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Karl Popper

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Karl Popper
Philosophe

Dates 1902 - 1994
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Tendance Libéral classique, Libéral de gauche
Nationalité Royaume-Uni Royaume-Uni
Articles internes Autres articles sur Karl Popper

Citation « La liberté, si elle est illimitée, conduit à son contraire ; car si elle n'est pas protégée et restreinte par la loi, la liberté conduit nécessairement à la tyrannie du plus fort sur le plus faible »
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Karl Raimund Popper (Vienne, Autriche, le 28 juillet 1902 - Londres, Royaume-Uni, le 17 septembre 1994) fut l'un des plus importants philosophes des sciences du XXe siècle.

Biographie

Il naît de parents juifs convertis au protestantisme et pacifistes[1]. Lui aussi pacifiste pendant la première guerre mondiale, il est brièvement proche du parti communiste autrichien au sortir du conflit. Il s'en éloigne en voyant le soutien absolu de ses membres à Moscou et en observant que ces derniers cherchent à provoquer la brutalité policière pour attiser le ressentiment des foules et précipiter la révolution[2].

Il commence son apprentissage comme ébéniste, avant d'étudier à l'université de Vienne, puis devient enseignant au Gymnase en mathématiques et physique. Il côtoya le Cercle de Vienne (néopositiviste), qui le fit connaître, mais sans jamais y entrer. Sa pensée fut influencée par ses lectures de Frege, Tarski et Carnap.

En 1936, il donne des conférences en Grande-Bretagne, au cours desquelles il rencontre ses compatriotes, l'économiste Friedrich Hayek et l'historien de l'art Ernst Gombrich. En 1937, il accepte une proposition de conférencier (lecturer) à Christchurch en Nouvelle-Zélande, où il passa la guerre.

Début 1946, il revient s'installer à Londres. Sur une proposition de Hayek, il devient professeur à la London School of Economics ; il y fonde en 1946 le département de logique et de méthodologie des sciences (aujourd'hui Department of Philosophy, Logic and Scientific Method[3]). Il participe également à de nombreux séminaires et conférences dans d'autres universités, notamment américaines.

En 1947, il participe à la création de la Société du Mont-Pèlerin. Il prend sa retraite d'enseignant en 1969 et meurt le 17 septembre 1994, sans avoir eu le temps de rédiger la préface de son dernier recueil de conférences Toute vie est résolution de problèmes.

Sa pensée

Libéralisme

La Société ouverte et ses ennemis, écrit au début de la seconde guerre mondiale, est un plaidoyer passionné pour la démocratie, contre le totalitarisme de droite ou de gauche. A la société close et immuable à base de tribalisme et de magie, Popper oppose la société ouverte, contrôlée par la raison, où la volonté de l'individu peut librement s'exercer. A Platon, Hegel et Marx, il reproche de ne reconnaître l'histoire que pour ajouter qu'elle obéit à des lois qui déterminent le cours des événements : idée qui paralyse le progrès, en le soumettant à la fatalité historique.

Elle a conduit le premier à proposer une cité dirigée par une élite omnipotente et omnisciente, où l'individu n'est rien et où la collectivité est tout ; le second à se faire le maître à penser de l'État prussien et le théoricien d'une société dont se réclamera le totalitarisme ; le troisième, à transformer des hypothèses en dogmes.

Voici ce que dit Jean Baudoin, auteur de La philosophie politique de Karl Popper :

« Si la philosophie politique de K. Popper voisine en permanence avec son épistémologie, elle a aussi une épaisseur propre, puissant à des sources classiques de la philosophie, notamment l'universalisme kantien, l'individualisme de J. S. Mill ou encore l'évolutionnisme de Darwin. Elle a surtout le mérite, derrière son apparente modestie, d'anticiper la plupart des approches contemporaines du phénomène démocratique, celles de Claude Lefort et de John Rawls, de Hans Apel et de Jürgen Habermas. A une époque où la pensée libérale était régulièrement stigmatisée, Popper annonçait déjà une vision tout à la fois limitative, dialogique et régulatrice de l'exercice du pouvoir au sein d'une "société ouverte". »

Le problème de la démarcation

Pour Popper, le problème fondamental en philosophie des sciences est celui de la démarcation : c'est la question de la distinction entre ce qui relève de la science et ce qui est « non-science ».

Pour comprendre ce problème, il faut d'abord s'interroger sur la place de l'induction dans la découverte scientifique : pour Popper, il faut prendre au sérieux l'analyse de Hume qui montre l'invalidité fréquente de l'induction.

Une collection d'observations (par exemple, je vois passer des cygnes blancs) ne permet jamais d'induire logiquement une proposition générale (tous les cygnes sont blancs).

