence pacifique" à accomplir des réalisations plus élevées. Dans les circonstances normales, il n'y a plus dans la société de tentations qui ne puissent être bridées par des règles normales. L'"harmonie de tous les intérêts économiques" fait qu'il n'y a plus de conflits entre intérêts privés et prospérité générale.

La politique économique « sociale » ou « libérale-socialiste » qu'il défend a un rapport ambigu avec les idées socialistes. Certains auteurs parlent, sur ce point, d'une « allure généralement socialisante de sa doctrine »[2], même s'il n'appelle pas du tout à une extension du rôle de l'État pour redistribuer ou collectiviser[3]. Les penseurs libéraux qu'il influença, Ludwig Erhard ou Wilhelm Röpke par exemple se distinguèrent en particulier de ses idées sur la propriété foncière. L'économie sociale de marché promue par les ordo-libéraux n'est nullement une économie socialisante mais une réelle économie de marché, intégrée dans un cadre social ou, plus justement, sociétal.

Parmi les moyens permettant d'atteindre ses fins pour un individu, il distingua de façon fameuse deux moyens opposés : les moyens économiques (le travail , etc.), et les moyens politiques, qui consistent à s'approprier le travail d'autrui par le vol.

Citations

  • « Qu'est-ce donc que l'État au sens sociologique ? L'État est, entièrement quant à son origine, et presque entièrement quant à sa nature pendant les premiers stages de son existence, une organisation sociale imposée par un groupe vainqueur à un groupe vaincu, organisation dont l'unique but est de réglementer la domination du premier sur le second en défendant son autorité contre les révoltes intérieures et les attaques extérieures. Et cette domination n'a jamais eu d'autre but que l’exploitation économique du vaincu par le vainqueur. Aucun État primitif dans toute l'histoire universelle n'a eu une origine autre. »
  • « Dans l'archipel malais comme dans le grand laboratoire sociologique africain, dans tous les pays du globe où l'évolution des races a dépassé la période de sauvagerie primitive, l’État est né de la subjugation d'un groupe humain par un autre groupe et sa raison d'être est, et a toujours été, l'exploitation économique des asservis. » (L'État, 1913)
  • « Alors que la conception de l'État propre au XIXe siècle allemand, systématisé par Hegel, avait abouti à la construction intellectuelle d'un État situé loin au-dessus du règne animal de la société égoïste, et où régnaient la moralité et la raison objective, [chez Oppenheimer] la hiérarchie des valeurs se trouve à présent inversée, et la société, sphère de la justice pacifique, se place infiniment plus haut que l'État, dégradé en zone d'immoralité et de violence. » (Carl Schmitt, La notion de politique, 1932)

Notes et références

  1. Franz Oppenheimer, "Praktische Ökonomik und Volkwirtschafspolitik", Annalen der Naturphilosophie, 12, 1913, p.22, cité par N. Goldschmidt, p.966
  2. Nils Goldschmidt, "Alfred Müller-Armack et Ludwig Erhard : le libéralisme social de marché", in Jean Petitot et Philippe Nemo dir., Histoire du libéralisme en Europe, PUF, 2006, p.964
  3. Alain Laurent, Le Libéralisme américain : Chapitre 3 – 1890-1925 : « socialisme libéral » contre libéralisme classique, Contrepoints

Publications

  • 1975, "The State", New York : Free Life Editions

Littérature secondaire

  • 1944, Eduard Heimann, “Franz Oppenheimer’s Economic Ideas”, Social Research, Vol 11, n°1, February, pp27–39
  • 1995, Candice I. Copas, commentaire du livre de Franz Oppenheimer, "The State: Its History and Development Viewed Sociologically", Formulations (publication de la Free Nation Foundation), Vol 2, n°8, Summer

Liens externes


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