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SIAF
La SIAF (Société d'Instituts et d'Associations pour la Formation) a été créé le 8 mars 1943 lors d'une assemblée de personnalités politiques, culturelles et académiques à Zurich. Cette création a été soutenue par les plus hautes autorités politiques suisses, et elle a été influencée par les organes mis en place pendant la guerre pour déterminer la politique culturelle de la Confédération suisse. La SIAF était initialement conçue comme un institut semi-privé lié à l'université de Zurich, et elle a été soutenue financièrement par des milieux économiques. Elle visait à promouvoir des contacts culturels et scientifiques tout en servant de canal d'accès aux sphères du pouvoir anglo-saxon dans le but de rompre l'isolement diplomatique de la Suisse à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L'une de ses missions était d'encourager les relations avec les pays alliés et de développer une "perspective atlantique".
Les objectifs de la SIAF : Promotion du libéralisme et d'un réseau académique
La SIAF (Société d'Instituts et d'Associations pour la Formation) a été fondée avec des objectifs clés centrés sur la diffusion et la promotion des idées libérales en Suisse. Cette organisation visait à rassembler des économistes, des universitaires, des hommes d'affaires et d'autres acteurs intéressés par les idées économiques libérales, et à créer un espace de débats, de conférences et de publications pour promouvoir ces idées. Les objectifs de la SIAF étaient les suivants :
Soutenir la diffusion des idées économiques libérales
La SIAF avait pour mission de promouvoir les idées libérales et de soutenir leur diffusion à travers des activités éducatives telles que des conférences, des séminaires et des publications. Elle a agi comme un véhicule pour présenter et discuter des principes du libéralisme, de l'économie de marché et de la libre entreprise.
Créer un réseau académique international
La SIAF visait à rassembler des personnalités influentes du monde académique, économique et politique afin de former un réseau de soutien aux idées libérales. Il s'agissait de créer un espace où les penseurs libéraux pouvaient se rencontrer, échanger des idées, et renforcer leur influence.
Rompre l'isolement diplomatique de la Suisse
En période d'après-guerre, la Suisse était perçue par les puissances alliées comme liée à l'Allemagne et enclavée politiquement. La SIAF a été conçue pour contribuer à rompre cet isolement en établissant des contacts culturels et scientifiques avec les sphères du pouvoir anglo-saxon. Elle a ainsi servi de canal d'accès aux milieux diplomatiques et politiques internationaux.
Renforcer la pensée libérale dans l'université suisse
La SIAF avait également pour objectif d'influencer l'université suisse en promouvant les idées libérales dans le milieu académique. Cela impliquait notamment d'attirer des universitaires renommés partageant des convictions libérales, comme Friedrich Hayek, et de faciliter leur présence et leur enseignement en Suisse.
Agir comme un point d'appui pour la SMP
La SIAF était étroitement liée à la Société du Mont Pèlerin (SMP), une association internationale fondée en 1947 pour promouvoir le libéralisme. La SIAF a agi comme un point d'appui matériel et intellectuel pour la SMP, en organisant des conférences et en favorisant les échanges entre les membres.
En somme, les objectifs de la SIAF étaient de créer un environnement propice à la diffusion et à la promotion des idées économiques libérales, de constituer un réseau académique influent, et de contribuer à la redéfinition de la position diplomatique de la Suisse après la Seconde Guerre mondiale.
Les Conférences de la SIAF : Rayonnement, Interaction Sociale et Diffusion Écrite
Programme Ambitieux
Dès la fin de 1949, Albert Hunold initie un programme de conférences ambitieux pour l'année 1950/1951. Il crée une liste d'orateurs potentiels, établit des échanges avec des institutions prestigieuses comme l'Institut universitaire des hautes études internationales à Genève, et organise un programme riche en contenu. Ce programme visait à mettre en avant les éléments clés du libéralisme et à critiquer ouvertement la doctrine keynésienne.
Conférenciers Prestigieux
Les conférences de la SIAF rassemblent des penseurs renommés du libéralisme économique et politique. Des figures éminentes telles que Friedrich Hayek, Frank Knight, Gottfried Haberler, Ronald S. Edwards, Fritz Machlup, John Jewkes, Stanley Dennison, et bien d'autres sont invitées à présenter leurs points de vue lors de ces événements. Plus de 70 % des conférences sont animées par des membres de la Société du Mont Pèlerin (SMP), soulignant l'influence du réseau libéral au sein de la SIAF.