Cette critique de l'induction conduit donc Popper à remettre en cause l'idée (chère aux positivistes) de vérification. Le Cercle de Vienne formule en effet le critère de vérifiabilité de la signification : si une déclaration ne peut être vérifiée (« susceptible d’être perçue par les sens. »), alors elle n’a pas de sens empirique, elle ne donne aucune information sur le monde. Mais la « vérification » d'une hypothèse, même par un grand nombre d'expériences, ne permet pas de conclure à la « vérité » de cette hypothèse. Mises critique par ailleurs ce critère qui refuse toute validité à la déduction[4]. D'autres opposants (Roman Ingarden, Hans-Hermann Hoppe) soutiennent que le critère s'auto-réfute, car il n'est lui-même ni analytique (ce n'est pas une définition ni une tautologie) ni vérifiable : il n'a donc pas de sens.

Une proposition scientifique n'est donc pas une proposition vérifiée, mais une proposition réfutable et non encore réfutée. La proposition « Dieu existe » est pour Popper dotée de sens, mais elle n'est pas scientifique car elle n'est pas réfutable. La proposition « tous les cygnes sont blancs » est une conjecture scientifique. Si j'observe un cygne noir, cette proposition sera réfutée. C'est donc la démarche de conjectures et de réfutations qui permet de faire croître les connaissances scientifiques.

Dans cette démarche, il existe un primat de la théorie sur l'observation.

Il affirme donc rejeter cette méthode de l'induction (ignorant à l'époque le théorème de Cox-Jaynes), et lui substituer la réfutabilité (anglais: falsifiability). C'est ce principe qui va être le critère de démarcation.

Il peut être ainsi formulé : si l'on entend par énoncé simple un rapport d'observation, nous pouvons dire qu'une théorie est scientifique si elle se divise en deux sous-classes d'énoncés de base :

  • la classe des énoncés qui la contredisent, appelés falsifieurs potentiels (si ces énoncés sont vrais la théorie est fausse) ;
  • la classe des énoncés avec lesquels elle s'accorde (si ces énoncés sont vrais, ils la corroborent).

Le faillibilisme de Popper a été critiqué notamment par Imre Lakatos (1922-1974).

Selon ce critère, l'astrologie, la métaphysique ou la psychanalyse ne relèvent pas de la science, puisque aucune expérience ne permet d'en établir (ou non) la réfutation - et donc une confirmation non plus, voir Le Cru et le cuit. La physique n'en sort pas indemne pour autant, puisqu'elle fournit des lois correspondant virtuellement à une infinité d'expériences dont seule une partie a été effectivement réalisée, et reste à tout moment réfutable. C'est justement ce qui permet son évolution. Et bien entendu aucune démarche scientifique réelle, hors les mathématiques, n'est possible sans l'induction, ce qu'a souligné Bertrand Russell.

Popper semble avoir également eu en vue une utilisation politique de son épistémologie, dont une des applications était la réfutation du marxisme, autoproclamé scientifique (voir plus bas Critique de l'historicisme). Cette irruption de l'épistémologie dans la politique a été souvent contestée au motif qu'il était possible que ce soit la volonté d'obtenir une arme politique qui l'ait orientée, plutôt que la recherche d'une méthode de classification en soi. C'est oublier que toute classification se fait par définition dans un but.

Le critère de falsifiabilité de Popper ne se distingue pas dans son principe d'un test de falsifiabilité bayésien, hormis le fait qu'il travaille uniquement en logique discrète (vrai/faux) tandis que les bayésiens font varier les valeurs de vérité sur une plage continue de l'intervalle ]0,1[.

Connaissance et probabilité

Critique de l'historicisme

Il semble difficile de parler de philosophie politique chez Karl Popper ; du moins, il s'en est toujours défendu. Ses deux ouvrages ouvertement politiques sont Misère de l'historicisme et La Société ouverte et ses ennemis, écrits tous les deux au titre d'effort de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont pour point focal la critique de l'historicisme et des théories politiques qui en découlent.

Dans la Préface à l'édition française (Plon, 1955) de Misère de l'historicisme, Karl Popper explique :

« Qu'il me suffise de dire que j'entends par historicisme une théorie, touchant toutes les sciences sociales, qui fait de la prédiction historique leur principal but, et qui enseigne que ce but peut être atteint si l'on découvre les « rythmes » ou les « motifs » (patterns), les « lois », ou les « tendances générales » qui sous-tendent les développements historiques. »

Le nœud de son argumentation est la preuve strictement logique qu'il est impossible de déterminer le futur. Tout au long de sa carrière, Popper s'est attaché à prouver l'indéterminisme. Pourtant, toutes les théories s'appuyant sur une prophétie ou sur un prétendu cours de l'histoire sont invalides. Il critique ainsi particulièrement le marxisme qui ramène toute l'Histoire à l'inéluctable lutte des classes, y compris les critiques que l'on adresserait au marxisme (mécanisme d'auto-immunisation).

Ce qui devait initialement constituer des notes sur Misère de l'historicisme prend petit à petit de la consistance et devient La société ouverte…. Dans cet ouvrage, Karl Popper montre comment l'historicisme a conduit aux totalitarismes. Plus particulièrement, il s'attache à critiquer audacieusement — grâce à une profonde connaissance des textes — trois philosophes reconnus : Platon, Hegel et Karl Marx. Il leur reproche l'erreur fondamentale de mettre en place des systèmes philosophiques historicistes, centrés sur une loi naturelle d'évolution du monde : la décadence des choses réelles chez Platon, le développement de l'Esprit chez Hegel et la lutte des classes chez Marx.

Au système historiciste, Popper oppose une philosophie essentiellement fondée sur l'indéterminisme. Cette conception suit celle de son épistémologie, selon laquelle la connaissance progresse par essai/erreur (trial and error) : pour résoudre un problème donné, on propose plusieurs hypothèses/solutions qu'il s'agit de tester et on élimine celles qui aboutissent à une erreur. Même s'il est difficile de parler d'une théorie politique en tant que tel chez Popper, on peut néanmoins dire que sa conception politique suit largement la même logique : comme il est impossible de prédire le cours de l'histoire, il s'agit de progresser petit à petit par essai/erreur, d'où une conception « opportuniste » des sciences sociales ("piecemeal social engineering") dans laquelle rien n'est joué d'avance.

La philosophie de l'esprit

Dans The Self and its Brain : an argument for interactionnism (1984), Popper défend, avec le prix Nobel de médecine John Eccles, une version du dualisme interactionniste d'inspiration cartésienne. Ce dualisme interactionniste est un dualisme des propriétés, et non un dualisme des substances : les états mentaux ne sont pas des états physiques, et les états physiques peuvent avoir des causes qui ne sont pas physiques.

Informations complémentaires

Œuvres

  • 1934, Logik der Forschung, Vienna: Springer Verlag, (The Logic of Scientific Discovery), (Logique de la découverte scientifique)[prés. en ligne]
  • 1957, The Poverty of Historicism [Misère de l'historicisme]
    • 2nde édition en 1960, London: Routledge & Kegan Paul
    • 3ème édition en 1961, New York: Harper & Row
    • Traduction en espagnol par Pedro Schwartz en 1961, "La miseria del historicismo", Ed. Taurus, Madrid
  • 1953, Conjectures et réfutations (Conjectures and Refutations: The Growth of Scientific Knowledge), [prés. en ligne]
    • seconde édition en 1965, New York: Harper Torchbooks
  • 1959,
    • a. "The Logic of Scientific Discovery". New York: Basic Books
    • b. "Woran glaubt der Western?", ("En quoi croit l'occident ?"), In: Albert Hunold, dir., "Erziehung zur Freiheit", ("Éducation sur la liberté"), Erlenbach-Zürich: E. Rentsch
  • 1960, On the Sources of Knowledge and Ignorance, Proceedings of The British Academy 46
  • 1967, "La rationalité et le statut du principe de rationalité", In: Emil Claassen, dir., "Les Fondements Philosophiques des Systèmes Économiques", Paris, Payot, pp142-150
    • Traduit en anglais en 1983, "The rationality principle", In: D. Miller, dir., "A Pocket Popper", Oxford: Fontana
  • 1972, Objective Knowledge: An Evolutionary Approach [La connaissance objective], Oxford: Clarendon Press
    • Traduction en italien en 1975, "Conoscenza oggettiva. Un punto di vista evoluzionistico", Armando, Roma
  • 1976,
    • a. "The logic of the social sciences", In: T. W. Adorno, Hans Albert, Ralf Dahrendorf, J. Habermas, H. Pilot, K.R. Popper, "The Positivist Dispute in German Sociology", traduit par G. Adey et D. Frisby. New York: Harper and Row
    • b. Unended Quest: An Intellectual Autobiography [La Quête inachevée], London: Fontana et La Salle, IL: Open Court
      • Traduit en français en 1981, La Quête inachevée, Calmann-Lévy, Paris
    • c. The Myth of the Framework, IN: E. Freeman, dir., The Abdication of Philosophy : Philosophy and the Public Good, La Salle, Ill., Open Court, pp23-48
    • d. "A note on verisimilitude", British Journal for the Philosophy of Science, Vol 27, pp147-164
  • 1977, avec J. Eccles, The Self and Its Brain: An Argument for Interactionism, Berlin: Springer
  • 1982, The Open Universe: An Argument for Indeterminism
  • 1982, Realism and the Aim of Science
    • Nouvelle édition en 1983, London: Hutchinson
  • 1990, "A World of Propensities", Bristol: Thoemmes
  • 1993, La leçon de ce siècle
    • Traduction anglaise en 1997, The Lesson of This Century. London and New York: Routledge
  • 1994,
    • a. The Myth of the Framework, M. A. Notturno, dir., London and New York: Routledge
    • b. In Searsh of a Better World, London and New York: Routledge
    • c. Knowledge and the Mind-Body Problem: In Defence of Interactionism,
    • d. Models, Instruments, and Truth: The Status of the Rationality Principle in the Social Sciences, In: The Myth of the Framework: In Defence of Science and Rationality, London: Routledge, pp154–184
  • 1995, La télévision, un danger pour la démocratie
  • 1996, avec A.J. Chmielewski, "Il nostro dovere è di essere ottimisti", ("Notre devoir est d'être optimiste"), Ideazione, n°3, pp67-82 (entretien)
  • 1997, État paternaliste ou État minimal: Remarques théoriques et pratiques sur la gestion de l'État démocratique, Conférence publiée en 1997, ISBN 2881084605
  • 2002, "The History of Our Time: An Optimist’s View, Conjectures and Refutations", London: New York