Interaction Sociale et Réseautage
Ces conférences ne sont pas seulement un moyen de diffuser des idées, mais aussi un espace de sociabilité. Les événements étaient l'occasion pour les acteurs du monde académique, politique, et économique de se rencontrer. Les conférences se prolongeaient souvent par des repas de gala, offrant un lieu informel pour discuter et échanger des idées. Cette interaction informelle entre les élites académiques, politiques et économiques a contribué à renforcer les réseaux néolibéraux et à les ancrer dans la sphère publique.
Diffusion Écrite et Création d'une Existence intellectuelle Collective
Albert Hunold a également joué un rôle essentiel dans la diffusion des idées libérales par le biais de l'édition. La SIAF a publié des ouvrages collectifs issus des cycles de conférences, donnant une existence collective aux auteurs libéraux et à leurs travaux. Ce travail éditorial a contribué à renforcer l'influence et la visibilité des idées libérales en Suisse et au-delà. La maison d'édition Eugen Rentsch, spécialisée dans les auteurs libéraux, a été utilisée pour imprimer et diffuser ces ouvrages.
L'Apogée et les Défis Internes
Malgré le succès des conférences et de la diffusion des idées libérales, la SIAF a connu une crise interne en 1957 en raison de soupçons de détournements de fonds. Albert Hunold a su saisir cette opportunité pour prendre le contrôle de l'institut. Cette période a marqué un âge d'or pour la SIAF, avec des conférences à succès, attirant des personnalités éminentes comme Hannah Arendt, Karl Popper, Friedrich Hayek et bien d'autres. Ces événements ont renforcé le rayonnement et la portée des idées libérales en Suisse et au-delà, et ont contribué à façonner l'influence de la SIAF dans le paysage académique et intellectuel.
Eclipse (1961-1966): Conflits internes et Affaiblissement
Au début des années 1960, la SIAF a commencé à faire face à des défis internes et externes qui ont entraîné une période de déclin et d'affaiblissement de l'organisation.
Conflits internes à la SMP et Mise à l'écart de Hunold
Les années 1960 ont été marquées par des conflits internes au sein de la Société du Mont Pèlerin (SMP), avec des répercussions sur la SIAF. En 1961, Albert Hunold, qui avait été un acteur clé dans le développement de la SIAF et de la SMP, a été mis à l'écart en raison de divergences internes. Cette rupture a eu des conséquences sur les conférenciers et les contacts de la SIAF, réduisant ainsi son influence et ses liens.
Critiques internes et Gestion des Conférences
La SIAF a également été critiquée en interne pour la manière dont elle a gérée les cycles de conférences. Certains membres de l'institut ont exprimé leur préoccupation quant à l'orientation unilatérale des points de vue présentés lors de ces conférences. Certains ont suggéré que l'institut devrait tolérer des discussions avec des avis contraires pour maintenir sa crédibilité.
Cycle de Conférences sur l'Afrique du Sud
Un exemple illustratif de ces problèmes a été le cycle de conférences sur l'Afrique du Sud en 1964. Les interventions, y compris celle d'un défenseur de la politique d'apartheid, ont suscité des réactions mitigées et parfois critiques au sein de l'université et du public. Cette affaire a créé des tensions et des désaccords parmi les membres affiliés à la SIAF.
Réduction d'Activité et Changement de Direction
À partir de l'été 1965, l'activité de la SIAF a diminué et aucun nouveau cycle de conférences n'a été organisé jusqu'en 1967. En avril 1966, Albert Hunold a pris sa retraite en raison de son âge avancé et a été remplacé par Friedrich Lutz, un économiste autrichien membre de la SMP.
En résumé, la période entre 1961 et 1966 a été marquée par des conflits internes, des critiques sur la gestion des conférences et une diminution d'activité pour le SIAF. Les problèmes au sein de la SMP et les divergences au sein de la SIAF ont contribué à affaiblir l'influence de l'organisation et à compromettre ses activités.