Notes et références

  1. Karl Popper, La Leçon de ce siècle, 10/18, 1993, édition 1996, p.30
  2. Popper, 1993, p.37-38
  3. (en)Department of Philosophy, Logic and Scientific Method
  4. « Si on accepte la terminologie du positivisme logique (...) une théorie ou une hypothèse n’est pas scientifique si elle ne peut être réfutée par l’expérience. Par conséquent, toutes les théories a priori, y compris les mathématiques et la praxéologie, sont non-scientifiques. Ce n’est là que joute verbale. » (Les Fondements Ultimes de la Science Economique, 1962)

Littérature secondaire

Pour voir les publications qui ont un lien d'étude, d'analyse ou de recherche avec les travaux et la pensée de Karl Popper : Karl Popper (Littérature secondaire)

Citations

  • « Une théorie qui n'est réfutable par aucun événement qui se puisse concevoir est dépourvue de caractère scientifique. » (Conjectures et réfutations, ch.1, section 1)
  • « Le succès de Hegel marqua le début de « l'âge de la malhonnêteté » (ainsi que Schopenhauer décrivait la période de l'idéalisme allemand) et de « l'âge de l'irresponsabilité » (ainsi que K. Heiden qualifiait l'âge du totalitarisme moderne) ; d'une irresponsabilité d'abord intellectuelle puis, ce fut l'une de ses conséquences, d'une irresponsabilité morale ; d'un nouvel âge régi par la magie des mots éclatants et par le pouvoir du jargon. » (La Société ouverte et ses ennemis, ch.12)
  • « Cette vague et intangible entité qu'on appelle opinion publique révèle parfois une lucidité sans sophistication ou, plus habituellement, une sensibilité morale supérieure à celle du gouvernement en place. Néanmoins, elle représente un danger pour la liberté si elle n'est pas limitée par une forte tradition libérale. En tant qu'arbitre du goût, elle est dangereuse ; en tant qu'arbitre de la vérité, elle est inacceptable. » (Conjectures et réfutations, ch.17, section 8)
  • « La liberté, si elle est illimitée, conduit à son contraire ; car si elle n'est pas protégée et restreinte par la loi, la liberté conduit nécessairement à la tyrannie du plus fort sur le plus faible. »[1]
  • « C'est pourquoi nous exigeons que l'État limite la liberté dans une certaine mesure, de telle sorte que la liberté de chacun soit protégée par la loi. Personne ne doit être à la merci d'autres, mais tous doivent avoir le droit d'être protégé par l'État. Je crois que ces considérations, visant initialement le domaine de la force brute et de l'intimidation physique, doivent aussi être appliquées au domaine économique. […] Nous devons construire des institutions sociales, imposées par l'État, pour protéger les économiquement faibles des économiquement forts. »[2]
  • « La démocratie est une façon de préserver l'État de droit. Mais il n'y a pas, dans la démocratie, de principe en vertu duquel la majorité a raison, parce que la majorité peut commettre d'énormes erreurs, mettre en place un tyran, voter pour la tyrannie, comme cela s'est produit assez fréquemment. » (La Leçon de ce siècle, 1993)[3]

Articles connexes

Liens externes

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  1. in La société ouverte, ch.12, section 2
  2. in La société ouverte, ch.17, section 3
  3. Karl Popper, La Leçon de ce siècle, 10/18, p.90